Voyage 3 - La visite de Foug !
Nous ressortons la voiture. La grosse femme est toujours assise immobile sur son plot de ciment. Mais elle est de nouveau catatonique.
Nous prenons la rue centrale pour visiter Foug. A l'origine, Foug est ce que l'on appelle un village-rue typiquement lorrain, c'est à dire que les maisons ont été d'abord baties le long de la rue centrale, proposant à la fois un accès sur rue et un autre derrière vers les champs, s'ajoutant les unes à côté des autres.
De cette rue, partaient des chemins menant aux champs. Puis, l'industrialisation, et l'arrivée de l'armée aidant, la ville s'est agrandie d'une manière totalement anarchique. Des rues transversales ont vu le jour. Manifestement, l'urbanisme ne fut pas la marotte des édiles locaux puisque le village est maintenant constitué d'un entrelacs de rues et de ruelles dont certaines se terminent en cul de sac. Le panneau voie sans issue semble pourtant avoir été banni de la cité puisqu'à deux reprises, Laurence, qui semble connaître sa ville, comme moi la dentelle, s'est engagée dans des rues ne menant nulle part.
Ainsi, avant une jolie route au revêtement parfait, nous décidons de la suivre. Alors que je demande où elle mène, Laurence m'explique que cela finit "dans les bois". Effectivement quelques kilomètres après, la route s'arrête à une ferme au delà de laquelle s'étend une forêt immense et sombre.
Près de l'endroit, s'élève une sorte de petit château d'eau curieusement ceint de barbelés. M'étonnant d'un tel dispositif, Laurence m'explique que ces barbelés ont été posés parce qu'il y a quelques années, un quidam s'était mis en tête d'empoisonner l'eau de la ville. Après le bébé congelé, je ne m'étonne de rien.
Après tout, rappelons que Foug fut la ville qui vit naître la douce Simone Weber. A l'époque de l'affaire, la police était venue draguer la partie du canal de la Marne au Rhin qui passe par Foug. A part ces barbelés incongrus, l'endroit est cependant charmant. Les forêts s'étendent à l'infini.
Nous revenons dans le centre ville par une autre route. A un endroit, un faouin plus entreprenant que les autres, a décidé de se lancer dans la libre entreprise. Démontant son portillon d'entrée, il a posé à sa place, de manière totalement incongrue, un distributeur de boissons orné d'une jolie publicité Perrier. Je me demande bien qui, dans cette rue perdue, pourrait marcher, être pris d'une soif intense, et lui acheter une canette de quoi que ce soit. J'ai perdu puisqu'alors que je contemple le distributeur, deux jeunes faouins errant dans cette rue, achètent une boisson. Comme j'ai la vire ouverte j'ai un peu peur qu'il ne me gueule eux aussi "Iféopabohein ?" qui est le cri de bienvenue à Foug. Mais non, les deux quidams poursuivent leur route sans nous invectiver. Nous les retrouverons plus tard avec une bande de copains, planqués sur le parking derrière l'église.
A l'inverse de la plupart des localités, Foug est dénuée de toute place. Où que nous allions, ce ne sont que rues et ruelles souvent étroites, mais aucune place digne de ce nom n'est prête à accueillir une manifestation quelconque. L'église est au bout d'un court cul de sac et la mairie donne directement sur la rue centrale. L'unique café, le Café du centre, donne sur une sorte de carrefour. La ville autrefois animée semble sinistrée. De nombreuses boutiques sont fermées. On se demande ce qu'on fait les maire successifs de la taxe professionnelle et des impôts locaux. L'ensemble ne respire pas la gaieté. Sans doute faudrait-il apprendre aux édiles locaux qu'il existe des OPAH permettant de réhabiliter les villes et aux habitants que des géraniums aux fenêtres ne coutent pas bien cher et égayent un peu la grisaille.
Tout en haut de cette rue, est situé un embranchement. A droite, la route grimpe sur le sommet de la falaise sur laquelle s'adosse la cité et conduit vers l'ancienne N4, et à gauche, une petite rue passe sous l'arche d'un pont pour se perdre dans la forêt. Juste en face, adossée à la falaise granitique, une maison ayant brûlé voici près de vingt ans offre une scène unique de désolation. La toiture et les étages étant tombés au rez de chaussée au cours de l'incendie, les fenêtres cassées laissent apparaitre des poutres noircies. A l'intérieur de la maison dévastée, des arbres, sans doute des hêtres puisque Foug tire son nom du latin fagus qui signifie hêtre, ont poussé et atteignent une hauteur impressionnante.
