08 janvier, 2012

Gloire et immortalité !


Voici plusieurs messages que je reçois dans mon mail (pa6712@yahoo.fr) dans lesquels des lecteurs prestigieux m'invitent à partager le fruit de mes maigres réflexions auprès de leurs lecteurs. Je suis bien sur immédiatement flatté et le soir venu, tel un bambin qui aurait eu un bon point, je cours vers mon épouse en lui demandant "tu sais qui m'a contacté ?" pour lui montrer combien je suis important. Bref, il m'e, faut peu pur être heureux. D'ailleurs vous qui me lisez, créer de fausses adresses et faites moi croire que vous êtes issu de quelque publication prestigieuse qui voudrait bénéficier de mes lumières : rien ne me flattera plus et vous pourrez vous moquer à loisir de mon orgueil imbécile.

Le premier à m'avoir contacté est un hebdomadaire connu qui appréciant mon style et mon état d'esprit aurait voulu que je fasse une critique du film de Cronenberg A dangerous method. J'ai bien sur poliment décliné l'invitation. Tout d'abord parce que je ne vais jamais au cinéma et que cela m'aurait fait chier d'y aller rien que pour voir ce film qui doit être emmerdant au possible. Je connais tout de la vie de Freud et Jung et je ne pense pas que cela m'aurait appris quelque chose. De plus, il m'aurait fallu critiquer la psychanalyse et c'est bien quelque chose que je ne me serais pas risqué à faire ici en France parce que c'est trop risqué. Imaginez que mon texte ait eu un quelconque succès et je m'imaginais déjà à débattre face à Gérard Miller. J'ai donc poliment décliné l'offre de cet hebdo prestigieux parce que je crois vraiment comme Épicure que pour vivre heureux, il faut vivre caché. 

Et puis Cronenberg n'est pas un réalisateur que j'affectionne particulièrement. Je me souviens qu'une conne nous avait traîné voir Faux semblant quand on était jeune. Je ne me souviens pas très bien du film si ce n'est que cela parlait de la vie de deux frères obstétriciens et que c'était un peu barré. En plus j'étais allé le voir avec Olive, mon pote riche qui roule en Ferrari, et son frère Riton, deux grands intellos alors autant vous dire qu'il n'y avait pas eu de débats après. Cependant comme Olive et Riton n'ont qu'un an de différence entre eux et qu'ils sont très proches, on les avait surnommés Bev et Eliott, du nom des héros du film, durant quelques semaines. C'est vous dire si j'ai du retirer toute la quintessence de l'oeuvre. Mais il faut dire qu'aller voir du Cronenberg avec eux c'était comme aller à une expo avec le Gringeot : perdu d'avance.

Bon, il y a eu Crash dont j'ai du voir quelques passages et qui m'a semblé curieux et dérangeant et puis La mouche qui était bien foutu pour l'époque du côté des effets spéciaux. Voilà un peu ce que je connais de Cronenberg et autant vous dire que ça fait mince face à des spécialistes sortis de mastères de cinéma même si je méprise ce genre d'études. Ce n'est pas que ce qu'ils disent est intelligent mais ils savent le dire comme en attestent les critiques sur Allociné.

Ainsi, parfois je me documente sur un film et je lis un peu les critiques sur Allociné et je suis toujours étonné de voir l'aplomb avec lequel ces étudiants sont capables de démonter un film en apportant des critiques sur la mise en scène en employant carrément des mots très techniques. C'est toujours dément de voir un étudiant de troisième année de cinéma à Paris 1 dire qu'untel a fait de la merde en sachant que ledit étudiant à toutes les chances une fois son cursus fini de se retrouver plutôt vendeur au rayon lave-vaisselles chez Boulanger que de recevoir une palme d'or à Cannes. Finalement, moi je suis un orgueilleux plutôt humble et je ne parle que de ce que je connais.

Bref, lâche face à la toute puissance de la psychanalyse et modeste au regard de mes compétences en cinéma, j'ai donc poliment refusé l'invitation de ce grand hebdomadaire; Bon, peut être que par souci de médiatisation, j'irai voir Intouchable pour en dire plein de bien comme tout le monde. Je serai très à l'aise dans le genre consensuel en me bornant à en dire du bien mais en voyant des choses que d'autres n'ont pas vues.

