Recettes de crise : la soupe à la hobo !
Dire que voici encore un mois, à part quelques rares personnes, tout le monde nous disait que la crise des subprimes épargenrait la France et l'Europe. Et maintenant, ce ne sont qu'annonces alarmistes, jusqu'à l'association des DRH de France qui prédit une hausse et un durcissement des conflits sociaux. Et tout le monde y va de son commentaire, comme si chacun des acteurs voulait à tout prix nous persuader que décidément, il avait tout prévu et surtout le pire.
Un mois avant, ce n'était que de rodomontades et actuellement, on croirait une bande de gamines de douze ans affolées par leurs premières règles. J'entendais tout un tas d'informations géniales. On cherche ainsi des corrélations entre tout et n'importe quoi. Une baisse du trafic routier et c'est bien sur la faute de la crise financière. Un ralentissement du fret entre la Chine et l'Europe, c'est encore la crise et on nous promet des jours très sombres. Ce matin, j'ai eu envie de prendre deux cafés, mais en revanche j'avais les urines claires, et je m'interroge pour savoir si ce ne serait pas du à la crise financière ?
Moi qui fais des thérapies cognitives, je me passionne bien sur pour les systèmes de pensée. J'imagine que beaucoup d'entre vous sont aujourd'hui paniqués à l'idée de finir à la rue demain. Moi, je m'en fais moins d'une part parce que j'ai un grand jardin où je pourrais faire pousser des trucs et des poules qui font de beaux œufs que je vendrai au marché noir et enfin, parce que si la Société Générale faisait faillite, ce qui n'est pas envisageable, cela m'arrangerait plutôt puisque je lui dois pas mal de fric.
C'est donc avec cynisme que j'attends le retour de l'œuf à deux euros et du kilo de pomme de terre à vingt euros. J'ai lu Au bon beurre de Jean Dutourd et je sais que lorsque certains maigrissent dramatiquement, certains grossissent éhontément. Mais, me direz-vous, j'ai la chance d'avoir un jardin. Alors qu'en sera-t-il pour ceux qui n'ont pas cette chance et risquent d'être jetés sur les chemins sans moyens pour s'offrir à prix d'or ma production vivrière ?
La crise de 1929 avec laquelle des journalistes avides de sensations comparent celle-ci nous offre des exemples de capacités d'adaptation intéressante. Chacun de vous a le souvenir de cette figure de l'Amérique des années trente, aujourd'hui teintée de romantisme, que l'on nomme le hobo.
La traduction du mot hobo est "vagabond". Néanmoins, le mot hobo n'est pas un simple nom commun et ne prend tout son sens que dans le contexte culturel précis de l'Amérique des années 30. Ce sont des travailleurs itinérants qui sillonnent les états en quête de petits boulots et de combines et qui de survivre à la misère provoquée par la Grande Dépression.
Jetés sur la route, le hobo s'accommode tant bien que mal de cette nouvelle vie. Il sillone les grandes étendues américaines dans des des trains de marchandises dans lequel il voyage clandestinement. L'image du hobo est d'ailleurs inséparable de celle du train. Beaucoup de hobos se retrouvaient le long des principales lignes ferroviaires dans des points d'accueil plus ou moins improvisés. Ils pouvaient alors échanger des informations sur les régions où trouver du travail ou du réconfort. Le hobo est donc un survirvor qui ne se serait pas laissé abattre par les nouvelles alarmistes de France Infos !
Cette crise financière est donc un bien, en ce sens qu'elle pourrait donc marquer un renouveau littéraire avec l'éclosion de nouveaux Kerouac ou Steinbeck, qui nous conteront les périples de hobos jetés sur les route. Enterré les sagas boursières du gros Sulitzer, mais bienvenue à un renouveau littéraire montrant enfin de vraies gens, en proie aux affres de la vie. Envolés aussi les difficultés des personnes surdendettées et les problèmes des "jeunes" dans les cités, car tout ceci laissera sa place à de vrais problèmes.
A toute chose malheur est bon dit-on ? Alors ne voyons pas le mal partout et commençons à être positif car je ne doute pas que dans quelques années, une fois cette crise balayée, nous pourrons nous délecter d'un "Des souris et des hommes 2". Moi qui suis un gros lecteur compulsif, j'en salive d'avance.
En attendant de se régaler d'un bon gros livre, il va falloir se sustenter. Et justement, il serait judicieux de se plonger dans les "trucs" que nous ont laissés les hobos débrouillards. Dans cette Amérique tourmentée, rappelons-nous que des individus plus ingénieux ont tout de même réussi à survivre à force d'expédients. Tout n'est donc pas perdu si l'on se rappelle tous ces petits trucs qui ont égayé la vie de ces homeless !
Ainsi, sous vos yeux ébahi, je me permets modestement de remettre au goût dujour la soupe à la chaussure. Dans un contexte de crise marqué par un e hausse vertigineuse du prix des denrées alimenaires, il est toujours bon de se souvenir qu'un bouillon de bœuf apporte des protéines nécessaires les jours de grand froid. Mais que faire quand on ne dispose pas de bœuf ?
