Passer pour un(e) dingue Stalking - 2
Le stalking est une forme grave de harcèlement mêlant recherche d’intimité avec une victime et violation de sa vie privée. Le terme est emprunté à l’anglais to stalk (hanter, rôder), et désigne un comportement menaçant, initié par un individu dont l’objectif conscient ou inconscient est de contrôler sa victime à des fins de domination.
L’agression prend différentes formes : harcèlement moral, sexuel, économique, juridique, intrusion dans la vie privée et professionnelle, menaces explicites ou implicites, manipulations des tiers, calomnie et dans certains cas, homicide.
On ne peut que souligner le retard de la France dans la reconnaissance par le législateur de faits de harcèlement, contrairement aux pays anglo-saxons où, depuis près de vingt ans, le stalking est reconnu tant par les autorités judiciaires que les psychologues.
En France, en l’absence de preuves tangibles personne ne bougera. J'ai ainsi été confronté à des cas de stalking très inquiétants pour lesquels, porter plainte n'aurait servi à rien. Puisque le stalker en reste dans l'intention de nuire en exerçant une pression psychologique, cette dernière est souvent relativisée voire niée dans la mesure où elle n'apparait pas comme une violence en elle-même.
Je me souviens d'un cas que j'ai eu voici environ dix ans. La jeune femme âgée de vingt ans venue me consulter est en couple avec un vrai paranoïaque. Celle-ci croit que la force de son amour va suffire à changer son conjoint alors que les spécialistes reconnaissent que la paranoïa est difficilement curable et a plutôt tendance à augmenter. Sortant de ma réserve, je lui exprime mes craintes de manière claires. Elle-même admet qu'elle est à bout et décide de se séparer de son ami.
Ce dernier fait alors peser sur elle une pression terrible. Il va jusqu'à prendre un rendez-vous avec moi sous un faux nom. Lorsque je comprends à qui j'ai affaire, je lui demande de quitter les lieux. Il refuse, m'accuse de coucher avec ma patiente et me menace de représailles. On sait que la meilleure manière de triompher d'un paranoïaque est de lui faire plus peur qu'il ne vous fait peur. Je le menace donc à mon tour de le faire interner. Manifestement, c'est ce qu'il redoute. alors il part sans demander son reste.
J'appelle alors le médecin de ma patiente qui a aussi pour patient son conjoint. Je lui explique ce qui vient de se passer et lui dis que je redoute le pire pour notre patiente. La réponse du médecin est qu'il connait bien le conjoint et qu'il admet qu'il est stressé et a des problèmes d'alcool. Toutefois, il minimise totalement l'état de son patient, lequel aurait du faire l'objet d'une hospitalisation. La paranoïa, que l'on nommait avant la "folie raisonnante" est largement sous-diagnostiquée.
Recevant ma petite patiente quelques jours après, j'apprends que son ex-conjoint la harcèle au téléphone, qu'il l'attend à la sortie des cours, et autres techniques habituelles du stalking. Elle ne sait que faire et dans tous les cas, les agissements de l'ex ne sont pas répréhensibles pénalement. Elle et moi admettons que le potentiel de dangerosité de son ex est réel mais la justice, en l'absence de preuves flagrantes, ne bougera pas.
Le harcèlement prend fin par le plus grand des hasards. Tandis qu'il suit ma patiente en moto, l'ex s'en prend violemment à un cycliste qui a eu le malheur de lui couper la route. Une rixe s'ensuit au cours de laquelle, l'ex harceleur blesse grièvement le cycliste. Il est donc emmené par la police puis finira par être interné. Il aura donc fallu qu'un tiers soit une victime indirecte de ce stalker pour que ses menaces cessent et que son état soit enfin reconnu comme potentiellement dangereux.
En bref, en l'absence de coups et blessures, et donc de dommages objectifs, le stalking ne peut être valablement poursuivi. Notre pays pratiquant le droit positif ne peut pas poursuivre un individu sur une simple intentionnalité. Un psychiatre expert auprès de la Cour d'appel de Paris relate un discours policier fort répandu ces dernières années : « Les victimes qui percent les intentions criminelles des agresseurs, ont le plus grand mal à être reconnues, entendues. Elles passent régulièrement pour folles, menteuses, paranoïaques, à tort persécutées ».
Se plaindre des agissements d'un stalker, c'est prendre soi-même le risque d'être déclaré malade mentalement. D'ailleurs le stalker adroit compte aussi sur cela. N'oublions pas que le stalker est généralement un individu pratiquant le contrôle. Même à une époque où le stalking est pris en considération dans certains pays, il est malheureusement encore peu valorisé par la police du fait des difficultés, pour le plaignant, d’en fournir la preuve. L’hypothèse psychiatrique est valorisée dans bien des cas. En bref, quelle que soit la réalité, se plaindre d'être victime d'un stalker risque de vous faire passer pour un(e) dingue !
