C'est la guerre !
C'est la guerre même que c'est notre président qui l'a dit. C'est vous dire si ça ne rigole pas. Je me rappelle de ce que disait feu mon père lorsque son propre père a été mobilisé en septembre 1939. Ils étaient en vacances dans la baie de Somme dans un charmant petit hôtel. C'était la fin du mois d'août. Un matin, tandis qu'ils écoutaient la TSF, en petit-déjeunant, la nouvelle est tombée. Mon grand-père a écouté cette nouvelle et a demandé à ma grand-mère de préparer les valises tandis qu'il sortait la Peugeot 302 de la remise. Ils sont rentrés à Paris et quelques jours après, mon père voyait son propre père en uniforme prêt à rejoindre son unité. Il avait dix ans.
Quand j'ai rappelé cet épisode à un jeune, il m'a envoyé me faire foutre, arguant que je jouais les vieux et les sentencieux. Moi je ne trouve pas même si vieux, c'est évident puisque je suis né vieux à l'instar de tout bon capricorne qui se respecte.
Je ne suis pas sentencieux. J'aime garder de la distance avec les événements. Comme je le disais dans l'article précédent, j'aime dédramatiser autant que possible. Sans dédramatisation, la vie n'est plus possible, l'anxiété s'installe et la folie suit.
Alors certes le coronavirus rode et emportera avec lui quelques uns de nos concitoyens, sans doute plus que les années précédentes, et sans doute quelques uns qui auraient eu quelques années à vivre encore, principalement les vieux et les malades bien entendu. C'est bien triste mais c'est la vie. Cela semble si cruel de le dire ainsi mais comment le dire autrement. Comme le disait un médecin de ma clientèle qui devait parfois apprendre à de jeunes accouchées que leur enfant était mort né, il n'y a pas de bonne manière de dire ces choses. On peut la peindre en rose avec des paillettes, ça n'en reste pas moins un coup de batte qu'on va mettre dans la gueule de la personne.
Le plus terrible finalement, c'est que notre état déliquescent puisse laisser travailler les soignants sans masques ni protection. Compte tenu de la charge virale qu'ils vont se prendre, il est certain que nous aurons à déplorer un certains nombre de morts parmi eux. C'est dramatique de se dire que les années passent et que nous avons encore à la tête de l'état Albert Lebrun et le général Gamelin !
Non, je ne suis pas sentencieux, je me souviens juste que lorsque mon père était enfant, il a vu son père partir à la guerre et que dans la débâcle qui a suivi, c'est lui qui a conduit la Peugeot jusqu'à Roanne durant l'exode parce que ma grand-mère était incapable de le faire. Et il n'avait que onze ans et ne s'est jamais pris pour un héros pour autant. C'était l'époque, c'était ce qu'il devait et pouvait faire.
Je ne suis pas non plus sentencieux quand je me rappelle que les vingt ans de mes deux grands-pères se sont fêté à Verdun ou 165000 soldats sont morts. Le pire étant que l'un d'eux, de nationalité italienne, en ayant marre de faire la guerre dans les Dolomites ou ils tombaient comme des mouches, s'était porté volontaire pour servir en France, considérant que la guerre en plaine serait plus tranquille qu'en montagne. Et après, eux auront eu le droit à la terrible grippe espagnole qui fit autant de morts que la bataille de Verdun.
Je n'ai pas cherché à être sentencieux, juste à m'inscrire dans une perspective historique me permettant de relativiser ce que l'on vit et de le restituer dans une plus juste mesure. Je n'ai jamais fait de guerre, j'ai juste fréquenté des proches qui l'avaient faite ou l'avait endurée. Je veux juste qu'aujourd'hui, leurs témoignages ne restent pas lettre morte et que cela me serve pour affronter une crise qui se révélera j'en suis sur mineure une fois que l'on en sera sortis. Non, ce n'est pas la guerre, cela n'a rien à voir avec une guerre et c'est criminel d'affirmer cela et de comparer ce que l'on vit avec la guerre. Il faut vraiment être un puceau sorti de l'ENA pour comparer cela avec la guerre. La guerre, Gabriel Chevallier en parle très bien dans son livre La peur et les hôpitaux militaire, Louis Maufrais les évoque fidèlement dans J'étais médecin dans les tranchées.
Je sais qu'évoquer cela, à défaut d'être sentencieux fait vieux con qui voudrait relativiser en citant des faits vieux de plus d'un siècle, mais c'est nécessaire de le faire. Si l'on veut juger un événement on ne peut le faire qu'en comparant ce qu'il est à d'autres événements dramatiques. Comme le disait Epictète, tout événement a deux anses pour le porter, si l'une te blesse la main, change d'anse. J'ai donc décidé d'affirmer que ce n'était pas dramatique.
Je crois d'ailleurs ne jamais avoir été sentencieux de ma vie. Je me suis toujours défié des gens sentencieux et des gens trop graves, de ces crétins qui pensent que les choses sont toujours compliquées ou pire "très politiques, pour masquer leur incapacité à affronter des problèmes. Voici peu je citais d'ailleurs Montesquieu, un confrère capricorne, qui écrivit cela :
Je ne suis pas sentencieux, qu'on se le dise ! Et ce n'est pas la guerre !
Quand j'ai rappelé cet épisode à un jeune, il m'a envoyé me faire foutre, arguant que je jouais les vieux et les sentencieux. Moi je ne trouve pas même si vieux, c'est évident puisque je suis né vieux à l'instar de tout bon capricorne qui se respecte.