Dans ce cas, c'est fort simple puisqu'il suffit d'eau et d'une chaussure. Tout d'abord choisissez une chaussure adaptée à votre faim ou au nombre de convives à nourrir. Pour un repas plus fin, vous choisirez un escarpins pointure 36, tandis qu'en cas de famille nombreuse, c'est vers le croquenot pointure 48 que vous vous tournerez. Si vous avez une famille très nombreuse, on ne peut que vous recommander une chaussure de Michael Jordan !
Attention, la chaussure doit être en cuir impérativement. Selon vos goûts et vos moyens, vous pourrez choisir un robuste cuir de vache ou une peausserie plus délicate car il n'est pas interdit de se faire plaisir ! Une chaussure Salvatore Ferragamo ou Jimmy Choo accompagnera ainsi utilement un repas de fête tandis que la babybotte de bébé fera votre quatre heures.
Pour ce faire, débarrassez la chaussure de tous ses éléments non comestibles : patins de caoutchouc et semelles élastomère diverses. La chaussure de qualité représente un net avantage car il n'y a pas de perte. Si vous alliez chez La Halle aux chaussures c'est raté car le plastique n'est pas comestible. Même en cas de crise, le pauvre trinque toujours !
Grattez impérativement toute trace de cirage qui pourrait vous rendre malade. Une fois la chaussure préparée, coupez la en très fines lanières. Puis sur le feu, mettez une bassine d'eau à bouillir. Une fois à ébullition, jetez dans cette eau les lanières de cuir. Réduisez le feu sous la bassine, couvrez-la et laissez mijoter quelques temps. De temps à autre, touillez cette mixture doucement.
Surveillez attentivement votre préparation puis, une fois que les lanière de cuir sont devenues molles, et presque transparentes, retirez les à l'aide d'une écumoire. Prenez ensuite votre plus beau service de crise, qui pourra par exemple être constitué de boîtes de conserve vides, de verres ébréchés ou de tous autres récipients pourvu qu'ils soient dépareillés.
Dégustez ensuite ce délicieux bouillon que les plus chanceux pourront agrémenter d'un quignon de pain dur et noir ou d'une poignée d'herbes cueillies sur les chemins ou entre les traverses d'une voie de chemin de fer. Pour terminer le repas honorablement, un bon jus de gland remplacera honorablement le café. Et c'est l'estomac bien calé que vous pourrez vous trouver un wagon de marchandise ou un abri en carton bituminé où digérer à votre aise et au chaud.
Bon appétit ! N'ayez pas peur de la crise ! La semaine prochaine, je vous indiquerai comment préparer un bon jus de gland.
Sachez d'ores et déjà que le jus de gland est un succédané (ou ersatz) au café et non une pratique érotique un peu scabreuse comme le serait le célèbre sirop de cordom dont les qualités diététiques n'ont pas encore été prouvées à ce jour.
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12 Comments:
Et pour la sécurité de tes poules et de ton jardin, tu sauras à qui t'adresser...
ben j'y pensais justement .. d'ici quelques mois, quand je devrai livrer une boîte d'oeufs, il me faudra un garde du corps ...
Beurk...... le bouillon de godasse, pas très ragoûtant !
Ce que nous vivons n'est rien d'autre qu'une crise médiatique
Le jour où on nous dira à la télé "il faut mourir" toute cette bande de connards commencera à se jeter par les fenêtres...
C'est quand même étrange, le prix du petrole est en baisse depuis juillet, et pas un mot à la télé !!
Aujourd'hui, il est à moins de 89 $ le baril, alors qu'il était à 145 $ en juillet, et qu'on nous promettait les 200 $. J'arrive toujours pas bien à distinguer la différence quand je vais faire le plein. Ca doit être la crise financière alors...
@GCM: De toutes façons, le prix du pétrole tu t'en fous, t'as pété ta bagnole...
Oui d'accord, la crise financiere. Mais savez vous qui est responsable de la crise? Hein? Comment, vous ne le savez pas?
Mais c'est Bush avec ses neo conservateurs et neoliberaux!! Ben oui!
Si monsieur! C'est vrai, meme que c'est Julien Dray qui le dit et comme il est socialo, il a forcement raison vu que maintenant le capitalisme s'ecroule.
Parce que cet encule de Bush, il a voulu que les Americains deviennent proprio de leur maison. Et ca, quand on est socialo, c'est evidemment pas possible, puisque ca diminue leur clientele.
Je peux vous envoyer le texte de son analyse, c'est tellement bon que j'en avais les larmes aux yeux.
Et pour la soupe de tongs, aurais-tu une recette ?
Peut-on agrémenter la soupe de chaussures de quelques copeaux de chaussette, en guise de fromage?
En tant que comportementaliste, il y a le Behavioral Finance. Un des meilleurs bouquins de trading qui m'ait été donné de lire a été écrit par un psychiatre...Ca s'appel "Trading for a living" du Dr Alexander Elder.
@Monoi : Il me semble que c'est Clinton qui a amorcé la pompe...
@Laurence : Moi je connais la soupe de string. En revanche, je te déconseille la soupe de tampax, c'est indigeste.
@gringeot : Une petite larme coule sur ma joue. Ce monde est dur parce que ses hommes le sont. Tu m'as déçu.
@gcm, vous vous semblez juste, et je pensais avoir ete assez ironique!
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