C'est sans doute une très bonne chose et je ne souhaite pas une évolution du droit tendant à victimiser tout un chacun et transformant chacun de nos actes en une agression potentielle. Ce n'est pas parce qu'un amoureux éconduit va appeler son ex durant une semaine dix fois par jour qu'il est nécessairement dangereux.
Je regrette simplement que la dangerosité potentielle des individus soit à ce point sous-évaluée. Certes prédire la dangerosité d'un individu n'est pas chose aisée bien qu'il existe des méthodes diagnostiques et même une échelle de prédiction assez bien faite (Echelle de Hare). Toutefois le risque est grand puisque ce "principe de précaution" prive un individu de sa liberté pour des faits qu'il n'a pas commis et ne commettra jamais. Ce principe de précaution est potentiellement liberticide. Quant à la volonté de transformer notre monde en "pays des bisounours", on en constate les dégâts chaque jour. La campagne récente sur les violences psychologiques au sein du couple est désastreuse et tend à confondre des comportements normaux avec des attitudes dangereuses. Ces grossières caricatures ne rendent pas compte de la complexité du stalking.
Toutefois, des pathologies telles que l'érotomanie, la paranoïa, la psychopathie ou encore la personnalité limite et leurs conséquences potentiellement dangereuses de passage à l'acte, sont de nos jours suffisamment bien circonscrites pour que leur diagnostic permette d'éviter la plupart des conséquences graves du stalking.
Cependant, tenter de prédire ce genre de risques suppose des moyens à mettre en œuvre sans doute bien trop important pour qu'une approche préventive soit utilement mise en place.
En conclusion, si vous êtes victime d'un stalker, sauf dans le cadre professionnel où la législation du travail a pris en compte ces conduites de harcèlement moral, débrouillez-vous ! Rappelons qu'il existe une chapelle Sainte-Rita (patronne des causes désespérées, 65 bd de Clichy dans le 9ème arrondissement) où vous pourrez tout de même aller brûler un cierge !
L’agression prend différentes formes : harcèlement moral, sexuel, économique, juridique, intrusion dans la vie privée et professionnelle, menaces explicites ou implicites, manipulations des tiers, calomnie et dans certains cas, homicide.
On ne peut que souligner le retard de la France dans la reconnaissance par le législateur de faits de harcèlement, contrairement aux pays anglo-saxons où, depuis près de vingt ans, le stalking est reconnu tant par les autorités judiciaires que les psychologues.
En France, en l’absence de preuves tangibles personne ne bougera. J'ai ainsi été confronté à des cas de stalking très inquiétants pour lesquels, porter plainte n'aurait servi à rien. Puisque le stalker en reste dans l'intention de nuire en exerçant une pression psychologique, cette dernière est souvent relativisée voire niée dans la mesure où elle n'apparait pas comme une violence en elle-même.
Je me souviens d'un cas que j'ai eu voici environ dix ans. La jeune femme âgée de vingt ans venue me consulter est en couple avec un vrai paranoïaque. Celle-ci croit que la force de son amour va suffire à changer son conjoint alors que les spécialistes reconnaissent que la paranoïa est difficilement curable et a plutôt tendance à augmenter. Sortant de ma réserve, je lui exprime mes craintes de manière claires. Elle-même admet qu'elle est à bout et décide de se séparer de son ami.
Ce dernier fait alors peser sur elle une pression terrible. Il va jusqu'à prendre un rendez-vous avec moi sous un faux nom. Lorsque je comprends à qui j'ai affaire, je lui demande de quitter les lieux. Il refuse, m'accuse de coucher avec ma patiente et me menace de représailles. On sait que la meilleure manière de triompher d'un paranoïaque est de lui faire plus peur qu'il ne vous fait peur. Je le menace donc à mon tour de le faire interner. Manifestement, c'est ce qu'il redoute. alors il part sans demander son reste.
J'appelle alors le médecin de ma patiente qui a aussi pour patient son conjoint. Je lui explique ce qui vient de se passer et lui dis que je redoute le pire pour notre patiente. La réponse du médecin est qu'il connait bien le conjoint et qu'il admet qu'il est stressé et a des problèmes d'alcool. Toutefois, il minimise totalement l'état de son patient, lequel aurait du faire l'objet d'une hospitalisation. La paranoïa, que l'on nommait avant la "folie raisonnante" est largement sous-diagnostiquée.
Recevant ma petite patiente quelques jours après, j'apprends que son ex-conjoint la harcèle au téléphone, qu'il l'attend à la sortie des cours, et autres techniques habituelles du stalking. Elle ne sait que faire et dans tous les cas, les agissements de l'ex ne sont pas répréhensibles pénalement. Elle et moi admettons que le potentiel de dangerosité de son ex est réel mais la justice, en l'absence de preuves flagrantes, ne bougera pas.
