Mariage homo !
Putain, depuis le temps qu'on en parle, il faut que l'on me pose la question de savoir si je suis pour ou contre le "mariage pour tous". C'est tout à fait le piège dialectique dans lequel je déteste être enfermé, le piège émotionnel dans lequel vos arguments ne seront pas entendus mais où l'on espère juste que vous serez pour ou contre.
Si vous êtes pour, vous devenez homophile et comme il faut, tandis que si vous vous positionnez contre, vous devenez forcément un réactionnaire obscurantiste apparenté aux forces les plus sombres de l'échiquier politique français.
Le côté le plus amusant finalement c'est de voir cet état socialiste s'engager dans cette voie alors qu'il y avait manifestement des sujets plus inquiétants qui me semblaient prioritaires. Mais, je suppose qu'il s'agit avant tout d'une étiquette moderniste que tout pouvoir de gauche doit de se voir appliqué. En 1981, c'était abolir la peine de mort et en 2012, ce sera le mariage pour tous. Et puis comme tous les gouvernement socialistes, depuis Edouard Herriot, le gouvernent Ayrault finira sans doute mal, fracassé sur les écueils du monde réel. C'est d'ailleurs pour cela que lorsqu'on me demande si je suis pour ou contre le mariage pour tous, j'adore répondre non. Ça fait un peu réac mais ça fait chier les gauchistes qui piaillent et ça c'est chouette.
Mais trêve de politique et revenons au mariage pour tous puisque c'est de cela qu'il s’agit. Dans les faits, évidemment je ne suis ni vraiment pour ni franchement contre : je m'en fous. Etant libéral, je comprends que deux personnes vivant ensemble puissent bénéficier de la même protection quel que soit leur sexe. Après tout, on ne devient pas homo, on nait homo. S'il faut donc endurer une orientation sexuelle que dame nature a choisi pour vous, pourquoi faudrait-il encore rajouter à cela la discrimination légale d'un état qui ne légifère plus en droit mais en fonction de préjugés.
D'ailleurs, compte-tenu de la localisation de mon cabinet, je reçois fréquemment des homos et je ne crois pas en avoir entendu un(e) seul(e) me parler de mariage. Si la plupart semblaient sensibles aux aléas juridiques vécus par le conjoint survivant, aucun ne m'a jamais parlé de mariage. Si ils sont pour, cela n'a jamais du faire partie de leurs préoccupations premières.
Quant aux enfants éduqués par les couples homosexuels, je ne suis pas sur qu'ils souffriront plus que ceux ayant vu le jour au sein d'un couple hétérosexuel. Rien ne l'affirme et je ne pense pas qu'il y ait d'études vraiment sérieuses sur le sujet. On s'alarme de rien. Oh, certes il sera sans doute plus facile pour un enfant de dire qu'il a un papa et une maman que deux papas ou deux mamans. Parce que quoi qu'on en dise, la norme est là et n'est pas prête de disparaitre. Mais bon, les enfants résistent à tout !
N'est ce pas ce bon vieux Boris Cyrulnik qui a bâti une part de sa fortune sur son concept de résilience. Donc quoique vous viviez,vous avez en vous de quoi surmonter les épreuves. Après tout, nous avons tous été confrontés aux cas dramatiques de petits camarades qui avaient perdus un de leurs parents et personne ne leur a jeté de pierre. Et moi qui suis né en 1967, je me souviens encore d'un petit camarade dont les parents avaient divorcé. C'était en 1971 au cours préparatoire et c'était sans doute le premier cas de divorce que je connaissais. Il s'appelait Stéphane et tout le monde le plaignait mais bon, c'était un bon copain à moi et dans le feu de l'action, lorsque nous jouions ensemble, je ne crois pas me souvenir qu'il était plus triste que la moyenne.
Alors cessons d'invoquer tout et n'importe quoi. Quant à la dimension anthropologique, elle a bon dos. Comme il s'agit de sciences humaines et donc réputées molles par essence, on peut les tordre dans tous les sens pour leur faire dire ce que l'on veut. C'est exactement comme pour la psychologie clinique. Ce qui valait hier ne vaut plus aujourd'hui. Donc, je me tape des considérations anthropologiques.
