29 janvier, 2007

Réponse à un confrère !


Suite, à mon article « Salauds de psychothérapeutes », un confrère a bien voulu m'écrire un commentaire. Je le remercie d'abord vivement, même si je vais l'allumer, car les commentaires sont plutôt rares. A ce titre, faire un blog, ressemble à une activité associative, ce sont toujours les mêmes qui bossent et les mêmes qui en profitent ! Mais trêve de digressions, penchons-nous sur ce commentaire qu'il m'écrit et que je recopie intégralement ci-dessous :

« Psychologue, je ne suis pas du tout de votre avis, cher collègue. Réglementer n'est pas judiciariser. En l'occurence, il ne s'agirait pas permettre aux psychologues et psychiatres d'être thérapeutes sans autre formation ... mais pour l'instant toute personne peut se proclamer psychothérapeute sans autre formalité ! Et c'est un problème absolument préoccupant !! Et si l'honnêteté n'est lié à aucun diplôme d'état, le suivi d'une formation sérieuses permet d'éviter que les individus les moins conséquents et les moins scrupuleux s'autoproclament thérapeutes ( ce n'est pas parceque la ceinture n'évite pas la mort à tout les coups qu'il faut l'abolir et qu'elle ne sert à rien !!)- faîtes un tour sur les pages jaunes ou les certains annuaires électroniques, c'est simplement révoltant !! (thérapies magnétiques, etc..) Il y a bien besoin d'une réglementation. » De même, si certains thérapeutes sans diplôme d'état s'en tirent bien, tant mieux. Une clause dîte "du grand-père" est prévue pour eux (art52 du projet de loi). Mais pour continuer sur la métaphore routière, ce n'est pas parceque certains ont appris à bien conduire sans permis qu'il faut laisser ma grand-mère rouler sans permis sur l'autoroute ... ! »

***

Alors que répondre à cet aimable confrère qui fait de la pub pour sa boutique, ce dont je ne peux pas lui faire le reproche ! Analysons, paragraphe, par paragraphe et terminons dans un éblouissant plaidoyer pour la liberté !


Cher confrère,

Tout d’abord merci pour ce commentaire. D’une part, parce que c’est sympathique qu’un blog permette un échange entre les lecteurs et son rédacteur, d’autre part parce que vous avez le courage de venir vous heurter à mon intelligence phénoménale, mon érudition extraordinaire et mon ego boursouflé. Que vous répondre ? Que vous avez tort bien sur mais encore faut-il vous le démontrer, ce que je vais faire. Ma question est : comprendrez-vous mes arguments ?

D’une part, dès le départ, vous avez tort et grandement tort et vous commencez fort. Réglementer c’est effectivement judiciariser. Dès lorsqu’une loi existe, celui qui ne la respectera pas pourra être déféré devant les tribunaux. Chaque fois que, s’avançant masqué derrière l’objectif de vouloir votre bien, les pouvoirs publics pondent une loi, vous risquez la sanction. Alors aujourd’hui, grand bien vous fasse, vous n’êtes pas visé, mais peut-être un projet prochain une loi vous visera, vous, directement et vous aurez beau jeu de geindre. C’est cela la judiciarisation, le fait de réglementer les rapports entre personnes privées par une loi écrite, en lieu et place d’une entente basée sur un consentement libre. L’Etat oppresseur, presque exclusivement représenté par des individus qui sont coupés de la réalité du citoyen lambda, a horreur du vide. On comprend d’ailleurs, nos chers élus, qui, incapables de régler des situations réelles et préoccupantes, inventent de toutes pièces de faux problèmes, leur permettant de justifier leurs places et leurs émoluments.