Nous prenons la route de gauche, passons sous le pont et sommes immédiatement dans une forêt sombre dont la ramure des arbres forme une arche que le soleil a du mal à pénétrer. La chaussée est minuscule. C'est la route idéale pour un tueur en série. Bordée d'une forêt impénétrable sur les deux côtés, et peu fréquentée, on peut venir y enterrer des cadavres en toute quiétude. Laurence nous avouera qu'elle ne l'a pas prise depuis des années, et de toute manière jamais seule, car elle ne s'y sent pas à l'aise. Une chose est sûre, la route a un côté sinistre. Si l'envie me prenait d'arrêter la voiture et de descendre, je suis sûr qu'on n'entendrait aucun oiseau y chanter mais seulement un silence pesant et lugubre.
Nous arrivons enfin à La Neuveville-derrière-Foug, minuscule et pimpant village puis nous prenons la direction de Toul, jolie ville fortifiée par Vauban, connue pour sa magnifique cathédrale Saint-Etienne que les américains prirent un grand plaisir à bombarder parait-il.
Après une promenade dans le centre ville, nous décidons de prendre un verre place des Trois Evêchés, que les toulois nomment improprement la place ronde. Assis au Bar Central - notez la poésie du nom qui a bien du demander une minute de réflexion au propriétaire - je règle les consommations. La province a du bon puisque, je m'en tire pour 6,80€ pour les trois consommations.
Nous retournons ensuite à Foug.
Nous prenons la rue centrale pour visiter Foug. A l'origine, Foug est ce que l'on appelle un village-rue typiquement lorrain, c'est à dire que les maisons ont été d'abord baties le long de la rue centrale, proposant à la fois un accès sur rue et un autre derrière vers les champs, s'ajoutant les unes à côté des autres.
De cette rue, partaient des chemins menant aux champs. Puis, l'industrialisation, et l'arrivée de l'armée aidant, la ville s'est agrandie d'une manière totalement anarchique. Des rues transversales ont vu le jour. Manifestement, l'urbanisme ne fut pas la marotte des édiles locaux puisque le village est maintenant constitué d'un entrelacs de rues et de ruelles dont certaines se terminent en cul de sac. Le panneau voie sans issue semble pourtant avoir été banni de la cité puisqu'à deux reprises, Laurence, qui semble connaître sa ville, comme moi la dentelle, s'est engagée dans des rues ne menant nulle part.
Ainsi, avant une jolie route au revêtement parfait, nous décidons de la suivre. Alors que je demande où elle mène, Laurence m'explique que cela finit "dans les bois". Effectivement quelques kilomètres après, la route s'arrête à une ferme au delà de laquelle s'étend une forêt immense et sombre.
Près de l'endroit, s'élève une sorte de petit château d'eau curieusement ceint de barbelés. M'étonnant d'un tel dispositif, Laurence m'explique que ces barbelés ont été posés parce qu'il y a quelques années, un quidam s'était mis en tête d'empoisonner l'eau de la ville. Après le bébé congelé, je ne m'étonne de rien.
Après tout, rappelons que Foug fut la ville qui vit naître la douce Simone Weber. A l'époque de l'affaire, la police était venue draguer la partie du canal de la Marne au Rhin qui passe par Foug. A part ces barbelés incongrus, l'endroit est cependant charmant. Les forêts s'étendent à l'infini.
Nous revenons dans le centre ville par une autre route. A un endroit, un faouin plus entreprenant que les autres, a décidé de se lancer dans la libre entreprise. Démontant son portillon d'entrée, il a posé à sa place, de manière totalement incongrue, un distributeur de boissons orné d'une jolie publicité Perrier. Je me demande bien qui, dans cette rue perdue, pourrait marcher, être pris d'une soif intense, et lui acheter une canette de quoi que ce soit. J'ai perdu puisqu'alors que je contemple le distributeur, deux jeunes faouins errant dans cette rue, achètent une boisson. Comme j'ai la vire ouverte j'ai un peu peur qu'il ne me gueule eux aussi "Iféopabohein ?" qui est le cri de bienvenue à Foug. Mais non, les deux quidams poursuivent leur route sans nous invectiver. Nous les retrouverons plus tard avec une bande de copains, planqués sur le parking derrière l'église.
A l'inverse de la plupart des localités, Foug est dénuée de toute place. Où que nous allions, ce ne sont que rues et ruelles souvent étroites, mais aucune place digne de ce nom n'est prête à accueillir une manifestation quelconque. L'église est au bout d'un court cul de sac et la mairie donne directement sur la rue centrale. L'unique café, le Café du centre, donne sur une sorte de carrefour. La ville autrefois animée semble sinistrée. De nombreuses boutiques sont fermées. On se demande ce qu'on fait les maire successifs de la taxe professionnelle et des impôts locaux. L'ensemble ne respire pas la gaieté. Sans doute faudrait-il apprendre aux édiles locaux qu'il existe des OPAH permettant de réhabiliter les villes et aux habitants que des géraniums aux fenêtres ne coutent pas bien cher et égayent un peu la grisaille.
