Vacances, j'oublie tout ...
Vacances j'oublie tout
Plus rien à faire du tout
J'm'envoie en l'air ça c'est super
Folie légère
Vacances j'oublie tout
Plus rien à faire du tout
J'm'envoie en l'air ça c'est super
Folie légère
C'est fou!
Plus rien à faire du tout
J'm'envoie en l'air ça c'est super
Folie légère
Vacances j'oublie tout
Plus rien à faire du tout
J'm'envoie en l'air ça c'est super
Folie légère
C'est fou!
Voilà, c'est fait ! Afin de monter que même sur ce blog on peut citer les grands auteurs contemporains, j'ai mis le refrain de la chanson Vacances j'oublie tout du groupe Elegance. Ça date de 1982 et les arrangements sont de François Feldman, oui celui-là même qui vous aura fait danser sur ses Valses de Vienne ! Que du lourd comme vous le voyez. J'aime à exhumer les gloires défuntes pour vous prouver, puisque chaque année mon lectorat rajeunit d'un an, que lorsque j'avais quinze ans on avait aussi de la bonne musique sans avoir besoin de se mettre un casque sur la tête comme les Daft Punk.
Manque de pot, même si je suis content d'être en vacances, moi qui n'ai pas de RTT, je n'en oublie pas tout pour autant et notamment ma chère clientèle reste bien présente à mon esprit. Oh bien sur, l'écrasante majorité de mes patients sont eux aussi bien contents d'être en vacances. A eux, les destinations lointaines ou la maison de famille, loin de l'agitation parisienne et du bureau. Mais quid des autres ?
Quels autres me direz vous ? Mais les laissés pour compte, les célibataires, les esseulés en tous genres. Parce qu'il y en a et même un paquet. Voici peu, ceux qui me lisent savent que ma patiente la plus âgée est décédée seule à l'aube de ses soixante-dix ans. Comme elle habitait non loin de mon cabinet, je l'avais croisée le jeudi soir. On avait papoté en fumant une cigarette ensemble. Puis, le dimanche, c'est son fils qui m'apprenait qu'elle avait été victime d'un AVC et qu'elle était restée sans doute quarante-huit heures allongée par terre avant qu''il ne la retrouve le dimanche en fin de journée.
Du temps où elle me consultait, je me souviens que la dernière séance de juillet était pour elle un déchirement. Comme c'était mas dernière patiente, mon rendez-vous de vingt-et-et-une heure, que je faisais à son domicile compte tenu de ses difficultés à marcher, je la faisais durer, n'étant pas très à cheval sur les horaires. Puis je partais, le cabinet bouclé en me disant que je reverrai tout cela au début du mois de septembre.
Pour moi, c'était la promesse de virées en cabriolet sur quelque départementale de notre beau pays. Pour elle, c'était un gouffre qui s'ouvrait : la promesse de quatre semaines d'absolue solitude, même pas rythmées par nos séances hebdomadaires ni par les quelques clopes que nous fumions quand je la croisais.
Elle partageait d'ailleurs cette angoisse avec moi, angoisse contre laquelle je ne pouvais rien du tout. Elle avait mené sa vie de telle manière qu'elle se retrouvait totalement seule. D'ailleurs, je ne suis pas sur qu'elle fut responsable de tout cela. Sa vie, sa solitude, c'était le lot quotidien de beaucoup de personnes, même dans une grande ville comme Paris. Pour tempérer un peu sa souffrance, j'avais mis au point un stratagème en lui octroyant la visite d'une personne de l'association des Petits frères des pauvres. Comble de l'ironie, elle dont le patrimoine immobilier devait se chiffrer en centaines de milliers d'euros, voire en millions compte-tenu des prix délirants de l'immobilier parisien, en était réduite à recevoir quelqu'un mandaté par les Petits frères des pauvres pour ne pas rester un mois sans parler à quiconque. Bah oui, c'est bien d'avoir de l'argent mais cela ne fait pas toujours le bonheur.
La solitude, on en parle sporadiquement dans les journaux, puis on l'oublie. C'est pourtant un fléau qui touche de plus en plus de personnes, hommes ou femmes, riches ou pauvres, vieux ou jeunes. A titre d'exemple, on cite toujours le cas de Joyce Vincent, cette jeune londonienne de retrouvée trois ans après son décès dans son appartement, la télé toujours allumée. Sur le Net, ces histoires sont légion. Plus près de nous, des gens de prime abord, épanouies, souffrent du même mot.
