La théorie GCM sur les clubs !
Un destination où se rendre pour s'emmerder dans un club !
Comme tous les jeudis soir, GCM est venu me chercher au cabinet pour notre soirée Mc Do et film con. Tandis que nous rentrions, il m'a dit que Lapinou lui avait expliqué quel déplorable dimanche il avait passé lors de ce rallye en voiture ancienne. J'ai répondu qu'effectivement, le dimanche matin était vraiment le moment où tous les cons se retrouvaient en vallée de Chevreuse pour rouler en groupe, que ce soit en vélo ou en voiture. Et j'ai rajouté qu'ayant vu passer bon nombre de Lotus, il y avait vraisemblablement un club dans lequel il pourrait lui aussi aller s'ennuyer avec sa belle Elise.
Et comme nous parlions de ce phénomène curieux des clubs, GCM a développé une théorie intéressante à ce sujet. Doctement, il commença par me dire qu'il fallait être un con pour adhérer à un club. Puis, tentant d'affiner son propos, il précisa que plus qu'être un con, il fallait être un pauvre type. Concentré sur sa conduite, il m'expliqua que le terme de pauvre type était exagéré et qu'il entendait par là, qu'une club était uniquement fait pour réunir des gens tellement introvertis que s'ils n'avaient pas un sujet en comment pour se retrouver, ils seraient perdus et ne trouveraient rien à se dire.
Handicapés relationnels aux habiletés sociales limitées, il leur est impossible se se socialiser normalement. Ce sont des personnes qui dans tout groupe informel se retrouveraient en marge. Ceux que l'on retrouvent immanquablement seuls le verre à la main lors de n'importe quel rassemblement alors que des petits groupes se sont constitués naturellement. Pour GCM tandis que n'importe quel individu tend à s'assembler en fonction de ce qu'il pense, parce que s'exprimer est un acte naturel, ces grands introvertis en sont incapables. Alors, ils se rassemblent autour de ce qu'ils ont parce que c'est plus simple et moins engageant émotionnellement. Pour certains ce sera le sport, pour d'autre la voiture ancienne ou la philatélie.
Ôtez leur ce trait commun, cet avoir, et le groupe se dissout incapable de se refonder sur l'être et les affinités électives. De là vient le fait que pour tout être humain normal, un club ne peut être qu’ennuyeux et sclérosant. Comme me l'explique ensuite GCM, il aime le foot et a tenté de discuter de cela sur un forum spécialisé qu'il a quitté rapidement tellement les échanges étaient pauvres émotionnellement.
Dans les faits, poursuit GCM cramponné à son volant mais très en verve, un club est un vivier de grands solitaires qui n'échangent pas vraiment mais miment la vie réelle. Le club reste donc un palliatif de la vie, le degré zéro de la sociabilité et donc tout le contraire d'un simple café. Inteligemment, GCM m'explique que parler de voitures dans un club d'autos anciennes est aussi bête que de discuter d'alcool et de cigarette dans un café-tabac.
On va justement au café-tabac pour rencontrer et parler de vraies choses et il devrait en être de même dans un club de voitures anciennes si les gens étaient de vraies gens et non des handicapés sociaux en mal de rencontres qui n'existeront jamais. Les liens du club s'organisent autour de la vie du club, de réunion en réunions, mimant ainsi une sorte de rythme qui peut donner à ce groupe artificiel une semblant de vie réelle. De fait, on se bornera à refaire inlassablement la même chose qu'on réorganise tout le temps.
Le club est une sorte de mouvement perpétuel dont les carburants sont l'ennui, le manque d’habileté sociale, le retrait autistique et le complexe. Le club tourne en rond sur lui-même et n'affirme rien dans le réel. Qu'il s'agisse de sportifs ou d'amateurs de véhicules anciens, l'adhérent tourne inlassablement sur lui-même en ne rencontrant que des clones de lui-même lui renvoyant par effet miroir sa propre vacuité, en utilisant une sorte de métalangage technique masquant la pauvreté de ses affects et de sa communication. Les plus ambitieux trouveront parfois une identité sociale plus marquée en prenant des responsabilités dans leurs clubs c'est alors que ne maitrisant pas leur vie, ils tenteront de présider celle des autres.