Ou alors peut-être que je leur ferai un critique de Piège en haute mer, l'excellent film de Steven Seagal à mon sens bien trop ignoré des férus de cinéma. Oui je ferai cela. Même si je sais que ceux qui manient l'ironie sont des crétins qui tentent de maintenir les vrais problèmes à distance, je préfère cela que de me retrouver à répondre des mon aversion pour la psychanalyse face à Gérard Miller.

Dans les capricornes, il y a des gens comme Michel Onfray qui n'hésitent pas à braver les diktats de la pensée et à se coltiner à Gérard Miller et puis les lâches comme moi.

7 Comments:

Blogger Julien said...

He bien moi je trouve ça dommage, pas pour la critique du film dont je me fiche, mais pour le débat sur la psychanalyse auquel vous auriez été invité...Pour une fois qu'on aurait eu un débat intéressant sur la psychanalyse!

Enfin, Piège en haute mer est effectivement un très bon film ; je ne me souviens plus si c'est Sam Raimi ou un autre réalisateur de ce calibre qui avait déclaré que c'était son film d'action préféré.

8/2/12 7:15 PM  
Blogger Julien said...

Complément de mon commentaire précédent :

Après avoir lu cet article de Philippe, je me suis un peu documenté sur ce Gérard Miller qu'il mentionne.
Je suis tombé sur un site internet sans intérêt et sur plusieurs videos ; 3 ont retenu mon attention :

-Un débat avec Le Pen de 1995 au cours duquel Miller intervient en tant qu'avocat auto-proclamé de la morale, en analyste des caractéristiques de la personnalité de Le Pen et en juge des risques que son accession au pouvoir ferait courir aux français sur la base de ladite analyse.

-une video dans laquelle il commente deux interventions de Sarko à la télé il y a 5 ans.
http://www.dailymotion.com/video/x1vfyt_gerard-miller-analyse-sarkozy_news
A 4:15 à mon sens il se trahit : "si vous croyez le psychanalyste que je suis (...) ce que chacun pense tout bas, il vaut mieux le taire, parce que souvent il y a de la haine, du mépris, toujours de l'agressivité en tout cas". Les 2 piliers de la structure paranoïde sont la délimitation de l'autre sur la base de ce qu'on voit de négatif en lui et sur la conviction du caractère universel de cette façon de percevoir l'extérieur. Cet individu présente à longueur de vidéos les traits d'un paranoïde et certainement pas d'un névrosé, il a une personnalité des plus archaïques, totalement dominée par le négatif et la haine, et il est de toute évidence foncièrement inapte à l'exercice de la profession de psychanalyste.
Je pense, et là par contre je m'avance un peu, qu'il a conscience d'être totalement fake, mais peut-être est-il animé de la conviction que "rien n'existe", que "les choses sont vides de sens" et que "s'il est fake, he bien les autres le sont aussi", et, enfin, que son déguisement tient bien la route (cette conviction que j'ai est étayée par l'assurance dont il fait preuve).

Je ne pense pas que la psychanalyse soit à jeter aux orties ; je pense par contre que son champs d'application est extrêmement restreint : parmi les 5-6% d'individus qui ont un fonctionnement de type névrotique (le chiffre de 30% n'est pas crédible pour moi mais c'est un autre débat), il y en a quelques % qui ont de réels problèmes psy
(en général
-persistance de la prééminence dans la psyché de l'objet d'amour maternel en première position "Oedipe pas fini",
-angoisses ingérables liées à un père trop "encombrant" ou, 3ème cas,
-la rarissime configuration homosexuelle authentique).
Dans ces cas-ci, la psychanalyse, pourvu qu'elle soit réalisée par quelqu'un qui a un niveau de développement similaire, a à priori toutes les chances de déboucher sur une résolution du problème. Mais la psychothérapie analytique aurait alors fait aussi bien, et, dans tous les autres cas de figure, les résultats sont visiblement au mieux décevants.
La mort de la psychanalyse est donc à priori annoncée, et elle ne subsiste d'ailleurs probablement plu déjà que sous la forme de binômes entre un patient crédule ou aveuglé par le désir de se trouver un gourou, et un charlatan qui profite du silence dans lequel la méthode l'autorise à se maintenir quasi-perpétuellement pour "faire son nid" sans risquer d'être pris en défaut niveau compréhension du patient et connaissances théoriques, comme il pourrait l'être avec la psychothérapie analytique ou cognitive. (suite plus bas)

11/2/12 12:30 AM  
Blogger Julien said...