Le harcèlement prend fin par le plus grand des hasards. Tandis qu'il suit ma patiente en moto, l'ex s'en prend violemment à un cycliste qui a eu le malheur de lui couper la route. Une rixe s'ensuit au cours de laquelle, l'ex harceleur blesse grièvement le cycliste. Il est donc emmené par la police puis finira par être interné. Il aura donc fallu qu'un tiers soit une victime indirecte de ce stalker pour que ses menaces cessent et que son état soit enfin reconnu comme potentiellement dangereux.
En bref, en l'absence de coups et blessures, et donc de dommages objectifs, le stalking ne peut être valablement poursuivi. Notre pays pratiquant le droit positif ne peut pas poursuivre un individu sur une simple intentionnalité. Un psychiatre expert auprès de la Cour d'appel de Paris relate un discours policier fort répandu ces dernières années : « Les victimes qui percent les intentions criminelles des agresseurs, ont le plus grand mal à être reconnues, entendues. Elles passent régulièrement pour folles, menteuses, paranoïaques, à tort persécutées ».
Se plaindre des agissements d'un stalker, c'est prendre soi-même le risque d'être déclaré malade mentalement. D'ailleurs le stalker adroit compte aussi sur cela. N'oublions pas que le stalker est généralement un individu pratiquant le contrôle. Même à une époque où le stalking est pris en considération dans certains pays, il est malheureusement encore peu valorisé par la police du fait des difficultés, pour le plaignant, d’en fournir la preuve. L’hypothèse psychiatrique est valorisée dans bien des cas. En bref, quelle que soit la réalité, se plaindre d'être victime d'un stalker risque de vous faire passer pour un(e) dingue !
C'est sans doute une très bonne chose et je ne souhaite pas une évolution du droit tendant à victimiser tout un chacun et transformant chacun de nos actes en une agression potentielle. Ce n'est pas parce qu'un amoureux éconduit va appeler son ex durant une semaine dix fois par jour qu'il est nécessairement dangereux.
Je regrette simplement que la dangerosité potentielle des individus soit à ce point sous-évaluée. Certes prédire la dangerosité d'un individu n'est pas chose aisée bien qu'il existe des méthodes diagnostiques et même une échelle de prédiction assez bien faite (Echelle de Hare). Toutefois le risque est grand puisque ce "principe de précaution" prive un individu de sa liberté pour des faits qu'il n'a pas commis et ne commettra jamais. Ce principe de précaution est potentiellement liberticide. Quant à la volonté de transformer notre monde en "pays des bisounours", on en constate les dégâts chaque jour. La campagne récente sur les violences psychologiques au sein du couple est désastreuse et tend à confondre des comportements normaux avec des attitudes dangereuses. Ces grossières caricatures ne rendent pas compte de la complexité du stalking.
Toutefois, des pathologies telles que l'érotomanie, la paranoïa, la psychopathie ou encore la personnalité limite et leurs conséquences potentiellement dangereuses de passage à l'acte, sont de nos jours suffisamment bien circonscrites pour que leur diagnostic permette d'éviter la plupart des conséquences graves du stalking.
Cependant, tenter de prédire ce genre de risques suppose des moyens à mettre en œuvre sans doute bien trop important pour qu'une approche préventive soit utilement mise en place.
En conclusion, si vous êtes victime d'un stalker, sauf dans le cadre professionnel où la législation du travail a pris en compte ces conduites de harcèlement moral, débrouillez-vous ! Rappelons qu'il existe une chapelle Sainte-Rita (patronne des causes désespérées, 65 bd de Clichy dans le 9ème arrondissement) où vous pourrez tout de même aller brûler un cierge !
6 Comments:
Merci très intéressant.
Je vous souhaite une excellente nouvelle année et merci de continuer à nous intéresser et nous amuser pour 2010
Bonjour,
J'aimerais vous contacter pour parler du phénomène du stalking, dans le cadre d'une enquête journalistique.
Comment puis-je vous contacter?
Merci!
AB
C'est simple :
PA6712@yahoo.fr
Voilà :)
Bonjour,
Mon ex compagnon avec qui j'ai été pendant 3 ans et demi est paranoïaque. Je n'en n'ai pas pris conscience pendant la première année.
Il suffisait d'un chouchou dans ma salle de bain de couleur mauve ou d'un radiateur allumé dans ma chambre pour qu'il ne trouve pas cela logique et qu'il m'accuse d'avoir un amant et de le tromper.
Je l'ai quitté il y a 4 mois et ne l'ai pas revu depuis. Mais il vient de m'envoyer il y a quelque jour ' une déclaration d'amour' 'malgré son égo et l'humiliation qu'il a subit' comme il dit puisqu'il est persuadé que je l'avais trompé alors qu'il n'en est rien.
