27 avril, 2009

Années 80 !

Symbole des années 80 !

J'ai reçu voici peu de temps un jeune patient charmant. Venu consulter pour un trouble anxieux généralisé, son discours m'a profondément amusé. Non que je me gausse de ses souffrances mais l'origine de celles-ci m'a fait beaucoup rire.

Voici un "produit" que l'on rencontre rarement, le jeune type intelligent qui ne va pas bien parce qu'il est persuadé d'être seul au monde avec ses idées. Il faut dire qu'avoir lu Muray (et en avoir saisi l'essence) à 24 ans est rare. Et puis rajoutons à sa liste de symptômes impressionnante qu'il est catholique pas très progressiste.

En d'autres temps, je n'aurais pas dit la même chose. Ainsi, on oublie que la moyenne d'un commandant de U-Boot était de 24 ans justement. On oublie aussi que Jeanne d'Arc a réalisé son épopée entre 17 et 21 ans, âge auquel elle fut assassinée par les anglais. Mais à notre époque, 24 ans c'est très jeune !

Le pauvre petit pépère ne sachant pas à qui il avait à faire, ne savait pas au début comment exprimer son mal-être. Il est certain que dans un monde ultra politiquement correct, on n'ose pas trop parler de peur d'être face à un commissaire politique. Alors on se tait, on n'a pas envie de finir dans un camp de rééducation par la pensée ou pire peut-être, d'avoir simplement face à soi, un regard inquisiteur et méchant qui vous démontre que vous êtes démasqué et que tout ce que vous pourrez dire par la suite ne viendra que s'ajouter à la somme des vilaines choses que vous avez déjà exprimées.

Bref le jeune angoissait à l'idée d'être le dernier homme dans un monde de clone. Ce qu'il m'a dit était passionnant. Je crois être resté "jeune" d'esprit mais force est de constater que je n'ai pas 24 ans et ne peut donc qu'imparfaitement appréhender la réalité d'un jeune dans le monde actuel.

Ce qui passionne aujourd'hui les gens ne nous passionnait pas. Et avouons que ce que l'on nomme aujourd'hui un "réactionnaire" n'était en fait qu'un bien banal militant RPR à mon époque. Avec quelques efforts et un peu d'empathie, je comprends donc les sources de l'anxiété de mon jeune patient. Ne pas tenir pour acquis ce que l'on vous propose est considéré comme une forme d'intelligence mais c'est aussi une souffrance.

Nous avons eu un bon contact assez rapidement. Connaissant mon âge, j'ai trouvé amusant quand il me vanta les années 80, celles de ma jeunesse. Les ayant vécues, je ne leur ai rien trouvé d'extraordinaire. Bien au contraire, on se sentait un peu gênés aux entournures et on lorgnait toujours du côté des États-Unis. Certes il y avait Michael Jackson, etc., et des tas de trucs bien comme la 205 GTI, mais nous aussi on trouvait que c'était mieux avant. Sans doute la faute aux séries télévisées qui passaient comme "Les jours heureux".

D'ailleurs, les sixties avaient fait un come-back remarqué à cette époque. Mais qui se souvient encore des Forbans et de Jesse Garon. Pourtant "C'est lundi envie de pipi" restent des paroles mémorables. Ceci dit même le pauvre Jesse Garon, s'est fait rattraper par l'empire du Bien puisqu'il s'est établi comme naturopathe au fin fond de la Seine-et-Marne. Il a repris son vrai nom, Bruno Fumard, qui fait nettement moins Rock'n'Roll que Jesse Garon ! Je comprends que l'âge et l'expérience venus, on abandonne les excès mais pas le Rock'n'Roll ! Voilà pourquoi même quand il chantait j'ai toujours trouvé ce type médiocre.La banane ne suffit pas à fair le rocker !