Je ne suis pas sentencieux. J'aime garder de la distance avec les événements. Comme je le disais dans l'article précédent, j'aime dédramatiser autant que possible. Sans dédramatisation, la vie n'est plus possible, l'anxiété s'installe et la folie suit.
Alors certes le coronavirus rode et emportera avec lui quelques uns de nos concitoyens, sans doute plus que les années précédentes, et sans doute quelques uns qui auraient eu quelques années à vivre encore, principalement les vieux et les malades bien entendu. C'est bien triste mais c'est la vie. Cela semble si cruel de le dire ainsi mais comment le dire autrement. Comme le disait un médecin de ma clientèle qui devait parfois apprendre à de jeunes accouchées que leur enfant était mort né, il n'y a pas de bonne manière de dire ces choses. On peut la peindre en rose avec des paillettes, ça n'en reste pas moins un coup de batte qu'on va mettre dans la gueule de la personne.
Le plus terrible finalement, c'est que notre état déliquescent puisse laisser travailler les soignants sans masques ni protection. Compte tenu de la charge virale qu'ils vont se prendre, il est certain que nous aurons à déplorer un certains nombre de morts parmi eux. C'est dramatique de se dire que les années passent et que nous avons encore à la tête de l'état Albert Lebrun et le général Gamelin !
Non, je ne suis pas sentencieux, je me souviens juste que lorsque mon père était enfant, il a vu son père partir à la guerre et que dans la débâcle qui a suivi, c'est lui qui a conduit la Peugeot jusqu'à Roanne durant l'exode parce que ma grand-mère était incapable de le faire. Et il n'avait que onze ans et ne s'est jamais pris pour un héros pour autant. C'était l'époque, c'était ce qu'il devait et pouvait faire.
Je ne suis pas non plus sentencieux quand je me rappelle que les vingt ans de mes deux grands-pères se sont fêté à Verdun ou 165000 soldats sont morts. Le pire étant que l'un d'eux, de nationalité italienne, en ayant marre de faire la guerre dans les Dolomites ou ils tombaient comme des mouches, s'était porté volontaire pour servir en France, considérant que la guerre en plaine serait plus tranquille qu'en montagne. Et après, eux auront eu le droit à la terrible grippe espagnole qui fit autant de morts que la bataille de Verdun.
Je n'ai pas cherché à être sentencieux, juste à m'inscrire dans une perspective historique me permettant de relativiser ce que l'on vit et de le restituer dans une plus juste mesure. Je n'ai jamais fait de guerre, j'ai juste fréquenté des proches qui l'avaient faite ou l'avait endurée. Je veux juste qu'aujourd'hui, leurs témoignages ne restent pas lettre morte et que cela me serve pour affronter une crise qui se révélera j'en suis sur mineure une fois que l'on en sera sortis. Non, ce n'est pas la guerre, cela n'a rien à voir avec une guerre et c'est criminel d'affirmer cela et de comparer ce que l'on vit avec la guerre. Il faut vraiment être un puceau sorti de l'ENA pour comparer cela avec la guerre. La guerre, Gabriel Chevallier en parle très bien dans son livre La peur et les hôpitaux militaire, Louis Maufrais les évoque fidèlement dans J'étais médecin dans les tranchées.
Je sais qu'évoquer cela, à défaut d'être sentencieux fait vieux con qui voudrait relativiser en citant des faits vieux de plus d'un siècle, mais c'est nécessaire de le faire. Si l'on veut juger un événement on ne peut le faire qu'en comparant ce qu'il est à d'autres événements dramatiques. Comme le disait Epictète, tout événement a deux anses pour le porter, si l'une te blesse la main, change d'anse. J'ai donc décidé d'affirmer que ce n'était pas dramatique.
Je crois d'ailleurs ne jamais avoir été sentencieux de ma vie. Je me suis toujours défié des gens sentencieux et des gens trop graves, de ces crétins qui pensent que les choses sont toujours compliquées ou pire "très politiques, pour masquer leur incapacité à affronter des problèmes. Voici peu je citais d'ailleurs Montesquieu, un confrère capricorne, qui écrivit cela :
La gravité est le bouclier des sots !
Je ne suis pas sentencieux, qu'on se le dise ! Et ce n'est pas la guerre !
3 Comments:
Comme me disait mon arrière-grand-mère à 98 ans : "nous allons tous mourir mais pas tout de suite..."
Je suis allée me renseigner au sujet de la grippe espagnole, pour remettre moi aussi les choses en perspective (plutôt que de comparer les événements actuels à une guerre au sens classique du terme). Si j'ai bien tout suivi, la censure et le manque de distanciation sociale ont contribué à faire de cette grippe-là une hécatombe. Face aux grandes grippes suivantes mais minimes en comparaison, ni censure ni distanciation sociale.
Finalement, ce qui résultera du confinement sera deux discours antagonistes mais non contradictoires : "on vous l'avait bien dit qu'on n'en a trop fait, vous boyez bien que ça n'a pas été l'hécatombe prévue !" et " heureusement qu'il y a eu le confinement, sinln vous imaginez l'hécatombe ?"
La crise sera tenue par les deux anses. Ce qui est sûr, c'est que certains vont en tirer un certain profit !
Ultima Ratio Regum, comme disait le regretté Henri Virlogeux.
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