Je me suis fait une amie !
Je souffre d'une maladie terrible qui est en train de me terrasser. Le nez pris, la gorge douloureuse, les poumons envahis de mucosités, je tousse et renifle. Je me traîne de ma paillasse au canapé où je regarde d'un oeil morne des vidéos stupides abimé dans un demi-sommeil. J'ai l'impression que je vais mourir, que cette année, je ne verrai pas le printemps. Je devrais peut-être demander l'extrême onction !
Bref j'ai un rhume ! Oui alors, pour moi, c'est dramatique ! Cependant n'écoutant que mon courage, je me douche, prends mon scooter et vais à la pharmacie acheter les produits adéquats. Parvenu à la porte, j'avise une affiche expliquant que la pharmacie, en tant que secteur économique, est menacée par les vautours ! Les vautours, ce sont bien sûr les vilaines grandes surfaces qui voudraient bien vendre des médicaments sans ordonnance et pourquoi pas aussi ceux nécessitant une ordonnance.
Jusqu'à présent, il y a un écueil puisqu'il faut être docteur en pharmacie pour vendre des médicaments quels qu'ils soient. Vous me direz qu'il suffirait que la grande surface embauche un pharmacien mais c'est impossible puisqu'il faut que la majorité des actionnaires d'une officine soient eux-mêmes pharmaciens. En gros vendre des médocs reste un business réservé aux pharmaciens. On se demande bien pourquoi ?
Et le conseil et la responsabilité m'objectera-t-on ? Et alors, la profession d'agent immobilier est aussi une profession règlementée nécessitant l'obtention d'une carte professionnelle mais il n'est pas interdit à quelqu'un n'ayant pas les capacités de l'obtenir d'investir dans une agence. C'est pareil pour un salon de coiffure pour lequel le brevet professionnel est requis. Le patron peut ne pas l'avoir pourvu qu'un des salariés l'ait. Mais la pharmacie, c'est la santé vous dira-t-on, c'est du sérieux !
A tout ceci s'ajoute le fait qu'il y ait un numérus clausus. Bref, si vous pouvez ouvrir autant de salons de coiffure que vous voulez, il n'en va pas de même pour les pharmacies qui obéissent à une répartition démo-géographique. En bref, quand vous avez votre officine, c'est géant car vous bénéficiez d'un phénomène de rente. Vous pouvez être un sale con malaimable et totalement incompétent, tant pis car un mec plus capable ne viendra jamais vous concurrencer si le nombre d'habitants du coin n'augmente pas !
Etonnez-vous après cela de devoir toujours faire la queue derrière des mémés pour acheter une simple boîte de paracétamol ! Et encore, lorsque l'officine est ouverte car comme tous les petits commerces, ça n'ouvre pas longtemps ni souvent, même si à Paris il y a eu des progrès. Ce n'est pas demain que vous verrez une pharmacie ouverte 7/7j et 24/24h comme Walgreens aux États-Unis ! Matez leur site, on y trouve même des GPS pas chers !
J'observais l'affiche toute moche expliquant aux clients qu'attention, des vautours voulaient s'emparer de la vente des médicaments. Bien sûr, on a le droit aux mêmes arguments que d'habitude. C'est à dire qu'on vous explique que la santé n'est pas un truc marchand, sauf que les pharmaciens vivent bien, il n'y a qu'à voir celui qui vit en face de chez moi. On vous explique aussi que ce sera dramatique parce que les petites officines disparaitront. Et alors, qu'est-ce qu'on s'en fout si les petites officines cracras et mal tenues ferment ? Cessons de défendre à tout prix le petit commerce !
Logique marchande, incompatible avec une logique de santé publique, rétorquent les pharmaciens. «Jacques Attali m'a dit : “Pour moi, vous êtes un commerçant.” Je lui ai répondu : tous ceux qui tiennent une caisse enregistreuse n'ont pas fait six ans d'études», raconte Jean Parrot, président du Conseil national de l'ordre. Pour moi ce sont des commerçants comme les autres, on doit donc les mettre en concurrence. Et effectivement c'est un peu con de faire six ans d'études pour tenir une caisse sauf qu'habituellement, le personnel n'a pas fait six années d'études puisque la plupart des salariés sont de simples préparateurs en pharmacie.
