23 novembre, 2008

Grève des profs !


Comme lors de chaque réforme, les professeurs manifestent pour le bien des élèves. C'est peut-être vrai. Je ne connais rien de cette réforme.

La seule chose que je constate c'est la baisse de niveau drastique des jeunes que je reçois dans mon cabinet. Viendra un temps où il faudra leur parler en employant un vocabulaire simple de deux-cents mots.

Ainsi, récemment j'ai été confronté aux trois situations suivantes :

  • Une jeune consoeur âgée de vingt-sept ans, ne comprenait pas l'adjectif "retorse". Tandis que je lui expliquais que je la comprenais et que je savais qu'elle n'était pas "retorse", ma patiente m'a regardé avec de grands yeux ronds. J'ai du patiemment lui expliquer que retors(e) signifiait rusé(e) et malveillant(e). C'est édifiant après avoir obtenu un master de psychologie clinique.

  • Un jeune juriste de vingt-quatre ans qui se prépare à la profession d'avocat n'avait jamais entendu parler de Cicéron. Je conçois que tout le monde n'ait pas lu "Les Tusculanes", mais il me semble étonnant qu'après une maîtrise en droit on ignore cet auteur latin majeur mais aussi avocat célébrissime. Rappelons que le droit doit à Cicéron la notion de dol qui est une manœuvre frauduleuse destinée à entraîner le consentement du cocontractant.

  • But last not least, c'est une jeune demoiselle âgée de vingt-trois ans, et titulaire d'une licence de lettres classiques obtenue à la Sorbonne qui reçoit la palme d'or. Tandis que je lui parle du destin romantique de Lord Byron, elle me demande de qui il s'agit. Je lui explique alors que Lord Byron était un poète anglais du XIXème siècle, décédé en tentant de libérer la Grèce de l'occupation turque. Là, éberluée, elle m'explique qu'elle pensait que Byron était un personnage fictif de roman et non quelqu'un ayant existé. Puis, fronçant ses petits sourcils, elle rajoute qu'elle ne comprend pas pourquoi je lui dis que Byron vécut au XIXième siècle alors que je lui parle de la Grèce. C'est à mon tour d'être étonné parce que je comprends que pour ma chère petite patiente, la Grèce ne peut être que la Grèce antique. Je lui explique alors que Byron a effectivement existé, mais aussi qu'entre la mort de Socrate et l'organisation des jeux olympiques en 2004, la ville d'Athènes n'a pas cessé d'exister.


  • Je rajoute que ces trois patients sont particulièrement intelligents mais simplement le produit de leur époque.

    Je tiens donc, par l'entremise de ce modeste blog à féliciter chaudement les professeurs qu'ils ont eu au collège, au lycée puis en université pour leur avoir permis d'être aujourd'hui aussi cultivés.

    Je ne sais pas si cette énième réforme servira à quelque chose, mais manifestement, entre l'époque pas si lointaine où j'allais en cours, et celle où ces jeunes gens ont été à l'école, il semble qu'il y ait eut quelques modifications.

    A moins, que ce ne soit du à cette géniale idée de donner le bac à 80% d'une classe d'âge ?

    13 Comments:

    Blogger Stéphanie said...

    Je me suis souvent posé cette question de la culture générale, parfois en regardant des jeux télévisés mais surtout en écoutant les gens autour de moi et je constate que le niveau de culture a peu à voir avec le niveau d'étude.
    Une personne qui m'est chère est très cultivée en n'ayant pas eu son bac pro alors que d'autres sont effectivement des ânes en affichant pourtant des diplômes sublimes !
    Je crois pour moi que la culture est question de curiosité, de goût pour la lecture et de mémoire, bien sûr.
    Certains ne retiennent et n'apprennent que ce qui est strictement nécessaire à l'obtention d'une bonne note, quand d'autres vont aller de bouquin en bouquin et passer la nuit à lire alors qu'ils cherchaient juste une date ou un nom à la base.
    C'est comme ça qu'on voit un ouvrier très calé en histoire et en géographie alors qu'une jeune blonde (ayant plus que son bac) s'est fait pourrir par Nagui pour n'avoir pas su placer la Californie.
    Elle l'avait bien mérité !
    Mais c'est vrai que le niveau moyen a baissé, juste après moi ;)

    23/11/08 10:01 AM  
    Blogger El Gringo said...

    Ben justement, c'est pour ça qu'il faut encore plus de profs!!!

    23/11/08 8:12 PM  
    Blogger philippe psy said...

    @Stephanie : suis d'accord avec vous, mille fois d'accord ! Toutefois, être licenciée es-lettres classique et ne pas connaitre Byron, ce n'est pas manquer de culture, c'est plus grave !
    @Le Gringo : oui tu as raison, il faut plus de profs ! :))
    Au fait,tu n'es pas sur Paris lundi soir ? Je devrais diner avec les petits gars de LHC, joins toi à nous, ce sera drôle. Métro Mabillon 20h

    23/11/08 8:16 PM  
    Blogger El Gringo said...

    Hum, ça me plairait bien. Je t'appelle demain!

    23/11/08 11:07 PM  
    Blogger philippe psy said...

    Avec plaisir ! Ce serait sympa comme tout !

    En plus, ils avaient peur que le bistrotier ne leur gare pas la table s'ils étaient en retard.

