24 février, 2010

Putain de pays de m.... !

Positivons : souvenons nous que les vrais problèmes sont à Haïti !

Cet après-midi ces cons de l'URSSAF se décident à me téléphoner. J'ai le droit à l'employée lambda, aussi concernée par mon cas que je ne le suis par l'avenir de l'union entre la Koriakie et le Kamchatka. En l'écoutant me parler, je me dis que moi aussi j'aimerais bien avoir un super taf tranquille, où je ne serais responsable de rien, ou je pourrais rester évasif, mal aimable et montrer à l'interlocuteur qui me fait vivre que je n'en ai rien à branler de ses problèmes. Mais pour mener une vie pareille en France, il faut soit être fonctionnaire planqué dans un bureau ou bosser dans un machin para-étatique ou être élu, ce que je ne suis pas.

Tout commençait bien pourtant. Mais à un moment de l'entretien, cette brave dame m'explique que non, en fait mon cas n'est pas éligible parce que je suis par ailleurs gérant de SARL. Je lui explique qu'aucun texte ne mentionne ce qu'elle dit. Cette gourde s'obstine à me dire qu'elle n'a pas envie de rentrer dans un débat parce qu'elle sait ce qu'il y a sur son papier. Je trouve admirable que l'URSSAF vous explique à quelle sauce vous allez être mangé en prenant pour base un "papier". C'est vrai que face à l'amoncellement et l'inflation de législations, les lois sont devenues ce qu'étaient les marks de la république de Weimar ou les dollars Zimbabwéens : du papier sans importance.

Comme je sens que je vais devenir très désagréable et que cela ne ferait qu'aggraver mon cas, je me calme avant de raccrocher. Malgré la présence d'une petite patiente en face de moi, je crois qu'un "quelle bande de cons à l'URSSAF" m'échappe. Ma chère patiente m'explique alors qu'en France, on n'a pas à se plaindre comparativement à l'Afrique. Elle m'énumère ensuite tous les bienfaits du modèle social que le monde nous envie : sécurité sociale, écoles très bien et gratuites, des routes, etc. Elle estime donc que je n'ai pas à me plaindre.

Comme j'aime bien cette patiente et que de plus, je ne suis pas là pour discuter politique mais pour faire une thérapie, je m'abstiens de lui répondre. Pourtant, j'aurais aimé lui dire que jusqu'à présent j'avais l'impression de vivre au sein d'une des premières puissances mondiales que j'aurais préféré voir comparer à des pays occidentaux comparables et non à l'Afrique. Car force est de constater qu'à côté de l'Afrique, continent de misère, tous les pays semblent être de riants paradis dans lesquels il fait bon vivre. Comme disait feu ma mère quand je ramenais une note désastreuse en lui expliquant que Machin en avait encore une moins bonne : "ne te compare aux pires mais aux meilleurs".

Enfin, j'aurais poursuivi que nonobstant tous les services que le fabuleux modèle social à la française m'offre, il est aussi bon d'évaluer le rapport coût / prestation. Parce qu'il me semble que bon nombre de ces services rendus, dont je n'ai pas demandé la plupart, sont médiocres et proposés à un coût exorbitant. J'aurais aussi glissé que la notion de gratuité était fallacieuse car rien n'était jamais offert mais soit financé par avance ou bien par d'autres. L'idée d'une école laïque, obligatoire et gratuite est erronée. Que je sache, les gens de l'éducation nationale sont payés. De plus il me semble que l'obligation d'inscrire son enfant dans une école choisie par l'état n'est pas une liberté mais une forme de servitude. C'est ainsi que des parents non contents du niveau calamiteux de certains établissements publics sont obligés de payer une seconde inscription dans un établissement privé à leur rejeton alors même qu'une partie de leur impôt finance la première. J'aurais pu aussi parler du système de santé public déliquescent. Si l'on rajoute à ce tableau, l'impéritie de la plupart des élus et les libertés individuelles qui se rétrécissent comme peau de chagrin, l'horizon devient bien sombre.

