02 novembre, 2006

Sexe, mensonge et presse !

Voici quelques temps, une patiente que je suivais pour une grave dépression anxieuse, me confia que son compagnon avait des pratiques sexuelles qu’elle n’appréciait pas particulièrement. Très embarrassée, elle me confia ce qu’il aimait lui faire. Le secret professionnel m’empêche de révéler ce qu’elle m’expliqua. Disons qu’il s’agissait de petits jeux un peu sadiques sans grande gravité mais révélant chez cet homme des tendances particulières et un peu inquiétantes.

Ma patiente étant quelqu’un de calme et de plutôt introverti m’expliqua que ces jeux ne lui plaisaient pas mais qu’elle n’osait pas refuser par peur d’apparaître coincée. Elle poursuivit en me disant : « Vous comprenez, mon compagnon est un homme très séduisant et il a du connaître beaucoup de femmes avant moi. Je ne voudrais pas passer pour une nunuche».

Puis elle poursuivit en me demandant ce que j’en pensais, si ces pratiques étaient normales avant de me dire sur le ton de la confidence et en souriant : « Vous comprenez Philippe, je dois être un peu coincée ! Quand je lis les magazines féminins, je me dis ma pauvre Laurence, tu es vraiment une oie blanche ».


Tout ceci m’amène à formuler les remarques suivantes :

1 – Je ne suis pas habilité à dire ce qui est normal ou anormal en matière de pratiques sexuelles. Comme le veut l’adage : Est autorisé ce qui est effectué entre adultes consentants. Et je rajouterai : Pourvu que ces pratiques ne soient pas prohibées par la loi.

2 – La notion de consentement est primordiale ! Si une pratique ne vous plait pas quelle qu’en soit la raison, qu’il s’agisse de raisons religieuses, morales, psychologiques ou autres, sachez dire NON !
3 – Les besoins sexuels et l’imagination durant les rapports dépendent des individus. Certains, hommes ou femmes, sont plus ou moins portés sur les relations sexuelles, et il n’existe pas de normes vraiment établies sauf en cas de troubles évidents . Cessez donc de développer un faux self en voulant vous faire passer pour une femme libérée ou le meilleur coup de l’année ! Trouvez-vous plutôt un partenaire adapté.

4- Cessez de croire ce que l’on écrit dans les magazines ! La plupart des reportages et témoignages sont entièrement bidonnés ! Souvenez-vous que ces magazines sont là pour vendre et ne reculeront jamais devant le sensationnel !

5- Enfin, si vous sentez que vous avez des problèmes sexuels, consultez votre médecin qui vous orientera éventuellement vers un psy ou un sexologue ou lisiez des ouvrages spécialisés, il en existe de très bons, facilement abordable. Et cessez de croire que votre féminin favori est un ouvrage scientifique !



L’histoire que je vous relate au début de ce post est quelque chose de très fréquent. Bien trop souvent, des femmes, par ailleurs sans aucun problème, se laissent influencer par les magazines et en déduisent ensuite que leur sexualité ne va pas. Cela arrive aussi pour les hommes et les dégâts sont parfois pires, tant les hommes sont omnubilés par leur virilité ! Dès lors des femmes et des hommes peuvent vivren durant des années , inquiets et complexés, ne sachant pas où est la normalité. Cet état de fait peut entraîner des difficultés relationnelles, de vrais troubles sexuels dus à l’anxiété mais aussi des pratiques bizarres consenties uniquement pour avoir l’air normal, comme dans les magazines.


Parce que l’on comprend que la manière dont les sujets « sexo » sont traités par les magazines n’est pas innocente. Certains visent à établir une relation de dépendance entre le lecteur et eux. C’est notamment le cas de certains magazines destinés aux ados, catégorie fragile et influençable parce qu’en quête d’une identité. Mais il existe aussi aujourd'hui des post-ados dont l'âge va jusqu'à trente-cinq ans et qui restent parfois ausis fragiles que les ados. Il est aussi inquiétant de constater que ces sujets abordés dans ces magazines ne reflètent que la sexualité d’une minorité et qu’à force de les lire, les autres, c’est-à-dire la majorité, finissent par penser qu’ils sont coincés…voire anormaux !

Les seuls tabous qui demeurent aujourd’hui seraient, dans les magazines feminins ou masculins (FHM, etc.), ceux des rédacteurs et éditeurs. En plus de leur responsabilité juridique, ils refusent que leurs magazines soient étiquetés « salope » ou « pervers », au risque de mettre mal-à-l’aise le lecteur vis-à-vis de lui-même et de son entourage. En focalisant sur des pratiques sexuelles originales et parfois marginales, les magazines créent même des tendances qui n’existent pas réellement. De plus, il est toujours amusant de se rendre compte que les méthodes ne correspondent pas toujours à la déontologie censée régir la pratique du journalisme : ainsi, certains journalistes « sexo » n’hésitent pas à interviewer quatorze fois la même copine partouzeuse, à modifier le témoignage d’une lectrice pour le rendre plus attrayant, voire même à l’inventer de toutes pièces…


Si le sujet vous intéresse, si vous en avez marre d'être pris pour des crétin(e)s, et si vous voulez savoir comment sont fabriqués ces articles, lisez La vie sexuelle des magazines de Anne Steiger. Le livre est amusant et instructif et vous montrera comment vous êtes manipulés.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Très bel article super intéressant ! Merci

6/11/06 4:49 AM  
Anonymous Anonyme said...

Excellent article ! C'est vrai qu'on se fait facilement abuser par la presse féminine ! Bravo

10/11/06 5:45 PM  
Anonymous Anonyme said...

Effectivement, on se fiche souvent de nous dans ces magazines. N'oubliez pas que leur but premier est de vendre et non d'éduquer.

10/11/06 5:51 PM  

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