Prédire la dangerosité ! Seconde partie
Robert Hare
J'ai beau jeu ici de hurler, de dire que c'est inadmissible, que cela n'aurait pas du arriver puisque je ne suis pas expert et que je ne sais pas ce que j'aurais fait à la place des quatre personnes qui ont vu Mathieu après son premier viol.
Disons que masquant mal mon immense orgueil derrière une humilité de façade, j'ai l'impression que je ne me serais pas laissé avoir. Déjà, à l'instar de ces adolescents boutonneux dont je parlais dans la partie précédente, j'ai lu Ressler et Douglas. Simplement, notamment s'agissant du premier, je trouvais sa démarche intéressante et n'oublions pas qu'il fut celui qui créa le terme de serial-killer.
Je suppose que plus que des diplômes, je préfère le talent, celui qui s'observe chez ceux qui font bien même si parfois ils ne savent même pas pourquoi ils font bien. Et manifestement, Ressler fut un flic doué comme le prouve son tableau de chasse. Il avait compris (il ne fut pas le seul) comment fonctionnaient certains criminels. Finalement le vrai talent de l'expert à ce sujet, plus que de collationner des tas d'indices, c'est de les trier et les classer afin de se trouver dans la tête du prédateur qu'il recherche.
Je n'ai pas une grande expérience des psychopathes parce que je n'en reçois pour ainsi dire pas. Le psychopathe n'a pas besoin de mes services. Dénué de tout sens moral, à quoi bon tenter de faire un travail sur soi qui repose justement sur le sens moral interne qu'un individu normal possède, quand on en est dépourvu ? De fait, le psychopathe consulte quand il y a un intérêt direct qui n'est pas le fait d'aller mieux. Il 'agira pour lui de voir un psy si cela lui permet d'accéder à quelque chose de plus important pour lui comme une liberté conditionnelle dans un cadre judiciaire.
J'ai le souvenir d'un jeune homme que j'appellerai A et qu'un médecin m'avait envoyé dans le cadre d'une prise en charge thérapeutique portant sur la fourniture de produits de substitution à l'héroïne. Je l'ai donc reçu dans ce cadre assez strict car je doute qu'il ne soit venu de lui-même pour tenter d'aller mieux. La thérapie n'était là que pour berner son médecin, coller à ses désirs, et pour obtenir quelque chose d'autre : métadone ou subutex.
Je l'ai immédiatement trouvé sympa. Il faut dire que les psychopathes ont souvent ce charme et cette faconde superficielle qui met en confiance et qui les rend sympathiques immédiatement. Il m'a donc raconté sa vie mais manque de pot pour lui, j'étais aussi un ancien juriste et j'ai relevé plusieurs erreurs dans son discours biographique quand il abordait ses petits démêlés judiciaires. Il faut dire que le DSM pointe d'ailleurs cet attribut, qui fait que la personnalité antisociale ne s’embarrasse pas de responsabilités : Absence de remords ou de culpabilité, indiquée par l'indifférence ou la recherche systématique d'excuses plausibles pour avoir blessé, maltraité, trompé ou volé autrui.
Âgé de moins de trente ans et ayant déjà deux années fermes au compteur, le jeune A en était presque à plaider l’erreur judiciaire dans mon cabinet ou du moins l'atténuation des faits. C'était je crois notre troisième rencontre. Il était à l'aise face à moi dans le fauteuil bleu, la clope à la main et la tasse de café dans l'autre. Je pense qu'il m'avait étiqueté brave mec sympa. Je pense que mon physique de bon nounours donne souvent à penser cela. En termes de profils, on imagine toujours que ce sont les grands secs qui sont vifs. Pourtant, on a coutume de dire que l'ours est le fauve le plus dangereux parce qu'il ne prévient pas et que justement de bon nounours il passe sur le mode colère et vous arrache la tête d'un coup de patte.
