10 novembre, 2008

Extension du domaine de la paranoïa !


Bien que ce terme soit passé dans le langage courant, la paranoïa n'est pas une simple méfiance exacerbée. C'est une pathologie gravissime aux conséquences souvent funestes.

Lorsque je me suis installé, j'avais peur de recevoir des "fous dangereux". C'est idiot mais c'est ainsi, je pense que j'avais trop d'imagination. J'en avais parlé à un vieux psychiatre de mes connaissances qui m'avait dit qu'il n'y avait aucun risque. Les seuls contre lesquels il m'ait mis en garde sont les paranoïaques. Il m'avait conseillé de toujours avoir le tableau clinique en tête de manière à toujours les débusquer, même lorsqu'ils se dissimulent.

Parce que le paranoïaque n'est pas un "fou" comme les autres. On définit le paranoïaque comme un être en proie à une méfiance envahissante qui interprète les actes de tous les autres comme étant malveillants. La paranoïa envahit tout l'espace cognitif du paranoïaque. D'ailleurs, l'un des traits diagnostiques de la maladie est que le malade discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes dans les événements anodins.

Pour le paranoïaque, les choses sont claires parce qu'il voit le monde en blanc et noir. Pour le paranoïaque, vous êtes avec lui ou contre lui. Nulle échappatoire possible ! La paranoïa est insidieuse, rampante, reptante, elle coule sans cesse jusqu'à envahir tous les recoins de la pensée de celui qui est atteint.

La paranoïa n'est pas toujours bien diagnostiquée parce que ceux qui en sont atteints peuvent avoir une excellente insertion. Leurs raisonnements semblent justes et il faut une bonne intuition pour percevoir derrière leurs raisonnements sans faille, toute la morbidité qui en est la source. C'est pour cette raison qu'auparavant la paranoïa fut dénommée : folie raisonnante. Dans la paranoïa, on n'a pas à faire à des délires classiques, mais à une construction qui peut sembler séduisante de prime abord.

Rajoutons que le paranoïaque est aussi un individu dont le moi est hypertrophié. Entre lui et les autres, il s'est construit un formidable mur contre lequel tous les raisonnements qui ne sont pas les siens, viendront s'écraser. Le paranoïaque fait peur et s'impose. Et de fait, le paranoïaque peut réussir remarquablement.

On retrouve les paranoïaques depuis longtemps en politique car ils savent toujours mieux ce qui est bon pour les autres. Les exemples sont légion dans l'histoire et proches de nous, figurent au panthéon de la paranoïa des hommes comme Staline ou Hitler. Sans doute que des proches conseillers du président Bush, ceux qu'on appelait les faucons sont aussi atteints de paranoïa. D'ailleurs le patriot act, même s'il partait d'un bon sentiment, est une construction paranoïaque.

Pourtant, à force de ne voir la paranoïa que dans de tels actes, aussi hauts en couleurs, on peut aussi discriminer des menaces plus subtiles qui sont tout autant pathologiques.

Dernièrement, trois mesures m'ont alerté.

  • Martine Billard et deux autres députés, veulent interdire le chauffage sur les terrasses. Sur RTL, ce député écologiste de Paris, explique même sans même se rendre compte du ridicule de sa proposition, que les cafés pourraient fournir des couvertures aux clients qui veulent fumer afin que ceux-ci n'aient pas froid.

  • Un autre député, UMP celle-ci, dénommé Valérie Boyer proposait récemment des mesures pour lutter contre l'obésité. Parmi ces mesures, elle souhaitait créer un système de Bonus/Malus en fonction des aliments ce qui aurait permis aux pommes d'être peu taxées, tandis que les barres chocolatées par exemple, auraient été surtaxées. J'ai entendu cette jolie femme lors d'une émission, de télévision expliquer sereinement "qu'ainsi on pourrait diriger la population vers une alimentation plus saine".

  • Enfin, comme chaque année, j'ai entendu monsieur Schweitzer rendre publics les résultats de l'analyse des manuels destinés aux enfants scolarisés. On ne peut qu'être effrayé par ces résultats surtout si l'on imagine cette armée de commissaires politiques, loupe en main, traquant la déviance, le mot de trop, ou la photo qu ne plait pas. Nous ne sommes plus dans le droit mais dans l'intention.