En quoi se proclamer psychothérapeute est-il préoccupant ? Après tout, il suffit d’informer le grand public sur les différences évidentes existant entres psychiatres-psychothérapeutes, psychologues-psychothérapeutes et simples psychothérapeutes. Ensuite, si nanti de ces informations déjà accessibles, l’individu souhaite consulter un simple psychothérapeute, c’est son droit. A moins que vous puissiez affirmer qu’un simple psychothérapeute sera moins efficace qu’un psychologue ? Pourquoi pas, mais dans ce cas, j’exigerai des faits et pour le moins des statistiques de votre part. Par exemple : un individu n’ayant qu’une maîtrise de psychologie clinique peut se proclamer psychothérapeute et alors ? Sera-t-il moins bon qu’un psychologue qui n’a en plus qu’un DESS ? Un individu qui serait docteur en philosophie pourrait faire de même et donc ? Vous estimez-vous en tant que psychologue, suffisamment formé et érudit, pour balayer le savoir philosophique d’un docteur en philosophie ? A moins que vous n’ayez jamais saisi que le but de la philosophie était justement d’appréhender les relations entre l’homme et son environnement, que la philosophie, dans l’époque antique, quand elle vit le jour, était une psychothérapie à part entière. Lisez, cultivez-vous un peu, cela vous évitera de dire de grosses bêtises.

Si pour vous, être bon thérapeute, réside dans le fait de pouvoir diagnostiquer à coup sûr, alors vous n’avez rien compris à ce qu’est la thérapie. La thérapie, ce n’est pas enfermer dans une boîte : ça, c’est le rôle du médecin. D’ailleurs, il est totalement défendu à un psychologue de diagnostiquer et même de traiter un patient car c’est un privilège strictement réservé aux médecins, et le Code de la santé publique est très clair. Si vous le faites, c’est qu’il existe une tolérance permettant aux psychologues et aux psychanalystes de le faire. Donc, vous seriez d’accord pour bénéficier vous-même d’une grande tolérance mais pas d’accord pour l’accorder à d’autres ? Vous êtes étrange. Imaginez que je dise que compte-tenu de la faiblesse de la formation des psychologues, ceux-ci seront dorénavant tenus d’être considérés une simple profession paramédicale et soumis à l’autorité d’un médecin ? Je vous imagine brailler et rappeler vos prérogatives !

D’ailleurs dès ce premier paragraphe, vous vous emmêlez les neurones. Puisque vous en avez après ceux qui s’autoproclament psychothérapeute, mais dans le même temps, vous admettez qu’il ne suffit pas d’être psychiatre ou psychologue pour être psychothérapeute. D’ailleurs vous semblez être contre. Alors pourquoi soutenir une mauvaise loi qui de facto, interdit l’entrée aux non psychologues ou aux non médecins, tout en admettant qu’il ne suffit pas d’avoir suivi ces formations pour être psychothétapeute ? Seriez-vous finalement en train de plaider pour votre boutique, voyant d’un œil concupiscent arriver les patients de vos confères simples psychothérapeutes qui seront privés d’exercice ?

Dans le second paragraphe, vous admettez que l’honnêteté n’est pas liée à un diplôme. Là, vous sommes d’accord. Mais juste après, vous dites le contraire en affirmant qu’une formation sérieuse permettrait d’éviter « que les moins scrupuleux et conséquents s’autoproclament psychothérapeutes ». Alors soit le diplôme d’état est la panacée garantissant l’honnêteté, soit cela ne l’est pas, soyez clair ! Encore une fois, votre joli diplôme ne vous permet que de diagnostiquer grâce à la mansuétude de l’Ordre des médecins, mais rien d’autre. Qu’on replace le médecin dans son rôle et puis voilà car c’est à lui de poser un diagnostic pas à nous. Il m’est souvent arrivé, face à des symptômes étranges d’envoyer des patients chez leur médecin, car j’exige un diagnostic différentiel ! Notre pauvre savoir est bien parcellaire et hyper spécialisé, vous l’admettrez, et ne nous donne aucune prérogative. Nous ne sommes pas médecins !