Et puis l'argument des six ans d'études est pénible. Et alors ils ont fait six ans d'études ? Et cela leur donnerait le droit à un statut particulier super protégé ? Mais bordel, on n'a pas fait la révolution pour rien ! Finies les jurandes et les corporations qui verrouillent l'accès à une profession ! Les pharmaciens à la lanterne et hop !!! Et n'allez pas croire que ce soit la fréquentation récente de gens de gauche qui me rende comme cela. Non, c'est mon côté libéral !
Marre de ces individus qui bénéficient de la rente de législations abusives ! Et si je veux ouvrir une super pharmacie moi ? Ben on m'en empêchera ! Pourtant j'ai un super projet ! J'imagine déjà le nom : Pharmacash 3000 ! Des rayons entiers de super produits sans ordonnance avec des trucs cools genre poudre de perlimpinpin, phytothérapie, parfums, compléments alimentaires et je ne sais quoi d'autre ! Evidemment, je rajoute un rayon alcool de la mort avec du pinard, des alcools forts et de la bière et bien sûr les clopes parce que le vice rapporte toujours. Un peu de junk food aussi parce que c'est très demandé. On leur crèe du cholestérol d'un côté et on leur vend de quoi les soigner de l'autre, sacré business ! C'est là-dessus que je margerais ! Au fond, des guichets pour les médocs sur ordonnance. Et pour tenir le tout, du personnel sous-payé avec juste un docteur en pharmacie un peu mieux payé, et encore. La profession s'étant féminisée, je choisirais d'ailleurs une femme. Les femmes sont plus sérieuses que les hommes et n'ont pas le même instinct de compétition ! Et bien sûr on reste ouvert h24 et j7 ! Tout au-dessus mon bureau avec des vitres sans tain pour surveiller ces fainéants parce que dès qu'on a le dos tourné, c'est connu le salarié n'en branle pas une !
J'en étais là de mes réflexions libertariennes, maudissant la corporation des pharmaciens qui m'empêche d'ouvrir mon Pharmacash 3000 lorsque je me décidai à entrer ! Je fis la queue derrière trois mémés avec des ordonnances longues comme le bras. Je trépigne intérieurement car je me dis que si on avait été dans mon Pharmacash 3000, le client serait entré, aurait pris son paracétamol et son sirop contre la toux, puis passant dans les rayons, aurait peut-être rajouté un pack de kronenbourg et des chips goût bacon, se serait dirigé vers la caisse, le tout en moins de cinq minutes !
Tandis que là, je poireaute derrière des vieilles qui n'ont rien d'autre à foutre un samedi en fin de journée que de m'emmerder une des rares fois où je vais dans une pharmacie ! Mon tour arrive enfin. Froidement, je demande du sirop contre la toux sèche et une boite de paracétamol. Et comme c'est un docteur en pharmacie qui me sert, il faut qu'elle justifie ses six années d'études. Elle est assez mignonne et commence à me toiser. Alors j'ai le droit aux questions et conseils cons que je n'ai pas demandés. Si je m'automédique, ce n'est pas pour avoir un non médecin qui joue les médecins, sinon je consulte un médecin. C'est aussi le côté chiant des pharmaciens car comme ils ont souvent raté médecine, ils sont frustrés et adorent vous filer une consultation que vous n'avez pas demandée !
Alors à la question "quel âge a-t-il ?" concernant le sirop, je réponds que c'est pour un grand garçon. Le pharmacien demande aussitôt : "oui mais grand cela ne veut rien dire, quel est son âge ?". Moi je la regarde et je lui réponds avec mon sourire de grand séducteur à la Clark Gable : "Ben quel âge me donnez-vous ?". Elle m'explique alors que j'aurais du lui préciser que c'était pour moi. Et comme j'ai envie d'ergoter, je lui dis qu'au contraire, puisque c'est pour moi, je ne précise rien mais que pour un enfant, j'aurais précisé. Elle plisse son petit nez et je comprends qu'elle juge que je suis un gros con.
