31 décembre, 2007

En parcourant la presse !


Dans deux jours, il deviendra interdit de fumer dans tous les lieux publics, qui d'ailleurs ne sont pas tous des lieux publics. En effet, les cafés, hôtels et restaurant sont des lieux privés recevant du public, et c'est une nuance de taille.

Mais comme disait Ayn Rand : "Potentiellement, un Etat est la plus grande menace qui pèse sur les Droits de l'homme : il possède en général le monopole légal de l'usage de la force physique contre des victimes légalement désarmées. Quand son pouvoir n'est ni limité ni restreint par les Droits individuels, l'Etat est le plus mortel ennemi des hommes."

Méprisant l'article 544 du Code civil, qui stipule que "la propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu'on n'en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements", l'état tout puissant impose son hygiénisme triomphant. Acculés par une europe tatillonne aux conceptions de vie très anglosaxonnes, les pays latins se doivent dorénavant de marcher au pas et d'adopter une stricte prohibition. Finie la bonne déconnade catholique avec les bienfaits du pardon, la prédestination protestante étend ses ailes sombres sur le continent.

Mais puisque l'on ne cesse de me dire que même l'Italie s'est faite à cette loi et que les italiens sont contents, que pourrais-je objecter ? Si même les italiens sont heureux de vivre comme des suédois, alors c'est que le monde a changé. Moi qui me souviens d'un temps béni ou sur les belles nationales à trois voies, on pouvait faire la course, je n'en reviens pas. Lassée de vivre dans une comédie douce amère de Dino Risi, même l'Italie préfère dorénavant s'emmerder dans un film de Bergman. Effectivement quand on s'emmerde, c'est prouvé, le temps semble plus long, on a au moins l'impression de vivre plus.

Par hasard, j'ai parcouru la presse nationale ainsi que quelques grands titres régionaux. Pas un ne s'oppose à cette loi, ou ne réclame son assouplissement. Comme un seul homme, nos journaux subventionnés font allégeance à l'état. Aucun plumitif n'est là pour s'opposer à ce décret liberticide. Non, tous font état dudit décret sans donner leur avis, en arguant juste des problèmes que cela posera au début.

Je me suis aussi amusé à lire les commentaires des lecteurs sur ces journaux. Ce n'est que haine anti-fumeur, révolte des partisans de l'air pur contre ceux qui les ont empuantis. Pourquoi pas ? La savane connait bien ce genre de scène, où le fier lion à terre et blessé, se voit dépecé par les petits prédateurs. Rien de nouveau sous le soleil, « même un âne peut donner un coup de pied à un lion mort », dit le proverbe persan. . C'est drôle, moi qui comme tout le monde, ait déjà eu envie d'arrêter de fumer, ce décret ne m'y incite pas du tout, bien au contraire. Juste pour ne jamais ressembler à ces moralisateurs à la petite semaine, à ces gueules de raie, à ces faux dévôts ; que Dieu m'en préserve.

Crever d'un cancer est-il mieux que de vivre des décennies dans la défroque d'un de ces odieux petits pasteurs ? Je ne sais pas encore. Sénèque disait qu'il faut vivre ce que l'on doit et non ce que l'on peut et il était sage, lui qui décidé de s'ouvrir les veines en tout conscience. Le dandy qui vit en moi, préfèrerait certainement le cancer, mais l'homme que je suis a peur de souffrir ! Non de la mort, car à mon âge, ayant tout vu et connu, il ne reste plus guère que la mort qui offre encre de l'inconnu, juste peur de la souffrance physique.

Ainsi, parcourant les sites des quotidiens, j'ai aussi apprécié certains commentaires expliquant que les gens vont pouvoir retourner en famille au café. J'ai particulièrement aimé quelques commentaires de mères de famille expliquant, que dorénavant, elles pourraient emmener leurs enfants boire une orangeade dans un établissement enfin non fumeur.

Le petit bar que j'aimais, avec cette odeur de tabac froid et de bière éventée, va devenir un jardin d'enfants, où des mères de famille triomphantes viendront avec leur progéniture. Pourquoi pas après tout, ne pas remplacer l'odeur de la clope par les pleurs des bambins. L'enfant est de toute manière devenu roi.

Voici deux jours, mon cher filleul, devenu jeune père, m'expliquait, que bien que fumeur, il se précipitait dorénavant sur le balcon afin de fumer. Voyant mon regard étonné, il s'est empressé de dire, qu'en cas de soirée organisée, cette loi serait bien sur amendée. Car il est certain que nul ne me contraindra à fumer sur un balcon comme un pestiféré. Ou alors, je préfère rester chez moi car je ne force personne à m'inviter.