De plus, c’est amusant que vous parliez sans cesse de diplôme d’Etat ? Compte tenu de votre formation mais surtout de votre pugnacité à parler de thérapies, je vous trouve assez peu libres. Alors pour vous, sans Papa Etat ou sans Maman République, vous voilà paumé ? Et c’est vous qui osez parler d’un si grave problème ? Quant au problème de ceinture de sécurité, une fois encore, vous voilà garde-chiourme de l’Etat ! Achetez vous une jolie casquette, un rottweiler, et faîtes la police. Moi, la ceinture je m’en fous. Je la mets, non pas parce que l’Etat me dit de la mettre, mais parce que je trouve que c’est utile. Je ne roule pas bourré parce que l’Etat me l’interdit mais parce que je suis un grand garçon et que je connais les dangers de l’alcool au volant. Mais plus jeune, j’ai déjà roulé bourré parce que j’étais un peu con ou trop confiant et présomptueux, comme le sont les jeunes. Si vous pensez qu’une loi empêchera les jeunes d’être jeunes, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil jusqu’au trou du cul. Mais vous semblez encore une fois, via cet exemple, en appeler à l’Etat tout puissant ! Cher confrère, le regretté auteur Philippe Muray, aurait distingué chez vous une envie de pénal ! Parlez en à votre psychanalyste favori, il peut sans doute quelque chose pour vous.

De plus votre exemple de thérapie magnétique, en tant qu’escroquerie, appelle deux remarques. D’une part, en quoi cela vous gêne-t-il qu’un individu lambda aille faire une thérapie magnétique ? Est-ce parce que vous n’y croyez pas ? Rassurez-vous moi non plus et donc ? Allez-vous suivre chaque citoyen pour être sur qu’il aille vers des thérapies ayant fait leurs preuves et dûment validées par l’académie de médecine ? Alors qu’en sera-t-il de l’acupuncture ou encore de l’homéopathie qui ne sont toujours pas reconnues par ladite académie ? Vous allez les faire interdire ? A mon sens, lorsqu’ on fait des thérapies magnétiques, que l’on se soigne par des cristaux, ou que sais-je encore, on est généralement dans la petite hystérie. Rien de très grave dans les faits, pourvu que ces personnes consultent les médecins dans le cas de pathologies graves réelles (et encore, c'est leur vie). Pensez-vous, que si vous interdisez ces charlataneries, ces personnes iraient vous consulter vous pour autant ? Non, aucune chance. Les consommateurs de ce genre de thérapies bizarres ont toujours un profil particulier et en général une aversion pour ce qui est officiel et vous avez trop soif de reconnaissance étatique pour leur plaire. Et donc ? Etre un peu baba-cool serait-il un danger pour la société ? En plus, je suis persuadé que vous trouverez des tas de consommateurs de ces « thérapies alternatives » pour vous affirmer que cela leur fait du bien ! Vous aurez beau leur dire, que c'est un effet placebo, elles n'en démordront pas !

Je ne sais pas si vous êtes vous-même psychothérapeute mais j'en doute. Ou alors dans un truc d'Etat où vous n'avez pas à vous soucier des patients. Pour ma part, j’ai dans ma clientèle, plusieurs personnes qui me consultent et consultent en même temps, qui un astrologue, qui une voyante, qui un auriculothérapeute, etc. Ces personnes savent que je ne crois pas à ces pratiques là, mais ce n’est pas pour autant qu’il m’appartient de leur interdire quoi que ce soit : mes patients sont adultes. Qui plus est, il existe un arsenal législatif déjà existant et ces charlatans peuvent être condamnés soit pour exercice illégal de la médecine voire trafic de stupéfiants, s’ils prescrivent des produits, soit pour escroquerie dans les autres cas. Pas besoin d’une nouvelle loi. De plus, du fait de cette loi idiote, au lieu de s’appeler psychothérapeutes, ils s’appelleront dorénavant thérapeutes, et le tour sera joué et ils continueront à prospérer. Alors qu’allez-vous faire par la suite ? Réglementez le titre de thérapeute ? Soit, et ensuite ? Méfiez vous, un adage politique dit que « tout pur trouve plus pur qui l’épure ».

