Un peu de culture ! Quoique, est-ce de la culture ?
Dernièrement, je suis allé déjeuner avec un vieux confrère psychiatre hospitalier. Agé de 75 ans, ce confrère poursuit toujours ses consultations. C'est un jungien (un mec qui croit aux théories de C.G. Jung), un être étrange, à la fois totalement allumé, mais aussi extrêmement sérieux, une sorte de professeur nimbus que j'apprécie beaucoup. De plus, alors que c'est un scientifique de très haut niveau, il est extrêmement pieux et va servir la soupe aux pauvres. Individu de contrastes et doté d'une fort belle sensibilité, c'est un type, qui malgré ses nombreux titres et diplômes, a toujours su rester simple, ce qui n'est pas mon cas, puisque je suis odieusement vaniteux.
Mais bon, j'avoue que je suis meilleur psy que lui, pour les thérapies. Sincèrement, pour des cas difficiles, je suis meilleur, sauf que moi, je ne fais que le gros oeuvre. Pour le second oeuvre, électricité, plomberie, menuiserie, et même papier peint et moquette, il vaut mieux le consulter lui. Je déteste les détails et comme je dis à mes chers patients, une fois qu'ils sont très grandement améliorés, et qu'ils m'emmerdent en me posant des questions ultra précises sur des problèmes infimes : "Pour cela merci de vous adresser à votre psychanalyste préféré, moi mon truc c'est le parpaing et le béton, le reste, c'est pas moi qu'il faut voir !".
Dans les faits, ce n'est pas que je ne sache pas le faire, c'est simplement que plus on entre dans le détail, moins on a de certitudes. Et moi, j'aime les certitudes, ça fait partie de mon boulot de donner des certitudes, des trucs auxquels je crois et que je peux démontrer. Un patient arrive paumé et moi, mon métier c'est de lui donner des repères solides, pas de vivre à sa place et de jouer les gourous. J'ai un signe de terre, je l'affirme et toc ! Capricorne vaincra !
Dès qu'on entre dans des spéculations hasardeuses, bof, je n'aime pas trop. Il y a des tas de trucs étranges auxquels je crois, comme l'astrologie par exemple, mais bon, c'est ma vie, mon intimité, et je n'en fais pas part. Ce sont mes petites marottes et je n'ai pas envie d'inculquer aux gens l'idée que pour être bien, il faudrait être comme moi parce que cela m'emmerde d'imaginer que les intérieurs des autres seraient décorés comme le mien. Voilà pourquoi je n'ai pas voulu être psychanalyste, même si j'ai suivi une psychanalyse.
Après avoir déjeuné avec ce vieux confrère, j'ai eu le droit à la visite rituelle de son cabinet, pour qu'il me montre ses derniers jouets. C'est un fou d'informatique et j'ai donc eu le droit à la totale ! Il a des tonnes de gadgets et je trouve cela super à son âge, soixante quinze ans tout de même, d'être aussi vif et toujours branché haute technologie.
A ce propos, je suis plutôt désordonné et mon épouse ne cesse de me gueuler dessus à cause de ça. Je laisse traîner les trucs et j'entasse un peu partout comme un gros rat. En plus, je ne jette rien ! Fort heureusement, j'ai une excellente mémoire qui me permet de pallier mon absence totale de classement. Il parait que les aveugles entendent mieux à défaut de voir ; moi je me souviens à défaut de savoir où je mets les choses.
Mais ce vieux confrère, à côté de lui, je suis un type super ordonné. Je n'ai jamais vu un tel bordel, il faudrait y aller à la fourche ! Cela me rassure toujours sur mon état mental de savoir qu'un éminent psychiatre puisse être encore plus bordélique que moi. La dernière fois, je lui ai dit que l'état de son cabinet était de pire en pire, et que ses patients allaient bientôt prendre peur et imaginer qu'ils pénétraient dans l'antre d'un vieillard sénile, qu'ils s'attendraient presque à trouver un pot de chambre près de son divan. Il a rigolé et m'a répondu que de toute manière, en tant que psychanalyste, il bénéficiait déjà de l'image d'un type à demi-fou, uniquement préoccupé à couper les cheveux en quatre, alors, un petit peu plus ou moins dingue, il s'en foutait totalement.
Je me suis toujours demandé comment à son âge, il restait toujours aussi jeune et actif, même si je sais que, si Dieu me prête vie, je serais comme lui. Mais bon, comme j'ai un vrai vieux en face de moi, c'est plus facile à observer pour lui pomper la recette de la jeunesse éternelle, que de spéculer sur ma vieillesse à moi, qui est encore loin. Et, à un moment, alors que je regardais toutes les notes qu'il a accroché autour de son bureau, je suis tombé sur celle-ci, un texte sorti de son imprimante qui orne le mur face à son bureau et que je n'avais jamais remarqué, alors que vu l'état du papier tout jauni, cela doit faire un bail qu'il y est ce papelard. Sur ce mot, il y a le fameux texte du Général Mac Arthur concernant la jeunesse et qui dit :
"La jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d'esprit, un effet de la volonté, une qualité de l'imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années, on devient vieux car on a déserté son idéal. Les années rident la peau, renoncer à son idéal ride l'âme. Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis, qui lentement vous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille. Il demande comme l'enfant insatiable : "et après ?" et défie les évènements et trouve la joie au jeu de la vie. Vous êtes aussi jeune que votre foi, aussi vieux que votre doute, aussi jeune que votre confiance, aussi jeune que votre espoir, aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif, réceptif à ce qui est beau, bon et grand, réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini. Si un jour votre coeur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard."
