03 avril, 2007

O Solara Mia !

Attention les yeux ! Une Solara bicolore ! Admirez !

J’ai une majorité de lecteurs intelligents mais aussi quelques allumés de première. Ainsi, le lecteur qui signe « Anonymus 1/04 » m’écrit le mot suivant :

« Bonsoir Monsieur Philippe Serait-il possible d'avoir un petit texte sur la fiat 500 ou une autre voiture, quelque chose qui m'intéresserai comme un bon modèle des années 80. Mais je ne veux pas vous influencer, c'est juste une suggestion. Sachez qu'alors, c'est sûr, je serai un lecteur assidu de votre blog. Anonymus 1/04 »

Il va sans dire que ce lecteur est arrivé chez moi, directement sur l’article intitulé : « Je lis l’Auto-Journal ». N’ayant lu que le titre et regardé la photo de la Fiat 500, ce lecteur s’est cru sur un site traitant d’automobiles.

Je suis tellement heureux d’être lu, fut-ce par un imbécile que je ne résiste pas au plaisir d’accéder à ses caprices en dédiant un article à la sublime Talbot Solara ! Dans ma réponse à son commentaire, j’avais proposé à ce lecteur le choix entre un article dédié à la Peugeot 305 ou bien à la Talbot Solara. Dans la réalité, quelque fut son choix, j’aurais choisi la Talbot. Même s’il était difficile de faire un choix entre ces deux merveilleuses voitures.

La Solara est un modèle fabriqué par Talbot de 1980 à 1986. Il s'agit d'un modèle tricorps de la Talbot 1510, qui a succédé à la merveilleuse Simca Chrysler 1307/1308. Elle est avec la Talbot Samba la dernière voiture fabriquée par ce constructeur.

C’est une berline quatre portes à traction avant d’environ 4,30m de longueur, pour un poids d’un peu plus d’une tonne : une sorte de limousine à la française. Le style hardi, en forme de caisse à savon, est indémodable. Le tout fleure bon le conflit social à la française, puisque si mes souvenirs sont bons, cette audacieuse berline était fabriquée dans l’usine de Poissy à l’époque ou les ouvriers CGT jetaient des boulons à la tête des CRS.

Maintenant, Talbot n’existe plus, Peugeot a repris les locaux, les ouvriers sont partis en grand nombre, et les robots ne se syndiquent pas. On peut donc dire que la Solara, modèle ambitieux, aura surtout permis à la marque de résoudre ses conflits sociaux plutôt qu’à prospérer. La Solara, par la ringardise de sa ligne convenue et sans attraits, symbolise bien la France de l’époque qui va sombrer dans le socialisme s’abonner à la petitesse.

Dotée de motorisations ahurissantes, puisque le bas de gamme reçoit déjà un époustouflant 4 cylindres de 1500 cm3 développant la folle puissance de 70 CV, tandis que le haut de gamme, est carrément équipé du même moteur évidemment réalésé, afin de parvenir à 1600cm3 pour cracher 88 purs-sangs. Oui, vous avez bien lu, 88 CV ! Attention au kilomètre départ-arrêté, Ferrari n’avait qu’à bien se tenir ! Les vitesses s'échelonnent de 152Km/h à 167Km/h ! Mieux vaut rouler casqué avec un harnais !

Sinon, qu’en dire de plus ? J’imagine qu’avec le retard qui était le notre en France à cette époque, les vitres électriques n’existaient pas, ou alors sous forme optionnelle, réservée au haut de gamme à un tarif astronomique et uniquement pour l’avant. J'imagine qu'on pouvait l'équiper de jantes alu en accessoirue avec pneus larges de 155/70 ! Ca devait péter !

Quant à la direction assistée, n’y pensons même pas. Pour tourner vos roues avant facilement, dans la France des early 80’s, il n’y avait qu’une solution : le culturisme ! Ou alors vous étiez condamné à souffler comme un bœuf lors d’un créneau et à sortir tout rouge de votre caisse comme si vous veniez de vous tirer sur le haricot. Ou alors, si vous n’étiez pas suffisamment fort, vous pouviez acheter une Motobécane 88, encore appelée « bleue », fleuron de notre industrie nationale.

Heureux propriétaire de Solara ! You're a winner !