Pour ma part, voici bien des années que j'ai conscience de vivre dans un monde qui laisse la place libre aux paranoïaques de tous poils. Parce qu'ils sont difficiles à détecter, par ce que leur folie raisonnante se dissimule parfois derrière des théories séduisantes, on ne voit pas les paranoïaques à l'œuvre. Pourtant, qu'on prenne du recul et on s'aperçoit que derrière leurs discours apparemment emprunt d'humanité, se dissimulent des monstres froids pour qui l'individu est toujours instrumentalisé, mis en équation et tout juste bon à devenir une simple variable de leurs systèmes devenus fous.

Défions-nous toujours de ces systèmes qui sous couvert d'aimer le genre humain haïssent les individus. Derrière se dissimule toujours la vilaine patte d'un dangereux paranoïaque.

Souvenons-nous que le grand psychiatre Emil Kraepelin a défini plus précisément la paranoïa à la fin du XIXième siècme comme le « développement lent et insidieux d'un système délirant durable et impossible à ébranler, et par la conservation absolue de la clarté et de l'ordre de la pensée, du vouloir, et de l'action ».

17 Comments:

Blogger Laurence said...

Même Google est devenu parano : alors que je lisais ton dernier article sur la paranoïa, je lance Gogole pour effectuer une recherche et voici le message auquel j'ai eu droit :

"Google Erreur
Nous sommes désolés...

... Votre requête ressemble étrangement à des requêtes automatisées provenant d'un virus informatique ou d'une application de type spyware. Nous devons protéger avant tout nos utilisateurs et ne pouvons traiter votre requête pour l'instant.

Nous rétablirons votre accès le plus rapidement possible. Essayez de nouveau prochainement. Si vous pensez que votre ordinateur ou votre réseau fait l'objet d'une attaque, vous pouvez lancer un utilitaire de détection de virus ou encore un utilitaire de suppression de spyware pour garantir l'intégrité de votre système. "

pfffffffffffffffff
(Je tiens à préciser que j'ai lancé cette requête depuis l'ordinateur de mon bureau qui est relié à un réseau informatique hyper sécurisé par des informaticiens hyper parano donc pas de virus ou malware, spyware ou tupperware dans la bécane !!)

10/11/08 10:12 AM  
Blogger Stéphanie said...

Ca me fait marrer de m'imaginer fumant une clope debout devant la porte du café avec une couverture sur les épaules. Imaginez : le SAMU social vient me voir et me demande si je veux un abri pour la nuit, et comme je proteste, on m'embarque de force. J'insiste : "j'ai un appartement et tout et tout" alors on me croit délirante, on m'envoie en HP, et je ne sors plus jamais !
La cigarette c'est dangereux, on ne le dira jamais assez...

10/11/08 10:21 AM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

A la source de la paranoïa, n'y a t'il pas un refus d'acceptation du monde ?

A) L'hypertrophie du moi permet au moi d'occuper toute la place plutôt que d'accepter le monde qui m'insupporte ?

B) La méfiance exarcerbée est aussi un rejet du monde. Le monde m'en veut et sa seule existence est une aggression.


Notons que les deux facteurs s'entraînent mutuellement. Mon moi est exacerbé donc je deviens incapable de connaître le monde. Ma méconnaissance du monde augmente ma méfiance et mon angoisse. Pour remédier à ma méfiance et mon angoisse, je me réfugie dans mon moi.

Le système s'auto-entretien, et peut même monter en puissance de façon paroxystique puisque plus rien ne le freine.

*****

A mes yeux, cette pathologie est le fruit d'un défaut d'acceptation du monde dans sa totalité, ce y compris sa dimension transcendante. Celui qui accepte la transcendance, balisée par une Tradition qui évite les délires, est incapable de devenir paranoïaque. La Tradition fournit clés en mains une ontologie, et au-delà permet l'enracinement dans le réel en sa totalité.

(Et pour ceux qui s'intéressent au fonctionnement des Chakras, traduisons cela par le fait que le chakra frontal doit être dominé par le chakra coronnal et non l'inverse. L'inversion de la hiérarchie des chakras est une manifestation du Kali Yuga.)