Cette année c'était par exemple le cas d'une de mes patientes, brillante cadre-sup, mais restée célibataire pour qui le mois d'août s'annonçait comme une épreuve difficilement supportable. Je me souviens de notre dernière séance du mois de juillet durant laquelle, elle habituellement si calme, s'était montrée très agressive comme si elle m'en voulait de l'abandonner. Alors que je lui parlais de partir en vacances, elle m'avait répondu sèchement que rien n'était fait pour les célibataires et qu'elle ne se voyait pas errer comme une âme en peine.
C'était tout à fait le genre de cas insoluble, impossible à traiter, ces situations dramatiques dont on connait les causes mais qu'on ne peut pas traiter. Je me suis un peu retrouvé dans la peau d'un oncologue face à un cas de cancer phase IV sans même avoir la possibilité de vanter une énième chimiothérapie révolutionnaire. La seule chose que j'aie pu dire, c'est qu'en restant chez elle, rien ne bougerait tandis que si elle partait en vacances, elle augmentait la probabilité de faire une rencontre.
Autre cas, celui d'une trentenaire, ingénieur de formation, pour qui le mois d’août rimerait avec solitude. Venue de province, elle se rassurait avec humour en se disant qu'après tout Paris au mois d'août restait une destination prisée par des millions de touristes étrangers. Quand j'avais émis le fait qu'elle puisse aller quelques temps voir ses parents en province, elle m'avait répondu qu'elle n'irait que le temps d'un weekend pour ne pas endurer leurs reproches muets ou pire leur commisération silencieuse.
Pour les célibataires, voeufs(ves), provinciaux esseulés, Paris n'est pas toujours un paradis. Bien sur, mon propos n'est pas de faire pleurer dans les chaumières mais chaque année je constate que le mois d'aout est pour certains un long tunnel dont ils ne sortiront que début septembre. Sortir est toujours possible mais rencontrer ne l'est pas forcément. L'âge, le sexe ou l'argent sont des limites. Paris n'est pas la ville rêvée que l'on imagine quand on est seul. Créer un réseau de socialisation n'est pas aisé surtout si l'on n'est pas originaire de la région. Sitôt passé l'âge de trainer dans les bars, il existe certes de multiples activités que l'on peut faire mais où la possibilité d'une rencontre reste illusoire. Peu importe, il faut tenter.
Et comme je l'avais déjà dit lors d'un précédent article sur la solitude, face à ces cas, je ne peux pas grand chose. C'est pour cela que lorsque la fin du mois de juillet arrive, je ne ferme jamais la porte du cabinet sans une petite pensée pour ces laissés pour compte.
Que voulez vous, je suis un bon garçon empathique !
5 Comments:
Je vs croyais mort!
Paris est une ville difficile, dans laquelle se faire des amis relève parfois du parcours du combattant. Ayant vécu quelques mois dans la capitale, j'ai ressenti la solitude plus fortement que dans d'autres villes françaises. Le coût de la vie, des sorties, des loyers, la difficulté des transports ne facilite pas les rencontres et les amitiés.
C'est une réalité dont on a peu conscience en arrivant de province. Pour ma part, je me suis juré de ne plus jamais travailler en région parisienne, même si on peut plus facilement évoluer professionnellement.
Heureux de voir de nouveaux articles sur ce blog.
Bonjour,
Pourriez-vous changer les couleurs de votre blog,
le texte blanc sur fond noir c'est très fatiguant pour les yeux.
Cordialement
Patrick, un lecteur assidu ;-)
Bonjour,
Pour vos clients(tes) esseulés au mois d'août, vous pourriez leurs proposer de marcher sur les chemins (pas que saint Jacques...) la France est belle et les rencontres nombreuses.
Mais j'imagine que vous l'avez déjà fait.
Laurent un lecteur régulier qui en profite pour vous remercier de mettre en ligne ces articles.
Bien cordialement
Le père d'une amie prenait régulièrement le bus et y restait des tours entiers afin de se retrouver moins seul...La solitude est un mal sournois et invisible... c'est gentil à vous de ne pas l'occulter et de vous rendre compte de cette souffrance...Quand au fond noir de votre blog moi j'adore! Bien à vous...
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