Malaise dans la civilisation !
Pff, il faut que je sois vraiment rendu loin pour mettre le titre d'un livre de Freud à l'un de mes articles ! Mais bon, je n'avais pas le choix.
Voici quelques temps, un petit gars, me parlant de ses relations difficiles avec son ex souffrant de problèmes graves de toxicomanie, m'a expliqué qu'il l'avait filmée en train de se faire son fix.
Devant mon air étonné voire scandalisé, le cher petit m'a expliqué que c'était dans le cadre d'un projet artistique. Je suppose qu'il s'attendait à ce que je lui dise, que dans ce cas, je trouvais sa démarche normale, voire à ce que je m'esbaudisse devant une telle "performance" comme on dit maintenant. De nos jours, avec les naïfs et les abrutis, l'excuse artistique fonctionne toujours ! L'art contemporain est un sésame qui ouvre grand toutes les portes en déconnectant le sens commun.
Je lui ai simplement dit que je trouvais sa démarche monstrueuse et qu'en droit français, on pourrait appeler cela de la "non assistance à personne en danger". J'ai poursuivi en lui expliquant, que même s'il filtrait ou clivait cette monstrueuse attitude en lui donnant l'allure d'un projet artistique, cela resterait laid et monstrueux : comme le Nazisme ou le communisme. Les SS avaient de très beaux uniformes et les défilés sur la place Rouge étaient magnifiques, mais cela ne suffit pas à rendre le fond des doctrines sympathiques. Même bien emballée, de la merde reste de la merde. Evidemment, je sais que l'on ne peut pas tout empêcher, en revanche on peut s'empêcher soi-même d'être collaborateur passif de certaines choses.
Connaissant sa vie je lui ai expliqué qu'il avait sans doute vécu des choses plus terribles que moi, mais qu'il prenait le risque de devenir comme un de ces vétérans du Vietnam, qui après avoir vu, puis commis les pires atrocités, n'ont jamais réussi à s'intégrer parce que leur seuil de sensibilité s'était considérablement amoindri.
On peut aujourd'hui affirmer que l'intelligence sans émotion et notamment sans compassion n'existe plus, cela devient du traitement informatisé. A ce titre, on a pu constater que des personnes ayant eu leurs lobes préfrontaux atteints, et donc incapables d'éprouver des émotions prennent des décisions aberrantes.
Lorsque l'on vante la froideur du flic, tueur en série dans un film, on a tort. Les personnages mis en scène sont totu au plsu capables de maîtriser leurs émotions mais certainement pas de les mettre de côté.
Le risque, lorsque l'on ne veut plus s'émouvoir, est de déshumaniser. C'est quelque chose que la psychologie du travail a constaté dans ce que l'on nomme les idéologies défensives de métier. C'est courant chez les médecin,s qui après après voir vu mourir des gens, se blindent et deviennent inhumains. Non qu'ils le soient mais que cela leur permette de ne rien ressentir. Est-on pour autant un meilleur médecin parce que l'annonce de son cancer a un patient ne nous affecte plus ? Je n'en suis pas certain.
Ce qui est amusant dans le cas de ce petit patient, c'est la responsabilité de la société qui contribue largement à créer de toute pièces des comportements sociopathiques, c'est à dire dénués d'empathie.
Hier, ce furent des gauchistes qui au nom de leur système politique n'hésitèrent pas à tuer, en se persuadant qu'il faisaient œuvre de salut public. A cette époque, tout était parait-il politique et la lutte des classes était le cache-misère permettant d'occulter voire de rendre prestigieux les comportements les plus déviants. Les Rouillan et autres Menigon en sont les exemples les plus connus. Mais cette "mode" délirante a aussi frappé des esprits plus simples. Ainsi, lisant un article sur Bernie Bonvoisin (par le plus grand des hsards), j'ai appris qu'il avait dans un pêle-mêle une photo du démocrate bien connu Ho-Chi-Minh à qui il vouait une admiration sans bornes. Douce époque que ces années soixante, durant lesquelles il suffisait de s'affirmer en tant que libérateur pour se voir absous de ses crimes les plus atroces.
