08 mars, 2014

Aristos cathos, foi et morale !


Si j'ai eu peu de people depuis que j'ai ouvert mon cabinet, en revanche je ne compte plus les aristocrates catholiques venus me confier leurs tourments. Tandis que les premiers comptaient sans doute sur des confrères médiatisés pratiquant la psychanalyse pour apaiser leurs névroses de stars, les seconds se sont contentés de ma simplicité.

Je ne compte donc plus les comtesses et comtes, marquises et marquis, barons ou duchesses venus s'épancher et se plaindre de la dureté de la vie. C'est bien simple, il me suffirait de privatiser la galerie des Glaces pour y organiser un bal capable de faire rougir le grand Louis XIV en personne. Bien sur, parmi eux, j'ai toujours distingué la noblesse d'épée de la noblesse de robe, les vieux patronymes mérovingiens sentant bon la pierre rude des donjons de ceux ayant le relent de la savonnette à vilains.

Je dois cet état de fait à un psychiatre très catholiques avec lequel j'ai collaboré et qui eu l'idée de m'envoyer un certain nombre de ses patients. Les Aymeric, Foulques, Enguerrand et autres Amaury sont légion dans mon cabinet autant que les Kevin, Jordan et Steve ailleurs. Ils sont ceci dit très sympathiques et j'ai ainsi donné à un Amury le charmant surnom de Momo tandis que je ne me suis pas privé pour expliquer à une princesse franque à la tête dure qu'elle m'emmerdait ! 

Qu'on se rassure, l'excellente éducation qu'ils ont reçue ne les prédispose pas pour autant à être aussi fragiles que la princesse au petit pois du comte. On peut taper dedans ou dessus et exiger et tout se passe bien. De toute manière, dans mon cabinet, je reste le chef et autant dire leur suzerain, je dis ce que je veux si cela me semble utile. si un jeune confrère me lit et qu'il est un peu anxieux à l'idée de recevoir un nom à particules chargé d'histoire, qu'il se rassure : l'aristo répond aussi bien au traitement que le prolo.

En revanche, s'il y a bien un problème qui se pose, c'est la religion. La plupart sont des catholiques pratiquants ce qui ne me dérange aucunement. Mais leur pratique m'apparait toujours tellement désuète qu'elle ne cesse de m'étonner. Et j'ai beau avoir fait mes études à Sainte-Marie, être baptisé et tout et tout, je sens parfois qu'il y a un fossé entre eux et moi. C'est alors que je me plais à leur rappeler que l'esprit passe avant la lettre et que leur application parfois rigide des textes me donnent à penser qu'ils sont de parfaits pharisiens. Et si cela ne suffit pas, j'aime à leur dire que leur pratique religieuse s'apparente plus à l'Islam qu'au Catholicisme dans la mesure où ils semblent convenir qu'il y a des choses haram tandis que d'autres seraient hallal. 

Il en va ainsi des histoires de fesses en général et du sexe en particulier et c'est bien dans cette catégorie de clientèle que j'ai eu des records de virginité. Les trentenaires vierges sont légion. Et bien entendu, bien que ce soit interdit, le sexe les titille toujours un peu, voire beaucoup, et Internet n'y et pas pour rien. Mais il ya la loi qui leur défend de coucher avant la mariage. Il n'y a pas de problèmes particuliers qui rendent les rapports sexuels problématiques si ce n'est ... la religion.

J'ai beau songer en rigolant sosu cape que si l'on remontait dans leur généalogie, on trouverait un certain nombre d'ancêtres dont le géniteur devait être le palefrenier plutôt que le châtelain des lieux, rien n'y fait. La réputation de trousseur de soubrettes qu'on a tant fait porter aux nobles semblent être passée de mode depuis la fin du XIXeme siècle. A croire que tous lisent les charmants opuscules rédigés par des évêques, qui connaissaient aussi bien le sexe que moi le bricolage, vendus à la Librairie Duquesne.

En matière religieuse, si l'on tentait de faire coïncider leurs croyances aux stades moraux de Kohlberg, la plupart seraient restés au stade conventionnel. On ne pratique pas parce qu'on leur a dit que c'était mal. Point barre. On en reste au respect de l'autorité et au maintien de l'ordre social que l'on ne discute pas. Le nouveau Testament n'existe plus, on revient au Dieu vengeur et pas très rigolo de l'Ancien. La réflexion éthique sur laquelle se fonde le dernier stade moral de Kohlberg est ainsi difficile à atteindre. S'agissant d'une parole divine vécue comme une loi définitive, elle ne se discute pas. Peut importe l'époque, l'âge ou autre, on respecte.

