31 octobre, 2007

Approche psychosociologique d'une évolution sociétale au travers d'un cycle de romans policiers !

Lauren Bacall et Humphrey Bogard dans Le grand sommeil de Howard Hawks

J'adore lire, comme chacun le sait, ce qui me donne une culture immense, prompte à éblouir n'importe quel individu ayant l'insigne honneur de me rencontrer. Mes patients reconnaissent ce fait, de même que mes ami les plus sincères et honnêtes. Les autres, ceux qui ne sont pas de cet avis, sont généralement des êtres vils, ajoutant à leur malhonnêteté proverbiale, un faible niveau d'études.

Je ne lis pas, je dévore ! Lire est ma drogue et je lis n'importe quoi. Il faut toujours que j'ai un truc imprimé en main, livres bien sûr, mais à défaut, le prospectus publicitaire de chez Carrefour ou Auchan fera l'affaire. Je privilégie la lecture de romans et d'essais. L'important est pour moi d'être captivé soit par l'histoire, soit entraîné dans des raisonnements sans fin. En bref si je suis un camé du livre, il me faut de la bonne dope. De ce fait, le roman contemporain français n'est pas mon truc, c'est coupé avec trop de merde.

Très souvent, à défaut d'excellents romans que je cherche pourtant, j'en suis réduit à la lecture de polars. Mais, même en ce cas, il me faut de bons romans car il y a deux choses que je déteste. D'une part, je ne supporte pas que l'approche psychologique des personnages soit ratée. Enfin, il m'est aussi insupportable qu'un roman finisse mal, à savoir que je m'aperçoive que l'auteur n'ayant su comment finir, bâcle son travail.

Parmi mes auteurs préférés, figure Michael Connelly. Ce type, journaliste de profession, écrit bien, c'est le moins que l'on puisse dire. L'un de ces héros récurent, l'inspecteur Harry Bosch, mène ses enquêtes complexes de manière intelligente. Si le personnage n'est pas très sympathique, et presque caricatural, les énigmes proposées sont riches en rebondissements et l'on finit par connaitre Los Angeles, presqu'aussi bien qu'un angeleno.

Mais au delà, de l'aspect strictement littéraire de l'oeuvre, l'évolution du personnage créé par Connelly, nous permet aussi d'appréhender les modifications sociétales américaines, et finalement occidentales. Les aventures de Harry Bosch, commencent en 1992, dans un premier roman intitulé "Les égouts de Los Angeles". Bosch, est un ancien du Viet-Nam, ancien "rat de tunnel", c'està dire apaprtenant aux unités chargées de nettoyer les tunnels que creusaient les vietcongs pour se cacher lors du conflit.

Taciturne, solitaire et froid, toujours une clope au bec, c'est le prototype du flic américain de cinéma. C'est une machine à enquêter, ne renonçant ni à la castagne, ni aux femmes ou encore à l'alcool, au cours de ses enquêtes. Sa seule détente, c'est d'écouter du jazz en buvant de la bière, seul chez lui, dans sa maison sur pilotis construite au bord de Laurel Canyon. Ce n'est pas un personnage attachant ou sympathique. On sent qu'il déteste les institutions. Il n'est au LAPD que pour les facilités que lui donnent l'insigne et le flingue, mais dans sa tête, c'est un privé. Les flics des AI (équivalent à notre IGS) s'accrochent souvent à lui, mais il s'en fout c'est un rebelle.

Puis, au fil des romans, l'empire du bien étendit son emprise sur les Etats-Unis. Comme Connelly, colle parfaitement à l'actualité, il était hors de question que ses romans échappent aux bouleversements sociaux. C'est ainsi, que l'inspecteur de troisième classe Bosch se modifia profondément pour accéder à plus de conscience et sans doute à sa part féminine. Des personnages secondaires prirent plus d'importance, et notamment les femmes. Ces dernières ne sont plus des proies, que l'on séduit pour en abuser, avant de les larguer. Dorénavant, elles comptent et on constate vite que la liberté de Bosch est dictée par ce que lui permet ce nouveau matriarcat, cette gynarchie. Avec elles, ce sont tous les bons sentiments, l'émotionnel brutal et quasiment animal qui débarquent en force.

On apprend ainsi que la nouvelle collègue de Bosch, Kizmin Rider, a toutes les chances d'accéder à un poste au siège de la police, parce qu'elle bénéficie d'une double appartenance à une minorité : elle est noire ET lesbienne. Dans un autre roman, un inspecteur croisé par hasard semble être plutôt petit, mais nous apprenons que le LAPD a révisé ses critères de tailles afin d'incorporer des minorités latines. Dans le même temps, Bosch s'est arrêté de fumer parce que c'est mauvais pour sa santé. Connelly, n'est pas allé jusqu'à transformer son héros en adepte du Plan Nutrition Santé mais on constate que lorsqu'il prend une bière, notre inspecteur favori essaie de ne pas en ouvrir une seconde.

De la même manière, Connelly s'essaie à la quadrature du cercle. On sent qu'il a voulu humaniser son personnage. Mais comment transformer Bosch, inspecteur méthodique et froid, en adepte du dialogue, sans lui faire perdre son essence ? Connelly, qui je le rappelle est journaliste, et donc falsificateur de profession, a trouvé sa recette. Quand il mène l'enquête, Harry Bosch, reste le flic aux méthodes expéditives, mais dans le privé, il devient doux comme un agneau, n'hésitant jamais à se remettre en cause. On l'a affublé d'un femme dénommée Eléanor Wish, très vite devenue ex-femme, qui est une chieuse de première. Et, alors que même le plus doux des hommes, finirait par mettre une paire de claques à cette morue d'Eléanor, Bosch reste de marbre, comprend tout et accepte tout ! Ainsi, dans un autre opus, même lorsqu'il apprend qu'il a une fille de six ans et qu'elle lui avait caché, il comprend parce qu'il est super empathique. Il comprend que sa pouffiasse d'Eléanor l'a plaqué un soir, sans raisons, juste parce qu'elle avait un polichinelle dans le tiroir et qu'elle voulait l'élever seule, sans père. Bosch, c'est un flic le jour mais il devient Mireille Dumas, le soir venu.

Alors au fil des romans, on s'aperçoit que le monde marche cul par dessus tête, que les idées les plus farfelues ont droit de cité pourvu qu'elles soient imposées par l'empire du bien. On constate que la logique devient de plus en plus absente au bénéfice d'un monde de femme, dans ce que la femme a de plus caricatural, c'est à dire l'hystérie avérée. Et au milieu de tout cela, Bosch s'édulcore, il ne fume plus, ne boit plus, admet, comprend, sonde son inconscient, se corrige, fait tout pour s'adapter à ce monde. Bosch ne canalise pas sa sensibilité, ce qui aurait pu être un parcours mature. Non, au contraire, Bosch le dur qui masquait sa grande sensibilité, se noie dans sa sensibilité pour devenir un petit être pétri de sensiblerie, comme une vraie jeune fille de douze ans.

Si ça continue comme ça, dans le prochain roman, on constatera que Bosch vient d'avoir ses premières règles. On le retrouvera sans doute chez CVS face au rayon protections intimes en train de se demander s'il prend des tampons ou des serviettes hygiéniques.

Putain de monde de merde, tiens !


Nett Mini, le tampon pour les ex-durs qui ont leurs premières règles !
Elected by Harry Bosch, 3rd grade inspector in famous LAPD !

1 Comments:

Blogger El Gringo said...

Un homme qui se féminise?
C'est bien, c'est beau, c'est Bosch!

1/11/07 9:29 PM  

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