31 mars, 2007

J'ai acheté l'Auto-journal ! Article fini !


Aujourd'hui, je suis allé porter mes chèques à la banque et comme à chaque fois, j'en ai profité pour aller prendre un double express dans le café qui se trouve à côté. Et j'ai observé le rituel consistant à aller en face, acheter un journal afin de le parcourir au café.

Je suis ainsi, je fourmille de mille petites manies, de centaines de procédures huilées, de dizaines de minuscules habitudes, qui font de ma vie, un hâvre de paix, où tout est prévisible parce que je déteste l'imprévu.

D'ailleurs, s'il ya bien une chose que je déteste, c'est quand une pouffiasse sort d'un air entendu : " Moi ce que j'aimerais c'est que mon mec, se pointe un vendredi soir, en me disant qu'il a retenu un week-end dans un relais-château ! ". Outre le fait qu'on s'emmerde dans un relais-château, à moins d'y emmener sa toute jeune maîtresse avec qui on passera quarante-huit heures à baiser non-stop, je déteste ce genre de trucs parce que cela intoduirait dans mon train-train habituel, une rupture affreuse !

Donc, aujourd'hui, j'ai suivi le parcours "banque-presse-café" en y introduisant toutefois un élément de surprise, puisque l'on était samedi et que d'habitude je fais cela vendredi! Mais comme j'avais plein de rendez-vous, j'ai été obligé de travailler vendredi ! Vous constatez donc que parfois je suis capable d'être totalement fou et imprévisible !

Or donc je m'assieds dans mon estaminet favori et j'ouvre le journal que je viens d'acheter qui n'est d'autre que l'Auto-Journal, magazine auquel j'étais abonné tout jeune, à une époque ou j'adorais les voitures. Maintenant je m'en fous, je préfère la moto avec laquelle on est plus libre sauf dans Paris depuis que Delanoë nous emmerde en nous interdisant de nous garer sur les trottoirs : le fascisme ambiant touche même les deux-roues !

La voiture, c'était sympa jusqu'au early 90's, quand on pouvait encore rouler passablement vite, sans se faire racketter par l'état qui nous pompe nos points et notre blé. Aujourd'hui, je plains les possesseurs de Porsche ! La prophylaxie ambiante qui veut qu'on meurent tous super vieux en nous étant fait chier toute notre vie dans un monde terne et sans joie fait que l'on ne peut plus rien faire et que l'on est condamné à vivre dans un monde de femmes, tout doux, tout mou, comme dans les pubs idiotes ou des bébés débiles gazouillent !

Je contemple la page de garde et suis super content de voir que Fiat ressort une 500 assez stylée même si elle est nettement moins mignonne et originale que la 500 nuova d'origine, surnommée "pot de yaourt". Bref, je regarde et compulse l'ouvrage lorsqu'un titre m'attire les yeux ! Il s'agit d'un article traitant de la cigarette au volant, opposant les pour et les contre intitulé : "Doit-on arrêter de fumer au volant ?".

Je n'en crois pas mes yeux, même dans l'AJ, canard dédié à la bagnole, la propagandastaffel, a réussi à s'infiltrer ! C'est complètement dingue, aussi dingue que si dans le Quotidien du médecin, vous trouviez l'essai de la nouvelle Aston Martin V8 Vanquish S ou un article intelligent dans Elle !

Maitrisant ma colère et l'envie d'acheter une Kalachnikov, de barder mon torse puissant de cartouchières, et d'aller flinguer les ayatollahs de la santé, je respire calmement comme me l'a appris mon maitre zen qui me surnommait à l'époque "Petit Scarabée", et je lis l'article enfin apaisé.

Dans l'article deux spécialistes, chacun dans leur domaine, s'opposent.

A gauche, le Pr Dautzenberg, pneumologue, nous explique qu'il est contre mais qu'il préfère la prévention à l'interdiction. Son discours est construit et cohérent avec sa profession. Toutefois, il nous ressort le truc du tabagisme passif. Ceci dit, il a l'intelligence de dire que si vous évitez de fumer votre clope dans la chambre de vos gosses, vous vous dispenserez aussi de fumer quand vous les transportez en voiture, ce qui est logique. Après, il nous parle des fautes possibles, que pourraient commettre les fumeurs, trop distraits en cherchant l'allume-cigare ou bien des cigarettes jetées par les fenêtres qui peuvent mettre le feu et là, on sombre un peu dans le n'importe quoi.

