Oxymores féminins !
Allez, paf, on va encore m'accuser de faire du sexisme voire du spécisme. Et pourquoi pas d'abord ? Imaginer qu'au-delà de notre beau néo-cortex, qui nous permet à tous, femmes et hommes, de faire de belles études, puisse exister un cerveau plus ancien qui fasse qu'il y ait des femelles et des mâles de l'espèce n'est pas un crime.
Bien au contraire, c'est nier les différences qui serait à mon sens la plus grave des attitudes. Ce serait faire comme Lyssenko sous Staline, en imaginant qu'il y ait une science bourgeoise et une science prolétarienne. L'époque ayant changé, on n'oppose plus bourgeois et prolétaires mais phallocrates et féministe.
Pourtant, et les cas de changement de sexe l'attestent, quand on fait prendre des hormones femelles à un homme ou mâles à une femme, les comportements changent. Testostérone et oestrogène différencient sans doute nos comportements à un stade plus archaïque de notre cerveau. On peut être une femme et avoir fait l'X et faire chier son mec. A l'opposé, on peut être un homme, être diplômé des Beaux Arts et être un queutard invétéré.
Tout ce long préambule pour vous expliquer que j'ai été confronté récemment à quatre histoires racontées par mes patients. Dans les quatre cas, ces jeunes hommes faisaient état d'un comportement pour le moins erratique et apparamment illogique émanant de jeunes femmes pourtant parfaitement saines d'esprit.
C'est ainsi que l'un d'eux m'a expliqué qu'au cours d'une soirée un peu débridée dans un bar, il s'est mis à danser sur une table en compagnie d'une demoiselle à qui il ne semblait pas indifférent. Et comme l'attraction augmentait, le rapprochement eut lieu jusqu'à ce que la demoiselle lui dise "qu'elle avait un mec".
Dans les deux autres cas, les rencontres eurent lieu de manière plus classique et tandis qu'il semblait s'établir de manière plus que chaleureuse jusqu'à ce que les demoiselles expliquent là encore "qu'elles avaient un mec".
Enfin, dans le dernier cas, tandis que la jeune femme émettait l'idée qu'elle passait d'excellente soirée avec le jeune homme, elle avançait aussi que les dix ans de différence lui faisait peur.
Alors que penser de ce comportement totalement oxymorique consistant à se comporter comme une femme libérée tout en faisant par la suite intervenir un argument moral pour ne pas aller plus loin ? Quelle logique dans cette attitude ?
Je n'ai évidemment pas la science infuse mais il me semble qu'il y ait un carambolage entre la nature et la culture. C'est à dire que biologiquement, la femelle de l'espèce semble d'accord pour aller plus loin comme l'attestent les comportements dénués d'ambiguités tandis que la femme morale freine des quatre fers.
Tandis que la femelle semble d'accord pour aller plus loin, la femme craint le jugement moral. Et plutôt que de trancher directement ce dilemme moral, elle fait reposer, par un tour de passe-passe habile, sa responsabilité sur monsieur. Le oui semble plus manifeste que le non. Ces demoiselles sont à mon sens, tout à fait d'accord pour aller plus loin, pourvu qu'elles gardent intactes leur réputation.
C'est semble-t-il une évidence qu'en cas d'histoire sérieuse, mademoiselle ne veut absolument pas passer pour la pouffiasse qui sort avec un type alors qu'elle a déjà un copain, n sachant qu'elle devra à un moment donné le révéler à sa nouvelle conquête. On n'imagine pas le lendemain la demoiselle expliquant à son nouveau petit copain :"au fait tu sais j'ai déjà un copain mais ne t'inquiète pas, je vais le plaquer parce que tu es mieux que lui". Cela ne donnerait pas une très bonne impression.
D'où cet oxymore féminin consistant à sortir par beau temps avec un parapluie en disant manifestement "tu me plais" par le comportement observé, tout en expliquant "je ne peux pas parce que j'ai un mec" avec des mots.
