29 mai, 2011

Un homme aussi intelligent !

 John Wayne Gacy un bon petit gars intelligent et bien intégré dans sa communauté !

Samedi dernier, j'étais en terrasse à Sceaux et mon épouse est partie faire quelques courses, me laissant fort dépourvu puisque je n'avais rien à lire ! La lecture c'est ma drogue, où que je sois il me faut mon livre. Alors comme le café où j'étais proposais des journaux, j'ai décidé d'en acheter un. J'avais le choix entre le Parisien, que je lis gratuitement à Paris, ou encore le Monde que je ne lis jamais. J'ai donc porté mon dévolu sur ce dernier, me disant qu'en plus, à défaut de le lire entièrement et surtout de l'apprécier, cela me parerait d'une allure d'intello totalement inédite !

Mon voisin de gauche lisant le même journal, c'est tout naturellement que voyant sans doute en moi un coreligionnaire, un homme de bon goût, un type à qui on le raconte pas mais qui réfléchit comme le prouve sa lecture (le Monde), me dit d'un air entendu et d'un ton un peu ampoulé qu'il était persuadé que DSK ne pouvait avoir commis ce qu'on lui reprochait parce "qu'il était bien trop intelligent" pour commettre ce genre de choses "surtout en période électorale".

 Et là, il me regarda avec un sourire entendu, s'attendant à ce qu'en tant que lecteur du Monde, j'opine vigoureusement du chef afin de souligner combien sa réflexion me paraissait aussi intelligente que frappée au coin du bon sens !

Je lui rétorquais que ne connaissant pas DSK, je serais bien en peine de me prononcer sur la véracité des faits mais qu'à ma connaissance, il n'y avait aucun lien entre l'intelligence et le viol. Que s'il y avait bien une capacité largement répartie, au-delà de toute classe sociale et de niveau intellectuel, c'était celle de violer. Fort heureusement, ma réponse le laissa perplexe et il ne trouva rien à répondre.

Dans les faits, bien que ne m'estimant pas spécialiste du sujet, on peut tout de même imaginer que le viol est multiple et tenter d'en esquisser les catégories. D'ailleurs je suppose que cela a déjà été fait mais comme cela me fatigue d'aller chercher des documents sur le sujet, je préfère de tête me livrer à un classement succinct de cette terrible pratique.

Il y a d'abord celui qui est commis sous l'emprise de l'alcool, le truc idiot de fin de soirée quand par exemple la demoiselle allume un peu trop tandis que le mec ne sait plus se contenir. On sait que l'alcool est responsable d'un tiers des crimes commis. Et autant vous le dire, en matière de cul comme ailleurs, l'alcool est le truc même qui, comme diraient les juristes, vicie le consentement et amène à faire des choses au mépris du droit.

Il y a ensuite les viols de rupture, quand par exemple le mec qui vient de se faire plaquer, s'estime tellement lésé dans sa virilité qu'il considère son ex comme sa chose et qu'il se dit qu'elle va voir ce qu'elle va voir et qu'il va lui prouver qui est le mâle putain de merde ! Là, on navigue souvent dans la pathologie avec de bons gros traits narcissiques et/ou paranoïaques.

Sans vouloir minimiser l'impact psychologique sur les victimes et encore moins les oublier, on peut estimer que ces "violeurs" ne sont pas les plus dangereux et que la récidive sera rarissime. Le viol est lié à l'instant ou à un état psychologique qui peut se traiter. Ce n'est qu'une énorme connerie, un moment d'égarement et rien de plus. La sanction qui viendra doit normalement suffire à faire rentrer ces individus dans le droit chemin. Putain, au moment où j'écris cela, j'entends déjà les féministes hurler devant leur écran si elles venaient à me lire !

Ce n'est qu'ensuite que viennent les vrais dangereux : les psychopathes et les sociopathes. Les premiers sont généralement dans ce cas des êtres frustres qui n'auraient pas accès à une relation sexuelle normalement. Dotés d'une intelligence fruste et d'un parcours social souvent chaotique émaillé de diverses rencontres avec les services judiciaires, ce genre de psychopathe n'est pas enclin à rencontrer l'amour facilement.

Alors, plutôt qu'attendre telle la belle au bois dormant, il préférera par exemple partir en maraude dans une camionnette pourrie traquer l'élue de son cœur qu'il rencontrera par exemple faisant son jogging ou marchant dans la nuit. Et, l'occasion faisant le larron, il évitera les séquences séduction et les préliminaires pour obtenir une relation sexuelle rapide et non consentie. Une fois l'acte achevé, il se débarrassera de sa victime en creusant un trou en forêt à moins que plus fainéant et n'ayant pas voulu creuser, il se contente de brûler son cadavre. Là, on entre dans les pathologies graves pour qui la prison n'a sans doute aucun effet. Non accessibles à la prise de conscience et totalement dénué de sens moral, tout comme il est dépourvu de romantisme, notre psychopathe aura tôt fait de recommencer une fois dehors.