***************************************************


En lisant les analyses de monsieur Philippe Psy, je me souviens de l'affirmation souvent entendue de la bouche des psys de toutes "obédiences" suivant laquelle "nous servons de curé"...

10/11/08 11:33 AM  
Blogger Gold said...

A lire, le rapport de la halde sur les manuels scolaires http://www.halde.fr/Etude-sur-les-stereotypes-dans-les,12608.html

10/11/08 11:36 AM  
Blogger philippe psy said...

Sylvain, ton analyse est peut être juste, je n'en sais rien. Si je le savais,je serais prix nobel.

10/11/08 3:05 PM  
Blogger Anna said...

Jolie et juste définition que celle de Kraepelin. Dire que fut un temps où les médecins avaient des lettres !

10/11/08 3:20 PM  
Blogger Alexis said...

Même les paranoïaques ont des enemis.

10/11/08 3:28 PM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

@ la face du Monde :

Oyez, oyez, militez pour l'attribution du Nobel à Philippe Psy...!!!

Toju le Nobelu.

10/11/08 4:04 PM  
Anonymous Anonyme said...

Les chakras c'est pas mal utilisé par des sectes, ça permet de faire des mariages arrangés et de délirer à qui mieux mieux

11/11/08 11:56 PM  
Blogger Sylvain JUTTEAU said...

@ Olivier.

L'etude des Chakras est une discipline conservée par des savants hindous. Notre occident a perdu la capacité à lire et à étudier les chakras.

Alors, effectivement, comme il y a un méli-mélo entre les notions de santé, de communication avec l'immatériel, de privilège d'une élite capable de les lire, c'est le terrain rêvé pour les sectes.

Prudence, prudence, et prudence. Si l'on a le goût pour ce qui transcende la réalité palpable, commençons en effet par connaître la signification véritable du "buisson ardent", du "nimbe", des "anges", des "archanges". Commençons par acquérir l'intelligence véritable de ce que sont Noël, Pâques, la Pentecote, l'Ascension.

Si l'on a déjà fait ce travail sur nos racines Mosaïques et sur notre réalisation Christique, ce sera déjà une immense montagne qui sera gravie...

Nous aurons tout le temps ensuite de nous occuper des chakras...Il n'en demeure pas moins que l'étude de ce domaine est d'une grande richesse pour assurer des liens entre de multiples disciplines.

Par exemple, les chakras sont en lien avec l'arbre de vie Kabbalistique...

Toju.

12/11/08 10:03 AM  
Blogger philippe psy said...

Sylvain, nous aurons l'occasion de reparler de tout cela. Hélas, mes racines sont gréco-latines !

Sans doute est-ce pour cela que je n'ai pas trop d'accointances avec ces pratiques "magiques" ?

12/11/08 6:58 PM  
Blogger Unknown said...

Bah, le seul chakra qui marche, c'est l'épiphyse. C'est notre antenne pour capter Radio-Eris.

13/11/08 4:40 PM  
Blogger Julien said...

Je ne suis pas d'accord avec une partie de ce qui est dit dans cet article!

J'écris ce commentaire dans l'intérêt du débat sur les idées, j'espère ne pas être importun... Enfin si je vois le Gringeot débarquer chez moi avec un rictus carnassier, je me dirai que ça n'a pas plu aux autorités du blog!

Je ne conteste pas la qualité du portrait que vous dressez du paranoïaque, et bien sûr c'est très bien écrit comme toujours ; mais cette partie :

" Les exemples sont légion dans l'histoire et proches de nous, figurent au panthéon de la paranoïa des hommes comme Staline ou Hitler. "

Bon Philippe je ne suis pas d'accord qu'Hitler était de structure paranoïaque ; je ne conteste bien sûr pas qu'il aie eu une vision du monde paranoïaque, mais pour moi en ce qui le concerne ça s'arrête là.

Ce serait pas une structure paranoïde à idéal du moi paranoïaque, comme on en rencontre parfois chez les psychos?

Pour le jouer dans un film vous mettriez Tom Cruise ou Jean Reno? Je suis sûr que non!

Adhérez vous à cette idée que les gens en général ont un degré de connaissance des types de fonctionnement voisin du leur, et envient éventuellement les défenses et autres éléments de fonctionnement du groupe immédaitement plus évolué que le leur...? (moi oui)

Si c'est vrai, ça expliquerait ce type de structuration. Un idéal du moi nourri d'idées extrêmes, absolues et le plus inflexible possible, quel que soit le coût énergétique, un bon choix pour un moi en mal d'unité, un moi qui supporte mal le "bordel" de la psychose "classique".