Alors dans ce cas, que faire ? Moi, j'ai juste conseillé de foncer et de croire aux faits plus qu'aux mots. Foncer ne veut pas dire forcer entendons nous bien. Je ne prétends pas qu'un non puisse être un oui ! Je pense bien au contraire qu'il s'agit de retourner habilement l'argument avancé par la demoiselle à son avantage.
Ainsi, il a suffit à l'un d'eux, d'opposer à la différence d'âge avancée par la demoiselle, que "non, il la trouvait très mure et que les dix ans de différence ne luis semblait pas handicapant", pour que l'affaire soit dans le sac. L'un d'eux a juste dit que si l'histoire était sérieuse, elle ne serait pas là à lui parler depuis deux heures mais que son mec serait là et cela a marché. Les deux autres, se rendant à l'argument d'un mâle déjà dans la place, n'ont rien tenté et on laissé filer la proue.
Il me semble bien que dans tous ces cas, ces demoiselles n'aient pas eu envie de trancher par elles-mêmes de peur de passer pour des salopes, mais aient simplement, avec beaucoup de ruse, décidé de laisser trancher le dilemme moral par le jeune homme.
La prochaine fois qu'après un bon moment passé en compagnie d'une jeune femme qui vous semble disponible, elle vous explique qu'elle a un copain, remerciez-la d'avoir été assez honnête pour vous le dire et rajouter que vous n'êtes pas jaloux puis voyez où cela vous mènera.
Ne tombez pas dans le piège de l'oxymore !
6 Comments:
Exact! c'est là toute l'honnêteté de la femme! Que les hommes en prennent exemple!
mouais... je trouve juste ce comportement "cavalier". Se faire désirer pour brusquement aller se cacher derrière l'homme avec lequel on serait m'évoque un mome qui vient faire chier son voisin et court se planquer dans les jupons de sa mère quand ça riposte en face.
Chez l'adulte, je trouve ce comportement malhonnête et lâche.
Je serais homosexuelle et une femme me ferait ce coup là, elle se prendrait ma main dans la figure.
Dans le cas présenté, il est bien évident que l'homme ne peut pas le faire. Sinon c'est SOS femme battus, tous des salops, au violeur etc.
(ce qui ne veut pas dire que les hommes sont tous de braves types loin s'en faut, mais là n'est pas le sujet).
Article véridique. Je ne comprends pas cependant en quoi tu trouves le truc de l'oxymore séductive, féminin. Les hommes passent leur temps à dragouiller puis à fuir dès que la madame tente de valider, invoquer un lien amical à la dernière minute, ou révéler qu'ils sont maqués après l'avoir caché, devant des dames éplorées voire déjà amoureuses qui ne comprennent pas ce revirement subit entre le comportement tous feux verts et le râteau. "Est-ce que je me suis fais des films ?", tempèrent elles en larmoyant des mois plus tard. Je peux citer des centaines d'exemples dans mon entourage. On peut aussi voir les grands moments des forums sur Doctissimo par exemple. Une idée ? On parle souvent du "flirt comme un jeu" pour les hommes, du besoin qu'ils auraient d'être "rassurés" sur leur pouvoir de séduction, de leur "peur" de certaines femmes qui en auraient trop fait bien qu'ils soient attirés etc. Je suis sceptique sur ces vagues explications consolantes et populaires.
Pourtant, les hommes ont l'attitude très exactement décrite dans ton article. Toi, tu l'associes à la féminité, avec un regard logique d'homme hétérosexuel, comme une vieille branche de l’irrationalité supposée des femmes. Hum ça, c'est du pur interprétatif, car factuellement tu décris un comportement où pour le coup il n'existe pas de différence sexuée (de mon point de vue de femme hétérosexuelle, c'est un comportement carrément plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, même -) , et tu ornes ce comportement universel de théories essentialistes sur les femmes (déresponsabilisantes, manipulatrices, irrationnelles, etc) et c'est pour ça qu'on t'accuse de sexisme, pas parce que tu dis que les hommes et les femmes sont différents...
Bref, une idée sur la version masculine d'une telle attitude ? Les hommes ont ils peur d'être des salopes eux aussi ? J'en doute. Ton opinion m'intéresse, sans sarcasme aucun.
