C'est pas du boulot !
L'aubergine un légume très calme !
Bon, ce n'est pas que je voudrais faire de l'exercice illégal de la médecine. D'une part, c'est formellement interdit puisque c'est justement "illégal". Ce doit être codifié dans le Code de la Santé publique ou un truc comme cela d'ailleurs.
D'autre part, je n'oublie jamais que je ne suis qu'un vermisseau non médecin et que les médecins ont toujours raison. Et que même si je doute parfois d'un de leurs diagnostic ou d'une de leurs ordonnances, je n'oublie jamais de me souvenir que je ne suis qu'un gros nul qui n'a pas l'intelligence pour comprendre. Je sais que certains disent que les études de médecine c'est la logique du boeuf,"aucune intelligence et que du travail", mais moi je ne me le permettrais pas !
Ces précaution oratoires étant prises et ma soumission aux médecins clairement établie, je suis aujourd'hui confronté à des trucs bizarres. C'est ainsi que cette semaine coup sur coup, des patients débarquent dans mon cabinet bourrés de neuroleptiques. Quand je parle de neuroleptiques, n'allez pas imaginer qu'on leurs a juste filé des psychotropes classiques tels que des antidépresseurs et des anxiolityques. Non, je les reçois alors qu'ils sont blindés d'antisopsychotiques.
Alors, le premier est un jeune de 25 ans qui a fait plusieurs séjours en hôpital psy. Plutôt sympa et comprenant bien les choses, je suis persuadé qu'on en fera quelque chose. Il travaille et est plutôt bien inséré. La seconde a le même âge et est une ex grande consommatrice de coke. Elle a fait une cure de désintoxication. Et cela n'a pas loupé, elle a remis le nez dedans une semaine après être sortie.
Si les cures servaient à quelque chose, cela se saurait et il n'y aurait plus ni camés ni alcoolos dans le monde. Allez hop, deux ou trois semaines dans un hosto ou une clinique et roulez jeunesse, les addictifs ressortiraient tout beaux et tout propres ! Manque de pot, l'addiction c'est plus complexe que cela et le phénomène dépasse la dépendance au produit. Etre addictif c'est un tout qui mixe neurobiologie et psychologie.
Quoiqu'il en soit, voici que ces deux jeunes arrivent dans mon cabinet dans un état pas possible. L'état leur reprochait de se shooter avec des produits illégaux donc les diplômés de ce même état ont décidé de les shooter avec des produits légaux. Et hop, en sus de tas de médocs, les voici tous les deux sous Tercian. Cliquez sur le lien pour voir à quoi cela sert.
Les deux m'expliquent qu'ils ont eu affaire à de jeunes psychiatres. Le jeune homme me dit même que sa psychiatre semblait à peine plus âgée que lui et qu'il a trouvé curieux qu'elle ne lui dise jamais bonjour quand elle le croisait dans les couloirs. Il parait qu'elle ne se détendait qu'en rendez-vous face à lui. Quant il m'a demandé si c'était une pratique courante, je lui ai dit que je n'en savais rien mais qu'il ne devait pas oublier que dans le métier, nous étions tous à demi-dingues alors qu'il ne fallait pas se poser de questions. Mais revenons au Tercian et aux neuroleptiques en général parce que je n'ai rien contre le laboratoire Sanofi Aventis.
C'est une sorte de camisole chimique. En gros si vous étiez un peu déconnant, du genre à faire chier votre monde, ou à vouloir vous tuer tout le temps, avec Tercian, plus de risques, vous vous retrouvez un peu éteint mais gentil comme tout. Vous devenez un peu une grosse aubergine et il est bien connu que les aubergines sont des légumes pacifiques comme tous les légumes.
Alors les deux me demandent pourquoi on leur a filé ce genre de produits. Les deux ressentent une gêne, une diminution de leurs facultés cognitives plus des symptômes somatiques pénibles. Moi faussement, me souvenant qu'il ne faut pas faire d'exercice illégal de la médecine, je leurs réponds que je n'en sais rien, que je ne suis pas médecin, mais que si un médecin leur a prescrit, c'est évidemment pour leur bien. Puis perfidement, je rajoute qu'avec ce genre de produits, c'est la réussite thérapeutique à tous les coups.