N'ayant pas d'attirance particulière pour les enfants - je parle des moins de dix ans - j'ai toujours du mal à comprendre ces précautions. Que doit-on finalement aux enfants ? Penser que ces petits salauds nous foutront dans la tombe, et qu'ils continueront sans nous, me choque toujours un peu et ne me donne pas envie d'être agréable avec eux. Ainsi, tant que je suis en vie, j'ai décidé de me moquer des enfants que je fréquente de toute manière assez peu. Jusqu'à présent, les enfants et moi pouvions cohabiter dans la mesure où il n'y avait guère d'endroit où je puisse les côtoyer. Aujourd'hui, ils me chassent même de mon rade favori.

Alors que faire, sinon se résigner ? J'aurais bien demandé des établissements fumeurs et strictement interdits aux enfants, mais les gens ne comprendraient pas. Je suis bien trop vieux pour mon siècle. Je n'aime ni le sport, ni les enfants, ni les plaisirs sains. C'est vous dire ! Finalement, je suis plutôt légaliste, j'aime juste qu'on me foute la paix. Comme j'avais coutume de le dire, un café, un livre et une clope et me voici heureux. Cette triade m'a toujours permis de vivre en parfait autiste au milieu des autres.

C'est sans doute pour cela, que chaque fois que des gens, vantant mes succès thérapeutiques, m'expliquaient comment devenir plus connu et donc plus riche, je n'ai jamais suivi leurs conseils. Mon plaisir me coutait si peu, que je n'avais pas besoin de me défoncer au travail. Maintenant, enfin dans deux jours, mon plaisir simple ne sera plus. Peut-être que je travaillerai moins puisque je vais faire des économies de café ?

Comme il ne sert à rien de se battre contre des idées bien ancrées, j'ai décidé pour ma part, de ne fréquenter ces établissements non fumeurs que lorsque j'y serai contraint et forcé. Encore aurai-je toute latitude pour n'y consommer qu'un plat unique et peu cher, accompagné d'une carafe d'eau. Après tout, si un café ou un restaurant est une annexe du ministère de la santé, il faut au moins y prendre autant soin de mon coeur et de mon foie, que de mes poumons. Et puis il restera les terrasses aux beaux jours, quand les non fumeurs seront coincés dans les salles.

L'activité de cafetier deviendra peut-être saisonnière ? Dans tous les cas, dussè-je être le seul à manifester sa résistance de cette manière, ce sera toujours un plaisir. Une manière de dire à ces cafetiers qui après m'avoir pompé mon fric de fumeur, ne se sont pas battus pour la liberté, qu'ils peuvent aller se faire foutre. Si leur trip est de venir des Starbucks, grand bien leur fasse.


Dorénavant, si par hasard, je me risquais encore dans un café, desquels je suis maintenant tricard en tant que fumeur, je pourrai cependant croiser le regard soit-disant innocent d'un bambin, car rien n'est moins innocent qu'un enfant tout pétri d'instincts méchants. Peut-être que finalement, j'y prendrai du plaisir : le plaisir de celui qui sait. Il me suffira de le fixer droit dans les yeux en songeant : "Rigoles petit con, profites-en, tu rigoleras moins quand personne ne te financera ta retraite".

C'est finalement l'avantage d'être nés avant eux. On sait que tous les rêves s'effondrent et qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. On les dit innocents et plein de candeur alors qu'ils manquent juste de sagesse.

"Un homme qui n'aime ni les animaux ni les enfants ne peut pas être foncièrement mauvais." W.C. FIELDS.

7 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Y parait que...

Arrêter de fumer n'est pas une question de volonté, mais une question de motivation.

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Je prends les paris que l'Empereur du blog, l'inventeur du non-article, fera deux choses en 2008 :

- Arrêter de fumer
- Décider d'avoir de la descendance pour perpétuer son génie

Je conviens que ces paris sont risqué. C'est le propre d'un pari.


Toju (nonobstant tout zurnisme)

31/12/07 9:16 AM  
Blogger Laure Allibert said...

Vous avez vu mon dessin ?

http://quitter_la_secu.blogspot.com/2007/12/dessin-libertarien-60.html

31/12/07 10:23 AM  
Anonymous Anonyme said...

J'ai lu quelque part, mais c'est a verifier, que 400 pubs ont ferme en Irlande depuis qu'ils ont cette loi. Evidemment, c'est le genre de choses qu'on ne lira pas dans les journaux d'etat.