Hitler était un orateur passionné qui faisait corps avec son discours.

Si il se retrouvait à un moment assailli de doutes quand à la validité de sa mission et de sa vision des choses, il cherchait à faire taire ou annihiler cette partie de lui. Il cherchait à parfaire la fusion entre son être et le leader "idéal" courageux, incorruptible, clairvoyant, dont sa vision du monde rendait la présence si désirable . Je prétends même qu'au niveau psychologique, il adhérait à cette vision des choses justement pour ce qu'elle lui donnait l'occasion de devenir. Le contexte de l'Allemagne d'alors, le sentiment des Allemands, ont fait qu'ils ont pu se retrouver dans son discours et dans cette vision du monde qu'il leur proposait, soit par sincérité, soit pour d'autres par intérêt.

Il emmenait son auditoire avec lui, il avait la foi on peut dire, et c'est sur cette base qu'il a construit et entretenu ce mouvement très puissant.



Tenez, je crois que nous avons spontanément un point de vue chrétien qui nuit à notre compréhension à 2 niveaux dans cette histoire :

1) il nous interdit de reconnaître le caractère religieux de la démarche d'Hitler (parce qu'elle prend une direction si différente de la nôtre, nous nous interdisons d'office de voir les points communs)
(suite plus bas)

30/10/10 3:40 AM  
Blogger Julien said...

(suite)

2) il nous interdit, de façon générale, de voir les paranos de manière réaliste : on confond "ils sont loin de la structure névrotique" : vrai quand il s'agit du rapport aux autres et du type de sentiments développés, avec "ils sont loin de la structure névrotique structurellement" : faux, car ça ce n'est pas le cas : un parano, ça a une conscience fluide, un ressenti qu'il distingue parfaitement de celui des autres, il est centré sur lui et le demeure sans peine. Quand Staline parle, il est toujours bien "distinct de son discours", des pensées lui viennent pendant qu'il parle, le lyrisme n'est pas au rendez-vous, il n'est pas complètement habité par la phrase qu'il est en train de prononcer, mais par contre il est bien posé là, il fait front, et cet adversaire qui a passé la frontière et qui envahit le pays, à l'intérieur de lui il sait le garder à distance, et lui c'est de cette façon qu'il était efficace pendant la guerre et jouait un rôle pour les Russes : un barrage contre l'angoisse, un front efficace matérialisé sous la forme d'une personne.

Hitler était totalement passionné et proche à chaque détour de son discours de la crise d'apoplexie, s'oubliant totatelement ; Staline restait en fait très placide à tout moment, absolument aucun rapport entre les 2.

Le génocide des juifs, des handicapés, des tziganes etc correspondait chez Hitler à des préoccupations d'ordre religieux, à une transposition dans le monde extérieur de ses exigences de pureté, au souci permanent d'un moi archaïque cherchant à se défaire de ce qu'il considère comme négatif en lui...(comme ces mères qui ne peuvent aimer leur enfant que si... et si...)

Car se livrer à un génocide alors qu'on mène en même temps une guerre sur plusieurs fronts en même temps, ce n'est pas forcément très malin comme allocation des ressources! Il faut vraiment que ça corresponde à quelquechose au niveau religieux, dans la vision du monde de la personne, et que cette vision du monde ne soit pas qu'un prétexte à établir le règne individuel de cette personne et de sa clique ; sinon, une fois qu'on est au pouvoir, au lieu de faire ce qu'on a dit, on fait quelques gestes symboliques, et on dit que c'est bon, qu'on a donné de soi et de son action une image adéquate, et on en reste là!

A l'opposé, les victimes de Staline, c'était pas pour lui une partie de lui dont il se défaisait, c'était quelquechose qui lui était profondément étranger et qu'il pouvait regarder avec un total détachement affectif et une indifférence complète à leur sort AVANT MEME que telle ou telle chose les désigne comme une menace à ses yeux. Il aurait eu du mal à y mettre la même passion qu' Hitler...