A défaut de pouvoir régler le cas d'un individu en souffrance, vous le blindez de neuroleptiques et hop il se transformera en être inerte genre gros légume comme je le disais précédemment. Alors vous pouvez le relâcher dans la nature. Vous savez qu'il vivra comme une merde, à sous régime, mais au moins il ne viendra plus vous emmerder dans votre service. La camisole chimique c'est peut-être l'avenir de la thérapie, ça dresse les pires récalcitrants. L'URSS l'avait compris avant nous. Les neuroleptiques ça a la chance d'être efficace aussi bien avec les vrais psychotiques qu'avec tous les autres. C'est bien sûr utile mais parfois superflu. Enfin, moi ce que j'en dis ...
Mais comme je suis un bon gars doublé d'un type vraiment sérieux. Je n'ai donné aucun conseil concernant ces prescriptions parce que justement je le répète encore, je ne fais pas d'exercice illégal de la médecine. Je remarque juste parfois des trucs parfois bizarres que je fais vérifier. Remplissant mon obligation de moyens, j'ai simplement pris soin de donner à ces patients l'adresse de deux psychiatres en qui j'ai toute confiance. Et je leur ai conseillé d'aller faire vérifier leurs ordonnances par l'un de ces praticiens suffisamment sérieux pour ne pas trop charger la mule.
Parce que moi, mon job est basé sur la parole et sur l'échange. Et bien que j'aie confiance dans les médicaments, et que j'encourage mes patients à consulter un médecin, je préfère tout de même avoir quelqu'un en face de moi qui peut parler qu'un individu éteint aux gestes lents et à l'élocution pâteuse.
Ceci étant dit, je fais confiance à la médecine de mon pays.
D'autre part, je n'oublie jamais que je ne suis qu'un vermisseau non médecin et que les médecins ont toujours raison. Et que même si je doute parfois d'un de leurs diagnostic ou d'une de leurs ordonnances, je n'oublie jamais de me souvenir que je ne suis qu'un gros nul qui n'a pas l'intelligence pour comprendre. Je sais que certains disent que les études de médecine c'est la logique du boeuf,"aucune intelligence et que du travail", mais moi je ne me le permettrais pas !
Ces précaution oratoires étant prises et ma soumission aux médecins clairement établie, je suis aujourd'hui confronté à des trucs bizarres. C'est ainsi que cette semaine coup sur coup, des patients débarquent dans mon cabinet bourrés de neuroleptiques. Quand je parle de neuroleptiques, n'allez pas imaginer qu'on leurs a juste filé des psychotropes classiques tels que des antidépresseurs et des anxiolityques. Non, je les reçois alors qu'ils sont blindés d'antisopsychotiques.
Alors, le premier est un jeune de 25 ans qui a fait plusieurs séjours en hôpital psy. Plutôt sympa et comprenant bien les choses, je suis persuadé qu'on en fera quelque chose. Il travaille et est plutôt bien inséré. La seconde a le même âge et est une ex grande consommatrice de coke. Elle a fait une cure de désintoxication. Et cela n'a pas loupé, elle a remis le nez dedans une semaine après être sortie.
Si les cures servaient à quelque chose, cela se saurait et il n'y aurait plus ni camés ni alcoolos dans le monde. Allez hop, deux ou trois semaines dans un hosto ou une clinique et roulez jeunesse, les addictifs ressortiraient tout beaux et tout propres ! Manque de pot, l'addiction c'est plus complexe que cela et le phénomène dépasse la dépendance au produit. Etre addictif c'est un tout qui mixe neurobiologie et psychologie.
Quoiqu'il en soit, voici que ces deux jeunes arrivent dans mon cabinet dans un état pas possible. L'état leur reprochait de se shooter avec des produits illégaux donc les diplômés de ce même état ont décidé de les shooter avec des produits légaux. Et hop, en sus de tas de médocs, les voici tous les deux sous Tercian. Cliquez sur le lien pour voir à quoi cela sert.
