19 décembre, 2007

L'arrêt du tabac !

Mars 2012, le combat anti-fumeurs s'intensifie !
Détail d'une batterie anti-fumeur mise en position
dans un quartier de Paris où l'on a repéré un fumeur.


Dans l'article précédent, je fustigeais le décret liberticide m'empêchant de ruiner ma petite santé. Mais pourquoi ne pas être un peu plus positif ? Fumer, que j'appelle une liberté, est avant tout une dépendance, admettons-le. Et si le grassouillet Xavier Bertrand, et son successur, la non moins grassouillette Roselyne Bachelot, avaient raison. Après tout, ils sont ministres, ils doivent savoir ce qu'ils font ! Moi qui ne suis rien, pourquoi m'entêter à lutter contre ces élites !

Et puis, rêvons un peu ! Imaginons que grâce à l'état, j'arrête de fumer ? Je me sens imémiatement mieux. Je respire, je sens enfin les saveurs des aliments et je comprends que durant des années, je n'ai été qu'un idiot stupide et que je ce que je croyais être une liberté n'était que des chaînes ! Alors, je me suis inscrit à l'association DANF, une émanation des ultras de la DNF.

La DNF, c'était Droits des Non Fumeurs. Nous à la DANF, nous exigeons des DROITS ABSOLUS pour les NON FUMEURS. Je prends ma carte et je deviens l'un de leurs plus féroces zélateurs. Je commence à haïr le tabac plus que tout, que j'associe inconsciemment au malin, qui de par les ténèbres nous tentent pour nous entrainer dans la chute ! Je ne peux plus voir une photo de Xavier Bertrand sans avoir les larmes aux yeux. C'est mon libérateur, mon petit Che à moi !

Et là, fort de ma liberté retrouvée, je n'ai de cesse que d'aller évangéliser les fumeurs. Tout d'abord, ce ne sont que quelques actions sans éclats, mais que je juge nécesaire. Je m'imagine à la Fnac en train de lacérer discrètement des ouvrages de Philippe Muray, cet odieux personnage qui a osé douter du tabagisme passif et pire l'écrire, qui a osé n'autoriser de lui, qu'une photo sur laquelle il fumait ! Viennent ensuite les livres de Malraux et de Sartres ! Peu importe la qualité de leurs écrits, il ne m'appartient pas de les juger. Tout ce qui m'intéresse, c'est de pourfendre ces grands fumeurs !

Durant quelques mois, inlassablement je parcours les grandes librairies, armé de mon cutter vengeur. Agissant discrètement, je lacère des centaines, que dis-je des milliers d'ouvrages. Perfidement, afin de signer mon action, je glisse entre les pages de certains de ces livres, un message sybillin revendiquant cette action terroriste au nom du GAAF (Groupement d'Action Anti-Fumeurs). Manque de chance, un vigile me démasque. Emmené de force, j'ai beau protester, les traiter d'assassins, je finis au poste de police. J'écope alors d'une peine d'amende avec sursis car le juge a parfaitement compris le sens de mon combat.


Je comprends que mes actions sont limitées et qu'il va me falloir taper plus fort. Les fumeurs, ces chiens esclaves du démon nicotinique résistent. Alors ne reste que la manière forte, une sorte d'exorcisme à ma manière. J'ai de la chance car la loi s'est encore durcie à l'encontre des fumeurs. En tant que membre de DANF, je peux requérir la force publique sur simple présentation de ma carte accréditive. J'agis en civil, me mêlant aux quidams. Mais sous mes vêtements anodins, je sens ma médaille de Saint Xavier Bertrand sur la poitrine. Elle ne me quitte jamais, on ne la remet qu'aux membres de troisième degré de la DANF.

Je patrouille ainsi toute la journée, repérant les déviants. Comme je ne fume plus, j'ai récupéré mon odorat. Ce n'est plus un nez que j'ai, mais une truffe. Je sens l'odeur de tabac dès qu'elle est présente. je sais toujours quand les gens ont fumé. Alors, je le susi discrètement en métro jusque chez eux, j'observe où ils habitent et le soir, prenant un formulaire de délation, je les dénonce à la Préfecture de Police pour leur bien.

Mais ce que je préfère ce sont les opérations de police de grande envergure. Celles où je vais pouvoir mettre les bouchées doubles. Je me mets alors en embuscade près des cafés. Parfois je vois un récalcitrant et j'appelle aussitôt la police. Les agents dépêchés sur les lieux, sont immédiatement à mes ordres sur simple présentation de ma carte DANF, association reconnue d'utilité publique.