Bon, vous aurez noté que le véhicule ne m’emballe pas plus que cela, surtout qu’à l’époque j’adorais les voitures. Toutefois, j’ai des souvenirs attachés à cette voiture. Du plus général, au plus particulier :

  • Le souvenir d’une France, où, le paquet de M. (paquet rouge et blanc), coûtait 5,50Frs, à l’époque ou je disais que quand il arriverait à 10Frs, j’arrêterais de fumer. Pierre Bonte glandait encore sur Antenne2 en allant interroger des vieux dans des patelins.

  • Le souvenir de routes, sur lesquelles, on pouvait rouler vite comme un goret de mauvais citoyen, sans risque de se faire pruner ou de se faire retirer des points par les milices sarkozystes. Bien sur il y avait dix mille morts par an sur les routes, mais peut-être était-ce le prix de la liberté ? C’était aussi le temps béni où l’on faisait sa vidange soi-même en lourdant l’huile usagée dans les égouts ce qui était très sale !

  • Le souvenir du père de ma petite copine de l’époque, un gros con qui ne m’aimait pas, et qui venait chercher sa fille, que j'aimais, à la sortie du lycée (année 1983) au volant de sa Talbot Solara bordeaux. Déjà à cette époque, c’était tellement la loose de se traîner la bite dans cette voiture, qu’on se foutait de sa gueule. Il faut dire que c’était un lycée privé très bourgeois, et que sans Mercedes ou BMW, il valait mieux se garer à 2km et faire le reste à pied si vous ne vouliez pas qu’on se moque de vous. Oui, les riches sont aussi violents que les racailles, on l’admet.

  • Le souvenir d’un pays, dans lequel le socialisme et ses descendants UMPistes, n’avaient pas encore tout laminé dans leur idéologie mortifère et médiocrate. Un pays où l’on pouvait encore rêver parce qu’aucun gouvernement merdeux et gestionnaire ne nous avait encore démontré que les rêves ne sont pas faits pour être vécus.

La Solara, peut-être qu’avec sa caisse en bon acier mal traité qui rouillait vite et ses pare-chocs pourris, ça a été ma Cadillac ? Elle était laide la Solara, mais quand je l’imagine, j’en viens à rêver de choses qui ne sont plus.

Cette époque, ce devait être un peu mon Amérique à moi !


Ouaaah, tableau de bord plastique pleine fleur avec en option, autoradio Blaupunkt "Foug", PO-GO, 2X3w RMS, 6 présélections ! Pour écouter Francis Zégut ou Max Meynier à donf !


Addendum !


Laurence, qui vient de Foug, capitale de la Croutonade, où il y avait plein de Talbot Solara, quant elle était jeune, m'envoie cette photo. En effet, dans l'article précédent, j'avais mis une illustration d'un tableau de bord britanique, avec volant à droite ! La honteuuuu !

Sur celui-ci, vous noterez le précablage autoradio, avec le fil d'alimentation rouge, bien visible, comme on le proposait à l'époque de série ! Oui de série, alors que le rétro droit était lui, toujours en option. Vous remarquerez aussi que c'est une boîte automatique. A mon avis, vu la rareté du véhicule, et donc sa chèreté, il doit dormir dans une collection privée ! Peut-être dans quelque gentilhommière poitevine partiellement soumise à l'ISF!


Putain, ça fait rêver !

Imaginez-vous, conduisant pied au plancher, à 150km/h, vitre ouverte, coude à la portière, une gonzesse habillée en couleur flashy comme on en portait à l'époque, sur votre autoradio 2X7w, y'a "Chagrin d'amour" qui passe ! Si c'est pas le paradis, ça y ressemble ! On reprend en choeur : "Chacun fait fait fait c'qui lui plait plait plait" !


Attention version longue, super remix, Mitsou sur NRJ !

3 Comments:

Blogger El Gringo said...

Sur le coup, j'ai cru que la photo était à l'envers, comme dans un miroir, mais non, c'est bien une conduite à droite, avec un compteur gradué jusqu'à 120!!! (miles)
Si ça se trouve, elle était destinée au marché australien...

3/4/07 1:29 AM  
Blogger philippe psy said...

Na, y'avait un embargo pour l'australie! La solara, c'était une technologie top secret !

3/4/07 1:35 AM  
Blogger Alexis said...

Je suis aussi assez nostalgique de cette époque là tiens...quoi qu'in fine j'ai troqué le rêve du "tout semble possible" pour aller vers la réalisation de se rêve (tout sauf aisée je le reconnais !)

3/4/07 5:04 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home