Elle me tend ensuite une boîte de Doliprane et je réponds que j'ai demandé du paracétamol et que je veux donc du générique. Il faut alors qu'elle aille au bout de l'officine pour trouver la boîte, tandis que le médoc de marque plus cher est placé juste derrière la caisse. Je lui fais alors la leçon sur les génériques, ce qu'elle n'apprécie pas. Et citant sa belle affiche, je lui dis que les vautours ne sont pas ceux que l'on croit. Elle s'offusque et me demande ce que je veux dire. Je lui explique alors que si j'avais été dans une grande surface, j'aurais de moi-même pris un générique sans que l'on chercher à me refiler un produit deux fois plus cher. Je rajoute aussi que je n'aurais pas eu à subir une queue de vingt minutes pour de si piètres achats. Bien sûr, je ne lui parle pas de Pharmacash 3000 parce que je veux garder ce nom secret.
Elle décide de ne pas me répondre. Comme je suis habillé comme un semi-clodo et que je ne suis pas rasé depuis deux jours, j'ai du être classé chez les prolos de gauche. Elle me jette juste d'une voix séche "pas plus de 8 comprimés par jour soit 4 grammes". Comme j'ai décidé d'être désagréable, je lui réponds que je ne tiens pas à me suicider en me flinguant les reins et en lui précisant toutefois qu'à mon âge ce n'est pas la première fois que je prends du paracétamol. Et qu'au surplus sachant lire, je peux aussi lire la notice qui est dans la boîte. Elle me répond qu'elle fait son métier. Je lui dis que je la comprends et que c'est normal de vouloir apporter de la valeur ajoutée à un métier d'épicier quand on a un doctorat parce que cela évite la frustration.
Comme elle est choquée et qu'il n'y a plus grand monde dans l'officine, elle tente de débattre pour me vanter la chance qu'elle a de bosser en officine. Je l'écoute et lui réponds que j'ai parmi mes patients des demoiselles qui ont fait les mêmes études qu'elle, et sont chefs produits dans de grands labos où elles sont super bien payées et font le tour du monde. Elle me répond alors que tout le monde ne court pas après l'argent. Je lui dis que je la crois comme l'atteste sa jolie montre Cartier. Elle ne me répond pas, se contentant d'annoncer ce que je dois.
Je règle, mais comme je suis bon garçon et qu'il semble que je l'ai un peu ennuyée avec mon comportement de goujat, je lui présente mes excuses en lui expliquant que mon rhume terrible me rend malaimable. Elle répond à peine.
Je m'en fous, j'attends que la loi change. Un jour je l'aurai mon Pharmacash 3000 avec le rayon alcool et cigarettes ! Et ce n'est pas moi qui irait emmerder les clients avec des conseils oiseux. Parce que quoi qu'on en dise, le commerce c'est un état d'esprit. Il ne s'agit pas de faire chier le client ! Non mais ! Tiens je mettrai un rayon téléphones portables dans mon Pharmacash 3000 !
Je précise que l'officine n'était pas dans la commune où je vis. Comme j'ai de misérables ambitions politiques, plus éventuellement le souhait d'ouvrir un cabinet secondaire, il ne s'agit pas non plus de me fâcher avec les pharmaciens du cru !
Et puis j'ai le droit de ne pas être aimable. Je souffre moi, j'ai un rhume ! Quand on est pharmacien, faut un minimum de psychologie pour gérer le stress des grands malades !
Bref j'ai un rhume ! Oui alors, pour moi, c'est dramatique ! Cependant n'écoutant que mon courage, je me douche, prends mon scooter et vais à la pharmacie acheter les produits adéquats. Parvenu à la porte, j'avise une affiche expliquant que la pharmacie, en tant que secteur économique, est menacée par les vautours ! Les vautours, ce sont bien sûr les vilaines grandes surfaces qui voudraient bien vendre des médicaments sans ordonnance et pourquoi pas aussi ceux nécessitant une ordonnance.
Jusqu'à présent, il y a un écueil puisqu'il faut être docteur en pharmacie pour vendre des médicaments quels qu'ils soient. Vous me direz qu'il suffirait que la grande surface embauche un pharmacien mais c'est impossible puisqu'il faut que la majorité des actionnaires d'une officine soient eux-mêmes pharmaciens. En gros vendre des médocs reste un business réservé aux pharmaciens. On se demande bien pourquoi ?
