21 janvier, 2011

Un capricorne nous a quitté.


"Je n'ai jamais été heureux mais j'ai toujours été gai"

N'écoutant jamais les infos, ce n'est que tardivement que j'ai appris le décès de Jean Dutourd survenu le dix-sept janvier dernier. Aujourd'hui à dix heures piles, ses obséques auront lieu en l'Eglise de Saint-Germain à Paris.
 
Pour beaucoup, cet écrivain restera une sorte de type tout à fait paradoxal, aussi cultivé qu'empreint d'un esprit franchouillard qui l'aura sans doute empêché d'être célébré à sa juste valeur.

Pour moi, c'était avant un tout un homme doté d'une culture et d'une mémoire prodigieuses, capable d'aligner les citations en rafales, mais aussi doté d'un humour corrosif comme seuls savent le pratiquer les capricornes. Ceux que Saturne rend tellement lucides qu'ils savent que tout est vain et que c'est justement pour cela qu'il faut rire de tout. Jean Dutourd savait donc masquer sa gravité derrière une sympathie de bon aloi ce qui lui fit dire : "je n'ai jamais été heureux mais j'ai toujours été gai".

Capable de mélanger les genres de manière inhabituelle en étant un jour à l'Académie le française et un autre aux Grosses têtes, de se présenter à des  élections tout en se revendiquant monarchiste, une manière de vivre, il aura vécu en dandy d'une manière que bien peu pourraient pratiquer de peur de perdre leur statut d'intellectuel ou pire de "penseur". Dutourd aura été à la littérature ce qu'un cabinet de curiosités est aux musées actuels, un endroit où l'on trouvait de tout.

Fabuleux auteur trop peu connu, j'ai souvent recommandé certains  de ses ouvrages à mes plus jeunes patients parce qu'il avait su, mieux que quiconque, parler de lui et expliquer combien ses débuts dans la vie avaient été difficiles, sans fard,  mais avec simplicité, humour, réserve et sensibilité comme Sénèque , un autre capricorne célèbre, le fit dans Les lettres à Lucillius voici deux-mille ans. 

Alors pour tous ceux qui ne les ont pas encore lus, ruez-vous sur Le complexe de César, Le demi-solde et bien sur L'âme sensible. Enfin, en bon capricorne né vieux, il détestait les jeunes !


"Le destin déplorable des jeunes dans le vent est de finir dans la peau de vieillards enrhumés"

"A la jeunesse : j'écris pour des gens qui auront vingt ans quand vous serez de vieux cons"




3 Comments:

Blogger L said...

Toujours pas de commentaire ? Bon je me dévoue. L'annonce de son décès est tombée quelques heures après que vous me l'ayez recommandé, c'était plutôt surprenant de tomber sur cette nouvelle au moment de ma recherche. En lisant le parcours du Monsieur en plus de votre description, j'ai compris très vite que ça allait me plaire. Vous avez probablement raison, notre époque est trop sérieuse pour lui accorder l'attention qu'il mérite.

Merci pour vos recommandations, je regrette déjà de ne pas l'avoir lu plus tôt.

25/1/11 4:21 AM  
Blogger Caroline said...

Il semblerait qu'un autre capricorne nous ait quitté également ?

31/1/11 12:01 PM  
Blogger Caroline said...

Allez vous partir en retraite comme Christophe André ? Pourtant si je pense qu'il a du percevoir une limite à cette science l'obligeant à abandonner son blog, vous je crois qu'en invoquant Sénèque vous êtes son parfait contraire.

En janvier c'est l'hécatombe des psys ?

31/1/11 10:53 PM  

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