Aujourd'hui, le monde est moins politique. A moins d'être stupide ou facteur à Neuilly, on se rend compte que les illusions gauchistes ont vécu. Alors, à défaut d'action politique, les délires les plus fous se sont incarnés dans l'art. L'art est devenu le filtre permettant à tous les tarés de justifier leurs pathologies ou leurs exactions. Sans parler de tous les traîne-guenilles qui se disent artistes parce que c'est plus valorisant que de se dire chômeur.
On chie dans des bocaux, et on expose : c'est de l'art. On filme les suicides sur le Golden Gate : c'est de l'art. Et on finit par tenir sa petite caméra DV pour filmer une nana de vingt-deux ans qui se tue à petit feu, en s'enfonçant une aiguille dans la saignée du bras et on continue à croire que c'est de l'art. On finit par tenir le monde à distance pour ne plus souffrir en se contentant de faire souffrir les autres.
Moi, je n'aime pas cela et si dans mon métier, il parait qu'il ne faut pas juger, je ne pense pas que cela s'applique à tous les comportements. La pédoculthérapie a parfois de bons résultats. De plus, on peut juger des actes sans remettre en cause la personne.
Voici quelques temps, un petit gars, me parlant de ses relations difficiles avec son ex souffrant de problèmes graves de toxicomanie, m'a expliqué qu'il l'avait filmée en train de se faire son fix.
Devant mon air étonné voire scandalisé, le cher petit m'a expliqué que c'était dans le cadre d'un projet artistique. Je suppose qu'il s'attendait à ce que je lui dise, que dans ce cas, je trouvais sa démarche normale, voire à ce que je m'esbaudisse devant une telle "performance" comme on dit maintenant. De nos jours, avec les naïfs et les abrutis, l'excuse artistique fonctionne toujours ! L'art contemporain est un sésame qui ouvre grand toutes les portes en déconnectant le sens commun.
Je lui ai simplement dit que je trouvais sa démarche monstrueuse et qu'en droit français, on pourrait appeler cela de la "non assistance à personne en danger". J'ai poursuivi en lui expliquant, que même s'il filtrait ou clivait cette monstrueuse attitude en lui donnant l'allure d'un projet artistique, cela resterait laid et monstrueux : comme le Nazisme ou le communisme. Les SS avaient de très beaux uniformes et les défilés sur la place Rouge étaient magnifiques, mais cela ne suffit pas à rendre le fond des doctrines sympathiques. Même bien emballée, de la merde reste de la merde. Evidemment, je sais que l'on ne peut pas tout empêcher, en revanche on peut s'empêcher soi-même d'être collaborateur passif de certaines choses.
Connaissant sa vie je lui ai expliqué qu'il avait sans doute vécu des choses plus terribles que moi, mais qu'il prenait le risque de devenir comme un de ces vétérans du Vietnam, qui après avoir vu, puis commis les pires atrocités, n'ont jamais réussi à s'intégrer parce que leur seuil de sensibilité s'était considérablement amoindri.
On peut aujourd'hui affirmer que l'intelligence sans émotion et notamment sans compassion n'existe plus, cela devient du traitement informatisé. A ce titre, on a pu constater que des personnes ayant eu leurs lobes préfrontaux atteints, et donc incapables d'éprouver des émotions prennent des décisions aberrantes.
Lorsque l'on vante la froideur du flic, tueur en série dans un film, on a tort. Les personnages mis en scène sont totu au plsu capables de maîtriser leurs émotions mais certainement pas de les mettre de côté.
Le risque, lorsque l'on ne veut plus s'émouvoir, est de déshumaniser. C'est quelque chose que la psychologie du travail a constaté dans ce que l'on nomme les idéologies défensives de métier. C'est courant chez les médecin,s qui après après voir vu mourir des gens, se blindent et deviennent inhumains. Non qu'ils le soient mais que cela leur permette de ne rien ressentir. Est-on pour autant un meilleur médecin parce que l'annonce de son cancer a un patient ne nous affecte plus ? Je n'en suis pas certain.
Ce qui est amusant dans le cas de ce petit patient, c'est la responsabilité de la société qui contribue largement à créer de toute pièces des comportements sociopathiques, c'est à dire dénués d'empathie.