Le sociopathe lui sera différent parce qu'il est intelligent et généralement bien intégré. C'est le genre de type dont, quand on apprend ses forfaits, on se dit "lui, c'est pas possible ! Il était bien intégré et tout le monde l'aimait bien dans le quartier". Comme c'est un vrai prédateur, il sait y faire et traque ses proies sans se dévoiler. Comme la sociopathie se dénote par une absence totale de scrupules et d'empathie, il aura tendance à évoluer vers des positions sociales lui amenant pouvoir et argent. D'ailleurs, certains confrères se sont même inquiété de savoir si, les élections devenant de plus en plus dures, ce n'était pas le meilleur moyen de sélectionner des profils sociopathiques au détriment des personnes normales.

Autant vous dire que le sociopathe, que l'on qualifie parfois de pervers-narcissique, est un individu dangereux. Sa vie se basant par une logique imparable du type "je veux-je prends", ce ne sont pas les scrupules qui l'étouffent. Toutefois, comme ce cher Dexter de la série éponyme, il est suffisamment intelligent pour dissimuler ses mauvais penchants. De plus, il fait peur, non comme le précédent parce qu'il inspire du dégoût ou de la terreur, mais parce que l'on sait que si on en est victime, il ne reculera devant rien pour vous faire payer. De plus il est assez malin pour chasser sur des territoires où il se sentira impuni en choisissant des proies dépendantes de lui ce qui ne rend pas les poursuites faciles. La communication asymétrique tu type dominant/dépendant, c'est vraiment le truc du pervers narcissique.

C'est dans ce registre que l'on trouvera la vraie perversion. Et contrairement aux précédents, nos amis psychopathes, le sociopathes a un cerveau en bon état ce qui rend sa sexualité beaucoup plus élaborée qu'une simple vidange de testicules. Le sociopathe est capable de fantasmes terribles qui peuvent s'élaborer soit dans des maisons spécialisées soit dans le réel. Or le problème de la maison spécialisée et des parties fines, c'est que ce n'est pas réel et que notre sociopathe préfèrera toujours le réel pour assouvir ses fantasmes. Ce qui lui plait, c'est le contrôle. Et finalement dans une relation tarifée, le client n'est pas forcément roi surtout dans ce domaine ; ce n'est que le spectateur-consommateur d'une pièce qu'on lui joue !
De fait notre ami sociopathe tout en ne dédaignant pas les professionnelles ne prendra vraiment son pied qu'avec des personnes lambdas sur qui il pourra exercer son contrôle se transformant en prédateur et elles en proies. C'est ainsi que logiquement, le viol d'une femme de chambre, d'une secrétaire, et généralement de toute femme dépendante de lui, sera beaucoup plus épanouissant pour un sociopathe que celui scénarisé d'une escort recrutée pour l'occasion. Ceci étant dit, je ne parle de femme de chambre que pour illustrer mes propos et non pour instruire à charge contre DSK, lequel a le droit à la fameuse présomption d'innocence dont on nous rebat les oreilles !

Et puis, il y a ce qu'expliquent tous les polars traitant des tueurs en série ! C'est à dire que notre ami sociopathe s'enhardit au fur et à mesure qu'il s'en sort indemne. L'impunité aura tendance à le renforcer dans ses très vilaines manières. Et puis, s'agissant d'un fantasme, le comportement est aussi addictif que la clope ou l'alcool : plus on y a recours plus on en veut !

Et ce ne sont pas des conventions sociales qui vont empêcher notre ami sociopathe de s'adonner à son vice. De même que de fameux musiciens sont montés sur scène chargés comme des mules de matière prohibées par la loi, je ne doute pas que des gens importants ont pu satisfaire à leurs obligations sociales juste après avoir commis l'impensable.

Alors petit sociopathe deviendra grand jusqu'à ce que, par le plus grand des hasards, quelque chose vienne mettre un terme à sa carrière. Et là, enfin coincé par un chasseur plus doué que les autres ou acculé par les circonstances, notre grand prédateur apparaitra enfin sous les traits qu'il tentait de dissimuler : un grand malade mental. Et les commentaires iront bon train : oh jamais on n'aurait pu croire cela de lui, un homme tellement bien ! Et si gentil avec les enfants en plus ! Et tellement intelligent avec ça pensez donc !

Alors j'aurais tendance à dire à tous ceux qui imaginent que l'intelligence prémunit des mauvais comportements que ce sont des ânes ignorants. Parce que l'intelligence sans valeurs morales est aussi dangereuse qu'une voiture sans freins(*).

(*) Putain la parabole de la voiture sans freins, elle est trop belle !

1 Comments:

Blogger Orage said...

" Dotés d'une intelligence frustre..."
Ah Philippe, Philippe! (soupir): pas "frustre" mais "fruste".

11/6/11 5:07 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home