Mon directeur de banque est un trou du cul ! (1)
C'est fou ce que le monde a changé. Je me souviens encore d'un temps où j'avais des rapports humains avec le gestionnaire de mon compte. Une boite de chocolats à Noël et une invitation à déjeuner au restau du coin et le tour était joué. A cette époque, je boursicotais, je faisais joujou mais j'étais traité humainement.
Une augmentation d'autorisation de découvert, c'était un coup de fil et un accord immédiat. J'ai même eu un directeur qui regardait mon compte de temps en temps et me faisait les virements que je passais signer le vendredi. Il faut dire que bien qu'étant allé jusqu'en doctorat de gestion, je reste le pire gestionnaire qui soit. La paperasse et moi, ça fait deux !
D'ailleurs quand ce directeur est parti, il m'avait prévenu en m'expliquant qu'il était un directeur à l'ancienne et que maintenant je devrais composer avec des trous du cul qui se prenaient pour des banquiers d'affaires mais avaient plus de scrupules qu'un fonctionnaire sourcilleux. Grâce lui soit rendue, ce brave homme avait raison.
Depuis ce temps là, je n'ai que des trous du cul en face. La dernière en date a tellement bien réussi à se mettre la clientèle à dos qu'elle a été mutée au siège où dorénavant son avancement sera lié à son ancienneté. Cette détestable bonne femme passait de toute manière plus de temps en congés et en formation qu'à son poste.
Je ne pouvais qu'espérer mieux mais j'ai été déçu. Alors que je demandais juste une augmentation de découvert parce que durant le mois d'août, je ne rentre pas d'honoraires, il a fallu que je prenne rendez-vous avec le directeur mercredi.
C'est donc un nain rasé de frais en costume bleu marine qui m'a accueilli. J'ai pu noter la belle chemise toute neuve un peu m'as-tu-vu digne d'un VRP qui se la joue. Je ne saurais vous la décrire si ce n'est qu'elle était dans les tons lavande et toute brillante avec un drôle de col ; le genre de truc à porter avec une grosse gourmette. Je suis sur que même les ingénieurs commerciaux de SSII ne mettent plus ce type de liquettes. Je demanderai à mon ami Olivier, celui qui est riche, a réussi et roule en Ferrari, vu qu'il bosse dans une SSII.
J'ai eu le droit à un café de chez Nespresso, c'est déjà cela. N'importe quel type un peu intelligent aurait regardé mon compte, vu que j'étais un client sans problèmes et accédé à ma demande consistant à augmenter de 50% mon autorisation de découvert sur un mois.
Mais pas ce crétin qui m'a tenu le discours selon lequel en tant que professionnel je me devais d'avoir un compte professionnel et non un compte particulier. Je lui ai objecté que ce n'était pas une obligation légale en tant que profession libérale et qu'ayant toujours fonctionné comme cela sans problèmes, j'aimerais ne rien changer. J'ai rajouté qu'étant un gestionnaire négligent j'aimais la facilité et que tous les outils qu'il m'offrait ne me serait d'aucune utilité.
Puis cet âne jouant les importants m'a parlé de bilan et de compte de résultats en rajoutant des ratios et que sais-je encore, ce à quoi j'ai évidemment rétorqué qu'en tant que libéral je me sentais peu concerné par toutes ces choses, ma comptabilité étant plus simple que celle de Bouygues.
Mais l'idiot pérorait toujours et encore, fier de son effet sur moi, allant jusqu'à parler de lui-même en tant qu'économiste. Le mec dirige une agence de six salariés et voici qu'il se croit directeur du FMI. Le plus beau étant qu'il m'ait demandé pour ouvrir son putain de compte professionnel un justificatif d'identité et de domicile alors que j'ai mes comptes chez lui et un emprunt. Je suis d'ailleurs client dans sa putain de banque depuis trente-et-un ans, ils devraient commencer à me connaitre !
C'est dans ces moments là que j'ai juste eu envie de me pencher sur son bureau, de l'attraper par les revers de son costume super 100 bleu et de lui coller une tête. Bien sur je ne l'ai pas fait. Je lui ai juste réitéré ma demande à laquelle il n'a pas fait droit arguant des règles de la banque auxquelles il ne pouvait pas déroger. Vint ensuite la réglementation bancaire et les lois léguées par
Christine Lagarde et que sais-je encore. Alors là, il tenait à me faire
savoir que ce n'était pas le dirlo à l'ancienne, celui qui négociait
entre la poire et le fromage mais un vrai technocrate aussi à l'aise
dans le droit que dans la finance. Ce trou du cul c'était le rôel de sa vie, le mec qui se la joue avocat d'affaires comme dans un film américain.
