Presse de m... !
"La France est un pays où il est plus important d'avoir une opinion sur Homère que d'avoir lu Homère" Stendhal
Certes, le titre de l'article n'est pas très élégant mais c'est un cri du coeur. Voici encore une semaine, on nous bassinait avec cette crise débile. C'était la fin du monde, les capitalistes étaient des salauds, et on allait sombrer dans un monde de ténèbres par leur faute. L'Amérique était le grand Satan, le bouc émissaire chargé de tous les péchés mais par la grâce de la social-démocratie on allait enfin refonder le capitalisme pour le rendre humain.
Tant et si bien, que même si cette crise n'avait eu avoir que des répercussions limitées sur l'économie réelle, le fait de trop en parler avait fini par créer une vague de déprime ahurissante. Vague allant jusqu'à toucher des gens pourtant sûr d'eux. Ainsi, l'un de mes patients, pourtant chef d'entreprise aguerri, m'avait dit qu'il préférait attendre quelques mois pour lancer son projet parce qu'il se sentait lui-même déprimé par les mauvaises nouvelles. Et ce, alors même que son projet ne subirait aucun contrecoup du fait de cette crise, et il en était sur.
Il est certain qu'à trop parler de la crise, on allait l'installer, même si elle n'avait jamais du exister. L'être humain est ainsi que son humeur est généralement liée à son environnement. Mettez-le dans une fête et il aura des chances de sourire ; mettez-le dans un enterrement il se sentira attristé. Et ce d'autant plus qu'il y a de la musique, car c'est aussi prouvé, la musique est un inducteur puissant capable de changer l'humeur d'un individu. Il est donc regrettable que les médias audiovisuels, n'aient pas songé à illustrer leurs reportages sur la crise par l'adagio d'Albinoni, de manière à rendre encore plus sinistres leurs nouvelles.
Comme disait Adolphe Crémieux : achetez la presse et vous achèterez l'opinion". Le bougre ne s'y était pas trompé. La crise, la majeure partie des français n'y a rien compris mais tout le monde a son idée, la même que celle relayée par les grands médias. La presse nous évite de penser finalement. Lors d'une élection présidentielle, alors que les sondages venaient d'être interdits, André Frossard s'exclama : "semaine épouvantable : pas un seul sondage d'opinion. Tant pis, nous essaierons de deviner tout seuls nos propres intentions". Lui non plus n'avait pas tort.
Fort heureusement, la grande fête des élections américaines est arrivée à temps pour nous changer les idées. Et la presse, cette grande pétasse hystérique prête à se jeter sur la braguette de n'importe quel événement fut-il séduisant, ne s'y est pas trompé en lui offrant toutes ses colonnes et reportages.
Depuis quelques jours, finie la crise, envolées les subprimes, à croire que tout cela n'avait pas existé. Grâce à Barack Obama, on a changé de registre et l'espoir renait. Un sauveur est arrivé vers qui tout le monde se tourne. Je trouve d'ailleurs assez savoureux que les mêmes qui fustigeaient la vilaine Amérique, se tourne encore vers elle pour sauver le monde. Vraiment de la haine à l'amour, il n'y a souvent qu'un petit pas.
A l'heure à laquelle j'écris Barack Obama est favori dans les sondages et a toutes les chances de devenir le quarante quatrième président américain et ce malgré ma prévision. Qu'il gagne ou pas n'est pas mon problème mais je le remercie d'avoir distrait durant quelques jours notre presse de cette crise mortifère et de nous avoir rendu le sourire.
Barack Obama aura été depuis une semaine une sorte de Paris-Plage automnal, une sorte de non-événement qui met du baume au cœur des crétins. Peut-être que ce serait une bonne chose si cela pouvait durer quatre ans ! Tout le monde sera content, le CAC 40 remontera et on repartira de plus belle. Ce qui prouve qu'il vaut presque mieux faire des études poussées de psychologie sociale que d'économétrie pour être un bon prévisionniste.