Je suis non fumeur, et foncierement, ca ne me derange pas de ne pas avoir a sentir la fumee de cigarettes (qui n'est pas tres agreable pour moi), surtout que generalement, cette fumee se dirigeait vers moi ou que je m'assois. Un peu comme les chats qui se precipitent sur la personne allergique. Ma femme va fumer dehors dans le jardin, et mes amis generalement font de meme ce qui fait que generalement, je me retrouve comme un con tout seul. Maintenant, je prends mon verre et je les rejoins.

Un conseil, devenez marchand de rechauds d'exterieur, vous allez faire fortune !

Et ces connes qui disent qu'elles vont enfin aller au cafe avec leurs momes sont bien evidemment des connes qui bientot demanderont qu'on y interdise l'alcool aussi puisque ca va donner un mauvais exemple.

Ce qui m'embete dans cette loi, comme vous d'ailleurs, c'est l'intrusion de l'etat dans le concept de la propriete et de ce qu'on peut en faire.

Le truc marrant, comme le remarque ma femme en bonne Allemande, c'est que si c'etait propose en Allemagne, ca ferait un bordel d'enfer. J'espere bien qu'elle a raison.

C'est quand meme un peu paradoxal.

Sinon, Bonne Annee quand meme.

31/12/07 5:55 PM  
Anonymous Anonyme said...

http://www.scientistsofamerica.com/index.php?texte=94

1/1/08 5:12 PM  
Blogger El Gringo said...

Lundi 31 décembre, fin d'après-midi dans un petit bar du quartier de San Blas, banlieue dortoir de Madrid. On est rentré là parce qu'on a rien pris depuis le petit déjeuner et qu'il fait un peu faim, et soif. Alors ça sera deux demis accompagnés d'incontournables tapas et d'un bocadillo de lomo un peu plus consistant.
Bien sûr, tout le monde fume mais il y a quand même des gamins dans le bar. Contre un des murs, il y a un distributeur automatique de clopes, comme dans tous les bars espagnol. Dans un coin, un groupe se met à chanter du Flamenco en tapant dans les mains. Ils font un raffut du diable mais même si on est loin de l'Andalousie, ça ne choque visiblement personne. L'un d'eux s'approchent pour nous préciser qu'ils chantent la ville de "Cahiz" (comprenez: Cadix). Le gars retourne ensuite chanter sans s'incruster.
Après avoir régler la note moitié moins cher qu'en France, sortie du bar en direction de la petite épicerie de quartier tout le temps ouverte. Elle est tenue par des Chinois, comme toutes les petites épiceries madrilènes ouvertes la nuit.
En revenant dans la cité sans charme aux murs tagués, on ne voit pourtant pas un seul "jeune" qui les tienne (les murs). Dans la nuit qui vient de tomber, huit gamins jouent au foot à la lumière des réverbères; ils sont tous blancs.
Des fois je me demande s'il n'est pas temps d'aller vivre en Espagne…

2/1/08 2:24 AM  
Anonymous Anonyme said...

Si les fumeurs n'aiment pas les obligations, les non fumeurs non plus. Alors pourquoi les obliger à fumer passivement la fumée d'une cigarette ?
Peut être que les non fumeurs avaient juste envie qu'on leur foute la paix.
Juste retour de baton.
Oeil pour oeil, dent pour dent.
Sous couvert légal, c'est la jungle.

Et quand on bloque une rue sous couvert de manif qu'on ne peut plus circuler dans Paris, je n'ai encore jamais entendu qq'1 se plaindre d'une atteinte à la liberté de circuler pourtant garantie dans la constitution.
Allons manifester contre les manifs !

2/1/08 1:49 PM  
Anonymous Anonyme said...

Laure,

J'ai vu le dessin.


...comment résister au plaisir de citer "Fatal Bazooka"?

"Mademoiselle, vous êtes charmante.
Ca vous dirait une glace à la menthe ?"

Toju.

(Je prépare actuellement une communication sur le sujet de la santé pour l'Institut Turgot, qui organise un colloque le 30 janvier à l'Assemblée Nationale. Voici la première ébauche de mon intervention :

*********************************************

Système de Santé :
Evitons la menace de faillite.



Introduction

« Le système de santé français fonctionne comme une Mercedes, avec le coût d’une Rolls Royce. »

Le risque est que l’on fasse faillite faute de pouvoir payer les échéances du crédit sur la Rolls Royce.


1- La santé fonctionne parfois à l'inverse d'un marché normal.

A) Marché inversé quant aux ventes.