C'est ce que j'ai fait ce jour là, j'avais ferré mon bonhomme et j'ai tiré sec pour lui rentrer l'hameçon dans la gueule et le remonter à bord dans la sphère thérapeutique d'où il sortait gaillardement en me prenant pour un con. Sans me départir de mon calme ni de ma bonhommie naturelle, je lui ai justement demandé s'il me prenait pour un con. Il a évidemment nié avec force de "oh Philippe vous n'y pensez pas !". J'ai donc du lui expliquer qu'en tant qu'ancien juriste ayant de plus épousé une avocate, je ne croyais pas ce qu'il me disait et qu'à son âge pour avoir été condamné aussi lourdement c'est qu'il devait avoir un casier non pas long comme mon bras mais comme mes deux bras.
Il m'a souri et réduisant la voilure, il n'a pas contesté les faits. Il les a minimisés, m'a raconté ses arnaques et on a même fini par en rire parce que tant qu'on garde ses distances, ce genre d'escroc est amusant. C'est comme parler à un Rocancourt qui vous explique comment il a arnaqué ces crétins de comédiens hollywoodiens. On en viendrait presque à croire qu'on parle à Robin des Bois alors qu'il n'en est rien. On peut rigoler mais toujours garder ses distances parce que justement le psychopathe adorerait faire de vous son bon pote, vous endormir en diluant votre système moral tendant à considérer ses actes comme moins graves qu'ils ne sont.
On a fait une ou deux séances comme cela et puis j'ai décidé de lui remettre un gros coup de patte dans la figure. Je lui ai juste dit : bon A. je ne sais pas ce que vous foutez ici mais je suppose que cette démarche s'inscrit dans un cadre plus large. Alors comme je ne vais pas vous faire perdre de temps à parler de morale puisque vous n'avez aucun sens moral, on va agir différemment, on va parler de risques judiciaires. Comme cela vous ne ferez plus certaines choses non parce qu'elles sont mal d'un point de vue moral mais dangereuses pour vous si vous voulez rester libre".
Il a été un peu éberlué mais m'a souri et j'ai rajouté que je l'aimais bien ce qui était vrai parce que je n'ai aucune raison d'en vouloir à un barracuda d'avoir de grandes dents, c'est sa nature. D'ailleurs quelques semaines après, on se tutoyait et on se faisait la bise, c'est dire si on s'entendait bien. Finalement, je ne sais pas si ma méthode était la bonne mais elle a plutôt bien fonctionné. D'une part A et moi avons entretenu des rapport cordiaux. Il a voulu me tester une fois, en me proposant un ordinateur tout neuf à un prix défiant toute concurrence. J'ai évidemment refusé. Je n'ai évidemment jamais eu aucune confiance en lui même si je suis persuadé qu'il m'aimait bien.
Enfin, j'ai eu des nouvelles de lui par sa fille dix ans après. Lorsque sa mère l'eut récupérée elle me l'envoya pour quelques séances. Alors âgée de dix huit ans elle me donna des nouvelles de son père, ce cher vieux A. Elle m'expliqua que globalement, il avait toujours travaillé, même si parfois c'était épisodique et qu'il s'était à peu près correctement occupé d'elle bien qu'il ait oublié de payer la cantine à plusieurs reprises.
Ainsi, comme le dit le DSM, même si A s'était un peu maintenu dans l'irresponsabilité chronique, indiquée par l'incapacité à tenir des engagements soutenus ou d'honorer des obligations financières, il avait évité les pires écueils qui auraient pu le renvoyer en prison. J'ose espérer que son état s'est maintenu et qu'il est resté libre. Je n'ai jamais cru en sa guérison et encore moins à ses prises de conscience. En revanche je pense que notre collaboration aura pu le rendre plus méfiant et lui faire apprécier la liberté qu'il sait comment conserver.
C'est une bien mince victoire thérapeutique mais en revanche cela a été riche d'enseignement et cela m'a donné envie d'en savoir plus sur les psychopathes. Je crois avoir lu depuis bon nombre d'ouvrages sur ce sujet et finalement cela ne fait pas grand chose quand on met de côté les théories psychanalytiques qui font l'impasse sur la biologie. Ce que j'en ai retenu c'est que la psychopathie était d'essence biologique même si le milieu ambiant pouvait renforcer ces traits. J'ai aussi appris à affiner mon diagnostic et à les repérer où qu'ils soient et à les différencier des simples narcissiques, complexés et autres addictifs avec lesquels on pourrait les confondre parfois.
