La fille d'à côté ...
Le jeudi soir, c'est réglé comme du papier à musique. GCM passe me chercher au cabinet, on prend du Mc Do en route, on dine et enfin nous regardons un film naze généralement choisi parmi les pires comédies qui existent. Nous ne sommes vraiment pas difficiles puisque de Dumb and dumber jusqu'à La tour Montparnasse infernale en passant par Fou d'Irène et autres pitreries des frères Farelly, tout nous convient pourvu que cela soit bête et bien fait.
Jeudi dernier, n'ayant rien trouvé de convenable à la boutique vidéo près de mon cabinet, j'ai farfouillé du côté des films sérieux. Le film The girl next door a retenu mon attention. D'une part, j'aimais bien le titre et d'autre part Stefen King en faisant une bonne critique. En lisant la jaquette, j'avais compris que ce serait un film dérangeant mais pourquoi pas ? Après tout, on peut tenter de faire travailler nos neurones de temps à autre. Cette fois-ci, comme le sujet était sérieux, mon épouse est restée avec nous pour regarder le film.
Ce film retrace le calvaire enduré par deux adolescentes confiées à la garde de leur tante après le décès de leurs parents. Le sadisme et cruauté mentale qu'exerce cette femme sur ces deux enfants est sans limite et fait rarissime, elle y associe ses propres enfants. ainsi que d'autres gamins du quartier Disons-le de suite,malgré des acteurs qui jouent juste et un excellent casting, ce n'est pas un très bon film.
Sans doute parce que le scénariste a trop voulu coller au livre de Jack Ketchum tiré d'une histoire vraie. Sans être véritablement voyeur. Le sentiment de malaise est réel et à moins d'être un psychopathe, on ressent forcément la maltraitance endurée par la jeune Meg. Le film nous montre des scènes terribles sans qu'aucune explication ne soit véritablement fournie.
C'est d'ailleurs dans cette absence d'explication que réside le fait que le spectateur puisse mettre à distance le calvaire qu'il vient de regarder. L'individu non averti se dit que de tels sévices sont forcément grossis parce que, ... c'est du cinéma. C'est exactement ce que m'ont dit GCM et mon épouse.
Pour eux, tout ceci était totalement déréaliste. D'accord pour admettre qu'un enfant soit battu et même violé car des cas nous sont présentés par la presse. Mais admettre qu'une jeune fille soit ainsi torturée et ce, en présence de témoins et sur plusieurs mois ; cela dépassait leur entendement.
Manifestement leur logique sans faille aurait voulu que ces mauvais traitements s'arrêtent simplement parce qu'il y avait des témoins et que pour eux, faire de telles choses semble impossible sur une longue durée en présence de tiers. Il devrait forcément y avoir quelqu'un qui va à un moment ou un autre parler, se confier, aller voir la police, et faire en sorte que cela cesse.
Cette mauvaise analyse ne m'étonne pas. Cela me conforte simplement dans le fait que la psychologie est une discipline réelle dont les enseignements permettent de comprendre ce genre de chose et de ne pas s'en étonner. J'ai beau eu parler de certains cas que j'ai pu avoir, de femmes ou d'hommes dont les vies ont été brisées par une mère ou un père maltraitant au-delà de toute mesure, rien n'y a fait. Ce que je racontais était admis mais pas l'histoire présentée dans ce film. Ce qui choquait c'est qu'il y eut des témoins de ces scènes atroces, des gens qui ont su et n'ont rien dit. Dans tous les cas que j'ai eu à traiter, il y avait des témoins aussi. Ainsi dans les cas d'inceste, il y a souvent des mères qui savent mais ne disent rien. Ces mères ne sont pas folles pour autant.
Tandis que le quidam moyen tend à considérer qu'il ya les fous, ceux qui ont perdu le sens du réel, et les autres, les gens plutôt normaux, la psychologie enseigne que cette vision du monde est fausse et résulte plutôt d'un biais cognitif positif qui fait voir le monde meilleur qu'il n'est.
Les plus dangereux, à n'en pas douter ce ne sont pas les fous, les aliénés, les grands schizophrènes. Leurs comportements aberrants nous préviennent de toute manière que quelque chose ne va pas. Ainsi, si la schizophrénie n'est pas toujours facile à diagnostiquer, on se rappellera que le symptôme de discordance, cette bizarrerie que présentent la plupart des schizophrènes est le trait saillant permettant de les reconnaitre.
