La routine !
Ce matin, je reçois une demoiselle qui semble triste parce qu'à presque trente-cinq ans, elle est seule. Là où un type, en attendant l'âme soeur, pourrait se consoler avec des potes au bistro, il n'en va pas de même pour une femme. Face à la solitude, la femme est bien désarmée. Certes on m'objectera qu'entre le repassage, le ménage et la vaisselle, il y a toujours une occupation. Cela ne suffit cependant pas à combler le manque affectif. La femme est moins grégaire que l'homme, c'est un fait.
Disons le nettement, les dîners de filles et autres conneries de la sorte, ne sont qu'une manière grossière pour des femmes "se désirant libérées" d'imiter maladroitement les hommes. Dans la pratique, sitôt le premier marmot pondu, le dîner de filles n'existe plus. Les mères et les épouses restent avec leur mari et leurs gosses, tandis que les esseulées tentent de se convaincre que la solitude est extraordinaire en regardant TF1 toutes seules.
Certaines tentent de fréquenter les endroits branchés et ne réussissent qu'à se faire ... brancher ... pour une nuit. Le monde est ainsi fait qu'il est cruel : un homme seul dans un rade, c'est naturel, tandis qu'une femme s'y rendant seule, passera la plupart du temps pour une salope venue là chercher une aventure ou une pochetronne dépressive.
Passé trente ans, les demoiselles célibataires dépriment et échouent chez moi. Elles comprennent qu'elles viennent de passer le cap terrible qui les a fait passer à un stade où elles ne choisissent plus mais où on les choisit ... éventuellement. Elles viennent donc me voir et me parlent. On revisite alors leurs histoires d'amour pour comprendre ce qui n'a pas marché, et pour savoir pourquoi leur meilleure copine est maquée tandis qu'elles restent seules ! Je suis devenue, au fil des années, un expert en histoires d'amour.
Ce matin donc, ma nouvelle patiente, mignonnette sans plus, dotée d'un métier correct, m'explique qu'après sept ans d'union, elle et son "compagnon", ont décidé de se séparer. Le motif invoqué est à hurler de rire tant il semble banal et révélateur de notre époque. Ma patiente m'explique en effet, qu'elle et son compagnon se sont séparés d'un commun accord parce que "la routine s'était installée dans leur couple".
Alors que je lui demande en quoi consiste la routine, elle m'explique que pour elle, c'est répéter les mêmes choses et avoir une vie banale. Elle rajoute qu'il y a déjà le boulot et donc que si en plus la routine s'installe dans le couple c'est terrible. Elle m'explique qu'elle aurait voulu profiter de ses week-ends au lieu de regarder la télévision par exemple. Elle rajoute qu'elle aurait adoré qu'il lui fasse la surprise de l'emmener en week-end par exemple.
Je lui explique que je comprends et lui demande si elle-même lui a fait des propositions. Elle me parle alors d'expositions et autres choses cultureuses assez pénibles rarement appréciées par les hommes. Mais pourquoi pas après tout, l'homme n'est pas seulement un crétin amateur de foot et de moto. Dans les faits, je comprends qu'après une courte lune de miel, ils n'avaient pas grand chose à échanger.
Lorsque j'évoque la routine inévitable qui s'installe dans tout couple, elle se récrie et m'explique que pour elle, le couple c'est sans cesse réinventer des choses et se faire des surprises pour surtout échapper à la banalité. Comme elle me l'explique, elle n'a pas envie de ressembler à ces couples ringards qui "restent ensemble par habitude". Mais elle n'en dira pas plus ma petite princesse qui veut qu'on l'étonne et qu'on l'amuse.
Elle s'est juste lassée de son couple, comme elle se lassera sans doute de sa jolie paire de bottes qu'elle vient d'acheter en soldes, l'an prochain. Soumise au rythme des publicitaires, de la mode, au fait que tout doive bouger et changer, que l'on soit tenu de s'amuser et de s'étonner à chaque moment de nos vies, que l'on exige même qu'on "réinvente nos vies", la petite princesse a rompu pour voir autre chose, et se retrouve seule.
