20 décembre, 2009

La fille d'à côté ... (3) Le silence


En lisant de telles horreurs, on se demande comment Sylvia a-t-elle pu endurer de tels sévices alors qu'il y avait des témoins. Comment personne, et notamment les adultes n'ont pas été avertis de ce qui se passait juste à côté de chez eux !

Gertrude forçait Sylvia à écrire des lettres à ses parents pour s'accuser de tous les péchés, mais les filles de toutes façons n'avaient pas l'adresse de leurs parents, forains itinérants. Là encore, dans leur détresse et leur naïveté, pensaient-elles que Gertrude était toute puissante? Et Gertrude dans sa stupidité pensait que ce serait un bon alibi à montrer à la police? Personne ne le sait.

Mais le pire, est que durant les 4 mois du calvaire de Sylvia, ses parents sont passés par Indianapolis, et sont allés voir leurs filles. Pas une seule fois elles ne se sont plaintes des mauvais traitements hormis le fait qu'elles avaient faim et qu'elle voulaient aller manger un hamburger.

Une fois, Jenny a rencontré leur sœur aînée Diana âgée de 18 ans dans un parc, elle lui a dit que Sylvia était maltraitée. La conclusion de Diana, c'est que Sylvia méritait sûrement d'être punie. Elle s'est quand même donné la peine d'aller voir Gertrude, qui ne l'a pas laissée entrer, et Diana n'a pas insisté.

Une fois, une assistante sociale est même venue, à la suite d'une dénonciation anonyme expliquant que dans cette maison, il y avait une enfant avec des plaies ouvertes. Gertrude lui a simplement dit que Sylvia s'était enfuie de la maison et l'assistante sociale a classé l'affaire.

Le pasteur de la paroisse est lui-même venu plusieurs fois. Gertrude lui a dit que Sylvia était partie et se prostituait, tout ce qu'il a répondu c'est "prions" mais n'a pas cherché plus loin.

La voisine d'à côté, Mrs Vermilion, est venue plusieurs fois. Elle a même été témoin de Paula frappant Sylvia à coup de ceinture, lui jetant un verre d'eau brûlante au visage, et elle n'a rien dit ni rien fait. Elle expliqua au procès qu'elle avait pensé que sa pauvre voisine était une femme bien à plaindre, seule avec tous ces enfants et qu'il était parfois normal de "déraper".

Quant aux témoins directs, ces enfants, ceux de Gertrude Baniszewski et ces quinze enfants du voisinage qui assistèrent régulièrement aux séances de tortures et e viol de Sylvia Likens, aucun ne parla jamais.

On voit bien que du fait de phénomènes tant psychologiques que sociétaux, un drame aussi atroce put se dérouler durant des mois sans que personne ne parvienne à la faire cesser.

Gertrude Baniszewski n'avait pas la tête d'un monstre, c'était juste une femme à problèmes. Les enfants étaient sous sa domination. Quant aux adultes qui auraient pu faire cesser cela, certains se signalèrent par une rare incompétence tels ce pasteur et cette assistante sociale, tandis que d'autres minimisèrent les faits, afin de mieux se concentrer sur leurs propres problèmes.

Le mal est assez banal. Pour des motifs que j'exposerai dans mon article suivant, Sylvia Likens était condamnée à mort dès qu'elle mit le pied chez Gertrude.