Hier, ce furent des gauchistes qui au nom de leur système politique n'hésitèrent pas à tuer, en se persuadant qu'il faisaient œuvre de salut public. A cette époque, tout était parait-il politique et la lutte des classes était le cache-misère permettant d'occulter voire de rendre prestigieux les comportements les plus déviants. Les Rouillan et autres Menigon en sont les exemples les plus connus. Mais cette "mode" délirante a aussi frappé des esprits plus simples. Ainsi, lisant un article sur Bernie Bonvoisin (par le plus grand des hsards), j'ai appris qu'il avait dans un pêle-mêle une photo du démocrate bien connu Ho-Chi-Minh à qui il vouait une admiration sans bornes. Douce époque que ces années soixante, durant lesquelles il suffisait de s'affirmer en tant que libérateur pour se voir absous de ses crimes les plus atroces.
Aujourd'hui, le monde est moins politique. A moins d'être stupide ou facteur à Neuilly, on se rend compte que les illusions gauchistes ont vécu. Alors, à défaut d'action politique, les délires les plus fous se sont incarnés dans l'art. L'art est devenu le filtre permettant à tous les tarés de justifier leurs pathologies ou leurs exactions. Sans parler de tous les traîne-guenilles qui se disent artistes parce que c'est plus valorisant que de se dire chômeur.
On chie dans des bocaux, et on expose : c'est de l'art. On filme les suicides sur le Golden Gate : c'est de l'art. Et on finit par tenir sa petite caméra DV pour filmer une nana de vingt-deux ans qui se tue à petit feu, en s'enfonçant une aiguille dans la saignée du bras et on continue à croire que c'est de l'art. On finit par tenir le monde à distance pour ne plus souffrir en se contentant de faire souffrir les autres.
Moi, je n'aime pas cela et si dans mon métier, il parait qu'il ne faut pas juger, je ne pense pas que cela s'applique à tous les comportements. La pédoculthérapie a parfois de bons résultats. De plus, on peut juger des actes sans remettre en cause la personne.
12 Comments:
Pourquoi dites-vous que filmer quelqu'un en train de se droguer est un acte monstrueux?
Est-ce une façon de dire que votre patient aurait dû tout faire pour empêcher son amie de s'injecter de la drogue, au lieu de tenir une caméra à ce moment-là?
Si c'est le cas, on ne peut être qu'a priori d'accord. Cependant, les témoignages de proches de drogués abondent pour dire que s'opposer à leurs pratiques n'est pas toujours possible, voire que c'est la plupart du temps impossible.
Je n'ai pas eu le malheur d'avoir un drogué dans ma famille, mais, s'il suffisait d'une bonne gueulante de la part d'un bon copain (ou d'un père, ou d'un amant) pour obliger quelqu'un à arrêter la drogue, je crois que cela se saurait.
On a même connu, je crois, des mères tellement désespérées qu'elles procuraient elles-mêmes la drogue à leur enfant, pour qu'il coure moins de risques et éprouve plus facilement le soulagement recherché.
S'agit-il alors de dire que, même impuissant à empêcher le geste, votre patient aurait dû s'abstenir de filmer?
Je ne vois pas pourquoi, sinon pour des raisons superstitieuses.
Jadis, un mien ami très cher est mort de maladie à un âge précoce. Je prenais beaucoup de photos à cette époque. Ma compagne du moment m'a dit: "J'espère que tu ne vas pas prendre de photos à l'enterrement". La perspective la choquait au-delà de toute mesure. Elle ignorait que mon ami m'avait demandé de photographier son masque mortuaire. Ce que je n'ai pas fait, trop bouleversé. Mais j'ai photographié l'enterrement. La terre n'a pas tremblé.
Robert, relisez le texte, je suis sur que finirez par comprendre.
En revanche si vous êtes un peu voyeur, je peux vous indiquer des tas de chouettes endroits où vous pourriez voir des gens se droguer, ou bien souffrir, voire même mourir.
N'oubliez pas votre appareil photo, ce serait trop con de rater de bons clichés !
Fermer les yeux, c'est de la non assistance à personne en danger. Filmer, c'est cautionner, c'est peut être alors plus proche du meurtre.
Enfin ce n'est qu'une idée.
Pour illustrer mon propos, lorsqu'un type chauve entre dans une pièce avec une veste pied de poule et une casquette rouge, se foutre de sa gueule, c'est mal, mais c'est salutaire. Enfin je me comprends...