Deux dictateurs qui diffèraient donc très profondément à mon avis

30/10/10 3:41 AM  
Blogger Julien said...

(suite)

2) il nous interdit, de façon générale, de voir les paranos de manière réaliste : on confond "ils sont loin de la structure névrotique" : vrai quand il s'agit du rapport aux autres et du type de sentiments développés, avec "ils sont loin de la structure névrotique structurellement" : faux, car ça ce n'est pas le cas : un parano, ça a une conscience fluide, un ressenti qu'il distingue parfaitement de celui des autres, il est centré sur lui et le demeure sans peine. Quand Staline parle, il est toujours bien "distinct de son discours", des pensées lui viennent pendant qu'il parle, le lyrisme n'est pas au rendez-vous, il n'est pas complètement habité par la phrase qu'il est en train de prononcer, mais par contre il est bien posé là, il fait front, et cet adversaire qui a passé la frontière et qui envahit le pays, à l'intérieur de lui il sait le garder à distance, et lui c'est de cette façon qu'il était efficace pendant la guerre et jouait un rôle pour les Russes : un barrage contre l'angoisse, un front efficace matérialisé sous la forme d'une personne.

Hitler était totalement passionné et proche à chaque détour de son discours de la crise d'apoplexie, s'oubliant totatelement ; Staline restait en fait très placide à tout moment, absolument aucun rapport entre les 2.

Le génocide des juifs, des handicapés, des tziganes etc correspondait chez Hitler à des préoccupations d'ordre religieux, à une transposition dans le monde extérieur de ses exigences de pureté, au souci permanent d'un moi archaïque cherchant à se défaire de ce qu'il considère comme négatif en lui...(comme ces mères qui ne peuvent aimer leur enfant que si... et si...)

Car se livrer à un génocide alors qu'on mène en même temps une guerre sur plusieurs fronts en même temps, ce n'est pas forcément très malin comme allocation des ressources! Il faut vraiment que ça corresponde à quelquechose au niveau religieux, dans la vision du monde de la personne, et que cette vision du monde ne soit pas qu'un prétexte à établir le règne individuel de cette personne et de sa clique ; sinon, une fois qu'on est au pouvoir, au lieu de faire ce qu'on a dit, on fait quelques gestes symboliques, et on dit que c'est bon, qu'on a donné de soi et de son action une image adéquate, et on en reste là!

A l'opposé, les victimes de Staline, c'était pas pour lui une partie de lui dont il se défaisait, c'était quelquechose qui lui était profondément étranger et qu'il pouvait regarder avec un total détachement affectif et une indifférence complète à leur sort AVANT MEME que telle ou telle chose les désigne comme une menace à ses yeux. Il aurait eu du mal à y mettre la même passion qu' Hitler...



Deux dictateurs qui diffèraient donc très profondément à mon avis

30/10/10 3:41 AM  
Blogger Julien said...

Je ne suis pas d'accord avec une partie de ce qui est dit dans cet article!

J'écris ce commentaire dans l'intérêt du débat sur les idées, j'espère ne pas être importun... Enfin si je vois le Gringeot débarquer chez moi avec un rictus carnassier, je me dirai que ça n'a pas plu aux autorités du blog!

Je ne conteste pas la qualité du portrait que vous dressez du paranoïaque, et bien sûr c'est très bien écrit comme toujours ; mais cette partie :

" Les exemples sont légion dans l'histoire et proches de nous, figurent au panthéon de la paranoïa des hommes comme Staline ou Hitler. "

Bon Philippe je ne suis pas d'accord qu'Hitler était de structure paranoïaque ; je ne conteste bien sûr pas qu'il aie eu une vision du monde paranoïaque, mais pour moi en ce qui le concerne ça s'arrête là.

Ce serait pas une structure paranoïde à idéal du moi paranoïaque, comme on en rencontre parfois chez les psychos?

Pour le jouer dans un film vous mettriez Tom Cruise ou Jean Reno? Je suis sûr que non!

Souscrivez-vous à cette idée que les gens en général ont un degré de connaissance des types de fonctionnement voisins du leur, et envient éventuellement les défenses et autres éléments de fonctionnement du groupe immédaitement plus évolué que le leur...? (moi oui)

Ca pourrait expliquer ce type de structuration. Un idéal du moi nourri d'idées extrêmes, absolues et le plus inflexible possible, quel que soit le coût énergétique que ça représente, un bon choix pour un moi en mal d'unité, un moi qui supporte mal le "bordel" de la psychose "classique".

