14 juillet !
Voilà, le quatorze juillet, je voulais rédiger un article dans lequel je me serais encore moqué de la révolution française. Allez donc savoir pourquoi je ne me sens que très très moyennement républicain. Je n'en sais rien moi-même. Toujours est-il que nostalgique par essence, je ne peux jamais m'empêcher de penser que c'était mieux avant. Et force est de constater au travers de pérégrinations à travers la France que l'Ancien régime nous a laissé de fort jolies choses. Si l'on excepte la période Art Déco s'étendant de 1925 à 1940, je ne trouve pas que la République soit aussi prodigue de monuments intéressants.
On m'objectera qu'à défaut de châteaux pour les nantis, la république aura laissé des établissements scolaires et autres complexes sportifs. J'objecterai à mon tour que les plus beaux lycées datent du premier empire. Quant aux installations sportives, je m'en contrefous étant donné que le dernier qui m'a vu faire du sport doit avoir aujourd'hui une longue barbe blanche. Peut-être même est-il mort le pauvre à force de m'avoir attendu dans un stade où jamais je ne vins.
D'ailleurs on s'en fout, mes convictions monarchistes sont avant tout esthétisantes autant que saturniennes. J'aime bien les gens mais je n'aime pas les règles de la multitude, j'adore les terrasse de bistrots mais je n'aime pas la vulgarité ni la foule, etc., je suis comme je suis. Ça fait très ado ou midinette d'écrire cela. Un peu comme ceux que l'on nomma jadis les Hussards et qui de leurs propres avis détestaient qu'on les classe ainsi, eux qui n'avaient de cesse que d'affirmer leurs singularités. Il y a du dandy en moi.
Sans doute ai-je trop d'embonpoint pour porter les habits de Brummel, n'empêche que c'est ainsi. De toute manière, je préfère Barbey d'Aurévilly à Brummel. Je me surprends parfois à penser que j'aime tout et son contraire alors qu'au fond de moi, je reste persuadé que mes incohérences doivent être le fruit d'une singularité extraordinaire. Je suis un individu lambda qui parfois s'esbaudit de lui-même. C'est pour cela qu'on ne me fera jamais aimer la république et son cortège d'élus aux écharpes tricolores pas pus que tous ces ânes qui quotidiennement nous vendent les valeurs de la république ou pire encore le pacte républicain. Je n'aime pas penser comme tout le monde, c'est ma petite pointe d'hystérie pour relever le plat bien fade du gros capricorne prévisible que je suis.
D'ailleurs, rien que pour faire chier le monde, lorsque je fis une courte apparition dans la glorieuse administration, j'aimais demander comme jour de congé le vingt-et-un janvier, jour de la mort de Louis XVI sans évidemment jamais avouer que je le faisais exprès. Mon directeur me scrutait toujours d'un œil méfiant sans pour autant jamais avoir pu obtenir la preuve que je nourrissais à l'encontre de la gueuse un si terrible dédain.
Hier encore, je voulais faire un petit billet sur cette grotesque célébration du quatorze juillet, commémorant la prise d'une prison presque vide défendue par une poignée d’impotents. Je voulais rappeler que cette révolution dont on nous rebat les oreilles depuis des siècles s'est aussi signalée par des actes d'une cruauté inouïe qui laissait augurer ce que ferait le socialisme en marche dans les années suivantes. C'est ainsi qu'il exista des tanneries de peaux humaines. Jusqu'à une date récente le Musée des sciences de Nantes en exposait une. Pour la voir, il suffit de taper sur Google "révolution peau humaine tannée". Vous aurez alors moult blogs relatant ce sinistre épisode de notre histoire. Bien sur, vous aurez aussi un universitaire expliquant qu'il s'agit d'une rumeur, d'un "hoax" comme on dot aujourd'hui.
Qui croire ? Je m'en fous. Pour ma part, je n'ai qu'à m'approcher d'églises ou de cathédrales dont les masses furieuses ont fracassé la tête des statues à coups de masse pour me dire que je n'aurais jamais été de leur côté. Je respecte trop le travail d'autrui. De toute manière croire en un changement dû aux politiciens est une impasse. Je crois plus aux ingénieurs et aux chercheurs qu'aux élus pour améliorer ma vie. La science a fait reculer les superstitions ne laissant comme seul mystère que ce qui se passe, ou pas, selon les idées que l'on a, après notre mort. Le reste, en gros, savoir qui va me voler ou me pourrir la vie, d'un PS ou d'un LR, je vous avoue que je m'en tape un peu.
Hélas, trois fois hélas, je n'ai jamais publié ce billet car le lendemain, quinze juillet, c'était l'attentat de Nice. Ensuite ce furent les vacances, puis le beau temps revenant, je me suis adonné à des activités de plein air sans vraiment approcher de mon Mac.
Qu'aurait valu mon petit libelle contre l'horreur de ce soir là à Nice. C'eut été insultant de le publier. C'est ainsi que reprenant l'écriture de mes billets, j'adresse tardivement mes plus sincères condoléances aux proches des victimes et tous mes vœux de prompte guérison à tous les blessés.
Le dernier feu d'artifice auquel on m'ait convié, c'était lors d'un mariage, celui du petit frère de mon ami Olive, celui qui est riche, qui a réussi et qui roule en Ferrari. Cela se passait dans un château et à minuit pile à peu près, tout le monde s'est resserré sur une grande terrasse pour y assister. Moi, j'en ai profité pour m'éclipser. Quand je suis revenu, il n'y avait plus rien. J'avais entendu le fracas des explosions mais je n'avais rien vu du feu d'artifice.
Mon ami Lionou, qui était aussi de la fête, me voyant revenir se précipita pour avoir mon avis sur ce fabuleux feu d'artifice, qui du sien (d'avis) avait été plus que magnifique. Je lui ai juste répondu que je n'avais rien vu parce que j'en avais profité pour aller chier un coup. Ce qui n'était que la stricte vérité et qui me valu un "toi il faut toujours que tu te distingues". Alors que de mon point de vue, c'était plutôt intelligent de ma part d'avoir choisi d'aller aux toilettes quand j'étais sur que personne n'irait afin de ne pas faire la queue. Que voulez-vous, les grands esprits resteront toujours incompris ! De toute manière, je trouvais assez incongru de louer le château du Comte de Machin-Chose pour finalement y célébrer la république. Quand on est cohérent, dans ce cas là, on loue une salle municipale, on va au fond de ses idées.
Je préviens donc les terroristes, monstres sans cœur, que pour m'avoir, il reste le
RER, le métro et les terrasses de café que j'affectionne mais que jamais
au grand jamais ils ne m'auront lors d'un feu d'artifice du quatorze
juillet !
La révolution n'est pas un dîner de gala ;
elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une
broderie ; elle ne peut s'accomplir avec autant d'élégance, de
tranquillité et de délicatesse, ou avec autant de douceur, d'amabilité,
de courtoisie, de retenue et de générosité d'âme. La révolution, c'est
un soulèvement, un acte de violence par lequel une classe en renverse
une autre.
Mao Tsé Toung, Le Petit Livre rouge, 1966
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