Bref, à moins d'avoir vécu dans des conditions effroyables, auquel cas le riant paradis soviétique qu'est devenu la France peut être perçu comme étant un paradis, je ne vois pas ce qui dans mon pays serait à même de me réjouir. C'est vrai que si je me prenais quinze jours de vacances à Port-au-Prince, en mendiant ma pitance au cul des camions de l'ONU, je serais peut-être ravi de vivre à Paris en 2010.

La raison nous recommande certes donc de ne jamais nous comparer aux pires mais aux meilleurs pour tenter de nous améliorer. Mais effectivement, peut être que dans sa candeur ma petite patiente avait raison : C'est mieux que si c'était pire.

C'est avec cette rassérénante pensée que je me coucherai ce soir. Tout est bien dans le meilleur des mondes me dirai-je comme Pangloss l'expliqua jadis à Candide. Il n'empêche que cela ne me calme toujours pas parce que je reste persuadé qu'on me prend pour un con.

9 Comments:

Blogger Unknown said...

Pas moi.

25/2/10 12:30 PM  
Blogger BLOmiG said...

Les discussion avec l'URSS-AF sont toujours assez hallucinante. J'avais monté une boite avec mon frangin un copain et ma femme il y a quelques années : chaque co-gérant avait un interlocuteur différent à l'URSSAF. pratique, non ?

à propos de "machin para-étatique", tu as fait suivre la première pétition LHC : http://www.pro-petition.com/reseau-lhc/suppression-de-la-halde

supprimer la HALDE, c'est un bon début, non ?

25/2/10 1:57 PM  
Blogger El Gringo said...

C'est vrai que ça remonte le moral de se dire que ça pourrait être pire...
Tiens, moi par exemple, je pourrais être chauve!

25/2/10 10:18 PM  
Anonymous Anonyme said...

excellent, mais tu le sais, ça fait quand même plaisir de l'écrire. Thanks to be back !

25/2/10 10:58 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

14/3/10 8:56 PM  
Blogger philippe psy said...

Ah chère petite Boudeuse, comme vous parlez d'or en me livrant vos réflexions sur cette Afrique de conte de fées :)
Le problème, c'est que l'africain est comme vous ou moi. Dès qu'il sait que l'eau courante, la télévision et la voiture existent, il n'a de cesse que de vouloir les posséder. De la même manière, la médecine occidentale et ses succès le tente aussi car comme vous ou moi, il n'a pas envie de crever jeune d'une simple appendicite. Face à tous ces progrès l'Afrique de rêve dont vous parlez n'existe pas. C'est un peu comme si vous m'opposiez les discussions d'antan au lavoir de chez nous et la machine à laver :)
Le mythe du bon sauvage a du plomb dans l'aile vous savez :) Vous devriez évoluer :)

15/3/10 2:37 AM  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

15/3/10 7:37 AM  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

5/4/10 4:10 PM  
Blogger Élie said...

Grâce à l'URSSAF, nous avons perdu il y a quelques années le seul généraliste de notre quartier, super qui plus est, à l'écoute sans être complaisant, mesuré dans ses prescriptions et ses ordonnances. Il est arrivé qu'à un moment ses comptes n'étaient plus à jour. On lui a interdit d'exercer pour raisons administratives, et l'URSSAF lui a réclamé des sommes faramineuses. On a fait circuler une pétition, on a demandé son retour, certains sont allés plaider son cas devant le maire, ses collègues de la commune ont essayé d'intervenir. Rien à faire. Tous comptes faits et après plusieurs années, il s'est avéré que c'est l'URSSAF qu lui devait des sous, beaucoup de sous. Il a trouvé autre chose à faire entre-temps, et ne compte pas se remettre à son compte. Et il n'y a toujours pas de généraliste dans notre quartier.

Sinon, ma gynécologue m'avait appris que dans sa profession, il y avait non pas 3, mais quelque chose comme 60 jours de carence (je ne sais plus exactement).

Bon courage à tous les libéraux, qui nous rendent un service public !

4/6/18 9:20 AM  

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