Je leur explique tout de même que coucher avec quelqu'un que l'on aime n'est pas de la licence, ni de la pornographie et encore moins de la luxure, cela reste compliqué. Car bien entendu, je ne préconise pas l’hédonisme à tout crin ni la révolution marcusienne pour tous ! Toutefois, ayant le souvenir du Confiteor qui édicte que l'on pêche en pensées, en paroles, par actions ou omissions, je leur rappelle que quelle soit leur volonté, ils l'ont dans l'os, ils sont pécheurs et puis c'est tout ! 

Je rappelle aussi à certains que la branlette sur internet est aussi un péché et que quitte à s'amuser autant le faire en vrai avec une vraie femme. Et avec des mots plus choisis, je confie aussi à certaines que se sentir "émue" au contact d'un homme est aussi une pensée impure ! Bref, il ne sert à rien de se murer dans un orgueil intransigeant et puéril, le péché est là car l'acte de chair a été consommé bien des fois et ce en l'absence de tout partenaire.

Bref je leur rappelle qu'il faut bien s'incarner et que Dieu les a créés boiteux en espérant qu'ils marchent droits ! D'ailleurs comment révérer un Dieu qui s'est lui-même incarné et refuser à ce point son corps ! C'est sans doute là le vrai péché. Et bon an mal an, je parviens ainsi à les amener dans la voie rédemptrice du couple et de la relation sexuelle.

J'espère qu'en jetant mes frêles marquises dans les bras musclés d'un homme ou mes charmants comtes contre les seins laiteux d'une donzelle, je ne fais pas le mal. Dans tous les cas, ça aura été de bonne foi. Il m'aura toujours semblé, qu'à moins d'être appelé à servir Dieu en restant chaste, nous étions fait les uns et les autres pour vivre en couple et non pour macérer dans un triste célibat subi. Et si j'ai mal agi, quand je serai mort, priez pour moi et allumez un cierge de temps en temps ! 

Demandez à Sainte Bernadette ou à Sainte Jeanne d'Arc d'intercéder pour le salut de mon âme. Je les aime bien parce qu'elles sont capricornes comme moi !

12 Comments:

Blogger El Gringo said...

Du lourd!

8/3/14 8:33 PM  
Blogger chaton said...

Et y'a pas que pour le sexe. J'aurais bien aimé voir la tête de Dugesclin ou de Simon de Montfort devant les appels à la modération politique de Monseigneur Vingt-Trois.

8/3/14 10:36 PM  
Blogger chaton said...

Je veux pas dire, mais tout en pensant à cet article, j'ai ouvert une bible à une page au hasard, et j'ai eu ça:

Alors le Seigneur me dit: C'est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes; Je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d'ordre, Je ne leur ai point parlé. Ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, des rêveries de leur coeur qu'ils vous prophétisent (Jérémie 14, 14)

Moi, je dis ça, je dis rien

8/3/14 11:18 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ben dites donc, si le royaume de Dieu est fermé à autant de pêcheurs, il ne doit pas y avoir grand monde là-haut. On doit s'y faire chier... en plus il parait qu'ils n'ont même pas le chauffage central...

9/3/14 9:06 AM  
Blogger filleàgentils said...

Mais la bible est bourrée de trucs pour le moins strange! par exemple, Jacob qui finit par avoir quatre femmes dont deux soeurs et leur fera quatorze enfants(et il a même pas la sécu à l'époque, pfff), le roi David qui envoie son général à la guerre pour pouvoir piquer sa femme Bethsabée(franchement Tolstoï n'a rien inventé), sans parler du Cantique des Cantiques qui est bourré d'allusions à peine cachées(mon bien aimé est à moi et son fruit est agréable à ma bouche, ça veut dire quoi, hmm?).
Et là, on n'est même pas entré dans le Nouveau Testament!
Ces personnages avaient leurs grandeurs et leurs faiblesses...des êtres humains, quoi!

9/3/14 4:10 PM  
Blogger Unknown said...

