07 novembre, 2008

Antiaméricanisme et part d'ombre !


J'ai vu mon copain Jeff au café ! Je l'ai chaudement félicité pour la victoire d'Obama. Jeff est un être particulier, un type très brillant et surprenant et doté d'une grande sensibilité. C'est amusant, parce qu'en parlant d'Obama, il a eu à peu près les mots qu'emploie une jeune blogueuse qui s'est enfin remis à écrire.

Jeff était très content et il 'a dit texto "qu'Obama était très beau, qu'on dirait un musicien de jazz ou encore un acteur et qu'il aurait pu tout faire dans la vie !" Ceci dit, je suis obligé d'être d'accord avec lui. Entre Obama et Mc Cain, il n'y a pas photo, c'est Sidney Poitier vs Pépé Mouillettes !

On se demande même comment les républicains ont pu envoyer un tel vieillard cacochyme au combat. Merde, dans leurs troupes, ça ne doit pas manquer de jeunes et beaux diplômés d'une des facs de l'Ivy League avec des physique à la Redford ? Mais non, eux envoient un type qui n'a même plus l'âge d'être réserviste affronter un jeune type talentueux .

A croire qu'ils ne voulaient pas la place, et qu'ils auraient décidé de laisser und émocrate se demerder avec la situation économie - parait-il - catastrophique dans lequel sont les USA. Ceci dit, soyons tout de même honnêtes, même âgé, Mc Cain présente mieux que François Hollande !

Bref, l'ami Jeff était tout guilleret. Alors juste pour le taquiner, parce que je suis taquin, je lui ai dit : "tu admettras que les américains sont vraiment trop forts !". Et là, j'ai vu son physique changer. Il a pris un air dubitatif et m'a réaffirmé son antiaméricanisme.

Alors pour l'ennuyer un peu plus, je lui ai dit que c'était justement cela la force de l'Amérique : être capable du meilleur comme du pire, n'être jamais là où on les attends et finalement toujours être en avance sur tout le monde".

Alors ça, ça ne lui a pas plu au père Jeff parce qu'il avait du mal à trouver des arguments allant contre ce que je disais. Il m'a juste dit, qu'ayant vécu deux ans là-bas, il les connaissait bien les américains. Je lui ai dit que justement, c'était sans doute pour cela qu'il collectionnait les Ford Mustang, sans doute un vague fond de nostalgie.

Et là, j'ai eu le droit à une diatribe anti-américaine qui à mon sens, n'était que du bluff. Parce qu'au fond, Jeff le sait qu'ils sont trop forts les américains. On les hais, onles déteste, on brûle la bannière étoilée partout, mais le monde entier est suspendu à leurs élections présidentielles. Tandis que nous avons un nain gesticulant que le monde entier juge ridicule, eux s'offre le luxe, après leur pitoyable Bush, de porter une future icône à la Maison blanche.

C'est un peu ça l'antiaméricanisme à la française, un mécanisme très complexe qui se rapproche nettement de l'ombre, l'archétype que décrivait Carl Gustav Jung. L'ombre, dans la psychologie analytique "jungienne", c'est notre ennemi intime. Elle est un « Éternel antagoniste », qui est à l'origine de nombreux conflits psychiques, tant interne qu’externe, en même temps qu'il impose au sujet de se confronter à ce qu'il veut ignorer de lui-même, et que de cette confrontation peut naître une forme d'éveil. »

« L’ombre est quelque chose d’inférieur, de primitif, d’inadapté et de malencontreux, mais non d’absolument mauvais , il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection. La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Sans imperfection, il n’y a ni progression, ni ascension », explique Jung dans son livre L'âme et la vie.

L'ombre est cette partie que parfois nous ne connaissons pas ou que nous détestons en nous et donc du coup nous projetons sur les autres cette partie méconnue de nous-mêmes. Une autre personne parce qu’elle est différente (un homme, une femme, personne qui a des idées différentes de nous, ses comportements, son positionnement générale dans la vie, une apparence, etc.) et nous en faisons notre ennemi personnel.

En fait l'illusion que nous entretenons en faisant cela est double : d'une part nous pensons en agissant ainsi nous libérer de notre ombre (et cela ne marche d'ailleurs pas) et d'autre part nous nous empêchons d'accéder à nous même en acceptant ces parties de nous même si peu « aimables » (que l'on peut aimer). Et pourtant ce n'est qu'ainsi, en acceptant sa part d’ombre et en l’aimant que l'on peut grandir et rentrer dans l'individuation. Il faut toujours accepter sa vulnérabilité.