Mais, elle vient juste de constater que si l'an prochain, elle retrouvera facilement une nouvelle paire de bottes, ce serait plus difficile de trouver un nouveau "compagnon". Quand elle me demande ce que j'en pense, je lui réponds que je n'en pense rien et que ce qu'elle a vécu est le lot de tous les couples au bout de quelques années.
Et qu'à moins de croire à ce qu'écrit Alexandre Jardin, dans ses mauvais romans sentimentaux, quelques soient les revenus et les professions des gens, la routine s'impose toujours. Peut-être même que supporter cette routine en finissant par l'apprécier est le gage d'un amour authentique qui dépasse la passion adolescente ou la simple histoire de fesses. Une forme d'amour que l'on pourrait qualifier de "conjugal" qui nous permettra de vieillir ensemble tranquillement.
Elle ne semble pas convaincue, elle veut encore croire que l'amour, tel qu'elle l'a rêvé, format collection Harlequin, existe. Elle a trente-cinq ans, mais refuse de se poser des questions, elle veut toujours avoir quinze dans sa tête. Pour elle, la vie se doit d'être une fête perpétuelle, une sorte de Disneyland dont on changea les attractions tous les ans, rien que pour lui plaire.
Elle lit dans mon regard que je suis navré de la décevoir. Je ne peux rien pour elle ou pas grand chose. Elle décide tout de même de reprendre un rendez-vous.
Disons le nettement, les dîners de filles et autres conneries de la sorte, ne sont qu'une manière grossière pour des femmes "se désirant libérées" d'imiter maladroitement les hommes. Dans la pratique, sitôt le premier marmot pondu, le dîner de filles n'existe plus. Les mères et les épouses restent avec leur mari et leurs gosses, tandis que les esseulées tentent de se convaincre que la solitude est extraordinaire en regardant TF1 toutes seules.
Certaines tentent de fréquenter les endroits branchés et ne réussissent qu'à se faire ... brancher ... pour une nuit. Le monde est ainsi fait qu'il est cruel : un homme seul dans un rade, c'est naturel, tandis qu'une femme s'y rendant seule, passera la plupart du temps pour une salope venue là chercher une aventure ou une pochetronne dépressive.
Passé trente ans, les demoiselles célibataires dépriment et échouent chez moi. Elles comprennent qu'elles viennent de passer le cap terrible qui les a fait passer à un stade où elles ne choisissent plus mais où on les choisit ... éventuellement. Elles viennent donc me voir et me parlent. On revisite alors leurs histoires d'amour pour comprendre ce qui n'a pas marché, et pour savoir pourquoi leur meilleure copine est maquée tandis qu'elles restent seules ! Je suis devenue, au fil des années, un expert en histoires d'amour.
Ce matin donc, ma nouvelle patiente, mignonnette sans plus, dotée d'un métier correct, m'explique qu'après sept ans d'union, elle et son "compagnon", ont décidé de se séparer. Le motif invoqué est à hurler de rire tant il semble banal et révélateur de notre époque. Ma patiente m'explique en effet, qu'elle et son compagnon se sont séparés d'un commun accord parce que "la routine s'était installée dans leur couple".
Alors que je lui demande en quoi consiste la routine, elle m'explique que pour elle, c'est répéter les mêmes choses et avoir une vie banale. Elle rajoute qu'il y a déjà le boulot et donc que si en plus la routine s'installe dans le couple c'est terrible. Elle m'explique qu'elle aurait voulu profiter de ses week-ends au lieu de regarder la télévision par exemple. Elle rajoute qu'elle aurait adoré qu'il lui fasse la surprise de l'emmener en week-end par exemple.
Je lui explique que je comprends et lui demande si elle-même lui a fait des propositions. Elle me parle alors d'expositions et autres choses cultureuses assez pénibles rarement appréciées par les hommes. Mais pourquoi pas après tout, l'homme n'est pas seulement un crétin amateur de foot et de moto. Dans les faits, je comprends qu'après une courte lune de miel, ils n'avaient pas grand chose à échanger.
Lorsque j'évoque la routine inévitable qui s'installe dans tout couple, elle se récrie et m'explique que pour elle, le couple c'est sans cesse réinventer des choses et se faire des surprises pour surtout échapper à la banalité. Comme elle me l'explique, elle n'a pas envie de ressembler à ces couples ringards qui "restent ensemble par habitude". Mais elle n'en dira pas plus ma petite princesse qui veut qu'on l'étonne et qu'on l'amuse.