Bon, ben, quand j'en aurais terminé de mes études de psycho, il faudra m'en confier un certain nombre, vu que j'ai tous les arguments théologiques et religieux pour pouvoir leur parler à ce sujet. Bouquin à lire : L'Evangile au risque de la psychanalyse, de Françoise Dolto, ça cassera leurs fausses images de Dieu.

En fait, plus profondément, les aristos souffrent d'un certain jansénisme doctrinal qui a irrigué tout le XIXe siècle, et qui leur a bien pourri la tête (psychogénéalogie, toussa..). Mais c'était leur planche de salut face à la République qui s'affirmait et ne leur laissait plus (beaucoup) de places.
En outre, il y a un effet propre à notre génération, c'est à dire un contrepied face à une sexualité affichée dans notre société, il y a comme un effet contre balancier sur le sujet.

Ces personnes disposent généralement d'une maturité intellectuelle sur-developpée, et d'une maturité affective sous-développée, et le décalage n'est pas facile à gérer notamment dans la rencontre avec des gens dont les maturités sont positionnées à l'opposée.


10/3/14 1:20 PM  
Blogger Bronco said...

le chemin vers l'incarnation est long, ardu .... tellement pour accepter d'être simplement humain ...

C'est alors qu'ayant chuté, il se rendit compte de son immense orgueil. Il se croyait pur et n'était qu'un Tartuffe malgré lui. Il croyait faire le bien et en faisait son enfer.

Après sa chute, il se souvint :
"Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ...
Dieu créa l'Homme a son image ... homme et femme il les créa ... Dieu les bénis et leur dit : Soyez féconds, multipliez ... Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon..."
Genèse chapitre 1

Monsieur le Comte

11/3/14 9:05 PM  
Blogger Orage said...

"Tout un chacun ayant fréquenté des gens de gauche... sait qu'aux tréfonds de l'âme damnée de ces rouges se tapit forcément un inquisiteur ou un accusateur public.

11/3/14 9:47 PM  
Blogger Orage said...

Bien décrit!

11/3/14 9:48 PM  
Blogger Mimilelandais said...

Je viens de découvrir, par hasard, mais ne dit-on pas qu'il fait bien souvent les choses, par hasard disai-je donc, votre " article " de ... 2007 je crois, sur le " petit con au chicon " du restaurant. Une petite merveille d'observation et de réalisme. J'ai constaté que vous avis été " verbalisé " durement par une avocate de la défense des petits cons, défenseur d'une cause perdue d'avance pour elle, car attaquée sur une base de 1er degré ... Comme quoi l'attaque n'est pas toujours la meilleure des défenses !
Pour ma part, j'ai adoré, et je crois que je vais a nouveau abreuver mon cerveau de vos élucubrations si finement documento-ciselées !
Avez-vous pensé à l'écriture (je n'ose imaginer votre négative réponse, ou alors il faut travailler davantage votre ego), comme moi qui ait la tentation, la faiblesse, l'orgueil même, de croire qu'il serait dommage de ne pas faire profiter les autres de la mienne tout en me faisant plaisir (à 63 ans J'ai décidé de venir intermittent du spectacle - bien senti en ce moment- d'écrire pour moi et de me produire, car " aux âmes bien nées etc "... C'est grave docteur ? )
Quand je vois la masse de mots que vous avez alignés depuis tant d'années, n'avez-vous pas songé, puisque c'est la mode, à faire jouir le plus grand nombre de votre flot scriptural et l'amener dans le spectacle vivant, ce qui ne serait pas plus ridicule (voire moins) que les prestations de tous les pseudo-saltimbanques pensant suffisant de sombrer dans la vulgarité et/ou de se moquer des carences (avérées cependant) de têtes momentanément d'affiches étalées quotidiennement dans nos médias de plus en plus " closeresques " (ah, Pierre Desgraupes, Pierre Lazareff, Pierre Dumayet... et Igor Barrère... Où êtes-vous ?) et de moins en moins ... de moins en moins ... oh, de moins en moins, un point c'est tout !
Pour clore le sujet, je suis très "fan" de votre journal, et si vous n'avez pas encore songé à l'exploitation scénique de votre prolifique prose, je serai peut-être enchanté d'aller jouer avec ... NOS mots ! si le coeur vous en dit !
Au plaisir, votre dévoué récent lecteur

12/3/14 4:05 PM  
Blogger Mimilelandais said...