Dans le secteur de la santé, la baisse des ventes peut être un signe positif : protocoles peu coûteux, prévention opportune, hygiène.

Dans un marché normal, par exemple pour les secteurs économiques de l’automobile ou de l’alimentation, la baisse des ventes serait un signe négatif.

B) Marché inversé quant à la capacité de l’acheteur.

Dans le secteur de la santé, le plus gros acheteur est celui qui a le moins de ressources pour acheter, du fait même de sa maladie.

Dans un marché normal, par exemple pour les secteurs économiques du logement ou du tourisme, le gros acheteur est celui qui possède le plus de ressources.


2- Face à ces inversions : solution collectiviste ou solution libertarienne ?

A) En système collectiviste :

Il y a effectivement baisse des ventes, mais pour trois mauvaises raisons :

- La baisse des ventes est générée par le défaut d’incitation à générer de la valeur, à augmenter la qualité.
- Il y a mauvaise allocation de la valeur créée du fait de la déresponsabilisation de toute la chaîne des acteurs.
- La baisse générale de valeur créée fait baisser la valeur circulante et fait baisser la capacité de l’acheteur, même s’il n’est pas malade.

Le seul rempart à la faillite du système collectiviste est la conscience professionnelle des acteurs. C’est pourquoi la propagande joue un rôle si fort pour engendrer des motivations à produire de la valeur.


B) En système libertarien : surproduction et sous-consommation

- La surproduction est engendrée par le déséquilibre entre un vendeur sachant et un acheteur ignorant. Exemple : le vendeur de médicament à intérêt à vendre beaucoup et cher.

- La sous-consommation est engendrée par l’éviction des plus malades qui n’ont pas les ressources pour acheter du fait de leur maladie. (Acheter à court terme en payant les soins, ou acheter à long terme en payant une assurance ).


3- Remèdes pour traiter ce « marché inversé ».

A) Au plan de la production.

L'objectif est que le consommateur soit guidé par son médecin traitant, placé comme garant de l'efficacité des soins. Efficacité économique et médicale.


Proposition : Chacun choisit un médecin traitant. Le médecin traitant est payé pour chaque patient tout au long de sa vie en proportion inverse de son coût.

Cette solution présente toutefois le risque de voir des malades évincés. En conséquence, je crois qu’il faut instituer la règle suivant laquelle tout refus de prendre en charge un patient est sanctionné par l’Ordre des Médecins si le médecin a moins de patients que la moyenne des médecins + 20%.

Commentaire : Le médecin traitant est donc payé au plein tarif pour tous ses patients en bonne santé. Ce système a prouvé sa stabilité en Chine, où il est pratiqué depuis plusieurs milliers d'années, et a survécu aux bourrasques politiques. C’est aussi le système pratiqué chez les Celtes ou les Goths, où le guérisseur était accepté et entretenu tant qu’il maintenait les individus en bonne santé. C’est la restauration d’une très ancienne tradition.


B) Au plan de la consommation. Garantir la couverture santé et inciter aux économies de gestion du système d’assurance.

Objectif : Réduire la gabegie.


Proposition :

- L’unification des minimas sociaux est un préalable. Dès lors, chacun a obligation d'assurance. Après une longue période d’assurance publique dispendieuse, qui n’a que trop duré, le droit de choisir son assureur est restitué, après avoir été longtemps volé, avec les dégâts que l’on sait.

- L'assureur se conforme au cahier des charges de remboursement actuellement en vigueur pour la Sécurité Sociale. Pour assurer sa stabilité et son caractère transparent, toute modification de ce cahier des charges ne peut être fixé par voie législative. L’assureur a la faculté de proposer une prestation au-delà de ce cahier des charges, mais est contraint à un contrat et une tarification uniques. L'assureur a interdiction d'intervenir dans la décision de soin ; il paie le médecin et l’ensemble des acteurs pour des montants et des délais fixés au cahier des charges. Le refus d'assurer est sanctionné.

Commentaire :

C’est le rétablissement de mécanismes de gestion sains, et la fin de la menace d’écroulement du système de santé. Ce système est proche du système suisse.


Conclusion

Le temps est venu d’éviter les gaspillages qui ont pour conséquence finale d’évincer les plus faibles. Le temps est venu d’écarter la menace de ruine qui plane sur le système de santé. Le temps est venu de restaurer des mécanismes plus sûrs.)



Bon, ça doit être retravaillé. Mais j'ai encore un peu de temps.

Laure, Ô Laure, que ne ferai-je pour vous plaire.

Toju ( nonobstant tout zurnisme ).

2/1/08 6:26 PM  

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