N'en déplaise à Robert, oui, filmer un fix et en faire de l'Art c'est choquant,
il s'agit de mort, il s'agit d'attitude suicidaire, il s'agit de souffrance, il s'agit d'humanité,
ici, on se sert de l'Art, il est pretexte à nier le réel, la souffrance, le danger de mort et la maladie, c'est l'alibi,
c'est monstrueux ! C'est l'humain qu'on efface,
et si cette jeune femme s'injectait un shoot létal, est-ce que la réponse pour son compagnon ou quiconque serait encore une démarche artistique ??
J'en déduis que oui,
Ce qui est choquant n'est pas qu'elle se drogue- enfin si, mais c'est son choix et je ne suis pas thérapeuthe et c'est un autre sujet- mais la réaction du jeune homme qui se dédouane et s'en delecte pour ou par une soi disant démarche artistique, ça, c'est à gerber,
bien pire que cela, je n'ai pas de mots, ou alors je tombe dans les clichés, dsl, il me semble que l'on doit retrouver aisément ce genre de réactions dans des régimes fascistes,
"A moins d'être stupide ou facteur à Neuilly"
L'un n'empêche pas l'autre.
Mais là n'est pas mon propos, non. Mon propos, c'est qu'au "tout est politique" des imbéciles néo-puritains, j'oppose systématiquement "tout est une question d'éthique".
Et là, j'ai l'air vachement profond.
@la : ni délectation, ni rien de tout cela... Juste un produit d'une époque assez inhumaine. Souvenez-vous que des gens ont applaudi alors qu'une mère infanticide venait d'être acquittée.
Sans la juger trop durement, il ne s'agissait pas non plus d'applaudir un tel acte.
C'est par ce qu'il reste encore des îlots de bon sens que nous ne nous noyons pas tous...
Merci
Oui effectivement, il ne s'agit pas de délectation, au temps pour moi, j'ai débordé du cadre,
...... Et les applaudissements pour cette mère qui avait pourtant commis un infanticide,
Ce sont bien la perte de sens ( rien que celle des mots par exemple), de valeurs, de repères qui s'expriment, et ce à quoi ils aboutissent et aussi ce à quoi ils renvoient,
c'est inquiétant et triste,
Merci pour cet article,
Bien à vous,
@GCM: Je te comprends aussi!
Philippe Psy: rien ne vous oblige à répondre à une question, même sincère et sans arrière-pensée.
En revanche, je trouve votre ironie et vos allusions à mon encontre totalement déplacés. L'irrespect est de votre côté et non du mien.
Cher Robert,
Il me semblait pourtant vous avoir répondu du mieux que je pouvais.
Où distinguez-vous de l'ironie . Quant à l'irrespect, je trouve que vous allez un peu trop loin.
J'ai passé l'âge de me faire tirer l'oreille jeune homme.
De plus, sachant que je publie tous les commentaires, sans jamais en censurer aucun, attendez-vous à ce que je ne me censure pas moi-même.
Cordialement
Philippe
ps : non mais, eh oh lui eh !
@ Philippe psy
C'est vous avec un entonnoir de tôle galvanisée sur le sommet du crâne ?
J'ai fait 2 ans de psy en fac (rien, je sais), j'ai détesté, je n'aimais pas Freud, ni Lacan, ni surtout la psychologie enseignée dans mon Université,
plus tard, vers mes 30 ans, j'ai abordé C.G Jung, j'ai préféré parce qu'il ne niait pas le Sacré, au contraire.
Il m'a ouvert bien des horizons,
horizons que je n'ai pas exploré, pas totalement, parce que je suis flemme, parce que j'ai autre chose à faire, (travail, famille, etc) et parce que j'ai eu surement peur finalement,
de ne pas etre à la hauteur, peu importe ...
Mais vous, vous vous situez où ?
J'aime bien vous lire, vous faites partie de mes blogs enregistrés, j'aime votre pragmatisme, votre empathie et votre humour...( ne vous formalisez pas, j'aime plein d'autres blogs) Mais vos sources, vos références ?
Pour un français, il est habituel, c'était la norme quand j'avais 20 ans, de se référer à Freud, ... à Lacan,. CG. Jung et sa psychologie des profondeurs n''était pas du tout abordée,
Ma question finalement:
en France nous en sommes où ?
Ou comment évolue la psy en France ?
Et vous-même ? Vous en pensez quoi ?
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