29 octobre, 2006

Tête à claques !

Voici quelques semaines, une nouvelle patiente vient me consulter. En l’espèce, ils ‘agit d’une grande blonde plutôt jolie ressemblant assez à une actrice connue que je n’aime pas. Je lui serre la main, lui dis d’entrer et de s’installer dans le fauteuil.

Son regard n’annonce rien de bon. J’ai l’impression d’être une chose regardée avec dédain. Je fais dans me tête mes petits exercices cognitifs afin d’évier de lui coller des claques et de la jeter dehors :

« Calme-toi mon petit Philippe, calme-toi. Son regard dédaigneux n’est qu’un symptôme, il ne t’est pas adressé ». Vous voyez que même dans les TCC, on se pose des tas de questions et que nous ne sommes pas des ingénieurs en santé mentale !


Utilisant ma phrase d’introduction magique et rituelle, je lui demande :
« Que puis-je pour vous ? »

Et là, d’un coup d’un seul, elle me dit, toujours aussi dédaigneuse, sa jolie petite bouche formant une moue dubitative : « Alors vous, vous faites quoi !? ».

« Moi » lui réponds-je ? « Et bien, en venant me voir et juste avant de sonner, vous avez du voir une plaque sur l’immeuble non ? Une plaque dorée avec mon nom ? Et bien je vais vous étonner, mais aussi idiot que cela puisse vous sembler, je fis ce qu’il y a écrit sur la plaque. En l’occurrence des thérapies comportementales et cognitives des états dépressifs et anxieux. Voilà ce que je fais. Bon maintenant, si vous vouliez du pain, la boulangerie était à droite et si vous vouliez du vin, le Nicolas est à gauche ! ». Je lui dis cela en souriant tout ayant toujours cette envie de lui botter son joli cul. L’expérience m’a appris que ces connes sûres d’elles-mêmes le sont finalement fort peu dès que l’on gratte un peu. Comme diraient les gens vulgaires, dont je ne fais pas partie : Que de la gueule !

« Ca je le comprends bien mais c’est quoi une thérapie cognitive exactement », me dit-elle, toujours aussi désagréablement. Ses paupières sont à demi baissées, sa bouche toujours en cul de poule. Elle a croisé une de ses jambes et sa mule remue négligemment.

Je lui explique donc en peu de mots ce qu’est une TCC. Je décide d’être gentil, vraiment gentil et je ne lui cache rien. Une fois mon exposé terminé, cette petite merdeuse me branche psychanalyse. Pas de problème nous discutons de psychanalyse, mais je lui précise toutefois que ce n’est pas forcément ma tasse de thé car, comme l’indique la fameuse plaque professionnelle dont je lui ai parlé précédemment et sur laquelle figure ee toutes lettres : Thérapies cognitives et comportementales : moi je fais jsutement des TCC et non des psychanalyses.

Je lui redemande en quoi je pourrais lui être utile ? Et elle me répond très très vaguement. Bon, étant un psy très très talentueux, j’ai déjà compris. On a affaire à la jolie fille canon. Tout jusqu’à présent lui a réussi. Belle, intelligente, elle a fait ses petites études de lettres sans problème. Elle a fait chier les mecs, es éventuels employeurs et les profs et l’âge est venu. Ben oui, la belle a déjà trente et un an. La comédie de la jolie gamine à qui on ne refusait rien a échoué. La belle époque est révolue.

La belle est seule et ne trouve pas de travail et pas de mec et finalement se demande pourquoi. Bien sûr, son orgueil monumental lui permet encore de survivre psychiquement mais cela commence à s’ébranler. La poupée Barbie comprend, dans sa petite tête que peut-être que quelque chose cloche en elle. Que peut-être que ses belles années sont finies, et qu’il va falloir qu’elle offre quelque chose en retour parce que sinon, y’a d’autres belles poupées tout aussi débecquetables qu’elle, qui sont sur les rangs et qui ont dix ans de moins.

La pauvre chérie a cru qu’elle pourrait toujours être entourée d’un parterre d’admirateurs mais c’est fini. Bienvenue dans le monde réel ma chérie ! Dans un monde ou avoir une jolie gueule et un corps de déesse est un avantage concurrentiel mais pas suffisant pour autant.

Bien entendu, je ne lui dis rien de tout cela. Cela m’amuserait histoire de lui montrer qui est le patron dans ce cabinet mais je reste pro ! Je me contente de la balader gentiment et de marquer des points. Je la fais monter au filet et hop je lui colle une balle dans le fond du cours ! La chérie croyait venir et dominer, simplement parce qu’elle avait appris des tas de trucs sur Freud durant ses études de lettres ! Pas de bol, ici chez moi, Freud on connaît pas mais on maîtrise son sujet ! On fait monter sur le ring et en douceur on teste quand y’en a qui veulent en découdre. Ellel me met des droites, des gauches, des jabs et des uppercuts et je les esquive et je réponds gentiment sans la toucher vraiment.

On peut tout me dire, je suis vraiment quelqu’un de gentil mais défense de venir mettre ses trois gouttes d’urine sur mon territoire !