De fait, la plupart des psychopathes réussissent et on peut qualifier ceux que l'on retrouve en détention de psychopathes qui ont échoué. Comme Hare déclare, "Mentir, tromper, et manipuler sont des talents naturels pour les psychopathe. De fait, il existerait deux variétés de psychopathes, l'une côté cour est ce que nous connaissons de leur côté criminel, mais l'autre, les psychopathes côté jardin se fondent la masse d'une manière très efficace.
Je crois qu'avec mes faibles moyens et connaissances, grâce à A, j'ai peut être fait le chemin qu'a du faire Robert Hare et qui lui ont permis de dresser son échelle de psychopathie maintenant bien connue appelée échelle de psychopathie de Hare. Elle regroupe vingt items que l'on doit choisir en fonction de :
0 = ne vous caractérise pas
1= vous définit bien à certains égards, mais avec des réserves ou des doutes selon les observations
2= vous caractérise dans l’ensemble assez bien
Le résultat est simple à calculer et varie entre 0 et 40. On pose le diagnostic de psychopathie pour un score de 30 et plus, tandis qu’une absence de psychopathie est caractérisée par un résultat inférieur à 20. Entre 20 et 29, Hare parle d’une problématique dite mixte.
1. Loquacité et charme superficiel
2. Surestimation de soi
3. Besoin de stimulation et tendance à s’ennuyer
4. Tendance au mensonge pathologique
5. Duperie et manipulation
6. Absence de remords et culpabilité
7. Affect superficiel
8. Insensibilité et manque d’empathie
9. Tendance au parasitisme
10. Faible maîtrise de soi
11. Promiscuité sexuelle
12. Apparition précoce de problèmes de comportement
13. Incapacité de planifier à long terme et de façon réaliste
14. Impulsivité
15. Irresponsabilité
16. Incapacité d’assumer la responsabilités de ses faits et gestes
17. Nombreuses cohabitations de courte durée
18. Délinquance juvénile
19.Violations des conditions de mise en liberté conditionnelle
20. Diversité des types de délits commis par le sujet
Ce sont ces connaissances qui m'ont permises l'année passée de mettre en garde une amie contre une personne. Tandis que j'allais faire joujou à ces jeux idiots que l'on propose sur Facebook, je voyais les publications de certaines personnes sur son mur. L'un d'eux m'avait frappé. Quand j'en parlais avec mon amie, je lui expliquai de s'en méfier que je pensais qu'il avait des traits psychopathiques évidents. Elle pris mon avertissement en compte tout en me trouvant un peu alarmiste. Toutefois, à l'occasion d'un désaccord bénin, il menaça de frapper une femme, la terrorisant et mon amie appris par la suite qu'il battait sa propre femme et qu'il s'était rendu coupable de maints petits délits dont certains auraient du attirer l'attention des autorités tant ils contenaient un potentiel de violence.
Cette amie fut surprise que je puisse profiler à partir d'un simple mur ce genre de pathologie. Pourtant une fois que l'on connait bien le psychopathe, il n'est pas dur à détecter. Il y a tout d'abord cette image qu'il se donne, ce charme, cette faconde naturelle et superficielle qui le fait se montrer si sur de lui. Et puis, à partir de là, il suffit de creuser pour traquer les incohérences, les différences fond/forme. On s'aperçoit alors bien vite que sous son apparente bonhommie, se dissimule un être amoral, avide de pouvoir, et prompt à transgresser les droits d'autrui. On perçoit le côté vantard et bien entendu sa tendance à manipuler et tromper autrui, cet atavisme pour le mensonge.
