Y'a de la joie !
Aujourd'hui sans le vouloir, c'était ma journée cancer. Dans l'après midi, je suis allé visiter une patiente en traitement dans un grand établissement parisien. Je suppose que son cancer pris heureusement à temps guérira. Je précise qu'elle ne boit pas et qu'elle n'a jamais fumé. Au moins échappera-t-elle au discours des médecins rendant les gens responsables de leur maladie.
A vrai dire je ne sais pas vraiment si elle s'en sortira puisque je n'ai strictement aucune compétences dans ce domaine. Ce qui me rassure un peu, ou pas, c'est que les spécialistes qui s'occupent d'elle ne semblent pas en savoir beaucoup plus que moi. Ils s'ingénient à la brûler (radiothérapie) et à l'empoisonner (chimiothérapie) en espérant que sa tumeur régressera. C'est à peu près la même chose depuis trente ans. Tous les dix ans, une révolution est annoncée mais la montagne accouche manifestement d'une souris.
N'ayant pas pris de rendez-vous en fin de journée, je suis rentré plus tôt. Cela m'a permis de passer boire un coup dans mon estaminet favori, dans la commune où je vis. Le patron n'était pas là mais un vieux copain le remplaçait au pied levé. M'enquérant des raisons de ce chamboulement et de l'absence du patron, mon vieux copain m'entraina à l'écart.
Il m'explique alors que la fille du patron était assez mal lundi. Après des tâtonnements inévitables, elle a été envoyée dans un célèbre hôpital pour enfants parisien. On lui a finalement diagnostiqué un cancer des ovaires. C'est un bon début dans la vie pour une gamine qui n'a que sept ans. Elle a été opérée. Je ne sais pas ce qu'on lui a fait ni ce que les médecins ont dit aux parents. J'ai juste demandé à mon vieux copain d'assurer au patron que je connais bien, que je pensais bien à lui. Parfois, on ne trouve pas grand chose d'autre à dire.
Seconde partie de soirée sur France2, un reportage passionnant intitulé "La guerre contre le cancer" est proposé. Comme c'est manifestement mon jour, je décide de le regarder et je n'ai pas été déçu. Sur le site de France2, voici ce qu'on lit :
"C’est un peu comme si, chaque jour, une tour du World Trade Center s’écroulait en une boule de feu". C’est par une image saisissante que Clifton Leaf, sur le toit de son immeuble new-yorkais, dépeint la réalité du cancer dans son pays. L’image fait frémir, les chiffres en donnent la mesure : au cours de sa vie, un homme sur deux est confronté à la maladie, une femme sur trois…
Le cancer est aujourd’hui une épidémie qui ne cesse de s’étendre, il est devenu le premier problème de santé publique du monde industrialisé. Qui aurait pu penser, il y a trente-cinq ans, que nous serions confronté à une telle situation ? L’heure était aux discours optimistes, aux déclarations fracassantes.
Quand le 23 décembre 1971, Nixon lance solennellement "la guerre au cancer", il débloque des millions de dollars pour la recherche. Son but : terrasser le mal avant le bicentenaire de la déclaration d’indépendance, en 1976. La course était lancée, mais la course était marquée du péché d’orgueil.
Car le temps de la recherche n’obéit pas aux impératifs de l’agenda politique et la chronique d’une victoire annoncée s’est transformée en cruelle leçon d’humilité. Près de quatre décennies plus tard, les soins apportés aux malades sont mieux adaptés certes, les traitements moins lourds, la connaissance de la maladie infiniment plus précise… mais la recherche du traitement "miracle" n’a pas abouti."
Au cours du reportage des chiffres alarmants sont avancés. Ainsi, il y aurait 30% de cancers en plus depuis vingt ans. Cet accroissement est calculé avec des données corrigées de l'accroissement de l'espérance de vie. C'est à dire que depuis vingt ans, à espérance de vie égale, il y a presque un tiers de cancers en plus. Voilà qui met du baume au coeur.
Suivent enfin des commentaires tout aussi dramatiques. On nous expose les difficultés et les pressions terribles dont sont victimes les chercheurs qui s'éloignent de la voie orthodoxe de la recherche. Ainsi, les toxicologues et les épidémiologistes sont les premiers touchés. D'accord pour soigner les cancers, mais surtout pas pour comprendre pourquoi cette pathologie ne cesse de progresser.
Ces pressions viennent en premier lieu des laboratoires pharmaceutiques qui espèrent une manne du traitement du cancer qu'ils adoreraient voir traité comme une maladie chronique. Imaginez le juteux business pour un laboratoire qui pourrait vendre une molécule durant des dizaines d'années pour "endormir" la maladie plutôt que de la terrasser ou d'en trouver la cause qui permette de l'éviter. C'est un peu ce qu'a réussi Novartis avec son célèbre Glivec (coût mensuel du traitement : 2500€ ). Les actionnaires veillent au grain. Alors rassurez-vous, si un chercheur découvrait que boire un verre de jus de carotte permet d'éviter tous les cancers, il y a fort à parier qu'il finirait plutôt avec une balle dans la tête plutôt qu'avec un prix Nobel. On a souvent dit que c'était ce qui était arrivé à l'inventeur du moteur à eau, si tant est qu'il ait existé.
