Misère et réalité quotidienne du psy non médiatisé !
Tant que je n’aurai pas écrit un super livre, vantant guérison et bonheur absolu pour tout le monde sans trop d’efforts avec des recettes psy simplistes comme mes illustres confrères David Servan-Schreiber ou encore Marcel Rufo, disponible par piles entières à la FNAC où chez l’hyper le plus proche de chez vous, je ne serai pas mon propre prescripteur. Ce qui signifie, que je nécessiterai de prescripteurs extérieurs pour trouver de nouveaux patients afin de reconstituer ma clientèle.

Certains trouveront l’article très mercantile mais le réel c’est aussi cela. A moins d’œuvrer dans un cadre institutionnel et d’avoir son petit chèque en fin de mois quelque soit le travail et les résultats fournis, on ne peut négliger l’aspect marketing d’une activité. Etre en libéral, c’est se soucier des fins de mois et se souvenir que l’on est chef d’entreprise.
Bon, venons en au fait. Un prescripteur, qu’est ce que c’est ? Alors voici une définition assez exacte de ce terme marketing. Un prescripteur est un leader d’opinion, c’est à dire une personne qui eu égard à sa notoriété, son image, son statut social, sa profession, ses activités et/ou son style de vie, est à même de recommander une entreprise, une marque, un produit, et d’être reconnue pour la valeur de sa recommandation par un nombre plus ou moins important de consommateurs. Son influence sera d’autant plus grande que ses caractéristiques sociodémographiques seront proches des individus à qui il destine son message. Les leaders d’opinion forment un groupe social spécifique qui se caractérise par un haut degré de sociabilité et la prise de conscience de leur influence en tant que guide. Un leader d’opinion est un individu qui influence de façon formelle le comportement d’autres personnes dans une direction souhaitée. Ses avis sont spontanément sollicités par son entourage immédiat (amis, collègues, voisins, relations sociales, etc.) avant ou après l’achat d’un produit ou un service. Tout consommateur peut, potentiellement être considéré comme un leader d’opinion dans l’un ou l’autre des marchés de biens et services.

Certains trouveront l’article très mercantile mais le réel c’est aussi cela. A moins d’œuvrer dans un cadre institutionnel et d’avoir son petit chèque en fin de mois quelque soit le travail et les résultats fournis, on ne peut négliger l’aspect marketing d’une activité. Etre en libéral, c’est se soucier des fins de mois et se souvenir que l’on est chef d’entreprise.

Finalement, c’est fort simple, un prescripteur efficace pour moi, sera par exemple, le patient qui dit : « ah vous cherchez un psy, allez donc consulter Philippe, c’est le meilleur de la galaxie. Moi il a changé ma vie, avant j’étais un gros nul et maintenant je suis quelqu’un de super que tout le monde adore et je vole de succès en succès », et qui sera écouté. Donc des prescripteurs, c’est capital pour mon boulot si je veux survivre car vous l’imaginez je ne vis pas d’amour et d’eau fraîche mais des honoraires versés par mes chers patients, en échange de mes prestations que tout le monde s’accord à trouver géniales.


Les anciens patients assurent environ la moitié de mes renouvellements de clientèle. Ce sont d’excellents prescripteurs. Les anciens patients, parce qu’ils ont été satisfaits de mes prestations, ont parfois le zèle des convertis et parlent de moi de manière dithyrambique ce que j’apprécie toujours même si j’ai renoncé, du fait de ma modestie, à me faire appeler Grand Maître de la Galaxie ou Guide suprême de la Pensée. En plus, l’activité anti-secte est tellement importante en France que des associations du type UNADFI, seraient venues m’emmerder si j’avais joué les gourous : j’ai donc renoncé à me vêtir d’un sari orange, à me raser le crâne et à jouer le sages pénétré d’une sagesse séculaire. Il y avait aussi la version à costard blanc et gros médaillon autour du cou, mais le look a déjà été pris par Raël !





En conclusion, se faire une clientèle est une activité plutôt enrichissante. Que l’on rencontre des gens sympas et l’on passera de bons moments, que l’on rencontre des crétins et ce sera l’occasion de travailler sur soi-même. Je ne regrette donc pas d’être en libéral.