Après avoir verbalisé sévèrement le propriétaire des lieux et lui avoir imposé une fermeture administrative d'au moins deux ans, ils se saisissent du fumeur récalcitrant auquel je fais la morale. Cet abruti se rebelle et je dis aux agents de lui taper dessus violemment à grands coups de tonfa dans les testicules pour lui faire mal ! Et s'ils se rebelle encore, on lui balance des grands coups de Taser dans sa sale gueule de fumeur ! Je fulmine et j'enrage parce que cet idiot ne veut pas être sauvé ! Il vit dans le péché et ne veut pas du royaume de Dieu sur terre que je lui propose immédiatement.

Il est emmené menotté au poste de police. Là, avant même l'intervention d'un avocat, j'entre pour discuter avec lui. Je brandis un panneau Interdiction de fumer, et je hurle : "repens toi pêcheur, par ce signe je vaincrai le démon nicotinique qui est en toi !". Il résiste et de sa bouche en sang aux dents cassées, je l'entends murmurer d'aller me faire foutre. Je sais que Dieu m'éprouve en m'envoyant un possédé de la pire espèce ! Je tombe à genoux et prie Saint Xavier Bertrand pour qu'il m'apporte son aide.

Plein d'une vigueur nouvelle, je me relève et envoie au prévenu un grand coup de rangers dans sa vilaine figure. Il tombe à terre et je m'énerve. Je frappe et je frappe, encore et encore. Les policiers alertés par le bruit arrivent. Ils tentent de me maîtriser mais je résiste. Le combat contre le démon doit prendre fin. Ceinturé par deux policiers, j'ai encore le temps de mettre un coup de saton violent dans la tête du fumeur allongé par terre. J'entends un craquement.

Un policier se précipite sur lui et constate qu'il est mot. Libéré je murmure que Satan est vaincu. Je me laisse emmener. Ensuite, je ne sais plus bien ce qui m'arrive. J'ai juste conscience qu'on me fait une piqure et je m'endors. Le lendemain, encore vaseux, je vois qu'un homme en blanc se penche sur moi. Je m'énerve et éructe car je sais que c'est un allié de satan, du grand satan fumeur ! Il me jure que non mais je vois bien qu'il me ment. Il ne veut pas me libérer et me refait une piqure. Avant de m'endormir, je hurle des cantiques.

Quelques jours ont passé. L'homme en blanc revient me voir. Il me montre ma photo pieuse et me demande qui c'est ce petit gros. Je hurle que c'est Saint Xavier Bertrand et qu'il n'a pas le droit de le toucher, impie qu'il est ! Il me montre ensuite ma carte de DANF. J'entre dans une rage folle, m'agite mais ma camisole m'empêche de le frapper ! Il tente de me calmer en me parlant gentiment.

Je lui hurle que c'est ma sainte carte et qu'elle me donne tous les droits parce qu'on est reconnsu d'utilité publique ! Je remue dans tous les sens, j'enrage, je prie violemment Saint Xavier Bertrand ! Puis, tombant dans l'apathie, je murmure : "Mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ?". A nouveau une piqure et je m'endors.

Je n'ai pas le droit à un procès, car on m'a jugé irresponsable. Paranoïaque qu'ils ont osé dire ces salauds. Les premiers temps, je reste calme à l'hopital en espérant que je serais libéré mais une erreur vient tout gâcher. J'ai senti une odeur de tabac sur un infirmier. Profitant d'un instant d'inattention de sa part, je me suis jeté sur lui pour lui arracher une oreille que j'ai avalée ! La bouche pleine de son sang, je lui ai hurlé "tu voulais me tromper maudit fumeur, mais Saint Xavier Bertrand veille sur moi". L'homme à terre se tient le côté de la tête. Et pour moi, ce sera de nouveau une piqûre et l'isolement.

On me transfère à Sarreguemines dans une Unité pour Malades Difficiles (UMD). Je me plais à penser que je ne suis pas très loin de Foug. Mais parfois je suis sombre car j'imagine que là-bas au Café du Centre à Foug, il y en a qui ne respectent pas l'interdiction TOTALE de fumer ! Je fulmine et j'enrage ! Je me suis dessiné une carte de DANF tout seul, sur un bout de papier. Comme on n'a pas voulu me donner de stylo, j'ai tracé les lettres avec mon sang. Sur ma poitrine, des mes ongles j'ai tracé SXV pour honorer Saint Xavier Bertrand. Je me promène toute la journée avec un autocollant Interdiction de fumer, collé sur le front et dès que je croise quelqu'un, je lui dis : "méfie toi du diable nicotinique mon frère !". Les années passent doucement mais ma détermination ne faiblit pas.