Dans ces cas là, ce qui se passe est toujours très drôle. En l’occurrence, la fille canon du début, la starlette à deux balles, petit à petit se défait. Sa superbe fout le camp et au bout de vingt minutes d’échanges musclés mais courtois (parce que je fais cela à fleuret moucheté en no'ubliant jamais mon rôle), j’ai en face de moi une gamine un peu paumée. Une pauvre nana qui va enfin me montrer ce qu’elle est et ce qu’elle est venue chercher.

Je me radoucis aussitôt et nous parlons. Mais bon, elle n’est pas prêté et assimile ma gentillesse à de la faiblesse. Et hop, elle se réarme et j’ai de nouveau droit à la stat qui se la raconte.

L’heure est finie. Lui désignant le cadre sur le mur, je lui montre le montant des honoraires. Et là, plus personne, elle me dit piteusement qu’elle pensait que la première séance était gratuite. «Vous pensiez mal mademoiselle, vous auriez me le demander lorsque vous avez pris rendez-vous», lui dis-je. "Je suis comme le boulanger à côté de mon cabinet. Je ne fais pas cadeau de la première baguette. Elle est payante et libre à vous de venir racheter du pain ou non".

« Ah bon », me dit-elle, « je n’ai pas pris mon chéquier et ma carte bleue, bla-bla ». Comme je l'avais deviné, la belle a aussi des problèmes de fric mais ça plutôt crever que de me l'avouer.

Et moi, impérial, je me lève :
« Pas de problème », lui dis-je. « Allez la première séance est pour moi, et si vous voulez revenir, vous m’appellerez, je ne vous propose pas de rendez-vous pour le moment. Rassurez-vous, vous n’avez pas grand-chose mais je n’ai pas envie de perdre mon temps à vous faire la guerre. Quand vous viendrez me voir en voulant vraiment échanger et non en voulant à tout prix sauvegarder votre orgueil, promis, ça ne prendra que quelques mois. Et rassurez-vous mon cabinet vous est grand ouvert, c’est juste une question de moment. Réfléchissez à tout cela calmement. Bonsoir Mademoiselle ».

Et hop dehors !

J’imagine déjà les confrères hurler ! Oui, ayant compris ce qui se passait, j’aurais pu être plus cool mais je ne pense pas que cela soit utile. Si je m’étais montré plus empathique, elle aurait pris cela pour de la faiblesse. Je l’aurais reçue une dizaine de fois pour rien, elle m’aurait fait la guerre ne voulant en rien perdre sa superbe qui est sa stratégie de défense pour éviter de considérer l’échec de sa vie. Alors que je pouvais réellemetn l'aider, elle ne serait pas revenue à un prochain rendez-vous considérant que je n'etais qu'un gros nul qu'elle avait vaincu. C'eut été contre-productif et de plus, j’ai suffisamment de patient pour m’éviter ce genre de séances pénibles.

Il y a toujours le bon moment pour consulter. Et pour cette demoiselle, il était encore trop tôt. Mais mon petit doigt me dit, qu’elle reviendra d’ici quelques mois, plus encline à collaborer. Et ce jour là, je tiendrai ma promesse, en trois à six mois, on règle tous ses problèmes !



8 Comments:

Blogger psynaj said...

merci pour ton passage sur mon blog
pour ton post je dirais bravo pour ta patience, et une question meme si freud n'est pas ta tasse de thé! le transfert dans tout ça?!

29/10/06 9:48 PM  
Blogger philippe psy said...

Cher confrère, meric d'être venu me lire. Alors transfert et contre-transfert ! Oui question intéressante! en effet, on n'y échappe pas ! Je vais faire un post de la mort sur ce sujet ! Moi qui aime coller des tites photos partout, là je vais me faire chier pour en trouver qui s'adaptent !

30/10/06 1:32 AM  
Anonymous Anonyme said...

je me suis bien marrée, surtout en voyant le patron du bar, il est dingue ce psy ! il a du plaisir à bosser ça fait plaisir à lire...

14/3/09 10:14 PM  
Blogger Hermann said...

Sans être un vrai psy, je vous donne raison -quant à votre style et votre raisonnement.
Les vrais psy me donnant très généralement tort, cela signifierait que ...
(pour compliquer, ces psy-là sont très bons aussi, dans leur style)

PS : je commence à peine la lecture de vos archives.

24/9/10 7:16 PM  
Blogger Hermann said...

Oups, plus de nouvelles de la pauvre belle, ensuite ?

25/9/10 4:59 PM  
Blogger Lance-à-eau said...

Alors, est-elle revenue ?

9/9/14 3:23 AM  
Blogger Marieparcey said...

Bonjour,

Je vais à la première séance de ma vie avec un psy lundi...Et bêtement, il ne m'était absolument pas venu à l'esprit que le psy pourrait, en me voyant arriver, me juger (me condamner?), se foutre de ma gueule et tenter de m'humilier, puis aller raconter complaisamment le tout sur son blog... J'ai pensé à pas mal de trucs qui pourraient déconner, mais pas à ça!

Je vais essayer de pas y penser lundi, en espérant pouvoir quand même lui faire confiance...

Bon courage et merci pour tout

30/11/16 7:22 PM  
Blogger Unknown said...

Depuis quand un psy agit aussi durement envers de potentiels patients ??
Ce blog me choque.
La façon dont vous la decrivez n'est que votre ressenti. Venant d'un psy c'est juste inadmissible de lire ça ! Jespere qu'elle trouvera quelqu'un d'autre.

31/10/18 12:50 PM  

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