Et de rajouter qu'en cas de non-paiement, il ne pouvait pas se permettre le risque d'avoir un dossier de surendettement. Le mec était juste en train de me traiter de clodo, imaginant que je ne pourrais rembourser et que j'irais comme un pauvre hère saisir la commission départementale de surendettement. Je n'étais plus Phil le psy, le mec qui tient un blog qui aligne tout de même ses 12/15 000 lecteurs mensuels mais Filou la cloche, genre lorrain fraichement licencié de son emploi dans la sidérurgie et sans espoir de rebosser un jour.
Putain, même si je n'ai pas d'égo vu que mon métier l'exige, j'ai bouilli intérieurement sans rien laisser paraitre. Je déteste généralement l'autorité et je suis obligé de me l'appuyer quand elle émane d'un agent de l'état. Mais y obéir quand il s'agit d'une simple société commerciale est un effort trop prodigieux ! C'est dans ces cas là qu'Epictète est utile avec son célèbre : ce qui dépend de toi et ce qui ne dépend pas de moi.
Dans ce bureau, je suis coincé, ce qui dépend de moi ce sont mes mots et mon attitude. Rien de plus, je n'ai aucune marge de manœuvre puisque l'on est en août et qu'il est difficile de prospecter les agences bancaires pour rouvrir un compte. J'ai jute envie de jouer à Tony Montana, de le traiter de "hijo de puta" et de tout casser dans son bureau. Mais si cette attitude satisferait mon égo et l'idée grandiose que chaque mâle se fait de lui-même en cas de complexe, elle serait aussi bénéfique qu'insulter un flic un soir de biture. Sur le moment ça défoule et une fois dégrisé, on se rend compte que c'était plutôt con.
D’où la nécessité de toujours se souvenir que la culture transcende la nature, que la néo-cortex doit toujours prendre le pas autant que possible sur le système limbique. Et que même si ce dernier actionne votre putain de système endocrinien et vous fait monter les taux d'ACTH, d'adrénaline et de cortisol pour vous préparer aux deux seules adaptations que notre cerveau connait en situation de stress, l'attaque ou la fuite, là c'est impossible. Je suis juste fait comme un rat, ou plutôt comme un enfant à qui le maître d'école ferait la leçon. C'est lui qui a le bâton et moi qui doit me tenir sage.
Alors j'active justement mon néo-cortex, le siège de mon intelligence qui fait de moi un être humain et non un buffle stupide qui va charger uniquement parce qu'il a détecté un stimulus qui a engagé une réponse liée à son espèce. Je me souviens donc d'Epictète et je me dis que ce n'est pas si facile mais aussi du fait que je sois né sous le signe du temps.
Et puis, j'ai un métier un peu spécifique et autant m'en servir. Si une fois sorti de mon cabinet, je me comporte comme un gros boeuf c'est idiot. Autant profiler l'individu et voir comment je peux lui mettre une gentille branlée. Pour cela, il y a le truc marrant consistant à profiler.
Parce qu'autant vous dire que même si je suis bon garçon, je n'ai pas trop aimé la manière donc ce trou du cul m'a reçu. Je feins donc d'accepter de bonne grâce ce fameux compte pro qu'il me presse d'accepter et reprend un rendez-vous vendredi.
L'important c'est de savoir accepter de perdre une bataille pour gagner une guerre. Même si je sais qu'en écrivant cela, c'est totalement ridicule puisqu'il n'y a pas vraiment de guerre,ou du moins juste dans ma tête. N'importe quel individu aurait lâché l'affaire et laissé ce branleur où il était dans son agence toute pourrie.
C'est peut-être le fait que je sois un peu déjanté comme je l'expliquais dans l'article précédent ou bien mon ascendant bélier, toujours est-il que moi ce genre d'accueil m'a fait chier. Je suis le client putain, je ne réclame rien d'autre qu'un peu de considération et de respect mais surtout pas d'être toisé par ce nain grotesque.
L'enculé, je me jure de lui mettre une gentille branlée !
3 Comments:
Fais gaffe, un compte "pro" n'est pas "gratuit". A la différence du compte perso, ces enc...... te prennent des frais de gestion, mensuels et annuels!
Et pas qu'un peu ! Obligé d'avoir un compte pro pour une SCI, compte qui dort la moitié du temps (un virement par mois, automatique), et la banque se goinfre tous les deux mois en frais de "tenue de compte", la bonne blague !
La solution est évidemment de s'organiser en conséquence pour ne plus rien avoir à demander à ces trous du cul de banquiers. On n'est jamais libre quand on demande un prêt (ou un découvert).
Une horreur de chemise en effet... Telle chemise, tel type.
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