Je ne sais pas ce que j'aurais fait à la place de mes confrères face au jeune Mathieu. Simplement, au vu de ce que rapporte le Figaro, eu égard aux circonstances de ce premier viol, je pense que j'aurais compris face à qui j'étais. Ce type de seulement quatorze ans capable de préparer son kit de viol (baillon et lien) pour s'en aller perpétrer son horrible forfait a absolument tout du serial killer que l'on rencontre dans les écrits spécialisés. Nous ne sommes plus dans le passage à l'acte atroce mais violent et irrépressible mais plutôt dans une traque minutieusement préparée. Ce n'est plus le stress violent qui provoque cela mais justement cette absence totale de stress qui caractérise les grands psychopathes tels que les décrit Hervey Cleckley dans The mask of sanity.
De fait une véritable enquête n'aurait pas du se borner à l'individu que l'expert a face à lui, il aurait fallu interroger sa famille et je suppose que cela fut fait mais aussi ses amis et de manière générale, les personnes qu'il côtoyait tous les jours et notamment les camarades de classe. Et je suis persuadé que là, un témoignagne aurait attiré l'attention de l'expert. J'imagine bien un ami qu'il aurait pu prendre pour confident, des garçons de la classe qui auraient tout de même remarqué des choses étranges. Parce qu'aussi discret qu'il soit, le psychopathe ne peut s'empêcher de se vanter et de se vautrer dans l'insanité. Et ce genre de comportement laisse forcément des traces.
C'est toujours amusant de mener des entretiens cliniques, de poser des questions. Souvent au début les gens répondent globalement, puis après une fois la confiance établie, ils vous livrent des choses qui sont utiles au diagnostic. Il arrive souvent que ces éléments ne viennent pas en premier parce que face au choc moral que peut provoquer le comportement du psychopathe, les gens on tendance à rester dans le déni et à minorer inconsciemment les faits pour ne pas avoir à en affronter l'horrible gravité. Ca commence toujours par "c'était un homme si gentil" pour finalement finir par "bon c'est sûr qu'un jour on a été étonnés quand il a dit ou fait cela mais on s'est dit que ce n'était pas grave".
Ainsi récemment une femme venue me consulter dans un moment de crise terrible a fini par admettre qu'elle avait passé dix ans de sa vie avec ce que la littérature nomme un pervers-narcissique mais que l'on devrait appeler simplement un psychopathe. Au départ, tout en admettant que son conjoint n'avait pas été très clair, elle ne reconnaissait pas le caractère proprement monstrueux de sa conduite. Puis, chemin faisant, se remémorant tous les comportements odieux qu’il avait eu, elle a du admettre qu'elle avait passé dix ans de sa vie avec un monstre et que chaque fois qu'elle l'avait deviné, elle s'était empressée de l'oublier. Cette jolie femme s'était simplement entichée d'un psychopathe charismatique, sans doute l'espèce la plus dangereuse.
Bref il me semble que tant côté expertise, que côté justice, ce ne fut qu'une longue suite d'erreurs incroyables. Lorsqu'il fut arrêté l'an dernier, ce n'était que son parcours criminel qui commençait. Après, une fois le processus enclenché, les barrières dépassées, ce n'est qu'une question de montée en puissance. Il n'avait pas encore tué, il l'a maintenant fait.
Cette amie fut surprise que je puisse profiler à partir d'un simple mur ce genre de pathologie. Pourtant une fois que l'on connait bien le psychopathe, il n'est pas dur à détecter. Il y a tout d'abord cette image qu'il se donne, ce charme, cette faconde naturelle et superficielle qui le fait se montrer si sur de lui. Et puis, à partir de là, il suffit de creuser pour traquer les incohérences, les différences fond/forme. On s'aperçoit alors bien vite que sous son apparente bonhommie, se dissimule un être amoral, avide de pouvoir, et prompt à transgresser les droits d'autrui. On perçoit le côté vantard et bien entendu sa tendance à manipuler et tromper autrui, cet atavisme pour le mensonge.
Je ne sais pas ce que j'aurais fait à la place de mes confrères face au jeune Mathieu. Simplement, au vu de ce que rapporte le Figaro, eu égard aux circonstances de ce premier viol, je pense que j'aurais compris face à qui j'étais. Ce type de seulement quatorze ans capable de préparer son kit de viol (baillon et lien) pour s'en aller perpétrer son horrible forfait a absolument tout du serial killer que l'on rencontre dans les écrits spécialisés. Nous ne sommes plus dans le passage à l'acte atroce mais violent et irrépressible mais plutôt dans une traque minutieusement préparée. Ce n'est plus le stress violent qui provoque cela mais justement cette absence totale de stress qui caractérise les grands psychopathes tels que les décrit Hervey Cleckley dans The mask of sanity.