« De deux choses l'une, nous connaissons notre ombre ou ne la connaissons pas ; dans ce dernier cas nous avons fréquemment un ennemi personnel sur lequel nous projetons notre ombre, dont nous le chargeons gratuitement, qui la détient à nos yeux comme si c'était la sienne, et auquel on incombe l'entière responsabilité ; c'est notre bête noire, que nous vilipendons et à laquelle nous reprochons tous les défauts, toutes les noirceurs et tous les vices qui sont en propre les nôtres ! Nous devrions prendre une bonne part des reproches dont nous accablons autrui ! Au lieu de cela, nous agissons comme s'il nous était possible ainsi de nous libérer de notre ombre; c'est l'éternelle histoire de la paille et de la poutre », expose Jung dans L'homme à la découverte de son âme.



L'Amérique, ou les américains, selon qu'il s'agisse d'un pays ou d'un peuple, c'est un peu le Dark Vador de La guerre des étoiles.

Dark Vador, comme "l'américain" est une Ombre (la part d'ombre qui est en nous, donc dans le jargon Jedi « le côté obscur de la Force ») à qui l'on cède et qui conduit à la destruction de soi et/ou des autres. Ce concept, en dehors d'être la source du personnage, désigne donc une réalité psychique présente en chacun de nous. Pour les partisans de cette interprétation jungienne du personnage, la fascination qu'exerce le personnage de Dark Vador, attractive ou répulsive, est dû au fait que l'imaginaire du personnage repose sur un phénomène bien réel, y compris pour le spectateur.


Les américains, tout comme l'ami Jeff le fait, on les déteste, on les hait, on pense que ce sont des cons incultes, et des fascistes abrutis. Mais on finit par lire et apprécier leurs auteurs, admirer leurs prix Nobel, porter des Nike, acheter un Ipod, rouler en Ford Mustang 1967, jouer de la gratte sur une Fender Stratocaster, s'émerveiller de leurs grands espaces, s'étonner de leurs capacités créatives, choisir ses vins dans le Guide Parker, regarder leurs séries, leurs filme et écouter leur musique, etc., pour finir sur le cul lorsque quarante ans tout juste après 'assassinat de Martin Luther King, ils décident d'envoyer un métisse, inconnu voici encore peu de temps, à la Maison blanche.

On devrait toujours examiner sa part d'ombre à moins de vouloir rester à vie totalement inconscient de ce que l'on est.

13 Comments:

Blogger Rubin Sfadj said...

Le malentendu est dissipé, super article !

Tu expliques bien mieux que ce que je ne l'aurais fait, mais c'est normal, cette idée un peu diffuse que j'ai depuis un petit moment : l'antiaméricanisme (comme d'ailleurs un certain d'autres "antis") relève à de nombreux égards de la névrose, voire parfois de la psychose collective...

7/11/08 3:20 PM  
Blogger Laurence said...

Ah ? moi je le trouvais sex le père Mc Cain et plus séduisant que Bababama mais bon, tout de même moins que Russell Crowe ;)

7/11/08 3:29 PM  
Blogger Rubin Sfadj said...

Tu ne m'en voudras pas de t'avoir linké.

7/11/08 3:30 PM  
Blogger Alexis said...

C'est passionnant cette histoire d'ombre. Surtout illustrée avec Dark Vador. Mon fils de presque 4 ans me réclame pour son anniversaire un Dark Vador en robe de mariée...c'est grave Docteur (notez la majuscule).

7/11/08 3:33 PM  
Blogger Anna said...

Philippe : Merci de me citer ! Penser que j'aie pu vous inspirer me comble de joie.

Laurence : Oser dire que Mc Cain est beau est désolant. Aussi désolant que préférer cette brutasse de Russel Crowe à Matt Dillon.

7/11/08 3:38 PM  
Blogger Laurence said...

@Anna : Chuuuuuut ici on ne critique pas les chauves ou les brutes !! Méfiez-vous, Môssieu Gringeot risque de se fâcher tout rouge ou euh... tout vert ;)

7/11/08 7:21 PM  
Blogger monoi said...

Est ce que c'est moi, ou McCain dans son discours de perdant et Obama dans son discours de gagnant assurent quand meme un peu plus que nos minables (le nain et la conne)?

8/11/08 12:29 AM  
Blogger GCM said...

@ Philou, tu devrais présenter Jeff à Anna !

C'est ça les USA.