Et le conseil et la responsabilité m'objectera-t-on ? Et alors, la profession d'agent immobilier est aussi une profession règlementée nécessitant l'obtention d'une carte professionnelle mais il n'est pas interdit à quelqu'un n'ayant pas les capacités de l'obtenir d'investir dans une agence. C'est pareil pour un salon de coiffure pour lequel le brevet professionnel est requis. Le patron peut ne pas l'avoir pourvu qu'un des salariés l'ait. Mais la pharmacie, c'est la santé vous dira-t-on, c'est du sérieux !
A tout ceci s'ajoute le fait qu'il y ait un numérus clausus. Bref, si vous pouvez ouvrir autant de salons de coiffure que vous voulez, il n'en va pas de même pour les pharmacies qui obéissent à une répartition démo-géographique. En bref, quand vous avez votre officine, c'est géant car vous bénéficiez d'un phénomène de rente. Vous pouvez être un sale con malaimable et totalement incompétent, tant pis car un mec plus capable ne viendra jamais vous concurrencer si le nombre d'habitants du coin n'augmente pas !
Etonnez-vous après cela de devoir toujours faire la queue derrière des mémés pour acheter une simple boîte de paracétamol ! Et encore, lorsque l'officine est ouverte car comme tous les petits commerces, ça n'ouvre pas longtemps ni souvent, même si à Paris il y a eu des progrès. Ce n'est pas demain que vous verrez une pharmacie ouverte 7/7j et 24/24h comme Walgreens aux États-Unis ! Matez leur site, on y trouve même des GPS pas chers !
J'observais l'affiche toute moche expliquant aux clients qu'attention, des vautours voulaient s'emparer de la vente des médicaments. Bien sûr, on a le droit aux mêmes arguments que d'habitude. C'est à dire qu'on vous explique que la santé n'est pas un truc marchand, sauf que les pharmaciens vivent bien, il n'y a qu'à voir celui qui vit en face de chez moi. On vous explique aussi que ce sera dramatique parce que les petites officines disparaitront. Et alors, qu'est-ce qu'on s'en fout si les petites officines cracras et mal tenues ferment ? Cessons de défendre à tout prix le petit commerce !
Logique marchande, incompatible avec une logique de santé publique, rétorquent les pharmaciens. «Jacques Attali m'a dit : “Pour moi, vous êtes un commerçant.” Je lui ai répondu : tous ceux qui tiennent une caisse enregistreuse n'ont pas fait six ans d'études», raconte Jean Parrot, président du Conseil national de l'ordre. Pour moi ce sont des commerçants comme les autres, on doit donc les mettre en concurrence. Et effectivement c'est un peu con de faire six ans d'études pour tenir une caisse sauf qu'habituellement, le personnel n'a pas fait six années d'études puisque la plupart des salariés sont de simples préparateurs en pharmacie.
Et puis l'argument des six ans d'études est pénible. Et alors ils ont fait six ans d'études ? Et cela leur donnerait le droit à un statut particulier super protégé ? Mais bordel, on n'a pas fait la révolution pour rien ! Finies les jurandes et les corporations qui verrouillent l'accès à une profession ! Les pharmaciens à la lanterne et hop !!! Et n'allez pas croire que ce soit la fréquentation récente de gens de gauche qui me rende comme cela. Non, c'est mon côté libéral !
Marre de ces individus qui bénéficient de la rente de législations abusives ! Et si je veux ouvrir une super pharmacie moi ? Ben on m'en empêchera ! Pourtant j'ai un super projet ! J'imagine déjà le nom : Pharmacash 3000 ! Des rayons entiers de super produits sans ordonnance avec des trucs cools genre poudre de perlimpinpin, phytothérapie, parfums, compléments alimentaires et je ne sais quoi d'autre ! Evidemment, je rajoute un rayon alcool de la mort avec du pinard, des alcools forts et de la bière et bien sûr les clopes parce que le vice rapporte toujours. Un peu de junk food aussi parce que c'est très demandé. On leur crèe du cholestérol d'un côté et on leur vend de quoi les soigner de l'autre, sacré business ! C'est là-dessus que je margerais ! Au fond, des guichets pour les médocs sur ordonnance. Et pour tenir le tout, du personnel sous-payé avec juste un docteur en pharmacie un peu mieux payé, et encore. La profession s'étant féminisée, je choisirais d'ailleurs une femme. Les femmes sont plus sérieuses que les hommes et n'ont pas le même instinct de compétition ! Et bien sûr on reste ouvert h24 et j7 ! Tout au-dessus mon bureau avec des vitres sans tain pour surveiller ces fainéants parce que dès qu'on a le dos tourné, c'est connu le salarié n'en branle pas une !