Le club c'est ce que l'on propose à l'enfant solitaire afin qu'il se socialise et apprenne la vie en groupe en pratiquant par exemple une activité sportive. Il y apprendra une forme de discipline et de règles de vie en société. C'est la première marche qui permet d'affronter les autres dans la vraie vie. Passer sa vie dans un club, c'est admettre qu'en dehors des règles associatives et d'un kit de prêt-à -partager, on ne partage rien avec les autres qui nous restent à jamais étrangers. Ou encore qu'en dehors d'une praxis nécessitant persévérance et répétition, on ne pourra jamais partager d'idées. Rester dans un club, c'est être forcé d'admettre qu'on est limité à ne fréquenter que des gens qui nous ressemblent, ternes miroirs de nos désespoirs et de nos lacunes, la fréquentation des autres nous est interdite. Le club, quelle qu'en soit l'objet social (sport ou tricot), c'est aussi ce que l'on propose à l'adulte solitaire et dépressif pour rompre l'ennui, ou à l'alexithymique tentant d'exprimer des émotions basiques. Le club fait presque partie de l'arsenal thérapeutique destiné aux laissés pour compte et consorts.
Le club est fait pour tous ces désespérés qui ne savent pas communiquer. Ces gens que l'on rencontre et qui aussitôt après avoir parlé de leur travail vous demande immédiatement quelles sont vos passions, en espérant que l'une d'elles correspondra au catalogue des connaissances qu'ils possèdent en stock afin d'échanger malgré tout autour d'un avoir à défaut de savoir être.
Bref, le club est un endroit socialement vidé de toute énergie psychique et à peu près aussi avenant qu'une boîte de nuit au petit matin quand la lumière se rallume et qu'on vient y faire le ménage.Si vous êtes vivants n'adhérez pas à un club. Si vous aspirez à la vraie vie, quittez votre club.
A la lumière des réflexions de GCM, je doute qu'un jour le club Lotus le compte parmi ses membres. Personne ne sera étonné que je puisse partager la plupart de ses réflexions et ainsi les étayer pour les mettre sous forme de texte.
Qui se ressemble s'assemble. Peut-être qu'un jour GCM et moi fonderons le club de ceux qui n'aiment pas les clubs. Cela nous permettra de parler de tas de choses et de partager des tas d'idées sans pratiquer d'activité commune.
13 Comments:
Le club sandwich est le meilleur
Pourtant, on fait tous parti du club des alcooliques unanimes :D
vous devriez créer le club de ceux qui n'aiment pas les clubs ;)
@Laurence : on ne dit pas qu'on n'aime pas les clubs, on dit qu'on des habiletés sociales et des compétences relationnelles qui nous permettent d'éviter cette forme de sous-socialisation ;)
mouais c'est une habileté linguistique pour dire que les clubs c'est tout pourri et fréquenté par des crétins ;)
@Laurence : je n'ai jamais dit cela. D'une part parce que je ne traiterai jamais ces personnes de crétins. Et enfin parce qu'étant libéral par nature, les gens font ce qu'ils veulent. Toutefois, il apparait que certaines personnes n'ont rien à faire dans des clubs parce que cela représente une voie de garage sans issue. Mais, à l'instar des addictifs, tout le monde a le droit de se tromper voire de rater sa vie.
L'objet de ce texte était donc de publier la théorie psychosociologique de GCM concernant les clubs que je trouvais intéressante et éventuellement d'ouvrir un débat et non de condamner sans appel.
ben moi je vais créer le club de ceux qui n'aiment les théories psychosociologiques !
@Laurence : Pff qu'est ce que tu peux être accro aux clubs :)))
ah ben oui tiens, il faudrait que je créé le club des accros aux clubs !
Ouais,le club est la version collective de la monomanie.ça peut même virer assez obsessionnel.En bon analyste transactionnel,je classerais ce genre de choses en fait dans les rituels,un des meilleurs moyens justement d'éviter l'intimité.
Je crois que dans Sherlock holmes existait un "club des misanthropes" avec uniquement des tables individuelles!...
Et voilà l'antithèse : http://www.overcomingbias.com/2010/11/bah-sophistication.html
Je serais assez intéressé d'avoir votre commentaire suite à la lecture de l'antithèse.
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" Le club fait presque partie de l'arsenal thérapeutique destiné aux laissés pour compte et consorts."
Punaise, on doit être vachement nombreux, dans ce cas !
Et les gens qui postent régulièrement sur des forums, ils rentrent aussi dans cette catégorie, alors !
Et si on se disait plutôt que bon nombre de liens sociaux (travail, clubs, associations, réseaux sociaux virtuels...) resteront toujours dans le banal et le superficiel, si possible agréable, et que les liens amicaux ou intimes sont finalement assez rares ?
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