12 février, 2024

Peine de mort !

 


Comme vous le savez, j'adore regarder sur YouTube les procès américains que les chaines retransmettent. J'ai toujours du mal avec la sévérité des verdicts car même si je n'ignore pas le droit des victimes, de leurs proches ou de la société à se protéger des prédateurs et à exiger qu'ils soient punis, je ne considère pas pour autant que la justice soit une affaire de vengeance. Le "œil pour œil, dent pour dent" me semble stupide. Étant catholique et non adepte d'une quelconque secte protestante adoratrice des principes babyloniens comme bon nombre d'américains, la justice barbare me révolte.

Récemment, je parlais du cas Christa Pike, la plus jeune femme à avoir été condamnée à mort aux États-Unis, en 1996 pour un meurtre qu'elle a commis âgée de dix neuf ans. Elle avait 20 ans lorsqu'elle a été reconnue coupable du meurtre par torture d'une camarade de classe, commis à l'âge de ses 18 ans, notamment en la battant à mort, en la mutilant des centaines de fois avec la pointe d'un couteau à viande et en lui gravant un pentagramme sur la poitrine avec un cutter, avant de l'achever en lui fracassant le crâne avec un morceau d'asphalte.

A l'origine de ce crime affreux, il 'y a qu'une affaire de jalousie, Christa Pike ayant voulu, à l'aide de complices, se débarrasser d'une autre jeune femme qu'elle estimait être sa rivale. C'est ridicule et sordide. Aussi sordide qu'a pu être l'enfance et la jeunesse de Christa, enfant maltraitée et sans doute violentée et peut-être violée. On ne développe jamais une telle personnalité limite par hasard. Et, la traiter de sociopathe n'arrange rien à l'affaire. Le fait est que Christa n'est pas issue d'un foyer uni et aimant mais au contraire de la lie de la société, de ces endroits où prospèrent tant la misère matérielle, humaine et spirituelle. Un tel terreau à moins d'un sacré coup de chance ne donne jamais de beaux arbres vigoureux ; il n'y à qu'à regarder les statistiques des personnes incarcérées. Ce qui ne veut évidemment pas dire que l'on ne puisse pas s'en sortir et que tous les enfants ayant connu de telles difficultés finiront pas devenir des assassins. Disons, et c'est une litote, que ce sera plus dur !

Je parlais donc, par le plus grand des hasards de ce cas avec une presque consœur, c'est à dire quelqu'un qui a étudié la psychologie sans pratiquer. Elle a généralement un bon diagnostic et je la sais extrêmement intelligente. Elle trouvait normal que Christa Pike ait été condamnée à mort compte tenu de la gravité de ses actes et du fait qu'elle soit, pour elle, irrécupérable.

Toutefois, rien ne remplace la bonne vieille clinique. Parce qu'à la différence de mon aimable consœur, j'entends moi les histoires dans mon cabinet et dès lors il ne s'agit plus d'un simple récit. Comme je l'ai souvent expliqué ici, ma pratique professionnelle m'a rendu moins bête, moins capable de juger sans appel comme si tout était réductible  mon expérience. J'ai appris la nuance en écoutant les gens et leurs histoires pas toujours très drôles voire franchement dramatiques. Bien souvent, je me suis demandé, ce que moi, issu d'un milieu aisé sans problèmes, je serais devenu à la place d'un tel ou d'une telle parce que vu d'Assas ou de la Sorbonne, la vie est plus simple que quand on patauge dans la fange depuis toujours.

Je ne suis pas devenu un neuneu lénifiant pour autant et bon nombre de patients savent que je peux me montrer femme si nécessaire et que je prendrai pas pour parole d’évangile absolument tout ce qu’ils me disent. J'ai juste tenté depuis vingt sept ans que j'exerce de me montrer juste et équitable et digne de a confiance que l'on m'accorde.

C'est la raison pour laquelle, j'ai trouvé ignoble de condamner quelqu'un d'aussi jeune à la peine de mort. C'est cruel et stupide. D’une part parce qu'il existe des circonstance atténuantes dans la mesure ou Christa est manifestement victime d'une personnalité limite, pathologie qui prend généralement naissance dans un parcours de vie fait de très mauvais traitement, le viol n’étant pas à exclure. Enfin, on sait que le cerveau n'atteint as sa maturité avant l'âge d'au moins 25 ans et certains auteurs avancent même qu'il pourrait parfois n'être définitivement formé qu'à l'âge de 30ans ! Alors, certes même si les notions de bien et de mal existent, les réponses à apporter ne sont pas toujours les plus idoines.

Ce qui ne signifie pas qu'une sanction sévère ne doive pas être appliquée et non pas une tape sur la main comme savent si bien le faire nos juges gauchistes. Personnellement, je lui aurais mis une peine de prison à perpétuité avec une sureté de 25 ans. On la met à l'ombre et dans deux décennies et demie, on voit l'évolution et on avise. Soit elle sort, soit elle termine sa vie derrière les barreaux. Mais je me refuse à électrocuter une gamine de 19 ans.

Ma consœur m'a alors dit que je prenait un sacré risque et que c'était un pari su l'avenir, parce qu'à peine sortie elle pourrait tuer de nouveau. "Ou pas" ai je répondu en lui répétant que dans mon boulot justement je passe ma vie à objectiver du subjectif et à faire des plans sur la comète en calculant les risques et en prenant des paris.

Tenez voici plus de vingt ans, un médecin m'avait envoyé un jeune vingtenaire, polytoxicomane, qui en plus avait frappé son psychanalyste précédent. Au bout de la première séance, j'ai appelé son médecin pour lui dire que j'avais très bon espoir et ce dernier m'a dit que c'était impossible parce que ce jeune souffrait d'une "névrose d'échec". Aujourd'hui, le jeune en question approche de la cinquantaine, est marié et père de famille et à la tête d'une entreprise très prospère et m'invite à déjeuner chaque fois qu'il passe me voir parce que j'avais pris à l'époque des honoraires plus que légers puisqu'il n'avait pas de fric.

Alors j'aurais aussi pris le risque avec Christa même si je sais qu'un tel niveau de pathologie a peu de chance d'être traité un jour. Peu de chance signifie qu'il en existe peut-être une et il faut la tenter. Je préfère me planter et reconnaitre qu'un cas était trop compliqué pour mioi que de m'en débarasser sur une chaise électrique.

Voilà ce sont mes principes de psy gentil un peu neuneu ! C'est mon côté mec absolument de droite mais aussi gentil qu'une nana gauchiste !

Merci de m'avoir lu !

Addendum : sinon je ne suis pas opposé à la peine de mort et je n'ai pas pleuré la disparition de Badinter !

1 Comments:

Blogger hc.minneapolis said...

Bonne analyse (c'est le cas de le dire !). Merci et bon dimanche.

25/2/24 9:04 AM  

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