Encore une fois, vous me parlez de réglementation. Et moi je vous affirme haut et fort qu’elle ne servira à rien, que des lois existent pour les abus manifestes et que les procureurs peuvent eux-mêmes se saisir de certaines affaires, en dehors même de toute plainte. Vous persistez dans votre envie de pénal ! Quand on voit le scandale des psychologues experts dans la sinistre affaire d’Outreau, il me semble que notre profession devrait battre sa coulpe et se méfier d'une prétendue excellence de la réglementation. Je suis pour des gens responsables, encourant éventuellement des sanctions en cas de manquements graves à leur responsabilité, pas pour une société d’assistés, à qui l’Etat dira à chaque moment quoi faire et quand le faire.

Dans votre troisième paragraphe, vous dites que, « tant mieux si certains thérapeutes sans diplômes s’en tirent bien ». Quel mépris de votre part. Cela signifie quoi, « bien s’en tirer » pour vous ? Moi, je ne connais qu’une chose, c’est l’efficacité. Quant à vous, qui êtes vous pour juger aussi durement des personnes qui sont vos confrères même s’ils ne sont pas psychologues ? Est-ce votre maigre DESS de Psychologie clinique qui vous arroge le droit d’être aussi arrogant et vindicatif ? Pourtant, les études de psychologie dont vous vous vantez, et qui vous permettraient de vous arroger de droit le titre de psychothérapeutes, ne sont pas très élitistes. On murmure que ce ne sont pas les meilleurs qui font psycho...

Savez-vous que parmi les thérapeutes sans diplômes, comme vous dites, figurent des docteurs en lettres, des normaliens, des docteurs en philosophie, des docteurs en science de l’éducation, etc. voire des agrégés ? Pensez-vous tous ces gens débiles au point de ne jamais avoir ouvert un manuel de psychopathologie ? Les imaginez-vous tous à ce point irresponsables pour ne pas avoir travaillé sur eux-mêmes ? Pour ne pas prendre au sérieux la mission qui est la leur lorsqu’ils reçoivent des patients ? A ce titre, je connais bon nombre de confrères psychiatres hospitaliers qui considèrent cette loi comme totalement stupide et qui envoient eux-mêmes des patients à de simples psychothérapeutes en qui ils ont toute confiance.

Savez-vous que j’ai eu dans ma clientèle plusieurs confrères et que leur titre de psychologue ne les a jamais qualifiés pour vivre plus heureux que d’autres personnes ou pour mieux penser. Que lorsque je vois que certains consultent alors qu'ils pratiquent en même temps, cela me fait peur ! Je me souviens particulièrement d’une psychologue trentenaire, que j’ai reçue brièvement. Alcoolique, toxicomane, totalement amorale, c’était une vraie border-line à la limite de la sociopathe. Elle exerçait à l‘époque dans un grand hôpital et elle exerce aujourd’hui en plus comme psychanalyste libérale. Alors comment pourrez vous la sanctionner elle ? Elle a pourtant un diplôme d’Etat ! Ne soyez pas naïf !

Enfin, pour conclure, vous me proposez encore une navrante métaphore en comparant l’accès à la profession de psychothérapeute au permis de conduire. D’ailleurs vous me reparlez de votre grand-mère, vous devriez travailler sur ce sujet. Là encore, votre réflexion appelle deux remarques. D’une part, je suis étonné qu’il vous faille un permis et donc une permission venant d’une autorité de tutelle. Encore et toujours ce besoin de l’Etat. Avez-vous donc vécu dans un environnement si coercitif qu’il vous faille encore aujourd’hui une autorisation pour accomplir les actes de votre vie ? En ce cas, comme on dit en thérapie cognitive, il s’agit d’une stratégie qui a survécu à son utilité. Si vous êtes psychologue, j’en déduis que vous êtes majeur auquel cas, vous êtes un grand garçon et vous pouvez faire tout un tas de chose sous votre entière responsabilité : nul besoin de l’Etat ! Il vopus suffit de savoir que vos actes engagent vos resposnabilités professionnelles, civiles et pénales. Pas besoin de parapluie administratif quand on est adulte.