Mais en second lieu, viennent les pressions de nos chers politiques qui sacrifieront plutôt quelques milliers de vies plutôt qu'une usine de leur circonscription. Ainsi dès la fin des années quarante, les propriétés cancérigènes de l'amiante étaient connues, mais il aura fallu attendre cinquante ans de plus pour que des mesures soient prises. Le calcul était simple puisque dès que le coût du traitement de ces cancers a largement dépassé l'impact économique des emplois de ce secteur d'activité, ce dernier fut sacrifié. C'est un travail de petits comptables dans lequel la vie humaine n'a aucun poids.
Toutefois, cette journée plutôt sinistre m'aura tout de même apporté deux grandes choses :
D'abord, je me sens toujours et encore libéral. Mais libéral à ma manière parce que je sais que pour certains le libéralisme, ce n'est pas tant la dérèglementation tant attendue pour être enfin libre de se réaliser, que l'occasion de faire sauter tous les verrous moraux qui évitent à une société d'être une jungle pour uniquement faire plus d'argent ou avoir plus de pouvoir. Je ne serai décidemment jamais ni un bon commercial ni un bon politicien parce que je n'ai pas encore choisi de vendre mon âme. Comme l'une et l'autre de ces carrières ne m'enthousiasmaient pas, cela ne m'ennuie pas trop.
Enfin, après avoir côtoyé toute la journée ce sinistre cancer, je suis heureux d'aller me coucher tout à l'heure en me disant qu'aujourd'hui encore je suis en bonne santé. J'entends trop souvent les gens se donner des raisons de se plaindre. Et si on se donnait parfois de bonnes raisons d'être heureux ?
Et puis demain, je côtoierai un autre type de cancer : Laurence vient à Paris et elle est née sous le signe du cancer !
A vrai dire je ne sais pas vraiment si elle s'en sortira puisque je n'ai strictement aucune compétences dans ce domaine. Ce qui me rassure un peu, ou pas, c'est que les spécialistes qui s'occupent d'elle ne semblent pas en savoir beaucoup plus que moi. Ils s'ingénient à la brûler (radiothérapie) et à l'empoisonner (chimiothérapie) en espérant que sa tumeur régressera. C'est à peu près la même chose depuis trente ans. Tous les dix ans, une révolution est annoncée mais la montagne accouche manifestement d'une souris.
N'ayant pas pris de rendez-vous en fin de journée, je suis rentré plus tôt. Cela m'a permis de passer boire un coup dans mon estaminet favori, dans la commune où je vis. Le patron n'était pas là mais un vieux copain le remplaçait au pied levé. M'enquérant des raisons de ce chamboulement et de l'absence du patron, mon vieux copain m'entraina à l'écart.
Il m'explique alors que la fille du patron était assez mal lundi. Après des tâtonnements inévitables, elle a été envoyée dans un célèbre hôpital pour enfants parisien. On lui a finalement diagnostiqué un cancer des ovaires. C'est un bon début dans la vie pour une gamine qui n'a que sept ans. Elle a été opérée. Je ne sais pas ce qu'on lui a fait ni ce que les médecins ont dit aux parents. J'ai juste demandé à mon vieux copain d'assurer au patron que je connais bien, que je pensais bien à lui. Parfois, on ne trouve pas grand chose d'autre à dire.
Seconde partie de soirée sur France2, un reportage passionnant intitulé "La guerre contre le cancer" est proposé. Comme c'est manifestement mon jour, je décide de le regarder et je n'ai pas été déçu. Sur le site de France2, voici ce qu'on lit :
"C’est un peu comme si, chaque jour, une tour du World Trade Center s’écroulait en une boule de feu". C’est par une image saisissante que Clifton Leaf, sur le toit de son immeuble new-yorkais, dépeint la réalité du cancer dans son pays. L’image fait frémir, les chiffres en donnent la mesure : au cours de sa vie, un homme sur deux est confronté à la maladie, une femme sur trois…
Le cancer est aujourd’hui une épidémie qui ne cesse de s’étendre, il est devenu le premier problème de santé publique du monde industrialisé. Qui aurait pu penser, il y a trente-cinq ans, que nous serions confronté à une telle situation ? L’heure était aux discours optimistes, aux déclarations fracassantes.
Quand le 23 décembre 1971, Nixon lance solennellement "la guerre au cancer", il débloque des millions de dollars pour la recherche. Son but : terrasser le mal avant le bicentenaire de la déclaration d’indépendance, en 1976. La course était lancée, mais la course était marquée du péché d’orgueil.