A droite, Jacques Laffite, ancien pilote de F1, nous dit que par nature il n'aime pas les interdictions ! Et là, bravo Jacquot, tu es libéral ! Il admet que chercher ses clopes, l'allume-cigare, et le cendrier quand on fume peut distraire l'attention. C'est certain. Mais pas plus, comme il le rajoute, que de régler sa radio, de faire joujou avec son GPS, ou d'utiliser son portable avec l'oreillette ou de papoter. Rien de nouveau sous le soleil, il remet les pendules à l'heure en admettant que ce débat est sans intérêt.

Mais le plus sympa reste l'avis de l'Auto-Journal qui explique :

"Autant l'interdiction de téléphoner au volant, à moins d'utiliser un kit mains libres, semble justifiée en termes de sécurité, autant une interdiction de fumer paraît excessive. Sauf à légiférer aussi pour empêcher les passagers de "parler au conducteur", les enfants turbulents de s'agiter, les épouses prévenantes de tendre une bouteille d'eau ou les stations de radio de diffuser des musiques trop "stressantes". Bien sur le tabagisme passif subi par les enfants 'un conducteur fumeur est une réalité, mais cela relève de la responsabilité des parents."

Une conclusion plutôt sympathique à une époque où la lèpre hygiéniste étend son emprise. En disant cela, je ne défends pas la cigarette, car c'est une dépendance et c'est nocif, c'est un fait. Il s'agit simplement de se souvenir que les gens sont par nature responsables. Je n'ai aucune envie de vivre comme en Louisiane ou au Texas, par exemple, où vous risquez une amende de 25$ si vous fumez au volant alors que vous transportez un enfant de moins de six ans. Je rappelle que dans ces états vous pouvez par contre acheter une arme à feu relativement librement.

Je rêve simplement d'un monde dans lequel un médecin s'occupe de santé et un magazine d'automobile de voitures, sans que les premiers s'invitent dans les seconds, et de manière générale dans l'ensemble de notre vie, afin de nous dire comment marcher droit.

Les mesures anti-tabac, avant même de sauver notre santé, sont surtout faites pour sauver la sécurité sociale. Il serait temps qu'on applique aussi aux médecins des règles beaucoup strictes, qui n'en doutons pas permettront pas mal d'économies, par exemple, en contrôlant les prescriptions abusives, les arrêts de travail non justifiés, en les soumettant à un pouvoir judiciaire classique et non à leur ordre, etc. Hélas, les médecins sont syndicalement aussi bien organisés que la SNCF, et toujours prompts à ressortir des arguments massifs pour empêcher qu'on vienne trop règlementer leur activité. Et dans le pire des cas, il se mettent maintenant en grève comme n'importe quel cheminot. On a même pu les entendre hurler parce, que les pauvres, du fait qu'ils sont maintenant vraiment responsables civilement de leurs actes grâce à Kouchner, certains devront payer des primes d'assurance comme n'importe quelle PME du bâtiment ! Je note toutefois que leur vocation, les empêche de s'installer dans les régions paumées. Manifestement l'exercice de la médecine, si l'on en croit les cartes d'implantation des médecins, semble plus sympa en région parisienne ou sur la côte d'azur.

Il est bien plus facile de frapper sur les malades, fut-ce les personnes dépendantes, car la clope ou l'alcool sont liées à des facteurs biologiques, en les culpabilisant sans cesse. Qui n'a jamais rêvé d'être médecin ? Au-delà de l'aspect passionnant du métier, imaginez que vous êtes en libéral, tout en bénéficiant de l'argent public. C'est sans doute pour cela, que dans ma rue, où les pavillons sont devenus fort chers, chaque fois qu'il s'en vend un, c'est un médecin ou un dentiste qui l'achète.

Finalement le fond de l'affaire est qu'un état n'a pas vocation à devenir assureur. Aujourd'hui, les primes augmentent sans cesse tandis qu'on souhaite nous réduire les garanties. Le mélange du public et du privé, chacun ayant des règles strictes, aboutit toujours à une spoliation inévitable des individus.