D’autre part, au-delà de votre envie persistante de pénal et de judiciarisation des rapports humains, ce que vous évoquez fait froid dans le dos. En exigeant un permis et une permission pour faire des thérapies, ne s'agit-il pas là en effet non seulement d'enfermer les psychothérapies comme « outils thérapeutiques » dans le seul champ médical (psychiatrique) mais encore, de les réserver, de les médicaliser et de les contrôler? De plus, la psychothérapie générale, jusque là exercée en toute indépendance et responsabilité, soit par des thérapeutes qui après un travail personnel et une longue formation, au cours d’études ou bien dans le cadre d'écoles pour certains (séminaires, colloques, contrôles) , qui ne s’autorisent que d'eux-mêmes dans l'exercice de leur art, soit par des psychologues cliniciens dûment formés à l'exercice de cette discipline ni médicale, ni même paramédicale, pour la plupart bien au-delà de leur formation universitaire initiale, risque du fait d'une loi mal rédigée et trop floue (rédigée par des non juristes, cela se sent), d'être annexée aussi dans des pratiques psychiatriques avec lesquelles, elle n’a rien à voir !

Enfin, vous admettrez que, si parler, peindre, écrire, constituent aussi des « outils thérapeutiques » parfois utilisés en psychiatrie dans le traitement des troubles mentaux, ces activités sont encore, Dieu merci, libres en France aujourd'hui ! Mais, courent-elles aussi le risque, comme la psychothérapie en général, et les différents traitements par la parole de la subjectivité d’un individu, de se voir confisquées et totalement captées par une médicalisation, puis enfin, standardisées et normalisées par les autorités de la politique sanitaire médicale et étatique ? Par une sorte d'OPA complètement dictatoriale, même si c'est pour notre bien disent-ils, les psychothérapies seront-elles dès lors incluses réglementairement dans un quelconque code, puis vassalisées sous forme de « prescriptions » après diagnostic psychiatrique obligatoire? Pour qu'un éventuel « malade », à ne considérer désormais socialement et juridiquement que comme tel, n'aille surtout pas s'échapper pour peindre ou parler ailleurs, que sur un « marché médicalisé contrôlé » et désormais réservé, et surtout choisi et décidé à sa place par l'Etat tout-puissant ? Notre métier est-il de rendre nos patients autonomes ou de les faire dépendre d'une autre instance ?

N'y aurait-il pas là comme un rêve orwellien, inacceptable dans un pays libre, de mise sous tutelle des citoyens et d'excès de normalisation dans la manière dont sont prises en compte leurs souffrances face aux aléas de la vie, par une pensée unique vaguement techno-psychiatrique mais surtout effroyable ? Dès lors, sera-t-on encore libres d’adresser sa souffrance unique à un psychothérapeute de son choix, d’aller parler de son mal-être à qui bon nous semble simplement parce qu’on l’a choisi ? Ou alors faudra-t-il, avant de consulter un thérapeute, une prescription médicale résultant d'une évaluation psychiatrique préalable, après que, considérés comme « malade », nous ayons été totalement intégrés à des grilles symptomatiques et nosographiques et vaguement scientistes, nous interdisant définitivement d’être le sujet de notre propre histoire ? Faire une thérapie, ce n'est pas aller chez un kiné ! Cela fait peur ce que vous désirez pour nous ! Mais cher confrère, vous avez le droit d’être un défenseur de l’ex URSS.


