Avec toi, rien n'est grave !
Je collabore évidemment avec de
nombreux médecins avec qui je m'entends généralement très bien. Parfois,
certains ont du mal à comprendre que je ne suis ni kinésithérapeute, ni
infirmier, ou que sais-je encore, et que je ne pratique donc pas une
profession paramédicale qui me placerait sous leurs ordres. Je collabore
toujours avec plaisir avec les différents médecins que je côtoie sans
pour autant me laisser phagocyter.
Si
j'encourage toujours les gens à consulter lorsqu'ils sont très anxieux
ou déprimés afin de se faire prescrire des remèdes adaptés, je ne suis
pourtant pas un auxiliaire de la médecine. Ma profession est autre
puisqu'elle consiste à aider à vivre ou à tenter de vivre correctement
au-delà de ce que la science propose. Mon boulot, c'est finalement
d'aider les gens à s'accepter en leur permettant de changer ce qu'ils
peuvent changer et en tolérant le reste. C'est à peu près l'antithèse de
la médecine esthétique finalement. Je suis le type atroce qui dira
qu'on doit pouvoir apprendre à vivre avec un trop grand nez ou de trop
petits seins.
Parce
que la destinée humaine est ainsi faire qu'à moins de pratiquer
l'eugénisme dans un premier temps puis de faire de sacrés progrès dans
les neurosciences par la suite, rares seront ceux qui seront satisfaits
de ce que la vie leur a offert. Certains se trouveront trop ceci ou trop
cela, maudiront leur destinée qui ne leur aura pas offert ceci tout en
leur prenant cela.De deuils en deuils, la dépression les gagnera, et
cela d'autant plus que la société actuelle, vendeuse de faux espoirs,
tend à faire miroiter des lendemains qui chantent toujours mieux.
Et puis, il y a les modes et la politique. Et là encor,e nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Mieux vaut être aujourd'hui un bon gros seau d'eau tiède ultra-empathique et suiveur qu'un esprit libre et critique. Que nos réflexions s'éloignent d'un degré de la doxa gauchiste, que l'on refuse de baigner dans la mièvrerie collante ou l’émotionnel crétin et rien ne va plus. S’apercevoir ou du moins imaginer qu'on aurait raison contre la masse des moutons bêlants est aussi une grande source de souffrance.
Et puis, il y a les modes et la politique. Et là encor,e nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne. Mieux vaut être aujourd'hui un bon gros seau d'eau tiède ultra-empathique et suiveur qu'un esprit libre et critique. Que nos réflexions s'éloignent d'un degré de la doxa gauchiste, que l'on refuse de baigner dans la mièvrerie collante ou l’émotionnel crétin et rien ne va plus. S’apercevoir ou du moins imaginer qu'on aurait raison contre la masse des moutons bêlants est aussi une grande source de souffrance.
Bref,
si médecine est évidemment utile, il faut se souvenir qu'un
antidépresseur aussi efficace soit-il, ne sera jamais qu'une bouée que
l'on jette et qui maintient à la surface mais qu'il ne donnera jamais
aucun sens à la vie pas plus qu'il ne ramènera l'âme perdue au rivage.
En
ce sens, la psychologie fille bâtarde de la biologie et de la
philosophie ne doit négliger aucune de ses mères. Il ne s'agit surtout
pas de s'affranchir de la biologie pour méconnaitre le cerveau et tout
faire reposer sur des causes purement psychogènes au risque de commettre
des erreurs terribles, comme à l'époque où la psychanalyse étant reine,
on faisait reposer des pathologies comme la schizophrénie ou l'autisme
sur la responsabilité familiale.
Il ne s'agit pas pour
autant de créer une psychologie totalement scientifique dans laquelle,
le libre arbitre ou la destinée ne serait que des notions vagues et non
prises en compte parce que scientifiquement non valides dans le cadre de
recherches. Malgré l'émergence d'une psychologie évolutionniste, la culture transcende toujours la nature et la condition humaine est bien plus complexe que les théories de Freud ou le dernier manuel d'évopsy à la mode qui veulent l'enfermer.
Finalement,
je suis toujours au milieu du gué. Agacé par des confrères féru de
psychologie et qui voudraient voir en l'humain une sorte de tabula rasa
sur laquelle l'environnement et l'apprentissage vienne construire la
personnalité ou ulcéré par des médecins qui me somment de me transformer
en ingénieur en psychopatholologie, directeur d'une norme, je me
débrouille pour rester enfermé dans ma tour d'ivoire, me contentant de
faire mon métier du mieux que je peux.
Voici une
semaine encore, tandis que déjeunais avec un médecin avec qui je parlais
d'un patient commun, il ne cessait de me dire que ce dernier serait
bipolaire. Je lui ai alors expliqué que ce patient n'était pas bipolaire
et que compte tenu de son âge, il serait utile qu'il se souvienne que
voici encore peu, la bipolarité était largement sous diagnostiquée
tandis que maintenant, ayant inversé la vapeur, on sur diagnostique la
bipolarité.
Alors le débat s'est enflammé mais dans un
bon esprit évidemment parce que l'on s'apprécie. Tandis qu'il me donnait
des arguments faisant pencher le "cas" vers la bipolarité, je lui
démontais un par un, avec brio dirais-je. Et à la fin, je lui ai
simplement dit qu'issu d'une profession recrutée par concours (comme les
fonctionnaires), et vivant de l'impôt (les charges sociales), je comprenais qu'il lui soit difficile de comprendre
un individu qui ne suivent pas des rails. Et pour l'emmerder un peu
plus, je l'ai accusé de faire de la psychiatrie soviétique et de faire
passer pour fou ou malade, toute personne qu'il jugeait "déviante" par
rapport à son système normatif crétin.
Je l'ai assuré
que de toute manière, je m'entendait très bien avec notre patient commun
qui était pour moi un cas assez simple et que je réussirais. Il m'a
alors dit qu'il l'espérait non sans me lâcher "de toute manière avec
toi, rien n'est jamais grave !". Je lui ai alors dit que si on faisait
dépendre son bonheur de choses dépendant de nous, effectivement rien ne
serait grave.
Puis, nous avons parlé de choses et
autres et il m'a expliqué qu'il avait des cas de cancers terribles et
que certains patients décédaient. Et comme j'étais en verve et d'humeur
taquine, je lui ai expliqué que cela me semblait gonflé de sa part, de
ne pas savoir traiter quelque chose d'aussi purement biologique que des
petites cellules qui s'emballent pour former une tumeur tout en ayant le
suprême orgueil de tenter de comprendre quelque chose d'aussi complexe
que l'âme humaine.
Là, j'ai cru qu'il allait s'étrangler. M'en fous, je connais la méthode de Heimlich, je lui aurais évité de s'étouffer ! Rien n'est grave comme il dit !
3 Comments:
Cher psycho, que pensez vous de Steven Pinker ???http://www.contrepoints.org/2013/12/25/151186-la-redecouverte-de-la-nature-humaine-par-la-biologie-evolutionniste-1
Cher psycho, que pensez vous de Steven Pinker ???http://www.contrepoints.org/2013/12/25/151186-la-redecouverte-de-la-nature-humaine-par-la-biologie-evolutionniste-1
Les médecins posent des diagnostics comme ils cochent leurs QCM et sont toujours sures de leurs faits!
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