Les deux m'expliquent qu'ils ont eu affaire à de jeunes psychiatres. Le jeune homme me dit même que sa psychiatre semblait à peine plus âgée que lui et qu'il a trouvé curieux qu'elle ne lui dise jamais bonjour quand elle le croisait dans les couloirs. Il parait qu'elle ne se détendait qu'en rendez-vous face à lui. Quant il m'a demandé si c'était une pratique courante, je lui ai dit que je n'en savais rien mais qu'il ne devait pas oublier que dans le métier, nous étions tous à demi-dingues alors qu'il ne fallait pas se poser de questions. Mais revenons au Tercian et aux neuroleptiques en général parce que je n'ai rien contre le laboratoire Sanofi Aventis.
C'est une sorte de camisole chimique. En gros si vous étiez un peu déconnant, du genre à faire chier votre monde, ou à vouloir vous tuer tout le temps, avec Tercian, plus de risques, vous vous retrouvez un peu éteint mais gentil comme tout. Vous devenez un peu une grosse aubergine et il est bien connu que les aubergines sont des légumes pacifiques comme tous les légumes.
Alors les deux me demandent pourquoi on leur a filé ce genre de produits. Les deux ressentent une gêne, une diminution de leurs facultés cognitives plus des symptômes somatiques pénibles. Moi faussement, me souvenant qu'il ne faut pas faire d'exercice illégal de la médecine, je leurs réponds que je n'en sais rien, que je ne suis pas médecin, mais que si un médecin leur a prescrit, c'est évidemment pour leur bien. Puis perfidement, je rajoute qu'avec ce genre de produits, c'est la réussite thérapeutique à tous les coups.
A défaut de pouvoir régler le cas d'un individu en souffrance, vous le blindez de neuroleptiques et hop il se transformera en être inerte genre gros légume comme je le disais précédemment. Alors vous pouvez le relâcher dans la nature. Vous savez qu'il vivra comme une merde, à sous régime, mais au moins il ne viendra plus vous emmerder dans votre service. La camisole chimique c'est peut-être l'avenir de la thérapie, ça dresse les pires récalcitrants. L'URSS l'avait compris avant nous. Les neuroleptiques ça a la chance d'être efficace aussi bien avec les vrais psychotiques qu'avec tous les autres. C'est bien sûr utile mais parfois superflu. Enfin, moi ce que j'en dis ...
Mais comme je suis un bon gars doublé d'un type vraiment sérieux. Je n'ai donné aucun conseil concernant ces prescriptions parce que justement je le répète encore, je ne fais pas d'exercice illégal de la médecine. Je remarque juste parfois des trucs parfois bizarres que je fais vérifier. Remplissant mon obligation de moyens, j'ai simplement pris soin de donner à ces patients l'adresse de deux psychiatres en qui j'ai toute confiance. Et je leur ai conseillé d'aller faire vérifier leurs ordonnances par l'un de ces praticiens suffisamment sérieux pour ne pas trop charger la mule.
Parce que moi, mon job est basé sur la parole et sur l'échange. Et bien que j'aie confiance dans les médicaments, et que j'encourage mes patients à consulter un médecin, je préfère tout de même avoir quelqu'un en face de moi qui peut parler qu'un individu éteint aux gestes lents et à l'élocution pâteuse.
Ceci étant dit, je fais confiance à la médecine de mon pays.
4 Comments:
Bonjour Philippe,
Le Gardénal et l'Orténal entraient (ou entre toujours ?) dans quelle catégorie ?
Claudine
De deux chose l'une :
- soit vous remettez en cause la prescription médicale de Tercian, et dans ce cas, il faut développer : quel est le diagnostic, quelle situation a motivé la prescription, quel est l'état avant-après, quelle autre alternative peut on envisager...
- soit vous ne remettez pas en cause la prescription, et dans ce cas, ce laïus mi-figue mi-raisin ressemble davantage à un aveu d'impuissance.
A midi, j'ai été à Caen et j'ai mangé...des tripes à la mode de Caen.
C'était délicieux, mais franchement ce n'était pas assez salé et je n'ai même pas pensé à rajouter du sel car j'étais pris dans le feu de la discussion.
Pas très facile, la vie de Toju.
Toju
(Nonobstant tout zurnisme)
Ben eux au moins on vu un psychiatre. Je récupère quelques légumes qui arrivent avec des prescriptions du généralistes. Un psychiatre ? Vous n'y pensez pas ! A 90 € la consultation, pas question qu'ils y mettent les pieds...
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