Entre ces grands malades mentaux et les gens normaux, se situent sans doute les plus dangereux des individus, ceux dont l'apparence comportementale leur permet de s'intégrer forcément parmi nous. Et ce sont sans doute ceux-là les plus nuisibles. C'est ce que présente ce film. Une femme, la tante de deux jeunes filles, une femme entre deux âges que rien ne distingue des autres, ou à peine, et qui se révèle comme un monstre terrible.
Le mal est d'une banalité affligeante. Les bourreaux les plus terribles n'ont ni de grandes dents ni les yeux rouges qui brillent dans la nuit. Non, les pires ce sont peut être votre voisin, votre collègue de bureau ou l'homme ou la femme avec qui vous vous apprêtez à vivre. Le mal est banal et on ne s'en souvient pas assez. Le mal quand il est suffisamment important peut même nous contaminer sans que nous y fassions attention. Chacun de nous a par exemple été un joru ou l'autre entrainé à se moquer d'une tête de turc. Ce n'est apparemment pas grand chose, sauf que c'est le début de mauvais traitements.
Sans doute qu'une des spécificités de notre formation professionnelle à nous les "psys", est de reconnaitre ce mal, même quand il se donne toutes les peines du monde pour se dissimuler derrière des oripeaux de pseudo-normalité.
Jeudi dernier, n'ayant rien trouvé de convenable à la boutique vidéo près de mon cabinet, j'ai farfouillé du côté des films sérieux. Le film The girl next door a retenu mon attention. D'une part, j'aimais bien le titre et d'autre part Stefen King en faisant une bonne critique. En lisant la jaquette, j'avais compris que ce serait un film dérangeant mais pourquoi pas ? Après tout, on peut tenter de faire travailler nos neurones de temps à autre. Cette fois-ci, comme le sujet était sérieux, mon épouse est restée avec nous pour regarder le film.
Ce film retrace le calvaire enduré par deux adolescentes confiées à la garde de leur tante après le décès de leurs parents. Le sadisme et cruauté mentale qu'exerce cette femme sur ces deux enfants est sans limite et fait rarissime, elle y associe ses propres enfants. ainsi que d'autres gamins du quartier Disons-le de suite,malgré des acteurs qui jouent juste et un excellent casting, ce n'est pas un très bon film.
Sans doute parce que le scénariste a trop voulu coller au livre de Jack Ketchum tiré d'une histoire vraie. Sans être véritablement voyeur. Le sentiment de malaise est réel et à moins d'être un psychopathe, on ressent forcément la maltraitance endurée par la jeune Meg. Le film nous montre des scènes terribles sans qu'aucune explication ne soit véritablement fournie.
C'est d'ailleurs dans cette absence d'explication que réside le fait que le spectateur puisse mettre à distance le calvaire qu'il vient de regarder. L'individu non averti se dit que de tels sévices sont forcément grossis parce que, ... c'est du cinéma. C'est exactement ce que m'ont dit GCM et mon épouse.
Pour eux, tout ceci était totalement déréaliste. D'accord pour admettre qu'un enfant soit battu et même violé car des cas nous sont présentés par la presse. Mais admettre qu'une jeune fille soit ainsi torturée et ce, en présence de témoins et sur plusieurs mois ; cela dépassait leur entendement.
Manifestement leur logique sans faille aurait voulu que ces mauvais traitements s'arrêtent simplement parce qu'il y avait des témoins et que pour eux, faire de telles choses semble impossible sur une longue durée en présence de tiers. Il devrait forcément y avoir quelqu'un qui va à un moment ou un autre parler, se confier, aller voir la police, et faire en sorte que cela cesse.
Cette mauvaise analyse ne m'étonne pas. Cela me conforte simplement dans le fait que la psychologie est une discipline réelle dont les enseignements permettent de comprendre ce genre de chose et de ne pas s'en étonner. J'ai beau eu parler de certains cas que j'ai pu avoir, de femmes ou d'hommes dont les vies ont été brisées par une mère ou un père maltraitant au-delà de toute mesure, rien n'y a fait. Ce que je racontais était admis mais pas l'histoire présentée dans ce film. Ce qui choquait c'est qu'il y eut des témoins de ces scènes atroces, des gens qui ont su et n'ont rien dit. Dans tous les cas que j'ai eu à traiter, il y avait des témoins aussi. Ainsi dans les cas d'inceste, il y a souvent des mères qui savent mais ne disent rien. Ces mères ne sont pas folles pour autant.
