12 janvier, 2007

Vieillard chenu ! Testament spirituel !

L'article précédent était le dernier des articles délirants de ce journal. Dès demain, enfin, dans quelques heures maintenant, je me verrai obligé de ne publier que des articles de fond sérieux et pontifiants. Des trucs chiants comme savent habituellement en écrire la plupart de mes confrères. Dans quelques heures, tout ce que vous avez apprécié sur mon site disparaitra et il se fondra bientôt dans la grisaille des blogs ennuyeux et ratiocineurs. Je me laisserai pousser la barbe, troquerai mes JPS (Fumer Tue !) contre une bonne vieille pipe de bruyère, et chausserai mes bésicles. Peut-être conserverai-je un ou deux lecteurs fidèles mais guère plus, et encore devrai-je sans doute les rémunérer pour qu'ils daignent venir me lire. Egaré dans le souvenir de ma gloire éphémère et déchue, je radoterai en bavochant en disant à qui veut l'entendre : "Si vous saviez j'avais plus de cent lecteurs par jour, je recevais des lettres d'amour". Les jeunes lasés, sé détourneront de moi, les enfants me jetteront des pierres. Le moment sera venu de me coucher sur ma paillasse pour m'endormir d'un sommeil éternel.

Bien sûr, pour vous rien en change, et depuis un peu plus d'une heure, vous n'avez rien ressenti, soit que vous dormiez du sommeil du juste, soit que vous soyiez totalement inconséquents.

Alors je vais vous rafraîchir la mémoire. Aujourd'hui nous sommes le 12 janvier, date de mon anniversaire, puisque je suis né ce même jour de la merveilleuse année 1967. Je suis né le 12 janvier 1967 à 11h30 du matin. ("Béni sois ce jour", chantent mes derniers adeptes derrière moi). Alors calculez un peu : 2007 - 1967 = 40 ! Dans dix heures exactement, je quitterai le monde merveilleux de la jeunesse pour entrer de plain pied dans celui de la maturité. Maturité étant bien sur le joli nom destiné à faire oublier, que dans quelques heures, j'entrerai directement sur la pente déclinante et savonneuse menant au tombeau !

Moi, jeune homme alerte, brillant, et doté d'un caractère primesautier, me voici devenu un vieillard chenu. Déjà, la vieillesse m'étreint et mes pavres mains arthritiques, aux doigts crochus, ont du mal à taper sur ce maudit clavier. Du fait de la cataracte recouvrant presque entièrement mes yeux, j'ai du mal à relire ce que je tape. Zut, ma canne faite d'un morceau de bois noueux vient de tomber !

Jeunes gens qui lirez ce message, prenez pitié d'un vieil homme qui s'acroche pour quelques temps encore à l'illusion d'une jeunesse perdue. Le temps viendra bientôt ou d'un pied vigoureux, vous pourrez pousser ma faible carcasse osseuse et décharnée, tel une momie de cuir, sur le bord du chemin, afin d'avoir pour vous seuls, la gloire qui fut mienne ! Dans le fossé, agonisant doucement, dans un dernier râle à peine audible, je pourrai enfin me souvenir de ce qu'expliqua l'Ecclésiaste dans l'Ancien testament et me repentir de l'orgueil qui fut mien :

Paroles de l'Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.

Vanité des vanités, dit l'Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.

Quel avantage revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil?

Une génération s'en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.

Le soleil se lève, le soleil se couche; il soupire après le lieu d'où il se lève de nouveau.

Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.