(suite et fin)

-Une troisième video (je trouve plus le lien, sorry!!) où Miller se fait remettre en place par Olivier de Kersauson qui a au moins le mérite d'avoir une vraie personnalité d'adulte LUI (la version où les personnages féminins occupent le devant de la scène, et avec un caractère aimant, pour être précis), lequel lui assène qu'il est digne d'être son collègue de bureau, car il est "hypocrite et mièvre" lol. Si quelqu'un a le lien merci de le mettre dans les commentaires.

Pour ce qui est du "débat", je ne sais pas ce qu'il donnerait, car pas facile de se dépatouiller face à quelqu'un d'aussi retors, mais je suis certain que la vertu et l'attitude professionnelle irréprochable de notre Philippe national seraient bien apparentes à chacun face à un adversaire aussi sinistre!!

11/2/12 12:32 AM  
Blogger Lucie Trier said...

Bravo Julien c'est vrai en grande partie ce que vous dites.
Le frère de Miller est le gendre de Jacques Lacan. Lui même provient d'un entourage idéologique et familial extrêmement particulier, parfaitement totemisé et falsificateur. Il n'y a malheureusement guère plus qu'en France et en Argentine que la psychanalyse jouit d'une forme de censure positive et parfaitement totalitariste - c'est la seule arme efficace lorsque l'on a pas d'arguments rationnels.
Il y a peu de choses moins respectueuses de l'individu que la psychanalyse et je ne pense pas qu'il faille s'y soumettre dans les initiatives, sous prétexte qu'elle domine encore en France les médias de tous bords. Peut-être Philippe fait preuve d'une mise en garde, ou d'une sagesse de garde fou, qui se connait lui-même.

13/2/12 4:33 PM  
Blogger V. said...

beaucoup de psychanalystes sont barrés et incompétents.
certains sont pertinents et rationnels, ne misant pas tout sur le tout Freudien voire le tout Lacanien.

ce qui est souvent mis en avant à la télé, c'est ce qui est médiocre. Et Miller qu'est ce qu'on en a à foutre ?
C'est comme ce que sont BHL ou Onfray à la philo. Même si Onfray en connait un rayon et parle du Chateau Yquem comme personne...

Le comportementalisme est à n'en pas douter une avancée par rapport à la psychanalyse. Rien n'oblige pour autant à les considérer comme inconciliables.
Philippe en "pur" rationnel inclus (parfois) dans ses analyses, l'astrologie. Qui peut passer pour aussi farfelue que la psychanalyse aux yeux de certains.
Lacan n'a pas écrit que des conneries (et il n'en a pas aussi filmé, contrairement à Duras pour paraphraser quelqu'un d'inimitable).
Même Philippe a consacré une partie d'un article à son sujet.

On s'en fout de Miller (du gendre comme de celui là). Qu'ont ils apporté ? Rien.

En revanche, le banquet relu par Lacan et bien perso, non seulement ça m'a bien fait rire, mais ça m'a vraiment touché. Même si certes, ça jargonne pas mal par endroits.

15/2/12 1:23 PM  
Blogger Lucie Trier said...

Mais oui, Freud et Lacan ont été brillantissimes. Staline n'a pas été trop crétin non plus. Le problème n'est pas la qualité intellectuelle de l'idée, mais son utilisation et sa place.

22/2/12 4:19 AM  
Blogger V. said...

Tout à fait Lucie.

Mais vous savez, pour aller mieux, en ce qui me concerne, j'ai toujours préféré Mallarmé aux statistiques :o)

Staline ? Quelqu'un de votre famille peut être ?

:o)

22/2/12 12:50 PM  

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