Tout en haut de cette rue, est situé un embranchement. A droite, la route grimpe sur le sommet de la falaise sur laquelle s'adosse la cité et conduit vers l'ancienne N4, et à gauche, une petite rue passe sous l'arche d'un pont pour se perdre dans la forêt. Juste en face, adossée à la falaise granitique, une maison ayant brûlé voici près de vingt ans offre une scène unique de désolation. La toiture et les étages étant tombés au rez de chaussée au cours de l'incendie, les fenêtres cassées laissent apparaitre des poutres noircies. A l'intérieur de la maison dévastée, des arbres, sans doute des hêtres puisque Foug tire son nom du latin fagus qui signifie hêtre, ont poussé et atteignent une hauteur impressionnante.
Nous prenons la route de gauche, passons sous le pont et sommes immédiatement dans une forêt sombre dont la ramure des arbres forme une arche que le soleil a du mal à pénétrer. La chaussée est minuscule. C'est la route idéale pour un tueur en série. Bordée d'une forêt impénétrable sur les deux côtés, et peu fréquentée, on peut venir y enterrer des cadavres en toute quiétude. Laurence nous avouera qu'elle ne l'a pas prise depuis des années, et de toute manière jamais seule, car elle ne s'y sent pas à l'aise. Une chose est sûre, la route a un côté sinistre. Si l'envie me prenait d'arrêter la voiture et de descendre, je suis sûr qu'on n'entendrait aucun oiseau y chanter mais seulement un silence pesant et lugubre.
Nous arrivons enfin à La Neuveville-derrière-Foug, minuscule et pimpant village puis nous prenons la direction de Toul, jolie ville fortifiée par Vauban, connue pour sa magnifique cathédrale Saint-Etienne que les américains prirent un grand plaisir à bombarder parait-il.
Après une promenade dans le centre ville, nous décidons de prendre un verre place des Trois Evêchés, que les toulois nomment improprement la place ronde. Assis au Bar Central - notez la poésie du nom qui a bien du demander une minute de réflexion au propriétaire - je règle les consommations. La province a du bon puisque, je m'en tire pour 6,80€ pour les trois consommations.
Nous retournons ensuite à Foug.
9 Comments:
Je veux bien de cette maison à vendre pour mon mari.. mais je risquerais de ne plus le voir très souvent. Car il y a du boulot !
Moi je compte les jours avant mon départ en Dordogne, car dans ma région, le Nord, le soleil est aux abonnés absents, comme c'est souvent le cas l'été. Et il n'y a rien à faire, je ne m'y habituerai jamais.
J'en arrive même à me demander si on ne devrait pas supprimer une saison dans le Nord : l'été ! Car l'été rime avec grisaille.
Bonnes vacances
Plus aucunes nouvelles depuis vendredi 11, c'est inquiétant.
Philippe serait-il retourné sur LA route...?
J'aime bien vous lire Psychothérapeute mais quelle fatigue pour les yeux, ce fond noir - les lettres blanches sur fond noir sont ce qu'il y a de plus rebutant à lire en typographie.
Un fond blanc serait beaucoup plus agréable.
Merci pour vos articles.
Lu dans la contribution d'Emmanuel Valls pour le congrès du PS :
"C’est forts de nos expériences qu’il nous faut désormais « penser le monde en mouvement » pour regagner l’hégémonie intellectuelle. Elle seule nous permettra de gagner les nouvelles batailles politiques. Nous voulons que le Parti Socialiste redevienne le parti de la pensée. "
Ca fout les boules, non ?
Un parti qui aurait pour objectif de "regagner l'hégémonie intellectuelle"!... et de redevenir le "parti de la pensée".
Vous vous souvenez de "1984" de Georges Orwell ??
Nous sommes en plein déni de la pensée de l'autre, en plein déni de la différence.
La toile de fonds de ces affirmations glaçantes, c'est que comme il n'y a pas de transcendance, comme la pensée humaine est le sommet de tout, la pensée a la capacité de tout régir et d'être hégémonique.
Abyssal.
Toju
Un autre aspect méconnu de Foug était la fabrication de grenades pendant la Grande Guerre:
http://passion14-18.blogspot.com/2007/06/grenade-francaise-citron-foug.html
Ah j'ai compris : c'était la grosse dame assise la tueuse en série et vous vous êtes fait avoir, honte sur vous!
Mais quand même, ça va me manquer ce petit blog, c'était bien...
Condoléances à vot'dame.
Y-a-t-il un camping à Foug ?
A priori non, mais il faudrait demander à Laurence, laquelle est native de l'endroit. Moi, je ne peux vous renseigner. Je n'y suis allé qu'au cours d'une expédition.
Philippe, ce ne sont pas les Américains qui ont bombardé la Cathédrale de Toul, ils étaient nos alliés, ce sont les Allemands qui ont détruit le patrimoine toulois durant la guerre 1939/45.
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