Ils ont enfin baissé les doses de neuroleptiques. Pour avancer vers la sainteté, j'ai décidé de ne plus manger que des aliments blancs car le blanc, c'est la pureté. Nourri de fromage blanc, de mie de pain et de lait, je m'étiole. Je perds cinquante kilos mais je me sens fort en dedans. Je reste calme car j'ai bien compris que l'établissement était aux mains des fumeurs ! Toujours et encore eux !

Dix-sept ans que je suis interné. Je n 'ai plus fait parler de moi. Je me suis tu car je sais que Dieu m'éprouve. Je suis le premier martyre du tabac et cette idée me plait. Je suis devenue doux et gentil. Ile pensaient me berner mais c'est moi qui les aurai. Ma thérapie avance bien. L'idiot de psychiatre à qui je fais du cinéma me croit. L'imbécile qui imagine que j'ai laissé tomber ma lutte contre le tabac ! La semaine dernière, il m'a dit : "vous savez Philippe que vous êtes en progrès, et qu'on songe à vous libérer ?". J'ai souri faiblement et lui ai dit ce qu'il voulait entendre.

Bientôt dix-huit ans, je sors la semaine prochaine, on m'a prévu un appartement thérapeutique. J'ai tout prévu dans ma tête. D'abord, me créer un autel sur lequel je poserai la photo de Saint Xavier Bertrand qui ne m'a jamais abandonné. Puis tenter de prendre contact avec d'anciens camarades. Si ce n'est pas possible tant pis. En attendant, j'ai acheté de la peinture noire et rouge pour tracer des grands panneaux Interdiction de fumer dans mon appartement, cela m'apaise toujours de les contempler !

Hier soir, à a nuit tombée, je suis allé acheter un couteau dans une armurerie, un bowie knife. Je me suis préparé. Noir de bouchon sur la figure, habits sombres, je suis un guerrier de la nuit. Je hante les rues. J'ai vu qu'il y avait des fumeurs dans les rues. Ce soit, c'est décidé je passe à l'acte, tant pis pour les répercussions, je sais que mon combat est juste. Et puis, j'ai noté que le locataire du deuxième étage fumait. Et même si j'habite au cinquième dans l'immeuble en fac,e je ne vois pas pourquoi je subirai cet odieux tabagisme passif.

Ce locataire rentre tous les soirs vers dix-neuf heures chez lui pour s'adonner à son vice odieux. Ce soir, je l'attendrai en embuscade et je le poignarderai. Je laisserai un panneau Interdiction de fumer juste à côté pour que les autres sachent et soient prévenus qu'on ne brave pas impunément l'Eternel ainsi !

Il est 18h45, je suis dans ma tenue de camouflage, calme et apaisé. Dans quelques secondes j'irai en mission, je serai le bras armé de Dieu pour vaincre le démon niconitique. Une larme perle sur mon visage : je suis si bien. En cet instant de grâce, je ne peux que remercier Xavier Bertrand de m'avoir libéré du tabac. J'étais un pêcheur mais je ne luis suis plus. Je gonfle mes poumons d'air pure. Je me sens en si bonne santé !

Sous Marin Lanceur d'Engins Anti-Fumeurs du type DANF07 partant pour une patrouille côtière
chargée de faire respecter le décret anti-tabac dans les villes balnéaires durant les vacances d'été !

2 Comments:

Blogger Luc Dussart said...

Histoire captivante !
Les délires haltayollesques sont tels que des anciens activistes anti-tabac dénoncent les dérives de leurs confrères. Voir Michaël Siegel :
http://tobaccoanalysis.blogspot.com/
(en anglais).

Et l'on s'attaque même aux formes bénignes de la consommation du tabac comme le narghilé et le snus (tabac à chiquer).

La question que je me pose : combien de temps la vente de tabac va-t-elle restée autorisée ? Ne resteront alors consommateurs que kes jeunes rebelles perdus pour la France...

20/12/07 8:52 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bonjour,
Pourquoi continuer à se lamenter sur la disparition programmée au 1er janvier des bars à chichas ? La seule alternative c'est celle des NARGUILOX® (comme au Casino Barrière de Deauville), dont tous les patrons de bars pourraient s'équiper en se groupant éventuellement au travers d'une centrale d'achats qui permettrait d'obtenir des prix vraiment intéressants.
CLIQUEZ sur le lien suivant pour découvrir l'article paru dans OUEST-FRANCE et qui est toujours accessible en ligne
http://www.ouest-france.fr/Un-bol-d-air-avec-le-narguile-a-oxygene-/re/actuDet/actu_3639-467866-----_actu.html
En vous remerciant d'en parler à tous ceux qui sont concernés...
Bien cordialement
www.narguilox.fr

23/12/07 7:33 PM  

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