27 janvier, 2007

Intermède musical ! Encore un !


Les Beach Boys est une formation majeure de l’Amérique des années 1960, seul capable de rivaliser avec la vague anglaise emmenée par les Beatles. La musique des Beach Boys, inséparables du génie de leur leader Brian Wilson, n’a cessé de s’étoffer au fil de ces années : le style léger de la surf music des débuts a laissé la place à partir de 1965-1966 à une pop music d’envergure dont le sommet est l’album Pet Sounds.

La compétition avec les Beatles joue ici un rôle important car Brian s'est mis en tête de surpasser le groupe anglais. Dès la fin de 1965, il entreprend de réaliser son œuvre majeure, Pet Sounds. Le projet est ambitieux et afin de satisfaire Capitol Records qui veut un album pour Noël, les Beach Boys sortent finalement un autre album à la fin de l’année.

Brian Wilson a donc le temps nécessaire pour polir son bijou. Car Pet Sounds se distingue fondamentalement des albums antérieurs du groupe. Les thèmes classiques du surf et des voitures ont disparu. Certes, les filles sont toujours là, pourtant la frivolité n’est plus de mise. Le compositeur choisit plutôt de dépeindre les mille couleurs des sentiments par des paroles ciselées et poétiques. Quant aux musiques, elles atteignent une complexité jamais connue dans des chansons, qui surprend encore au regard des moyens techniques limités des studios de l’époque. L’album ose s'éloigner du format chanson - passage obligé des musiques populaires - en risquant plusieurs titres instrumentaux. Ecoutez le titre "Caroline no", c'est assez étonnant !

A la fin de l’année 1966, les Beach Boys sortent une chanson dont l’enregistrement avait commencé pendant les sessions de Pet Sounds : Good Vibrations connaît un succès fulgurant dans le climat psychédélique ambiant. Il se classe n°1 aux États-Unis et dans la plupart des pays du monde. En France, il reste près de deux mois à la première place des ventes. Le titre, un des hymnes du mouvement hippie naissant, est n°1 mondial de l’année.

Pour son malheur, dans les années suivantes, Brian Wilson tombera dans la dépression (trois ans au lit) puis dans les griffes d'un médecin-artiste raté, le docteur Eugene Landy (Eh oui, c'est un médecin !), qui tentera de lui voler une partie de sa fortune, le manipulera, et en fera un pantin pour sortir ses propres albums.

Encore une fois, nous avons à faire à des problèmes de drogue, de pathologie mentale, de manipulation, de croyances bizarres liées au mouvement hippie et un tout un tas de trucs qui déclencherait actuellement l'ire de nos politiciens vertueux et de leurs nervis. Autant dire, qu'on est bien loin de l'image policée que l'on s'estime en droit d'attendre. Mais quelle créativité !



Comme le disait si bien Orson Welles dans le film "Le troisième homme", et je cite de mémoire : "L'italie, c'est deux mille ans de pagaille et de meurtres mais ça a donné Vinci, Michel-ange, etc. La Suisse, c'est mille ans de calme et pour quel résultat ? Le coucou !". Effectivement, parfois les chemins de traverse ont du bon, tout le monde ne peut pas marcher droit. On peut bien sur aimer la Suisse !