Mais bon, j'avoue que je suis meilleur psy que lui, pour les thérapies. Sincèrement, pour des cas difficiles, je suis meilleur, sauf que moi, je ne fais que le gros oeuvre. Pour le second oeuvre, électricité, plomberie, menuiserie, et même papier peint et moquette, il vaut mieux le consulter lui. Je déteste les détails et comme je dis à mes chers patients, une fois qu'ils sont très grandement améliorés, et qu'ils m'emmerdent en me posant des questions ultra précises sur des problèmes infimes : "Pour cela merci de vous adresser à votre psychanalyste préféré, moi mon truc c'est le parpaing et le béton, le reste, c'est pas moi qu'il faut voir !".
Dans les faits, ce n'est pas que je ne sache pas le faire, c'est simplement que plus on entre dans le détail, moins on a de certitudes. Et moi, j'aime les certitudes, ça fait partie de mon boulot de donner des certitudes, des trucs auxquels je crois et que je peux démontrer. Un patient arrive paumé et moi, mon métier c'est de lui donner des repères solides, pas de vivre à sa place et de jouer les gourous. J'ai un signe de terre, je l'affirme et toc ! Capricorne vaincra !
Dès qu'on entre dans des spéculations hasardeuses, bof, je n'aime pas trop. Il y a des tas de trucs étranges auxquels je crois, comme l'astrologie par exemple, mais bon, c'est ma vie, mon intimité, et je n'en fais pas part. Ce sont mes petites marottes et je n'ai pas envie d'inculquer aux gens l'idée que pour être bien, il faudrait être comme moi parce que cela m'emmerde d'imaginer que les intérieurs des autres seraient décorés comme le mien. Voilà pourquoi je n'ai pas voulu être psychanalyste, même si j'ai suivi une psychanalyse.
Après avoir déjeuné avec ce vieux confrère, j'ai eu le droit à la visite rituelle de son cabinet, pour qu'il me montre ses derniers jouets. C'est un fou d'informatique et j'ai donc eu le droit à la totale ! Il a des tonnes de gadgets et je trouve cela super à son âge, soixante quinze ans tout de même, d'être aussi vif et toujours branché haute technologie.
A ce propos, je suis plutôt désordonné et mon épouse ne cesse de me gueuler dessus à cause de ça. Je laisse traîner les trucs et j'entasse un peu partout comme un gros rat. En plus, je ne jette rien ! Fort heureusement, j'ai une excellente mémoire qui me permet de pallier mon absence totale de classement. Il parait que les aveugles entendent mieux à défaut de voir ; moi je me souviens à défaut de savoir où je mets les choses.
Mais ce vieux confrère, à côté de lui, je suis un type super ordonné. Je n'ai jamais vu un tel bordel, il faudrait y aller à la fourche ! Cela me rassure toujours sur mon état mental de savoir qu'un éminent psychiatre puisse être encore plus bordélique que moi. La dernière fois, je lui ai dit que l'état de son cabinet était de pire en pire, et que ses patients allaient bientôt prendre peur et imaginer qu'ils pénétraient dans l'antre d'un vieillard sénile, qu'ils s'attendraient presque à trouver un pot de chambre près de son divan. Il a rigolé et m'a répondu que de toute manière, en tant que psychanalyste, il bénéficiait déjà de l'image d'un type à demi-fou, uniquement préoccupé à couper les cheveux en quatre, alors, un petit peu plus ou moins dingue, il s'en foutait totalement.
Je me suis toujours demandé comment à son âge, il restait toujours aussi jeune et actif, même si je sais que, si Dieu me prête vie, je serais comme lui. Mais bon, comme j'ai un vrai vieux en face de moi, c'est plus facile à observer pour lui pomper la recette de la jeunesse éternelle, que de spéculer sur ma vieillesse à moi, qui est encore loin. Et, à un moment, alors que je regardais toutes les notes qu'il a accroché autour de son bureau, je suis tombé sur celle-ci, un texte sorti de son imprimante qui orne le mur face à son bureau et que je n'avais jamais remarqué, alors que vu l'état du papier tout jauni, cela doit faire un bail qu'il y est ce papelard. Sur ce mot, il y a le fameux texte du Général Mac Arthur concernant la jeunesse et qui dit :
"La jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d'esprit, un effet de la volonté, une qualité de l'imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années, on devient vieux car on a déserté son idéal. Les années rident la peau, renoncer à son idéal ride l'âme. Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis, qui lentement vous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille. Il demande comme l'enfant insatiable : "et après ?" et défie les évènements et trouve la joie au jeu de la vie. Vous êtes aussi jeune que votre foi, aussi vieux que votre doute, aussi jeune que votre confiance, aussi jeune que votre espoir, aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif, réceptif à ce qui est beau, bon et grand, réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini. Si un jour votre coeur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard."
1 Comments:
Peut on se fier à un type qui parle de santé avec la pipe au bec? En tous cas il n'est fait aucune référence à ce Mac Arthur sur le site de l'INPES…;-)
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