La plupart des psychothérapies ne seront jamais des actes médicaux. Si tel était le cas, il faudrait admettre qu’une thérapie a pour but de ramener l’individu à un état antérieur, comme la santé que l’on connaît avant la maladie. La souffrance psychique dûe aux difficultés de la vie, ne sera jamais une maladie, du moins jamais une maladie comme une autre. Les antidépresseurs aident certes en diminuant les symptômes, mais ne permettent pas de mieux vivre. Ce serait donc faire fi de l’expérience et de la maturation acquises par les individus lorsqu’ils sont confrontés aux durs aléas de la vie (deuils, ruptures, chômage, etc.). Une psychothérapie, cher confrère, a pour unique objectif de conduire à un état nouveau de meilleure réalisation subjective de soi-même, mais elle n'a aucun autre résultat, et elle n'a d’effet réellement thérapeutique que « de surcroît » seulement, comme disait ce bon vieux Lacan, avec qui je suis d’accord pour une fois.


Pascal a écrit dans ses pensées : « L'homme n'est ni ange ni bête, et le mal est que qui veut faire l'ange fait la bête ». C’est exactement ce qui vous arrive. Par souci louable de protéger autrui, de ne surtout pas admettre que vivre, c’est prendre des risques, et même le risque de se faire escroquer, par volonté de minimiser ces aléas de la vie, vous rêvez de mettre la parole sous tutelle. Ma pensée est diamétralement opposée à la votre. Je regrette que des individus se fassent escroquer par des charlatans. En ce cas, qu’ils portent plainte et ne demandent pas une surprotection de la part de l’Etat qui réduira la liberté des autres. L’information est libre et tout un chacun peut demander conseil à son médecin avant de consulter. Que les imbéciles assument leur bêtise sans nuire aux individus responsables. Diffusons l’information, aiguisons le sens critique de nos futurs patients mais laissons-les libres de choisir et même de se tromper. Cela s’appelle renoncer à la toute-puissance.

Vous même, n’avez vous jamais retiré de grandes leçons d’une mauvaise expérience ? Imaginez dans quel état vous seriez si vous n’aviez connu que des succès. On ne se connaît bien que dans la ruine finalement.

Dans tous les cas, merci pour votre commentaire.

Vive la liberté.

Cordialement

Philippe


Citation du jour :

«L'enfer est pavé de bonnes intentions.»

Samuel Johnson, écrivain, érudit, penseur sceptique anglais, 1709-1784

3 Comments:

Blogger lili said...

..le paradis aussi!

7/3/08 11:05 AM  
Blogger Élie said...

J'ai l'impression, après lecture de livres d'anticipation et visionnage de films sur le même thème, que le futur de l'homme est souvent représenté comme une société ultanormalisée et ultrasurveillée, effrayante, dystopique. J'en suis venue sincèrement à me demander s'il s'agissait d'oeuvres traduisant une réelle inquiétude de l'être humain face à la constatation de certaines dérives, ou bien si elles n'exposaient pas presque un désir inavoué de l'être humain d'être soulagé de la responsabilité du choix, de la pensée et de la liberté ; un désintéressement, voire une haine de l'être humain envers le genre humain, suffisamment forts pour qu'il préfère se voir déshumanisé pourvu qu'on le libère du fardeau de penser et de fairer des choix propres.
Lorsque je parle de ce désir inavoué, je ne l'attribue pas aux auteurs de ces œuvres d'anticipation ! (Georges Orwell, Ray Bradbury, Aldous Huxley... ) : ce qu 'ils représentent comme un cauchemar est peut-être une utopie pour certains ? Et par certains je n'entends pas une poignée de vilains bonhommes avides de pouvoir et de domination, mais bien d'une majorité qui, finalement, trouverait peut-être bien son compte dans ce genre de société ultra normalisée ?

27/5/18 2:42 PM  
Blogger Élie said...

Je ne sais pas pourquoi je pense en ce moment même à cette anecdote : l'empereur Joseph II, qui avait fait interdire pour le bien de son peuple la fabrication du pain d'épices, sous prétexte qu'il était mauvais pour la digestion.

27/5/18 3:10 PM  

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