Tandis que le quidam moyen tend à considérer qu'il ya les fous, ceux qui ont perdu le sens du réel, et les autres, les gens plutôt normaux, la psychologie enseigne que cette vision du monde est fausse et résulte plutôt d'un biais cognitif positif qui fait voir le monde meilleur qu'il n'est.
Les plus dangereux, à n'en pas douter ce ne sont pas les fous, les aliénés, les grands schizophrènes. Leurs comportements aberrants nous préviennent de toute manière que quelque chose ne va pas. Ainsi, si la schizophrénie n'est pas toujours facile à diagnostiquer, on se rappellera que le symptôme de discordance, cette bizarrerie que présentent la plupart des schizophrènes est le trait saillant permettant de les reconnaitre.
Entre ces grands malades mentaux et les gens normaux, se situent sans doute les plus dangereux des individus, ceux dont l'apparence comportementale leur permet de s'intégrer forcément parmi nous. Et ce sont sans doute ceux-là les plus nuisibles. C'est ce que présente ce film. Une femme, la tante de deux jeunes filles, une femme entre deux âges que rien ne distingue des autres, ou à peine, et qui se révèle comme un monstre terrible.
Le mal est d'une banalité affligeante. Les bourreaux les plus terribles n'ont ni de grandes dents ni les yeux rouges qui brillent dans la nuit. Non, les pires ce sont peut être votre voisin, votre collègue de bureau ou l'homme ou la femme avec qui vous vous apprêtez à vivre. Le mal est banal et on ne s'en souvient pas assez. Le mal quand il est suffisamment important peut même nous contaminer sans que nous y fassions attention. Chacun de nous a par exemple été un joru ou l'autre entrainé à se moquer d'une tête de turc. Ce n'est apparemment pas grand chose, sauf que c'est le début de mauvais traitements.
Sans doute qu'une des spécificités de notre formation professionnelle à nous les "psys", est de reconnaitre ce mal, même quand il se donne toutes les peines du monde pour se dissimuler derrière des oripeaux de pseudo-normalité.
7 Comments:
"Chacun de nous a par exemple été un jour ou l'autre entrainé à se moquer d'une tête de turc."
C'est vrai. Je me rappelle d'une soirée chez un psy réputé ou tout le monde se moquait d'un grand type aux yeux cernés, mais je ne peux pas en dire plus sinon GCM va se vexer...
Je ne t'ai pas oublié gringeot, mais je n'ai toujours pas récupéré mon pc...
Et puis je ne vois pas trop comment je pourrais me vexer. Tant qu'on ne se moque pas de ma collection de Majorettes et de mon dégout pour la marque Matchbox, tout va bien.
Je suis surpris qu'il n'y ait aucun commentaire, alors que le sujet me semble d'un intérêt certain.
Concernant le film, on ne peut dire qu'il soit complètement à jeter à la poubelle, mais ce n'est pas vraiment un bon film. L'histoire, en revanche, a le mérite de soulever un grand nombre de questions et de débats.
J'aurais juste aimé qu'il colle plus à la réalité, pour qu'on puisse mieux comprendre la simplicité crasse des personnages, qu'on nous présente au travers de scènes surréalistes, dans une ambiance qui n'est pas vraiment crédible, et, à mon avis, très éloignée du quotidien de ces gens.
MATCHBOX? C'est de la balle!
;-)
Bonjour,
Je n'avais pas mis de commentaire le jour ou vous avez publié cet article parce qu'il me fallait dépasser l'effort de réactiver le compte Google... C'est fait ... J'ai été à la fois bouleversée par la justesse de votre billet et rassénérée de lire et donc d'espérer que quelques uns comme vous sachiez percevoir le mal sous une attitude souvent très avenante. Merci pour cet article.
Monsieur Psy est très sensible au larvatus prodeo.
C'est un peu le fil rouge qui court dans ses posts, la pulsation lointaine...
C'est bien on a lu Descartes ! Euh en quoi le "larvatus prodeo" figure-t-il dans cet article ?
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