Mais parfois, je me plais à rêver que je pourrais moi aussi être sur un plateau de télévision, à pérorer sur n’importe quel sujet. Ou bien, je m’imagine, interviewé dans un magazine people ou un féminin célèbre, donnant mon avis sur tout et n’importe quoi, faisant l’important. Tout cela pour un jour, devenir mon propre prescripteur, l’alpha et l’oméga de ma propre activité. Ensuite, les patients viendraient tout seuls comme des grands, déjà totalement conquis, quelques soient mes mérites véritables par la magie de ma médiatisation unique. J’aurais une attachée de presse super mignonne en petite jupette et talons hauts qui me bookerait des rendez-vous et me ferait un plan de com’ en m’appelant docteur. Elle aurait un prénom composé et un nom à particule, comme les attachées de presse des grandes maisons de couture et je pourrais lui dire entre deux rendez-vous : « Non Marie-Sophie, refusez l’interview de TF1, mais dites oui à CBS. Par contre, dites à mon agent que je suis d’accord pour ce long métrage sur ma vie mais uniquement si Clooney interprète mon rôle et si Spielberg réalise». Je disposerai aussi d’une agence spécialisée qui travaillerait sur mon image, des éditeurs me solliciteraient, etc.

C’est décidé, demain je commence soit à écrire un livre intéressant et surtout très facile à lire, que j’appellerai « Soyez heureux, beaux, riches et en bonne santé, sans faire d’efforts », soit à m’entraîner pour escalader la tour Eiffel à mains nues en ayant mon nom et mon adresse professionnelle écrits en gros dans le dos, moi aussi je veux être célèbre et ne plus rien foutre d’autre ensuite que de jouer le beau. Ou alors, peut-être que je pourrais trouver un truc encore plus simple à faire pour me faire connaître du grand public ? Oui, mais quoi ? Euh, allez je vais participer à une émission débile sur France 2.


C’est décidé, demain je commence soit à écrire un livre intéressant et surtout très facile à lire, que j’appellerai « Soyez heureux, beaux, riches et en bonne santé, sans faire d’efforts », soit à m’entraîner pour escalader la tour Eiffel à mains nues en ayant mon nom et mon adresse professionnelle écrits en gros dans le dos, moi aussi je veux être célèbre et ne plus rien foutre d’autre ensuite que de jouer le beau. Ou alors, peut-être que je pourrais trouver un truc encore plus simple à faire pour me faire connaître du grand public ? Oui, mais quoi ? Euh, allez je vais participer à une émission débile sur France 2.

2 Comments:
J'ai bien rigolé en lisant votre article ! et en plus il est intéressant ! Je suis psychologue-psychothérapeute et je suis en train de m'installer en libéral donc je cherche à me créer un patientèle et j'aurais aimé trouver un livre intitulé "comment avoir pleins de patients dès demain et sans rien faire!" ;)
Excellent, morte de rire...j'ai retrouvé ici bien des réflexions faites à moi-même. et je peux observer des collègues dans ce trip de "regardez-moi, j'suis un personnage public" !
pour vous faire rire : j'ai aussi publié, mais avec une médiatisation limitée à la population qui s’intéresse à certaines techniques que je mets en oeuvre : la manière dont les rapports peuvent alors être faussés, notamment avec les collègues (mais aussi le tout venant, j'excepte bien sûr les personnes sincèrement interessées par le contus des ouvrages)ne m'a pas encouragée à en faire une habitude ni une rente. j'ai dit ce que j'avais alors à dire et ai refusé tous les autres projets plus "grand public"(50 ex de sophro, " 50 ex d'EFT"...etc car franchement cela m'aurait gavé de les écrire). J'aime trop faire les choses pour le plaisir ou... pcq çà vient tout seul.
Bientôt 15 ans de libéral, je vis, simplement, mais je vis de mon boulot que j'adore. je ne soigne, ni ne guéris personne, je ne fais pas de miracles et c'est parfait ainsi : je suis juste une sorte de boutique sur le chemin des gens, où ils viennent utiliser les compétences que la Vie a (j'en suis pleine de gratitude) mis en moi.
Une sorte de station service où certains reviennent au bout de quelques années. Et où se révèlent des choses magnifiques.
Nous sommes chanceux d'être à cette place, où nous apprenons tant et continuons de grandir !
merci de votre article !
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