Je viens de découvrir, par hasard, mais ne dit-on pas qu'il fait bien souvent les choses, par hasard disai-je donc, votre " article " de ... 2007 je crois, sur le " petit con au chicon " du restaurant. Une petite merveille d'observation et de réalisme. J'ai constaté que vous avis été " verbalisé " durement par une avocate de la défense des petits cons, défenseur d'une cause perdue d'avance pour elle, car attaquée sur une base de 1er degré ... Comme quoi l'attaque n'est pas toujours la meilleure des défenses !
Pour ma part, j'ai adoré, et je crois que je vais a nouveau abreuver mon cerveau de vos élucubrations si finement documento-ciselées !
Avez-vous pensé à l'écriture (je n'ose imaginer votre négative réponse, ou alors il faut travailler davantage votre ego), comme moi qui ait la tentation, la faiblesse, l'orgueil même, de croire qu'il serait dommage de ne pas faire profiter les autres de la mienne tout en me faisant plaisir (à 63 ans J'ai décidé de venir intermittent du spectacle - bien senti en ce moment- d'écrire pour moi et de me produire, car " aux âmes bien nées etc "... C'est grave docteur ? )
Quand je vois la masse de mots que vous avez alignés depuis tant d'années, n'avez-vous pas songé, puisque c'est la mode, à faire jouir le plus grand nombre de votre flot scriptural et l'amener dans le spectacle vivant, ce qui ne serait pas plus ridicule (voire moins) que les prestations de tous les pseudo-saltimbanques pensant suffisant de sombrer dans la vulgarité et/ou de se moquer des carences (avérées cependant) de têtes momentanément d'affiches étalées quotidiennement dans nos médias de plus en plus " closeresques " (ah, Pierre Desgraupes, Pierre Lazareff, Pierre Dumayet... et Igor Barrère... Où êtes-vous ?) et de moins en moins ... de moins en moins ... oh, de moins en moins, un point c'est tout !
Pour clore le sujet, je suis très "fan" de votre journal, et si vous n'avez pas encore songé à l'exploitation de votre prolifique prose, je serai peut-être enchanté d'aller jouer avec ... NOS mots ! Si le coeur vous en dit !
Au plaisir

12/3/14 4:05 PM  
Blogger Mimilelandais said...

Je viens de découvrir, par hasard, mais ne dit-on pas qu'il fait bien souvent les choses, par hasard disai-je donc, votre " article " de ... 2007 je crois, sur le " petit con au chicon " du restaurant. Une petite merveille d'observation et de réalisme. J'ai constaté que vous avis été " verbalisé " durement par une avocate de la défense des petits cons, défenseur d'une cause perdue d'avance pour elle, car attaquée sur une base de 1er degré ... Comme quoi l'attaque n'est pas toujours la meilleure des défenses !
Pour ma part, j'ai adoré, et je crois que je vais a nouveau abreuver mon cerveau de vos élucubrations si finement documento-ciselées !
Avez-vous pensé à l'écriture (je n'ose imaginer votre négative réponse, ou alors il faut travailler davantage votre ego), comme moi qui ait la tentation, la faiblesse, l'orgueil même, de croire qu'il serait dommage de ne pas faire profiter les autres de la mienne tout en me faisant plaisir (à 63 ans J'ai décidé de venir intermittent du spectacle - bien senti en ce moment- d'écrire pour moi et de me produire, car " aux âmes bien nées etc "... C'est grave docteur ? )
Quand je vois la masse de mots que vous avez alignés depuis tant d'années, n'avez-vous pas songé, puisque c'est la mode, à faire jouir le plus grand nombre de votre flot scriptural et l'amener dans le spectacle vivant, ce qui ne serait pas plus ridicule (voire moins) que les prestations de tous les pseudo-saltimbanques pensant suffisant de sombrer dans la vulgarité et/ou de se moquer des carences (avérées cependant) de têtes momentanément d'affiches étalées quotidiennement dans nos médias de plus en plus " closeresques " (ah, Pierre Desgraupes, Pierre Lazareff, Pierre Dumayet... et Igor Barrère... Où êtes-vous ?) et de moins en moins ... de moins en moins ... oh, de moins en moins, un point c'est tout !
Pour clore le sujet, je suis très "fan" de votre journal, et si vous n'avez pas encore songé à l'exploitation scénique de votre prolifique prose, je serai peut-être enchanté d'aller jouer avec ... NOS mots ! si le coeur vous en dit !
Au plaisir, votre dévoué récent lecteur

12/3/14 4:06 PM  

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