J'en étais là de mes réflexions libertariennes, maudissant la corporation des pharmaciens qui m'empêche d'ouvrir mon Pharmacash 3000 lorsque je me décidai à entrer ! Je fis la queue derrière trois mémés avec des ordonnances longues comme le bras. Je trépigne intérieurement car je me dis que si on avait été dans mon Pharmacash 3000, le client serait entré, aurait pris son paracétamol et son sirop contre la toux, puis passant dans les rayons, aurait peut-être rajouté un pack de kronenbourg et des chips goût bacon, se serait dirigé vers la caisse, le tout en moins de cinq minutes !
Tandis que là, je poireaute derrière des vieilles qui n'ont rien d'autre à foutre un samedi en fin de journée que de m'emmerder une des rares fois où je vais dans une pharmacie ! Mon tour arrive enfin. Froidement, je demande du sirop contre la toux sèche et une boite de paracétamol. Et comme c'est un docteur en pharmacie qui me sert, il faut qu'elle justifie ses six années d'études. Elle est assez mignonne et commence à me toiser. Alors j'ai le droit aux questions et conseils cons que je n'ai pas demandés. Si je m'automédique, ce n'est pas pour avoir un non médecin qui joue les médecins, sinon je consulte un médecin. C'est aussi le côté chiant des pharmaciens car comme ils ont souvent raté médecine, ils sont frustrés et adorent vous filer une consultation que vous n'avez pas demandée !
Alors à la question "quel âge a-t-il ?" concernant le sirop, je réponds que c'est pour un grand garçon. Le pharmacien demande aussitôt : "oui mais grand cela ne veut rien dire, quel est son âge ?". Moi je la regarde et je lui réponds avec mon sourire de grand séducteur à la Clark Gable : "Ben quel âge me donnez-vous ?". Elle m'explique alors que j'aurais du lui préciser que c'était pour moi. Et comme j'ai envie d'ergoter, je lui dis qu'au contraire, puisque c'est pour moi, je ne précise rien mais que pour un enfant, j'aurais précisé. Elle plisse son petit nez et je comprends qu'elle juge que je suis un gros con.
Elle me tend ensuite une boîte de Doliprane et je réponds que j'ai demandé du paracétamol et que je veux donc du générique. Il faut alors qu'elle aille au bout de l'officine pour trouver la boîte, tandis que le médoc de marque plus cher est placé juste derrière la caisse. Je lui fais alors la leçon sur les génériques, ce qu'elle n'apprécie pas. Et citant sa belle affiche, je lui dis que les vautours ne sont pas ceux que l'on croit. Elle s'offusque et me demande ce que je veux dire. Je lui explique alors que si j'avais été dans une grande surface, j'aurais de moi-même pris un générique sans que l'on chercher à me refiler un produit deux fois plus cher. Je rajoute aussi que je n'aurais pas eu à subir une queue de vingt minutes pour de si piètres achats. Bien sûr, je ne lui parle pas de Pharmacash 3000 parce que je veux garder ce nom secret.
Elle décide de ne pas me répondre. Comme je suis habillé comme un semi-clodo et que je ne suis pas rasé depuis deux jours, j'ai du être classé chez les prolos de gauche. Elle me jette juste d'une voix séche "pas plus de 8 comprimés par jour soit 4 grammes". Comme j'ai décidé d'être désagréable, je lui réponds que je ne tiens pas à me suicider en me flinguant les reins et en lui précisant toutefois qu'à mon âge ce n'est pas la première fois que je prends du paracétamol. Et qu'au surplus sachant lire, je peux aussi lire la notice qui est dans la boîte. Elle me répond qu'elle fait son métier. Je lui dis que je la comprends et que c'est normal de vouloir apporter de la valeur ajoutée à un métier d'épicier quand on a un doctorat parce que cela évite la frustration.
Comme elle est choquée et qu'il n'y a plus grand monde dans l'officine, elle tente de débattre pour me vanter la chance qu'elle a de bosser en officine. Je l'écoute et lui réponds que j'ai parmi mes patients des demoiselles qui ont fait les mêmes études qu'elle, et sont chefs produits dans de grands labos où elles sont super bien payées et font le tour du monde. Elle me répond alors que tout le monde ne court pas après l'argent. Je lui dis que je la crois comme l'atteste sa jolie montre Cartier. Elle ne me répond pas, se contentant d'annoncer ce que je dois.