    Alors je leur ai dit qu'avec toi, le bistrotier deviendrait tout de suite plus accommodant.

    Essaie de venir !

    24/11/08 12:35 AM  
    Blogger Sylvain JUTTEAU said...

    Dans l'éducation nationale, il y a des professeurs qui tirent le niveau vers le bas. A l'inverse, il y a des professeurs qui sont excellents.

    La solution pour rétablir les équilibres dans le système éducatif est de donner aux chefs d'établissement le pouvoir - à budget égal - d'embaucher, congédier, et fixer les rémunérations des enseignants.

    En effet, les chefs d'établissements peuvent évaluer les enseignants avec plus d'acuité que les fonctionnaires d'administration centrale.

    Les professeurs excellents sont alors mieux utilisés, et les plus mauvais font un autre métier, plus adapté à leurs capacités.

    Dès lors, l'administration est recentrée sur ses missions de contrôle, et ses effectifs réduits.

    La seule réduction des effectifs de l'administration de l'éducation nationale permet de surcroît de rétablir l'équilibre du budget de l'Etat (l'Education Nationale est la première source de dépenses publiques).

    Techniquement simple.

    Oui, mais politiquement compliqué.

    En effet, le blocage de la situation profite :

    - aux administratifs, dont le nombre serait ramené à des quantités équilibrées.
    - aux syndicats d'enseignants, dont les permanents sont payés par des fonds publics, et pour qui la culture de l'efficacité est une menace.

    La crainte de grèves et de manifestations de masse tétanise les politiques.

    Notre Président actuel est courageux et habile face à ces craintes, mais il est dénué de vision stratégique. Il est incapable de donner une ligne de conduite car il en est dépourvu lui-même.

    Programme scolaire national, décisions d’application locales :

    http://projeteuropeen.blogspot.com/2008/03/programme-scolaire-national-dcisions.html


    Toju biblogu.

    24/11/08 12:58 PM  
    Blogger Sylvain JUTTEAU said...

    Nagui la référence culturelle.

    Toju le narquois.

    24/11/08 1:01 PM  
    Blogger Stéphanie said...

    C'est très "intellectualiste à la con" de critiquer les animateurs télé.
    Et Nagui est loin d'être le pire...
    Ainsi je devrais avoir honte de regarder un jeu ?
    Il est vrai qu'Arte diffuse certainement un programme passionnant à la même heure, je consulterai Télérama !

    24/11/08 7:30 PM  
    Blogger Sylvain JUTTEAU said...

    @ Stéphanie

    Je comprends que vous soyez irritée par ma remarque.

    ***


    J'ai eu l'occasion de travailler avec des animateurs de télévision employés pour des conventions d'entreprise. C'est un métier qui recquiert beaucoup de travail, beaucoup d'à-propos pour faire face aux imprévus. Tout est minuté, orchestré, il n'y a d'"improvisation" possible que si une minutieuse préparation a été faite avant.

    L'animateur doit jongler avec les caméras, la lumière, le son, son propre fil conducteur, et les changements de dernière minute. Il doit afficher un sourire en toutes circonstances, quelles que soient les contrariétés. Il doit gérer avec doigté les humeurs et les exigences de techniciens très susceptibles et revendicatifs.

    Nagui ou les autres, même s'ils ont l'air sots pour permettre à leur cible supposée de s'identifier, sont agiles et forts d'une grande capacité de résistance au stress.

    ***

    Mais s'il mettent leurs talents au service des jeux, c'est que l'appât du gain l'emporte sur la vertu ...

    En effet, les jeux télévisés stimulent la réception passive de l'information avec pour objectif rendre le cerveau perméable aux messages publicitaires.

    Remarquons au surplus que l'un des moyens pour stimuler la réception passive est l'utilisation des ressorts émotifs.

    Regarder des jeux télévisés est un plaisir abrutissant.

    Mais quant à la honte à regarder des jeux, je ne vois pas bien l'intérêt d'avoir honte ou pas honte...? Où est le problème ?

    Il suffit de ne plus juger autrui, et comme par enchantement on ne craint plus le jugement des autres. Quel confort !!


    Toju l'intellectualiste à la con.

    25/11/08 4:13 PM  
    Blogger Stéphanie said...

    Certes ma remarque était peut-être un poil agressive, mais il était bien entendu pour moi que les animateurs télé tâchent de "rendre du temps de cerveau disponible pour coca-cola" et franchement cela ne me gêne pas.
    Je laisse à chacun le soin de se fabriquer l'esprit critique nécessaire (et quand je regarde autour de moi, je me dis que ça n'est pas gagné) à l'usage de la télévision des années 2000.
    C'est le chacun pour soi et Dieu pour tous mais au bout du bout, est-ce que ça n'est pas toujours ainsi ?
    Vive ma liberté !!

    26/11/08 11:23 AM  
    Blogger Sylvain JUTTEAU said...

    Réflexion faite, le Coca Cola c'est peut-être la meilleure boisson pour accompagner un pétard.

    Toju.

    26/11/08 5:58 PM  
    Blogger Stéphanie said...

    Je ne sais pas, je ne fume plus de pétards et ne bois jamais de Coca, je trouve ça crade, ça a un goût de poussière.

    28/11/08 11:15 AM  
    Blogger Sylvain JUTTEAU said...

    28 novembre, 5° jour de grève du Blog.

    Toju le jaune

    28/11/08 4:42 PM  

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