De fait une véritable enquête n'aurait pas du se borner à l'individu que l'expert a face à lui, il aurait fallu interroger sa famille et je suppose que cela fut fait mais aussi ses amis et de manière générale, les personnes qu'il côtoyait tous les jours et notamment les camarades de classe. Et je suis persuadé que là, un témoignagne aurait attiré l'attention de l'expert. J'imagine bien un ami qu'il aurait pu prendre pour confident, des garçons de la classe qui auraient tout de même remarqué des choses étranges. Parce qu'aussi discret qu'il soit, le psychopathe ne peut s'empêcher de se vanter et de se vautrer dans l'insanité. Et ce genre de comportement laisse forcément des traces.
C'est toujours amusant de mener des entretiens cliniques, de poser des questions. Souvent au début les gens répondent globalement, puis après une fois la confiance établie, ils vous livrent des choses qui sont utiles au diagnostic. Il arrive souvent que ces éléments ne viennent pas en premier parce que face au choc moral que peut provoquer le comportement du psychopathe, les gens on tendance à rester dans le déni et à minorer inconsciemment les faits pour ne pas avoir à en affronter l'horrible gravité. Ca commence toujours par "c'était un homme si gentil" pour finalement finir par "bon c'est sûr qu'un jour on a été étonnés quand il a dit ou fait cela mais on s'est dit que ce n'était pas grave".
Ainsi récemment une femme venue me consulter dans un moment de crise terrible a fini par admettre qu'elle avait passé dix ans de sa vie avec ce que la littérature nomme un pervers-narcissique mais que l'on devrait appeler simplement un psychopathe. Au départ, tout en admettant que son conjoint n'avait pas été très clair, elle ne reconnaissait pas le caractère proprement monstrueux de sa conduite. Puis, chemin faisant, se remémorant tous les comportements odieux qu’il avait eu, elle a du admettre qu'elle avait passé dix ans de sa vie avec un monstre et que chaque fois qu'elle l'avait deviné, elle s'était empressée de l'oublier. Cette jolie femme s'était simplement entichée d'un psychopathe charismatique, sans doute l'espèce la plus dangereuse.
Bref il me semble que tant côté expertise, que côté justice, ce ne fut qu'une longue suite d'erreurs incroyables. Lorsqu'il fut arrêté l'an dernier, ce n'était que son parcours criminel qui commençait. Après, une fois le processus enclenché, les barrières dépassées, ce n'est qu'une question de montée en puissance. Il n'avait pas encore tué, il l'a maintenant fait.
7 Comments:
Par miracle, il est suffisamment bête pour se faire prendre deux fois de suite ! C'est la seule consolation que l'on peut tirer de cette affaire.
Par rapport aux psychopathes, je m'interroge, car beaucoup de gens, et surtout les adolescents, ont tendance à montrer une image d'eux très flatteuse (voir les profils des réseaux sociaux, les adhésions bidons au page facebook contre le guerre et pour la protection des bébés phoques), qui dissimule mal leurs motivations et égocentrisme (et leur appétit sexuel). Est ce à dire que le psychopathe présente ces mêmes tendances ET en plus de cela une absence d'empathie qui de ce fait ne vient pas les contrebalancer ?
Car il me semble que la dissimulation, le mensonge, est monnaie courante, et que d'une manière générale, pour la plupart des gens, si vous ne criez pas quand ils vous marchent dessus, ils vous écraseront la gueule sans même y penser. Quand au remord, n'est t-il pas souvent confondu avec une blessure narcissique, un amour propre souillé par le regard négatif que portent les autres sur un acte commis ?
Donc, l'empathie, ce système d'émotion léguer par le règne animal à l'homme cérébral, est t-il ce qui sépare le quidam moyen du psychopathe ? Le psychopathe n'est t-il pas un homme normal sans empathie, et l'homme normal n'a t-il pas le comportement d'un psychopathe quand le contexte si prête ?
