30 octobre, 2008

A poil les routes !



L'édition du 23 octobre 2008 du Parisien, nous apprenait qu'un tronçon important de l'A15 resterait dans l'obscurité. A l'origine, on a constaté que des câbles de cuivre avaient été volés ce qui avait entrainé l'extinction des réverbères illuminant ce tronçon d'autoroute.

Or curieusement, les pouvoirs publics ont constaté une baisse importante des morts accidentelles durant la période où l'éclairage avait cessé. On invoque comme raison, que le fait de se retrouver dans l'obscurité inciterait les automobilistes à devenir beaucoup plus prudents. Livré à lui-même, sans secours extérieur, l'automobilsite retrouverait-il une forme de prudence instinctive ?

Cette semaine, une de mes patientes revenant d'un long séjour à Naples, m'expliquait qu'elle avait loué un scooter pour se promener en ville. Alors que je lui demandais si elle n'avait pas eu peur d'avoir un accident, elle m'a expliqué que non. Elle a développé en me disant que la circulation napolitaine était un tel bordel, que finalement tout le monde faisait très attention. Elle m'a dit qu'elle était plus en confiance à Naples qu'à Paris malgré les aménagements coûteux effectués par la mairie.

A une époque, où l'on ne peut aller pisser sans qu'un ministre ou un militant associatif ne nous tienne la bite, dès fois qu'on en mette sur la cuvette, il est intéressant de noter que la liberté et son corollaire, le risque, engendre souvent bien plus de responsabilité que le système débilitant dans lequel on nous enferme jour après jour.

Les multiples expérimentations de "routes nues" participent d'une philosophie consistant à responsabiliser les usagers de la route pour les rendre acteurs de leur sécurité. La démarche actuelle procéde à l'inverse en poussant la règlementation jusqu'à l'excès, en partant de l'idée que les autorités savent mieux que l'automobiliste ce qui peut le protéger.

Le boulevard Saint Marcel à Paris, permet de prendre conscience du point auquel des politiciens fous peuvent aller pour encadrer et réglementer la circulation et finalement générer des couts faramineux, des accidents et des embouteillages.

Pourtant des études ont démontré que la signalisation est tellement abondante qu'actuellement 70% de la signalisation routière n'est pas prise en compte par les automobilistes. Comme disent les psychologues, l'état impose ses règles mais l'automobiliste, sujet pensant, l'interprète. De toute manière, entre la concentration sur sa conduite, les différents cadrans qu'il doit contrôler, et l'éventuelle conversation qu'il doit suivre, on peut supposer qu'un individu lambda ne dispose plus des ressources cognitives suffisantes pour enregistrer et traiter les informations mises à sa disposition par cette pléthore de panneaux posés au bord ou au dessus des routes.

Pour sortir de cette voie, la philosophie de la "route nue" consiste à réduire la signalisation routière au minimum, en ne laissant que la signalisation la plus basique (ligne au milieu de la chaussée, etc), voire aucune information signalisée. Les règles élémentaires s'appliquent, comme la priorité à droite. Il s'agit de re-responsabiliser les utilisateurs de la route.

Réduire la signalisation pour réduire les accidents peut paraître étonnant à première vue. Néanmoins cette méthode semble fonctionner de manière bien plus efficace que la règlementation pour une raison majeure : en responsabilisant les conducteurs, on accroît leur vigilance. Ainsi, on estime qu'en l'absence de feu rouge, un conducteur pressé ne respectera peut être pas la priorité mais que les autres automobilistes seront plus attentifs.

Le concept de route nue est intéressant d'un point de vue libéral car ses résultats montrent que les individus laissés libres et responsables agissent avec de biens meilleurs résultats que lorsqu'ils sont encadrés excessivement. L'état se contente simplement de fournir un cadre simple dans lequel les acteurs économiques évoluent, en supportant les responsabilités de leurs propres actes, de même que dans une société libérale.

Comme le revendique explicitement Hans Monderman, le créateur de ce concept de "route nue", il suffit de rendre leur liberté aux automobilistes, et de mettre fin à une sur-règlementation qui « nous fait perdre notre capacité à avoir un comportement socialement responsable » pour transformer les individus asservis en êtres libres et responsables.

La mutualisation excessive, et ce fut amplement démontré en psychologie sociale, entraîne de la part de chacun de nous, l'idée que l'on peut se laisser aller au n'importe quoi puisque les autres seront là pour nous.

A l'instar des enfants couvés par leur mère, trop de sollicitudes étatiques entraînent une perte du sens civique se traduisant par une déresponsabilisation. Et, sans doute qu'au plan de la santé publique, cette éternelle et pesante prise en charge pourrait être à l'origine de cette vague d'anxiété et de dépression.

Car ne l'oublions pas, la France reste un des leaders en matière de consommation d'anxiolytiques et d'antidépresseurs.

5 Comments:

Blogger monoi said...

C'est etonnant cette histoire d'eclairage parce qu'on m'a toujours dit que les autoroutes en Belgique sont eclairees la nuit parce que justement ca reduit les accidents!!

Ceci dit, je suis entierement d'accord avec vous. L'exemple classique est le rond point de l'arc de triomphe. C'est un vrai bordel, mais finalement ca marche bien.

Par contre, la consommation d'anti depressants a probablement d'autres sources que ca, parce que pour ce qui est du controle, il ne faut pas imaginer que ce soit bien mieux aileurs. N'oublions pas que beaucoup de ces mesures sont prises au niveau europeen, par on ne sait qui, et sont donc valables pour tout le monde.

La capacite de nuire de ceux qui nous veulent du bien augmente en permanence.

30/10/08 9:53 AM  
Anonymous Anonyme said...

Tout à fait interessant.
En accord sur tout sauf (il fallait qu'il y en ait une) sur la priorité à droite que je ne considère pas du tout comme une règle élémentaire.
Je la trouve au contraire superflue et dangereuse !
1/ superflue : à Londres, il n'existe pas de priorité aux carrefours ; charge aux automobilistes de s'entendre entre eux. Ce qu'ils font plutot bien à coup d'appels de phares.
2/ dangereux : alors que nous conduisons à gauche dans nos voitures, nous devons être plus particulièrement attentifs à ce qu'il se passe à droite...où l'on voit moins bien ! Il serait bien plus judicieux, si l'on doit garder absolument un principe de priorité , de la mettre à gauche, comme sur les ronds points avec cédez le passage : on voit mieux !

30/10/08 12:26 PM  
Blogger monoi said...

A Pytheas, il n'y a pas de priorite a droite a Londres parce que toutes les intersections ont des lignes qui indiquent la route prioritaire.

Les appels de phare c'est pour signaler a quelqu'un qu'il peut passer ou s'engager.

J'avais lu le cas d'un francais a Londres qui avait fait des appels de phares "a la francaise" (c'est a dire "fais gaffe pov con!") a une voiture qui voulait s'engager sur la voie. Cette derniere s'etait donc engagee et avait ete promptement embouti par le francais. Si je me rappelle bien, ce dernier avait d'ailleurs perdu le proces.

J'ai de saines lectures moi.

31/10/08 1:03 PM  
Blogger El Gringo said...

D'accord avec Pythéas, la priorité devrait être à gauche mais...
SUR LA ROUTE SEULEMENT!!!
;-)

31/10/08 6:35 PM  
Blogger El Gringo said...

D'accord avec Pythéas, la priorité devrait être à gauche mais...
SUR LA ROUTE SEULEMENT!!!
;-)

31/10/08 6:35 PM  

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