Il m'a envoyé un fichier audio qui d'après lui constitue une preuve qu'il n'est pas fou et que je l'ai trompé alors qu'il s'agit d'un. Enregistrement inaudible... De mon téléphone portable vers le sien qui avait été mal raccroché. On entend un train, et une bride de conversation d'un garçon et je crois que c'est sa propre voix... Lorsque nous étions ensembles...
Puis 2 jours après, comme je n'ai pas répondu, une menace par email 'je ne te laisserai pas détruire d'autres âmes' puisqu'il s'estime victime....
Il a fait une enquête sur mes sorties depuis que nous sommes séparés et a écris 2 fois à mon nouveau compagnon avec qui je suis depuis 2 mois. Il cherche donc à rentrer en communication avec lui pour nuire à ma réputation et lui raconter ses délires et le prévenir sur moi comme quoi il est une victime et que je suis 'u e destructrice d'âme' et une manipulatrice, menteuse qui a des amants etc
J'ai prévenu mon nouveau compagnon, et j'ai envoyé 'sa preuve comme quoi il n'était pas fou' selon lui et son interprétation délirante à 2 personnes de ma famille afin de ne pas être la seule à les détenir au cas où il se passerait quelque chose.
Il s'est disputé avec chaque membre de sa famille et je l'ai déjà entendu souhaiter la mort à sa mère, son père, son frère, alors sa mère m'a parue très gentille.
Il m'a déjà fait disparaître mon site internet professionnel de mon travail et j'ai déjà déposé une main courante il y a deux mois en l'informant pour de ne pas nuire contre moi par internet car il est très fort en informatique.
Que me conseillez-vous ?
Que conseillez-vous à mon compagnon ?
Nous avons choisi de ne pas répondre pour l'instant.
Mais il risque de venir jusqu'à chez lui et de contacter tous ses amis Facebook pour nuir à ma réputation et à la sienne.
Pensez-vous qu'il puisse être dangereux ?
Merci de vos conseils.
Bonjour,
Mon ex compagnon avec qui j'ai été pendant 3 ans et demi est paranoïaque. Je n'en n'ai pas pris conscience pendant la première année.
Il suffisait d'un chouchou dans ma salle de bain de couleur mauve ou d'un radiateur allumé dans ma chambre pour qu'il ne trouve pas cela logique et qu'il m'accuse d'avoir un amant et de le tromper.
Je l'ai quitté il y a 4 mois et ne l'ai pas revu depuis. Mais il vient de m'envoyer il y a quelque jour ' une déclaration d'amour' 'malgré son égo et l'humiliation qu'il a subit' comme il dit puisqu'il est persuadé que je l'avais trompé alors qu'il n'en est rien.
Il m'a envoyé un fichier audio qui d'après lui constitue une preuve qu'il n'est pas fou et que je l'ai trompé alors qu'il s'agit d'un. Enregistrement inaudible... De mon téléphone portable vers le sien qui avait été mal raccroché. On entend un train, et une bride de conversation d'un garçon et je crois que c'est sa propre voix... Lorsque nous étions ensembles...
Puis 2 jours après, comme je n'ai pas répondu, une menace par email 'je ne te laisserai pas détruire d'autres âmes' puisqu'il s'estime victime....
Il a fait une enquête sur mes sorties depuis que nous sommes séparés et a écris 2 fois à mon nouveau compagnon avec qui je suis depuis 2 mois. Il cherche donc à rentrer en communication avec lui pour nuire à ma réputation et lui raconter ses délires et le prévenir sur moi comme quoi il est une victime et que je suis 'u e destructrice d'âme' et une manipulatrice, menteuse qui a des amants etc
J'ai prévenu mon nouveau compagnon, et j'ai envoyé 'sa preuve comme quoi il n'était pas fou' selon lui et son interprétation délirante à 2 personnes de ma famille afin de ne pas être la seule à les détenir au cas où il se passerait quelque chose.
Il s'est disputé avec chaque membre de sa famille et je l'ai déjà entendu souhaiter la mort à sa mère, son père, son frère, alors sa mère m'a parue très gentille.
Il m'a déjà fait disparaître mon site internet professionnel de mon travail et j'ai déjà déposé une main courante il y a deux mois en l'informant pour de ne pas nuire contre moi par internet car il est très fort en informatique.
Que me conseillez-vous ?
Que conseillez-vous à mon compagnon ?
Nous avons choisi de ne pas répondre pour l'instant.
Mais il risque de venir jusqu'à chez lui et de contacter tous ses amis Facebook pour nuir à ma réputation et à la sienne.
Pensez-vous qu'il puisse être dangereux ?
Merci de vos conseils.
Etant victime, si cela vous interesse je peux apporter mon temoignage, de preference en live !
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