20 décembre, 2009

La fille d'à côté ... (2) Les faits

Gertrude Baneszwski

J'ai tenu à me documenter sur cet étrange fait divers. Cette affaire s'est déroulée en 1965, dans un quartier pauvre d'Indianapolis aux États-Unis. Elle est restée comme une des affaires criminelles les plus horrifiantes aux USA et le procès fut retentissant.

Gertrude Banizewski, femme de trente sept ans vieillie avant l'âge, mène un existence assez médiocre puisqu'elle élève seule ses sept enfants après avoir été abandonnée par son mari. Pourtant, rien ne laisse présager qu'elle va se transformer en bourreau durant l'été 1965. Ses revenus étant plus que modestes, Mrs Banizewski décide d'augmenter ses maigres ressources en prenant en pension les deux enfants d'un couple de forains, les Likens, pour l'été. Sylvia 16 ans et sa sœur infirme victime de la poliomyélite, Jenny âgée de 15 ans, emménagent donc chez Gertrude.

Les parents Likens devaient payer 20 dollars par semaine pour la pension de leurs deux filles mais ne prirent même pas la peine de visiter la maison, ni de s'enquérir de Gertrude, une parfaite inconnue. A l'origine de cette entente, il se trouve que les deux filles Likens et les filles Banizewski s'étaient liées amitié dans la rue.


L'histoire dit que durant la première semaine de leur séjour, les deux jeunes filles reçurent très peu de nourriture. Mais c'était le cas de toute la famille Banizewski, les repas consistant en biscuits, toasts et soupe en boîte.

Un jour, le chèque de Lester Likens n'arriva pas le mardi comme prévu. Gertrude traîna alors les deux jeunes filles dans la chambre du haut en leur criant : "Je me suis occupée de vous deux, espèces de garces, et tout ça pour rien !". Elle les frappa avec une planche mais le lendemain, l'argent arriva.

Au cours des semaines qui suivirent, l'étrange conduite de Gertrude ne cessa d'empirer pour atteindre des proportions effrayantes, jusqu'au point où elle ne put même plus supporter la vue des deux sœurs Likens. Sa rage sadique augmentait chaque jour, particulièrement envers Sylvia.

La malheureuse jeune fille n'y comprenait rien, mais elle obéissait. Chez elle déjà, elle était habituée aux coups et aux punitions exagérées. Elle était battue plusieurs fois par jour, avec une planche, parfois sur le dos, parfois à l'arrière de la tête, par Gertrude, Paula une de ses filles, parfois par les autres enfants Banizewski, sans jamais se rebeller.

Ces actes sordides se passaient non seulement en présence des enfants Banizewski et notamment de sa fille ainée Paula âgée de dix huit ans et de son fils John âgé de tseulement reize ans, mais aussi parfois d'une assemblée composée de quinze enfants du voisinage. Ainsi, un jour Gertrude brûla les doigts de Sylvia avec des allumettes et encouragea deux garçons du voisinage, Coy Hubbard et Ricky Hobbs âgés de seulement quinze ans, à éteindre leurs cigarettes sur la peau de Sylvia "pour lui donner une leçon". D'autres fois, ce sont les garçons qui s'entraînaient au judo sur Sylvia.

Mais la palme ne revient pas aux garçons puisque les filles Baniewski aussi, ainsi que les petites voisines, étaient encouragées à maltraiter Sylvia. Afin de la faire détester, Gertrude portait des accusations variées contre Sylvia : elle avait dit du mal de telle ou telle personne, elle avait volé, elle avait mangé en cachette, elle était malpropre....

Un jour que Sylvia avait admis avoir eu un petit ami en Californie, où elle avait résidé avec ses parents l'année d'avant, Gertrude se persuada que Sylvia était une prostituée et le fit savoir à tous les jeunes du quartier. A partir de ce moment là, elle garda Sylvia enfermée et attachée dans la cave de la maison, ne la délivrant que pour l'obliger à des actes dégradants devant les autres : danser nue et d'autres gestes encore plus révoltants tels que lui enfoncer une bouteille de coca-cola dans le vagin.

Gertrude entra alors dans une phase véritablement délirante qui se transforma peu à peu en une folie furieuse, jusqu'au jour où aidée de Ricky Hobbs, elle grava sur l'estomac de Sylvia les mots "Je suis une prostituée et j'en suis fière", au moyen d'une aiguille chauffée au rouge.

Sylvia était aussi, pendant ce temps, affamée, et Gertrude lui interdisait l'usage des toilettes. Ensuite, pour "nettoyer la sale fille", Sylvia était plongée dans des bains brûlants. Elle était régulièrement jetée en bas des escaliers de la cave. Les horribles tortures ne cessèrent que le soir du 2 octobre 1965 où Coy Hubbard lui administra une telle correction que celle-ci plongea dans l'inconscience. Sylvia Likens décéda d'une hémorragie cérébrale malgré les tentatives de Gertrude pour la réanimer au moyen de bouche à bouche.

Complètement paniquée, Gertrude appela la police et prétendit à l'officier Dixon que Sylvia était réapparue après des semaines d'absence, torse nu, dans le jardin, tenant à la main une lettre où elle s'accusait d'être "allée avec une bande de garçons en plein milieu de la nuit, les garçons ont eu ce qu'ils voulaient, puis ils m'ont mutilée et tatouée sur l'estomac". Le plus curieux est que la lettre était authentique, Sylvia ayant été forcée de l'écrire sous la menace, quelques jours avant sa mort.

Tous les enfants présents répétèrent l'histoire, comme des perroquets. Mais Jenny la petite sœur osa réagir et murmura à l'officier Dixon : "Je vous dirai tout si vous me sortez de là."

La vérité fut découverte au cours d'un procès qui fit sensation. D'abord condamnée à la prison à vie Gertrude fit appel et sa peine fut commuée à dix-huit ans de prison qu'elle effectua. Libérée sur parole en 1985 et mourut cinq après d'un cancer du poumon.

Gertrude Banizewski n'a jamais révélé les raisons de son comportement aberrant. Durant son procès elle se contenta de murmurer obstinément : "Je voulais lui donner une leçon."