On a Obispo, ils ont Prince. On a Jean-Pierre Mocky, ils ont Martin Scorsese. On a Corinne Touzet, ils ont Jodie Foster. On a Zazie, ils ont Madonna. Et on pourrait continuer toute la nuit.

En même temps, on a le TGV, ils n'ont rien. On a la sécu, ils n'ont rien. On a le french kiss, ils n'ont rien (à part les hugs ridicules). On a la culture, ils n'ont rien. On a l'éducation, ils n'ont rien. Et on pourrait continuer toute la nuit.

Un débat sans fin, sans fonds. Pisser dans un violon, c'est amusant. Voir une herbe plus verte ailleurs, c'est ambitieux. Imaginer qu'une pierre qui tombe ne fait pas de bruit si personne n'est là pour l'entendre, c'est audacieux. Savoir qui de l'oeuf, ou de la poule, est arrivé le premier, c'est prétentieux.

BLABLABLABLABLA

Et perso, je ne trouve pas Sarkozy plus ridicule que Bush.
Quant à Obama, on en reparlera quand il sera autre chose que president-elect.

GCM, Toju style !

8/11/08 5:54 AM  
Blogger GCM said...

Ah oui, au fait... Matt Dillon est une fiotte toxicomane. Je crois même que Russel et lui étaient en couple il y a quelques années.

8/11/08 5:55 AM  
Blogger Stéphanie said...

C'est marrant, je me faisais les mêmes réflexions (en moins abouti) sur les gens de ma génération (1975) élevés aux séries américaines qui ont dû fantasmer comme moi sur les villas de 500 m2 de Miami Vice, ou sur Los Angeles et ses flics.
Maintenant, on leur fait gober que le Dieu Dollar est l'ennemi à abattre, alors que c'est pour moi synonyme de liberté, parfois pour le pire, certes, mais quand même, dans l'ensemble, ce pays me fascine parce que tout y parai(ssai)t possible.
Et je me disais que ces gens de mon âge doivent avoir peur de tous ces possibles, de toute cette liberté. Et ça me parait logique, vu que notre mot d'ordre, en France est "sécurité".

8/11/08 10:00 AM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

Jung c'est un de mes bons potes à moi.

Cf "Psychologie et Alchimie". Très goûtu.

Toju.

8/11/08 10:29 AM  
Blogger Liberta said...

Ben moi aussi je préfére McCain, pour autant que je puisse apprécier un homme politique censé représenter son peuple (ouarf!) et un militaire qui a balancé des bombes à 3 000 m au dessus de ses victimes (il en a subi quelques conséquences toutefois). Peut être pas physiquement mais bon l'autre à part un sourire sympa... Et il aurait pu le battre sur le fil, j'en suis sûr! Il aurait du être un peu plus saignant sur le coté élitiste d'Obama, quand il disait un truc du genre «les pt'ites gens des petites villes, accrochés à leurs flingues et à la religion». Après çà, Mackie aurait du le tordre dans l'Indiana, l'Ohio et peut être la Virginie. C'était imparable.
Pareil sur la criiiiise, y avait moyen d'être plus tranchant sur le plan de sauvetage foireux des banques... il aurait pu parler des conséquences de l'endettement, des plans de «relance» et de l'inflation pour les retraités de Floride et d'ailleurs. Etc.
Et puis le «change we can believe in» quand on voit l'équipe dont il est entouré, des vétérans des administrations Clinton et du Parlement pour au moins la moitié.
McCain me paraît plus franc du collier. Et le plus «multilatéraliste» n'est peut être pas celui que l'on croit. Car le mec dont on veut faire une colombe a bien dit qu'une fois sorti d'Irak il mettrait le paquet sur l'Afghanistan et qu'il bombarderait les «zones tribales» du Pakistan histoire qu'on le prenne pas pour une fiotte. Il a cependant peut être pas choisi la guerre la plus facile à gagner.
Et il veut remettre en cause l'ALENA/NAFTA, l'accord de libre échange avec le Mexique et le Canada. Donc effectivement, comme dit Philippe Psy quand on parlera des conflits commerciaux transatlantiques on va vite voir à qui on a affaire et pourquoi il a gagné dans le Michigan. Gare à la gueule de bois, chers français qui avez pris parti pour un type sans le connaître, sans aller plus loin que son apparence physique peut être...

8/11/08 1:57 PM  
Blogger Anna said...

Merci de m'avoir citée ! Quant à la polémique Dillon/Crowe, elle fera l'objet d'un billet passionnant sur mon blog.

9/11/08 8:13 PM  

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