15 janvier, 2011

Célébration de la cybercombattante !


Je regardais benoitement la chute du régime du président Ben Ali en Tunisie sur Itélé. Ne suivant que rarement l'actualité, j'avoue que je ne m'attendais pas à un tel revirement de situation. 

L'émission spéciale est amusante puisqu'en même temps que l'on nous présente les mêmes vidéos qui tournent en boucle, on peut aussi écouter en direct des intervenants tunisiens nous parler des événements. L'une des intervenant, une jeune femme très occidentalisée malgré son léger accent, a retenu mon attention. Sous son nom que je n'ai pas retenu, figure la mention cyberactiviste. Elle présente bien, c'est une femme, et en plus elle utilise Facebook et Twitter alors manifestement les journalistes l'aiment bien. C'est une bonne rebelle aseptisée, de ceux qui font la révolution sur internet, à l'endroit où l'on ne risque évidemment pas les mauvais coups.

La journaliste lui a demandé si le net avait été un facteur important ayant amené la fuite du président tunisien. Et cette jeune femme d'expliquer avec une assurance étonnante que le fait d'être invitée là sur ce plateau prouvait qu'elle était quelqu'un d'important et que son action sur les "médias sociaux" avait été cruciale. 

J'ai été extrêmement choqué que personne ne relève l'outrecuidance de cette abrutie en se souvenant qu'il y avait tout de même eu cent morts parce que des combats avait avant tout eu lieu dans les rues.  Ainsi, nul n'a plus songé non plus à ce pauvre type qui s'est immolé par le feu tandis que l'état lui avait confisqué son étal de fruits et légumes, son seul moyen de subsistance. Non, les feux étaient braqués sur cette gamine insolente et arrogante qui va bientôt nous expliquer que sans elle et sa connection internet, le régime n'aurait pas basculé. 

Nul ne constate que son absence d'humilité en dit long sur ses qualités humaines. Et la voici partie dans des imprécations, on va voir ce qu'on va voir, du premier ministre encore en place, en passant par je ne sais quel ambassadeur, et puis aussi par la France, tout le monde va en prendre pour son matricule. Le pire c'est que personne ne parvient à la faire taire et que personne ne constate que sous ses abords policés, cette petite peste a tout d'une future dictatrice en jupons. Donnez lui une once de pouvoir et les têtes tomberont.

C'est sidérant de voir comme les journalistes, caste qui ne prend aucun risque s'il en est, parvient à minimiser le sacrifice des uns pour mettre en valeur les faux exploits de certains autres. Peut-être que cela leur donne bonne conscience en imaginant que leurs petits doigts sur le clavier suffit à faire changer la face du monde ? 

Nous sommes à une époque où ces crétins célèbreraient uniquement leurs confrères de Radio-Londres tout en faisant l'impasse totale sur les résistants morts en déportation ou les boys venus mourir sur les plages normandes. La révolution est devenue un truc doux et tranquille qui se fait sans effusion de sang uniquement sur les réseaux sociaux.

5 Comments:

Blogger El Gringo said...

Ah bon, Ben Ali est tombé?
Faudrait que j'me rachète une télé...

15/1/11 12:25 PM  
Blogger H. said...

Bonjour,

C'est vraiment un délice de vous lire (et en plus, c'est le plus souvent drôle). Je viens de découvrir vos derniers posts: excellent!
Je met en lien le dernier envoi du Pélicaste jouisseur surtout pour la vidéo qui le termine et la tête de Luchini (je ne pense pas que la dame ait compris à quel point elle était c...): http://lepelicastrejouisseur.wordpress.com/2011/01/14/compilation-misogyne/
Elle aussi semble avoir besoin de vos services.

Bon week-end

PS: un certain GdC (Gauche de Combat) sévit chez H16. Je serai intéressé de connaître l'avis de praticien que vous êtes sur sa pathologie (http://h16free.com/2011/01/10/6418-edgar-morin-ses-nuits-sont-eteintes-ses-jours-aussi). Merci d'avance.

15/1/11 1:58 PM  
Blogger Lucie Trier said...

Voilà une bonne représentation des effets de la galanterie, et des raisons pour lesquelles je ne l'aime pas.

15/1/11 3:28 PM  
Blogger Unknown said...

J'ai 22 ans, je suis une lectrice assidûe de votre blog, et accessoirement étudiante en école de journalisme. S'il est vrai que certains journalistes ne font pas leur travail avec le professionnalisme et l'éthique que cette profession requiert, je reste malgré tout souvent déçue par certains de vos articles, qui dénoncent un peu trop facilement les "journaleux", comme vous aimez à les appeler. Certes, je me répète, c'est parfois justifié, mais lorsque ces attaques deviennent systématiques, il est permis de remettre en cause leur bien-fondé, surtout lorsqu'elles s'inscrivent dans un discours populiste qui veut que "taper sur les journalistes, c'est dans l'air du temps".

Au delà de ce point de détail, je trouve votre blog extrêmement intéressant, il figure au premier rang de la liste de mes sites favoris ; vous avez réussi la prouesse de ma réconcilier (un peu...) avec les psys que des médecins hospitaliers m'ont forcée à consulter en nombre il y a quelques années, mais je souhaitais, malgré tout le respect que je porte à votre blog, souligner la persistance de certains lieux communs à la lecture de quelques un de vos articles... Le journaliste est souvent un bouc-émissaire idéal, mais sans eux, certains aspects de l'affaire Bettencourt par exemple n'auraient jamais été mis en lumière. Il n'en reste donc pas moins que leur activité demeure l'un des piliers d'une vraie pratique démocratique ; les récents évènements tunisiens ont d'ailleurs montré à quel point une presse muselée et sans contre-pouvoir était néfaste à toute une population... Non, les journalistes ne sont pas tous inféodés au pouvoir, non ils ne restent pas tous derrière leur bureau, beaucoup sont passionnés par le terrain et guidés par une vision noble de leur métier (pas de sensationnalisme dans l'information, recoupement des sources, distanciation vis à vis d'elles). Personnellement c'est cette image de la profession qui m'a poussée à choisir cette voie.
Bonne continuation et au plaisir de lire vos prochains articles !

20/1/11 12:41 AM  
Blogger philippe psy said...

Ma chère Clara mes propos ne vous sont pas adressés. Le jour où vous connaitrez les journalistes, peut-être penserez vous la même chose que moi. De plus je vous conseille de choisir une autre voie ou c'est le chômage qui vous guette.

20/1/11 2:48 PM  

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