Car le temps de la recherche n’obéit pas aux impératifs de l’agenda politique et la chronique d’une victoire annoncée s’est transformée en cruelle leçon d’humilité. Près de quatre décennies plus tard, les soins apportés aux malades sont mieux adaptés certes, les traitements moins lourds, la connaissance de la maladie infiniment plus précise… mais la recherche du traitement "miracle" n’a pas abouti."
Au cours du reportage des chiffres alarmants sont avancés. Ainsi, il y aurait 30% de cancers en plus depuis vingt ans. Cet accroissement est calculé avec des données corrigées de l'accroissement de l'espérance de vie. C'est à dire que depuis vingt ans, à espérance de vie égale, il y a presque un tiers de cancers en plus. Voilà qui met du baume au coeur.
Suivent enfin des commentaires tout aussi dramatiques. On nous expose les difficultés et les pressions terribles dont sont victimes les chercheurs qui s'éloignent de la voie orthodoxe de la recherche. Ainsi, les toxicologues et les épidémiologistes sont les premiers touchés. D'accord pour soigner les cancers, mais surtout pas pour comprendre pourquoi cette pathologie ne cesse de progresser.
Ces pressions viennent en premier lieu des laboratoires pharmaceutiques qui espèrent une manne du traitement du cancer qu'ils adoreraient voir traité comme une maladie chronique. Imaginez le juteux business pour un laboratoire qui pourrait vendre une molécule durant des dizaines d'années pour "endormir" la maladie plutôt que de la terrasser ou d'en trouver la cause qui permette de l'éviter. C'est un peu ce qu'a réussi Novartis avec son célèbre Glivec (coût mensuel du traitement : 2500€ ). Les actionnaires veillent au grain. Alors rassurez-vous, si un chercheur découvrait que boire un verre de jus de carotte permet d'éviter tous les cancers, il y a fort à parier qu'il finirait plutôt avec une balle dans la tête plutôt qu'avec un prix Nobel. On a souvent dit que c'était ce qui était arrivé à l'inventeur du moteur à eau, si tant est qu'il ait existé.
Mais en second lieu, viennent les pressions de nos chers politiques qui sacrifieront plutôt quelques milliers de vies plutôt qu'une usine de leur circonscription. Ainsi dès la fin des années quarante, les propriétés cancérigènes de l'amiante étaient connues, mais il aura fallu attendre cinquante ans de plus pour que des mesures soient prises. Le calcul était simple puisque dès que le coût du traitement de ces cancers a largement dépassé l'impact économique des emplois de ce secteur d'activité, ce dernier fut sacrifié. C'est un travail de petits comptables dans lequel la vie humaine n'a aucun poids.
Toutefois, cette journée plutôt sinistre m'aura tout de même apporté deux grandes choses :
D'abord, je me sens toujours et encore libéral. Mais libéral à ma manière parce que je sais que pour certains le libéralisme, ce n'est pas tant la dérèglementation tant attendue pour être enfin libre de se réaliser, que l'occasion de faire sauter tous les verrous moraux qui évitent à une société d'être une jungle pour uniquement faire plus d'argent ou avoir plus de pouvoir. Je ne serai décidemment jamais ni un bon commercial ni un bon politicien parce que je n'ai pas encore choisi de vendre mon âme. Comme l'une et l'autre de ces carrières ne m'enthousiasmaient pas, cela ne m'ennuie pas trop.
Enfin, après avoir côtoyé toute la journée ce sinistre cancer, je suis heureux d'aller me coucher tout à l'heure en me disant qu'aujourd'hui encore je suis en bonne santé. J'entends trop souvent les gens se donner des raisons de se plaindre. Et si on se donnait parfois de bonnes raisons d'être heureux ?
Et puis demain, je côtoierai un autre type de cancer : Laurence vient à Paris et elle est née sous le signe du cancer !
4 Comments:
http://europaperenis.blogspot.com/
Cher Monsieur,
Puisque vous lisez mon blog, voici sa nouvelle adresse.
http://europaperenis.blogspot.com/
J'ai mis un titre plus facile à retenir.
Ce n'est pas vraiment rassurant si les spécialistes n'en savent pas plus...
Pour se qui est de l'évolution des cancer autant c'est juste la medecine qui progresse, donc on observe plus de chose et plus de maladies donc de nouvelle soit disant apparaisse mais en faites elles existaient depuis pas mal de temps.
Ou alors c'est les modes de vies qui change et créent de nouvelle maladies...
De toute facon il y en aura toujours, on a beau ne pas fumé, ne pas boire, manger sainement avec 5fruits et legumes par jour et tout on peut trés bien tombé malade.
D'un coté on meurt tous un jours autant vivre comme on veut et pas se prendre la tete avec tout ca, histoire qu'un jour si on apprend avoir un cancer ou un truc incurable on puisse dire "au moins j'ai profiter"
http://europaperennis.blogspot.com/
(perennis avec deux "n", c'est mieux)
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