Elle s'est juste lassée de son couple, comme elle se lassera sans doute de sa jolie paire de bottes qu'elle vient d'acheter en soldes, l'an prochain. Soumise au rythme des publicitaires, de la mode, au fait que tout doive bouger et changer, que l'on soit tenu de s'amuser et de s'étonner à chaque moment de nos vies, que l'on exige même qu'on "réinvente nos vies", la petite princesse a rompu pour voir autre chose, et se retrouve seule.
Mais, elle vient juste de constater que si l'an prochain, elle retrouvera facilement une nouvelle paire de bottes, ce serait plus difficile de trouver un nouveau "compagnon". Quand elle me demande ce que j'en pense, je lui réponds que je n'en pense rien et que ce qu'elle a vécu est le lot de tous les couples au bout de quelques années.
Et qu'à moins de croire à ce qu'écrit Alexandre Jardin, dans ses mauvais romans sentimentaux, quelques soient les revenus et les professions des gens, la routine s'impose toujours. Peut-être même que supporter cette routine en finissant par l'apprécier est le gage d'un amour authentique qui dépasse la passion adolescente ou la simple histoire de fesses. Une forme d'amour que l'on pourrait qualifier de "conjugal" qui nous permettra de vieillir ensemble tranquillement.
Elle ne semble pas convaincue, elle veut encore croire que l'amour, tel qu'elle l'a rêvé, format collection Harlequin, existe. Elle a trente-cinq ans, mais refuse de se poser des questions, elle veut toujours avoir quinze dans sa tête. Pour elle, la vie se doit d'être une fête perpétuelle, une sorte de Disneyland dont on changea les attractions tous les ans, rien que pour lui plaire.
Elle lit dans mon regard que je suis navré de la décevoir. Je ne peux rien pour elle ou pas grand chose. Elle décide tout de même de reprendre un rendez-vous.
5 Comments:
Bon, mais quel enseignement tirer de votre histoire ?
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Moi, j'ai une suggestion à vous faire.
Posons l'hypothèse que ladite Princesse se soit mariée vierge et que son union ait été scellée par le sacrement du mariage.
Supposons qu'on lui ait enseigné quelques principes universels tels que la prohibition de l'envie et de la jalousie, et qu'elle ait accepté au moins pour partie le bien fondé de ces principes.
Supposons qu'elle s'inspire des Saintes Ecritures suivant lesquelles :
"Le vin et la musique réjouissent le coeur de l'Homme, et plus que tous les deux l'amour et la sagesse"(L'Ecclésiastique 41;20).
[Le même éloge du vin se retrouvant au demeurant dans le Coran comme étant un des éléments du Paradis (sourate 47, verset 16).]
Alors, elle aurait tout simplement jouit de la vie, sans s'encombrer d'idéaux oiseux.
C'est à dessein que je parle d'idéaux oiseux, pensant au second Commandement du Décalogue :
Tu ne feras pas d'idoles(Exode 20; 4-6).
L'idéal est une des espèces d'idoles.
On pourra remarquer aussi avec bonheur qu'une fois encore les Traditions authentiques sont analogues car puisant à la même source, lorsqu'on fera le rapprochement avec le non désir d'idéal véhiculé par l'Hindouisme.
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La chute du Monde vers la matérialité n'a pas fini d'engendrer des souffrances, et d'alimenter la clientèle des psy.
Entièrement d'accord avec vous mon bon Sylvain. Vous avez su tirer l'unique enseignement de mon histoire. Bravo !
Et comme vous le dites "la chute du monde vers la matérialité" engendrera plein d'énormes problèmes.
Carla Bruni doit être comme votre patiente. Elle non plus n'apprécie pas la routine. Pourtant à quarante ans, elle trouve le moyen de se caser avec succès.
Vos derniers billets sont très bons !
Continuez sur les nouveaux désordres amoureux (le précédent), c'est intéressant.
Comme dirait je-ne-sais-plus-qui, la grande erreur de la modernité c'est de ne pas comprendre que l'amour commence lorsque la passion se finit.
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