Hitler était un orateur passionné qui faisait corps avec son discours.

Si il se retrouvait à un moment assailli de doutes quand à la validité de sa mission et de sa vision des choses, il cherchait à faire taire ou annihiler cette partie de lui. Il cherchait à parfaire la fusion entre son être et le leader "idéal" courageux, incorruptible, clairvoyant, dont sa vision du monde rendait la présence si désirable . Je prétends même qu'au niveau psychologique, il adhérait à cette vision des choses justement pour ce qu'elle lui donnait l'occasion de devenir. Le contexte de l'Allemagne d'alors, le sentiment des Allemands, ont fait qu'ils ont pu se retrouver dans son discours et dans cette vision du monde qu'il leur proposait, soit par sincérité, soit pour d'autres par intérêt.

Il emmenait son auditoire avec lui, il avait la foi on peut dire, et c'est sur cette base qu'il a construit et entretenu ce mouvement politique très puissant.



Tenez, je crois que nous avons spontanément un point de vue chrétien qui nuit à notre compréhension à 2 niveaux dans cette histoire :

1) il nous interdit de reconnaître le caractère religieux de la démarche d'Hitler (parce qu'elle prend une direction si différente de la nôtre, nous nous interdisons d'office de voir les points communs)

(suite plus bas)

30/10/10 10:25 PM  
Blogger Julien said...

(suite)

2) il nous interdit, de façon générale, de voir les paranos de manière réaliste : on confond "ils sont loin de la structure névrotique" : vrai quand il s'agit du rapport aux autres et du type de sentiments développés, avec "ils sont loin de la structure névrotique structurellement" : faux, car ça ce n'est pas le cas : un parano, ça a une conscience fluide, un ressenti qu'il distingue parfaitement de celui des autres, il est centré sur lui et le demeure sans peine. Quand Staline parle, il est toujours bien "distinct de son discours", des pensées lui viennent pendant qu'il parle, le lyrisme n'est pas au rendez-vous, il n'est pas complètement habité par la phrase qu'il est en train de prononcer, mais par contre il est bien posé là, il fait front, et cet adversaire qui a passé la frontière et qui envahit le pays, à l'intérieur de lui il sait le garder à distance, et lui c'est de cette façon qu'il était efficace pendant la guerre et jouait un rôle pour les Russes : un barrage contre l'angoisse, un front efficace matérialisé sous la forme d'une personne.

Hitler était totalement passionné et proche à chaque détour de son discours de la crise d'apoplexie, s'oubliant totatelement ; Staline restait en fait très placide à tout moment, absolument aucun rapport entre les 2.

Le génocide des juifs, des handicapés, des tziganes etc correspondait chez Hitler à des préoccupations d'ordre religieux, à une transposition dans le monde extérieur de ses exigences de pureté, au souci permanent d'un moi archaïque cherchant à se défaire de ce qu'il considère comme négatif en lui...(comme ces mères qui ne peuvent aimer leur enfant que si... et si...)

Car se livrer à un génocide alors qu'on mène en même temps une guerre sur plusieurs fronts, ce n'est pas forcément très malin comme allocation des ressources! Il faut vraiment que ça corresponde à quelquechose au niveau religieux, dans la vision du monde de la personne, et que cette vision du monde ne soit pas qu'un prétexte à établir le règne individuel de cette personne et de sa clique ; sinon, une fois qu'on est au pouvoir, au lieu de faire ce qu'on a dit, on fait quelques gestes symboliques, et on dit que c'est bon, qu'on a donné de soi et de son action une image adéquate, et on en reste là!

A l'opposé, les victimes de Staline, c'était pas pour lui une partie de lui dont il se défaisait, c'était quelquechose qui lui était profondément étranger et qu'il pouvait regarder avec un total détachement affectif et une indifférence complète à leur sort AVANT MEME que telle ou telle chose les désigne comme une menace à ses yeux. Il aurait eu du mal à y mettre la même passion qu' Hitler...



Deux dictateurs qui diffèraient donc très profondément à mon avis au niveau structurel.

30/10/10 10:27 PM  

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