@Lucie: bah, c'est très simple, c'est juste que les mecs d'aujourd'hui sont devenus des gonzesses. Enfin, sauf moi-même, bien sûr.
La tendance a rechercher une cohérence à nos comportements en référence uniquement à l'époque actuelle risque d'en masquer l'origine : ce qui a prévalu pendant des siècles.
Pour "voler" une femme à son mari, il fallait envisager l'affrontement avec ce dernier, avec la famille, avec les règles sociales. Prend-moi si tu m'aimes, mais prépare-toi à combattre.
Aujourd'hui, on pourrait le traduire par prépare-toi à affronter tout ce que j'ai vécu avant de te connaitre et accepte le rôle du Romain qui enlève sa Sabine.
Ce qui me frappe le plus en lisant les commentaires, c'est la constance féminine, quel que soit l'animus associé, à fournir un jugement, à classer ou à rejeter une analyse, une description, une hypothèse. Au lieu d'utiliser cette outil, de l'affiner, de le détourner si besoin de son usage premier, la première réaction féminine semble être de soumettre toute proposition à une morale.
Et de ma part, ce n'est ni un jugement ni un agacement, c'est une interrogation sur la constance du phénomène
@Chaton : C'est une attitude ancienne et présente au sein des deux sexes, avant l'inversion en 2011 à 16h32 des hommes en gonzesses. Personne ne me répond à part vous, car le simple fait de reconnaître que ce comportement soit classique chez les hommes, invaliderait l'article ; qui associe un comportement à une "nature", un gloubiboulga ontologique sur les femmes dont décidément je ne me lasse pas. Néanmoins, les rares raisons rationnelles évoquées - comme le fait de se dédouaner de la faute - tiennent la route.
Bref, je cherche à comprendre sincèrement les raisons de la présence de ce comportement chez les hommes. A moins qu'on m'explique que ce comportement n'existe pas chez les hommes. Ou un peu moins. Un tout petit peu moins, alors ça compte pas. Mettons 48%. Non ? Ah ! Ben merdre alors ! Bref, on ne me répondra pas ici. On aime trop se raconter des histoires sur les femmes et les serpents, ça fait du bien au bobo.
Par contre, le truc du c'est-de-la-fôt-des-autres, (en l'occurrence : la féminisation de la société évoquée dans votre commentaire) c'est très masculin ça :) Le fait d'avoir répondu, moins ; merci pour ça Chaton.
@Le Touffier : La Bruyère et tous les moralistes vous disent la bouche en coeur que l'évopsy ne sert pas très bien vos interrogations pataphysiques sur l'incapacité outillaire des femmes. L'évopsy, ce n'est rien d'autre qu'une manière de justifier un point de vue on ne peut plus pulsionnel sur la nature des hommes ou des femmes par du "depuis la nuit des temps" tous azimuts, avec force déductions imagées sur la vie à la campagne. Si vous voulez on peut parler des juifs et des enfants de 5 à 6 ans, en comparant avec les données de 2000 avant Jésus-Christ (vous y étiez ?), je suis sûre qu'on rigolera bien avec vous.
Raisonnez deux minutes, développez donc une vraie pensée à partir de connaissances avérées et nonfantasmées (oui oui, il en existe, sur les différences hommes-femmes), au lieu de vous poser des questions sur les incapacités argumentatives de vos congénères féminines : votre commentaire ne témoigne pas d'un discernement bien plus lumineux qu'elles. La seule différence, c'est qu'elles ont la gentillesse et la décence de ne pas vous le reprocher ni de faire, elles, de déductions lunaires sur les capacités mentales de votre sexe, car c'est là une différence entre les sexes sur laquelle vous pourriez vous appuyer solidement - à part moi qui suis méchante et castratrice. Songez enfin que ce que vous appelez morale n'est peut-être rien moins qu'une sensibilité à l'injustice. Sinon, je pourrais vous dire que c'est bien masculin de faire payer aux autres les résultats de ses propres aveuglements.
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