Et l'Eglise dans tout cela ? Moi qui suis issu d'un milieu catholique et formé dans un collège puis un lycée catholique, que puis-je bien en penser ? Bof, que si je reste croyant, je n'ai jamais été calotin. Les curés ont une nette tendance à m'emmerder parce que comme les plombiers, les médecins ou toute autre catégorie socio-professionnelle, le pire côtoie toujours le meilleur, avec entre un bon paquet de gens médiocres. Et puis, si moi j'avais été prêtre je crois que j'aurais botté en touche cette histoire de mariage homo en rappelant qu'il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Après tout, il ne s'agit que de mariage civil et non religieux.Et puis en France, pays aussi catholique que frondeur, on a toujours obéi à l'esprit des évangiles plutôt qu'à la lettre. Nos rois avaient des tas de maitresse, ce qui ne gênait pas toujours les abbés de cour et bien maintenant les homos du royaume de France se marieront et le monde continuera à tourner. Du moment que l'on se repente sincèrement juste avant son trépas, tout se rachète ici bas.
Et les politicards de droite qui chouinent en réclamant une clause de conscience. Non mais, en ont-ils besoin pour claquer le fric du contribuable ? Putain, entendre un politicien parler de conscience, autant espérer que des dents poussent dans le bec des poules ! Et puis, quand ils acceptent leur putain de mandat, ils savent qu'ils appliqueront les lois de la république. Si cela les emmerde, qu'ils ne se fassent pas élire ou qu’ils aient du panache et démissionnent ! Cela me rappelle l'époque, ou juriste spécialisé en droit de la construction, j'avais été invité à un entretien de travail par une députée bien connue qui avait voulu nous faire réciter le Notre Père dans une salle de l'assemblée nationale. J'avais trouvé l'initiative grotesque. Militer au RPR et se la jouer monarchiste avait des relents de tartufferies exceptionnels ! Toujours pareil, le beurre, l'argent du beurre et pourquoi pas le cul de la crémière ?
Alors et le mariage pour tous ? Que puis-je en penser maintenant que j'ai viré d'un geste de la main les principales objections dont on nous rebat les oreilles ? Bof, rien d'autre à dire. C'est dans la droite ligne des conneries socialistes habituelles qui tendent à vouloir faire le bonheur de tous. C'est Huxley en vrai.
Car si je comprends que tout le monde ait les mêmes droits, je ne suis pas sur que ce mariage soit la panacée. La norme restera et quoiqu'on en dise, quelles que soient les lois votées pour faire taire la vilaine homophobie, les pétitions de principe pour étouffer la discrimination dans tous les secteurs de la société, l’hétérosexualité sera toujours et encore la norme statistique. Et contre cela on ne peut rien.
Le mariage pour tous me semble finalement semblable à la mobilité pour tous. Vous pourrez multiplier le rampes d'accès partout, la norme sera encore et toujours d'avoir ses deux jambes en bon état. On peut jouer à être normal cela ne changera pas la normalité. Un peu comme pour ces filles moches dont on dit qu'elles ont du charme à défaut de les trouver vraiment belles, c'est un simulacre, des mots pour faire passer la pilule et parvenir à accepter qu'il existe malheureusement des écarts statistiques par rapport à la norme.
Mais bon, si la pseudo-normalisation rend les gens heureux, c'est leur vie et non la mienne. Moi, si j'avais été homo je crois que cela m'aurait fait chier cet excès de prévenance envers moi, cette volonté des représentants de l'état composés à 99% d'hétéros de me rendre la vie plus douce, un peu comme si j'étais un grand malade avec lequel les gens jouent le jeu de la fausse sincérité. Mais, je ne suis pas homo et je n'ai pas à décider pour eux. Si certains veulent se rouler une pelle dans la salle de mariage d'une mairie quelconque, grand bien leur fasse. Moi, je me suis marié aux USA rien que pour ne pas voir la gueule de cet escroc de Chirac encadrée alors c'est vous dire si je n'ai pas l’habitude de la salle de mariage d'une mairie. Je ne suis donc vraiment pas l'individu le plus apte à parler du mariage en France.
Alors finalement, en tant que psy, le mariage homo je m'en fous, ce n'est pas une donnée importante. On peut être homo et heureux et hétéro et malheureux et mon job à moi, c'est le bonheur de l'homme et non une quelconque prétention à discourir sur ce qui est normal ou pas : je ne suis pas directeur de la norme. Quand je reçois les gens dans mon cabinet, je fais avec ce que j'ai. Je laisse mes confrères plus médiatisés s'occuper de ce sujet, de toute manière je ne serai jamais invité sur aucune chaîne pour en parler.
Et pour conclure, je laisse la parole à André Labarrère, sans doute l'un des premiers politiciens ayant révélé son homosexualité. Il était né un douze janvier comme moi, ça nous rapproche. Comme quoi, il aimait les hommes et moi les femmes, il était socialo et moi pas du tout, au-delà de l'orientation sexuelle et politique, on peut se trouver des points communs :
« Je trouve qu'il y a assez de cocus pour ne pas ajouter les homos ! »
Interview à Sud Ouest, mai 2004, à propos du mariage homosexuel.
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