Enfin, mon patient et moi, avons parlé des années quatre-vingt, et je trouvais cela rigolo de repenser aux films, aux chansons et aux voitures qui avaient bercé ma jeunesse même si cela me faisait prendre un coup de vieux. Pour moi qui les ai vécues, je n'avais rien trouvé de fabuleux dans ces mornes années quatre-vingt. Le fait de me souvenir de "Ghost buster" de "Retour vers le futur" ou de "Indiana Jones", n'ai rien changé !

En plus, c'était la fin des "cyclos" à boîte de vitesses simplement parce qu'un de nos élus idiots, sans doute à la botte d'un de nos constructeurs nationaux tout juste capables de fabriquer des mobylettes à variateurs, avait décidé d'empêcher les japs' d'inonder le marché avec leurs petits jouets. Alors adieu les DT, TY et autres ER et bienvenue aux 50cm3 fadasses à variateur ou pire, boîtes automatiques.

D'ailleurs de ce fait, il y eut une véritable spéculation sur les anciennes. N'importe quel modèle équipé d'une boite mécanique, une vraie moto sur laquelle on passait ses vitesses, était devenu le truc qu'il fallait avoir ! Vous voyez, la crise actuelle ne me fait ni chaud ni froid, car j'avais déjà vécu les ravages de la spéculation dans mon jeune âge. Bref pour moi, les années quatre-vingt, c'était tout de même des années couilles molles et je trouvais que cela devait être vachement mieux avant ou ailleurs ! On avait beau être super élégants avec nos Sebago , nos pulls jacquard et nos chaussettes Burlington, on trouvait quand même que côté musique et bécanes, c'était plus sympa chez les chevelus nés quinze ans avant nous.

Bon, c'est certain qu'à côté de la période actuelle, produit complexe du politiquement correct et du principe de précaution, j'ai l'impression d'être comme Rahan, une sorte de fils des âges farouches ! Je me demande même comment j'ai pu survivre !

Enfin, cela me fait tout drôle de voir qu'un jeune patient idolâtre et surestime ainsi les années quatre-vingt. Faut il être rendu loin dans le désespoir pour penser aux années Tapie et Séguéla comme au Graal.

Mais c'est certain que quand on a le ventre vide, même un quignon de pain sec peut ravir les papilles.

4 Comments:

Blogger Unknown said...

Tien c'est marrant je n'ai que 2 ans de moins que votre jeune patient et, avant de venir faire mon tour journalier sur votre blog, j'étais justement entrain de m'estimer très heureuse de pas avoir eu 20 ans dans les années 80,
une époque ou les pantalons en velours côtelé étaient le comble de la mode, même si je ne doute pas de votre grande élégance à cette période chére Philippe. ;)

27/4/09 6:12 PM  
Anonymous Anonyme said...

Tiens, j'ai repéré des tuyaux en fonte tout neufs fabriqués à Foug, en fouinant sur un chantier parisien aujourd'hui.

Des gros trucs, tout bleus. Du solide, un peu comme les omelettes de là-bas. Si j'ai bien compris.

Imaginez mon émotion.

Un peu de la culture fouguienne, ou fougiste, ou fougueuse, venant souffler un vent âcre mais roboratif, dans la capitale de l'esprit et des plaisirs que le monde entier nous envie.

27/4/09 9:46 PM  
Blogger philippe psy said...

Amandine ! Ne racontez pas n'importe quoi ! les 80's furent élégantes et jamais on n'y vit le moindre pantalon de velours côtelé ! Ou alors peut-être par chez vous si vous vivez à la campagne ? :)

@Marchenoir ! Si c'est fait à Foug, vous pouvez sautez dessus à talons joints ou soufflez dedans à vous en faire péter les poumons c'est du solide !

27/4/09 11:53 PM  
Blogger Marino said...

Ce n'est ni fouguienne, ni fougiste, ni fougueuse mais faouine l'adjectif qui convient à la ville de Foug ! Rectificatif d'une personne qui sait de quoi elle parle !

28/4/09 12:24 PM  

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