Je règle, mais comme je suis bon garçon et qu'il semble que je l'ai un peu ennuyée avec mon comportement de goujat, je lui présente mes excuses en lui expliquant que mon rhume terrible me rend malaimable. Elle répond à peine.
Je m'en fous, j'attends que la loi change. Un jour je l'aurai mon Pharmacash 3000 avec le rayon alcool et cigarettes ! Et ce n'est pas moi qui irait emmerder les clients avec des conseils oiseux. Parce que quoi qu'on en dise, le commerce c'est un état d'esprit. Il ne s'agit pas de faire chier le client ! Non mais ! Tiens je mettrai un rayon téléphones portables dans mon Pharmacash 3000 !
Je précise que l'officine n'était pas dans la commune où je vis. Comme j'ai de misérables ambitions politiques, plus éventuellement le souhait d'ouvrir un cabinet secondaire, il ne s'agit pas non plus de me fâcher avec les pharmaciens du cru !
Et puis j'ai le droit de ne pas être aimable. Je souffre moi, j'ai un rhume ! Quand on est pharmacien, faut un minimum de psychologie pour gérer le stress des grands malades !
9 Comments:
Votre histoire de rhume m'a fait penser a ca... http://www.youtube.com/watch?v=rXLHWmjA5IE
Vous parlez d'officines cracras en France, mais je n'en ai jamais vu. Leurs protestations sont assez classiques, et ils sont certainement eux memes les premiers a critiquer les fonctionnaires qui defendent leurs rentes de situations...
Pharmacash 3000, une idée de génie !!!
Je te propose dès à présent ma candidature pour être la responsable de la succursale Pharmacash de Foug ! Je servirai les clients avec des diamants à tous les doigts, un tailleur Gouchy et un manteau de vison...
J'inventerai des tisanes qui rendent immortel, riche, beau et intelligent et je dirai au gens "vous voyez ça marche, j'ai testé sur moi".
De plus, mon feu grand-père ayant exercé la noble profession de pharmacien, j'ai des aptitudes congénitales pour donner des conseils médicaux aux gens !
Ayant toujours été persuadée que j'avais été investie d'une mission divine, je vais enfin pouvoir sauver le monde ;)
Laurence,
Tes parents me haïssaient déjà à cause de mon article intitulé "Laurence va aux amériques" et voilà qu'après avoir critiqué la noble profession d'apothicaire, je donne à ton père une autre raison de me haïr !
Je suis tricard en Lorraine moi !
Moi je m'occuperai des clopes et des alcools (bien sûr) et puis aussi de la sécurité.
N'oublie pas de specifier que l'alcool est à boire avec modération, tandis que le tabac tue !
Meuh naaaaaaaan Phil, tu n'as rien à craindre : mes parents sont gentils et ils ont revendu la grosse marmite dans laquelle ils faisaient cuire les indésirables !!
Globalement d'accord sauf :
-les pharmaciens en général poussent à la roue pour la substitution des médicaments. Pas par civisme, simplement parce qu'ils ont une marge supérieure avec les génériques et gagnent plus même si c'est moins cher
-les génériques ne sont pas identiques au médicament princeps : l'excipient est différent ce qui est énorme surtout pour les médicaments à usage externe. Plus important encore, la molécule n'est pas fabriquée de la même façon ni au même endroit, d'où des variations possibles de la pureté du produit et possibilité de contaminants toxiques. Les génériques n'étant pas soumis aux mêmes contraintes d'autorisation de mise sur le marché ne font pas d'études de tolérance et sont potentiellement toxiques.
-enfin, si l'on veut un jour se débarrasser de la sécu, il est urgent d'accélérer ses déficit, et pour des raisons économiques et politiques et de sécurité personnelle, systématiquement refuser les génériques. Il est d'ailleurs très amusant de voir le rictus du pharmacien tentant de m'imposer par intimidation un générique, à qui j'oppose un refus poli mais catégorique.
Paul, quand je m'automédique, c'est moi qui raque donc je vais au moins cher !
Sans conteste l'article que je préfère :D
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