04 septembre, 2007

Putain ce que c'est bien ! Critique littéraire !

BHV, rue de Rivoli ("Rooo que c'est grand !" s'exclament mes lecteurs Faouins !)

Hier, à la recherche d'étagères à crémaillères, je me retrouve au sous-sol du BHV, où je suis sûr d'en trouver. De fil en aiguille, je me dis "et pourquoi que je n'achèterais pas de vraies étagères ? hein pourquoi pas, plutôt que de devoir percer les murs pour monter ces merdes ?". Et me voici sur les conseils avisés d'un intérimaire, reparti au sixième étage du magasin, où l'on m'annonce, que c'est finalement au quatrième que je dois me rendre. Parvenu à cet étage, on m'explique que j'ai le choix entre le sous-sol, où il y a quelques modèles, mais justement j'en viens, ou le second étage où il y a un rayon d'étagères en kit. Très bien, je redescends au second étage où finalement je ne trouve rien.

Plutôt que de redemander à un énième incapable où sont ces putains d'étagères, j'avise le rayon librairie du magasin où je m'égare. Je glisse sur les nouveautés du rayon roman. D'une part, je n'aime pas les romans contemporains qui sont généralement fadasses, convenus et creux, comme s'ils étaient tous frappés du sceau "Article citoyen à mettre en toutes les mains, garantis sans pensées subversives. Et puis, parmi ces romans figurent de plus en plus, les romans de femmes que je trouve pénibles, quoique je sois injuste car de nombreux auteurs masculins, depuis qu'on leur a vendu l'idée d'accepter leur part féminine, écrivent aussi comme des femmes, en donnant dans le psychologisme barbant et nombriliste.

D'autre part figurent les polars américains que j'affectionne. Mais, au fil des pages, quelques soient les qualités intrinsèques des romans, j'ai pu souvent constater que de nombreux auteurs étaient de gauche ou pour le moins des promoteurs invétérés de pseudo-avancées citoyennes. Alors, même si c'est un combat d'arrière-garde, depuis je ne les achète plus que d'occasion chez Gibert. Les livres sont en excellent état, bien moins chers, ce qui me permet de réaliser de substantielles économies, et en plus cela m'évite de devoir verser des droits d'auteurs à ces connards. Quand on est de gauche, on n'aime pas l'argent, alors je les aide à ma manière.

C'est ainsi que je me retrouve au rayon des essais que j'affectionne aussi. A l'étalage, figurent beaucoup de daubes vantant ou, à l'opposé détruisant, notre bienaimé président de la république. C'est sans intérêt. Savoir si Sarko est honnête ou pas, ne me passionne pas. De toute manière, je pense que quatre-vingt dix pour cent des élus sont des opportunistes ou des salauds ou qu'ils le deviendront.

C'est ainsi, que ronchonnant et ressassant mes pensées quasi-poujadistes, qui me vaudraient un séjour en camp de rééducation par le travail si je les exprimais publiquement, je passe le rayon en détail : que des merdes ou presque. Quand soudain, étonné de le trouver là, j'aperçois le magistral ouvrage "Après l'histoire" de Philippe Muray. Il s'agit des deux ouvrages anciennement édités aux Belles Lettres, présenté en un seul par Gallimard ! Je n'ai qu'à ouvrir les pages au hasard pour me délecter de sa prose et sourire. Aussitôt dit, aussitôt fait, je me retrouve au rez-de-chaussée, à la caisse derrière des touristes (c'est la plaie les touristes !). En échange de 16,50€, vous avouerez que le prix fait rire, me voici le légitime propriétaire de ce fabuleux ouvrage que je conseille à tous mes lecteurs.

Evidemment, alors que j'avais des choses à faire, je n'ai pu résister à l'idée de repartir sur la rive gauche (je n'aime pas la rive droite), pour poser mon cul à une terrasse de café et me délecter des analyses de Muray ! Comme à mon habitude, je souligne et je corne les pages que je préfère, sauf qu'avec Muray, on finirait par tout souligner. C'était tellement bien, que même les jolies filles passant par là, n'ont pu diminuer ma concentration. Je pense que j'aurais pu y rester des heures et des heures, si le devoir ne m'avait pas rappelé à temps.

Extrait : Janvier 1999 "Du tourisme citoyen"page 286"

"Ainsi, non content d'avoir privé le voyage de la réalité de l'espace, se flatte-on de lui ôter la réalité humaine autre (si détestable qu'elle puisse être dans certains cas) qui était son but. Les guides Lonely Planet, qui peuvent se féliciter de promouvoir un tourisme responsable", ont reçu l'an dernier d'unanimes applaudissements après la publication de leur ouvrage sur la Birmanie parce que d'entrée de jeu, ils mettaient en garde les lecteurs contre la junte qui y règne ; et les conjuraient de ne pas s'en rendre complices fût-ce involontairement. A quoi d'ailleurs un autre fabriquant d'ouvrages de piété, les guides du Routard, ripostait aussitôt : "Dire en trois mots que les colonels birmans sont des tyrans, tout le sait et le fait déjà. En revanche, il me semble beaucoup plus courageux d'évoquer les manquements aux droits de l'homme dans des pays très proches de nous". Un vertueux trouve toujours un vertueux plus vertueux. Et ainsi, au fil de ces épisodes touristomachiques, se raffine à chaque instant ce projet d'Inquisition suave, ou de Vigilance universelle, auquel les maîtres de l'univers excursionnaires ne sont pas les deniers à apporter leur concours, même s'ils le font les uns contre les autres, et selon les principes d'une roborative compétition."


***

A ce propos, j'aurais pu écrire la même chose à propos du Guide du Routard "L'ouest américain et les grand parcs nationaux". Lorsqu'on lit le chapitre consacré à Las Vegas, on a le droit à un peu d'histoire, à des chiffres mettant en relief le gigantisme de cette ville et bien sur aux descriptions des casinos et des endroits où l'on peut dormir (genre trucs merdiques loin de tout). Puis, bien sur à la fin, comme l'auteur se souvient qu'il est aussi là pour éduquer les masses, et les détourner du mal, il faut bien entendu un couplet moraliste.

C'est ainsi qu'on nous rappelle, que loin du Strip, l'artère centrale où se situent les casinos géants, il y a des taudis et même des pauvres (ah bon monsieur ??) et qu'il faut donc se méfier du clinquant pour se souvenir qu'à Vegas tout n'est pas aussi joli qu'il y parait ! Et tout à la fin de l'article consacré à la capitale du jeu, on a le droit à un texte dans lequel, l'auteur précise que pour ceux qui serait écoeurés du fric omniprésent à Vegas, ils peuvent poursuivre leur périple en allant je ne sais plus où. C'est toujours drôle avec les gauchistes du Routard, parce qu'à Rome ils trouvent qu'il y a trop de curés mais à Vegas, ils trouvent qu'il n'y en a pas assez ! Allez comprendre !

Sans intérêt, préférez le circuit "Sur les traces du sous-commandant Marcos au Chiapas",
proposé par un tour-operator équitable, solidaire et respectueux de la diversité.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

"Quand on est de gauche, on n'aime pas l'argent, alors je les aide à ma manière."
EXCELLENT !!! j'en ris encore !
Sacré Hollande, il nous les fera toutes

Jean-philippe

6/9/07 9:28 PM  

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