Cordialement.
Ce qui est véritablement monstrueux dans cette affaire, c'est le refus explicite du système judiciaire français d'utiliser les échelles actuarielles et les outils statistiques viables qui traitent de la récidive.
D'une part la France confond la science et l'eugénisme. D'autre part le déterminisme criminel fait peur et l'on préfèrera toujours privilégier l'horizon d'une réinsertion. Cette volonté humaniste serait plutôt louable, si elle ne se parait pas d'un déni scientifique. Elle a ici été appliquée alors que les faits (âge de Matthieu au moment du premier viol, préméditation froide et calculée, barbarie inouïe du crime commis, profil de la victime) allumaient clairement les indicateurs au rouge cramoisi.
En lieu et place, on continue(ra) d'avoir recours au freudisme pour mener des expertises judiciaires qui interviennent dans des cas où le discernement et l'objectivité scientifique deviennent une question purement vitale.
Parfaitement, et pleinement scandaleux.
@100hp : non il ya un gouffre entre les ados cons que l'on a tous étés et la psychopathie !
@Lucie : Chrissou t'es trop intelligente, tu vivras malheureuse toute ta vie :)))
@ Philippe : Mais si tu n'existaaaaaaaaaaaaaaaaaais pas, dis moi pourquoi j'existeraaaaaaaaaaaaaaaaaaaais
"Parce qu'aussi discret qu'il soit, le psychopathe ne peut s'empêcher de se vanter et de se vautrer dans l'insanité."
Qu'est-ce qui nous permet de déterminer ça, à part l'étude des psychopathes "ratés" qui se sont fait choper ? (c-a-d la population clinique, donc contrainte à consulter)
Un bien bel article Philippe.Malheureusement ce type de personnage est un modèle de très grande série.Tous les psychopathes ne sont pas des sérial-killers,il y a la psychopathie ordinaire,celle aux petits pieds.Tous ces traits sont assez faciles à diagnostiquer (il en partage certains avec l'état limite qui pourtant lui a en général la décence de ne s'en prendre qu'à lui même,sévère différence).Pour le reste,c'est vrai qu'il ne consulte pas à moins de tentative de manipulation.Ce n'est pas le seul d'ailleurs,les "jeux de cabinet" sont assez amusants à détecter aussi.Maintenant cette prédictibilité et cette demande d'exactitude demandée par la société au psy me parait bien naïve,(mais la société a t'elle autre chose en magasin?)Encore une manifestation d'une vision managériale obsédée de risque zéro et d'absence d'erreur? certainement en partie,mais on ne peut limiter les choses à cela.Je rejoins ceux qui pensent que les individus doivent rester à portée du droit commun,et que "l'irresponsabilité" ne s'applique qu'à de rares cas de démence passagère.Je crois que ce qui reste à creuser,c'est cette zone d'ombre,d'interpénétration psy/justice,car ce n'est pas la même chose,du moins quand à la conduite à tenir.Le psychopathe en effet n'est pas "soignable"du moins au sens ou on l'entend habituellement.On ne peut que le "contenir" par divers moyens qui vont du raisonnement égoïste(ce qui dans ce cas a très bien marché,chapeau bas vraiment!)à l'emprisonnement de courte ou de longue durée.C'est un lieu commun,mais la psy est un art,celui aussi de comprendre comment pense celui qui consulte.Si cette "thérapie a fonctionné"c'est en grande partie parce que A s'est dit: "parce que je le veux bien"...
"Et je suis persuadé que là, un témoignagne aurait attiré l'attention de l'expert." Expert ou juge d'instruction? L'expert doit il recevoir les amis, la famille et l'entourage afin de completer un portrait ou est ce plutot du ressort du Juge d'entendre ces personnes? En l'occurence des personnes (copain de classe entre autre) avait sonné l'alarme sur des comportements et des propos louche. Il y a un fossé entre des expertises censées aider un juge, et un devoir de justice baclée sous pretexte qu'un jeune de 16ans est ré-insérable à coup sur.
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