Ainsi à Metz (moselle), on a même été jusqu'à installer des bureaux de vote fictifs comme le relate le Figaro. Pauvre français, enchainés à leur presse pourrie, qui voici une semaine se tordaient les mains et se voyaient ruinés par la "terrrrrrrrible crise financière" et qui aujourd'hui, tout autant aliénés par leurs médias, jouent à voter pour l'élection du président d'un autre pays. Plus près de chez moi en Ile de France, c'est une nuit de fête et d'espoir qui se tient à L'Haÿ les roses dans le Val de Marne.
Le plus risible est que les gens semblent y croire. Certes, même si au niveau planétaire, on ne peut que légitimement attendre d'Obama une politique différente de celle du catastrophique Bush, il ne faut pas imaginer qu'il gouvernera pour le monde. La grande Amérique dont ils rêvent, celle qui cesserait de s'intéresser à ses intérêts pour se préoccuper de ceux des autres, n'est pas pour demain. Mais les journaux , faisant fi du patriotisme américain, feignent de nous faire croire que l'on entre dans une nouvelle ère. Plus d'intérêts financiers et économiques, mais rien d'autre qu'une grande bande de potes qui se tiendront la main ! Sacrée presse !
Bon, rassurons-nous, on continuera à mourir de faim en Afrique et Obama connaîtra le même destin que Kennedy s'il lui venait à l'idée de faire des réformes un peu trop osées. D'ailleurs, cela n'arrivera pas car le programme d'Obama n'a rien de terriblement gauchiste. Encore eut-il fallu le lire. Mais cela, la presse généraliste s'en fout un peu. Dans un registre sommaire et définitivement dichotomique, le capitalisme c'est out et Obama c'est in.
Mais bon, voilà qui éloigne de nous le spectre de la récession parce que si un métisse est élu à la maison blanche, voyez-vous, c'est bon pour l'économie et pour tout le monde, et peu importe qu'il n'y ait aucun lien, on s'en fout. Alors, j'imagine que jusqu'à son investiture on aura le droit à des tas de plans sur la comète géniaux à base de réduction des inégalités sociales, de fin des guerres et de la famine dans le monde.
Ensuite, viendront quelques mois d'état de grâce puis, on verra qu'Obama ne tiendra pas ses promesses et le réel reprendra ses droits. Je me demande vers quoi la presse jettera son dévolu une fois l'Obamamania passée de mode ? Un nouveau conflit, une crise quelconque, une maladie terrible comme la grippe aviaire ?
L'opinion publique ce sont les médias et rien d'autre. A l’avocat général qui exigeait une condamnation à mort afin, dit-il, de calmer l’opinion publique indignée. Le célèbre avocat Vincent de Moro-Giafferi répondit :
L’opinion publique ? Chassez-la, cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche ! C’est elle qui, au pied du Golgotha, tendait les clous aux bourreaux, c’est elle qui applaudissait aux massacres de septembre et, un siècle plus tard, crevait du bout de son ombrelle les yeux des communards blessés…
7 Comments:
"Obama connaîtra le même destin que Kennedy s'il lui venait à l'idée de faire des réformes un peu trop osées. "
Kennedy avait été assassiné sur ordre de Castro ou Guevara, donc je ne vois pas le rapport.
à nouveau, je dois reconnaitre que tu exprimes très bien mon sentiment. A moins que mon sentiment ne prenne forme qu'en te lisant.
Merci et bravo pour les citations qui émaillent ton texte : elles sont excellentes !
Si la victoire d'Obama permet à tous les abrutis de ne plus voir les USA comme le pays de satan, ce sera déjà pas mal.
Le bourrage de crâne en france (metz et l'hay les roses) fait peine à imaginer...
@j : Non c'est El Gringo qui a abattu Kennedy.
@Lomig : merci, mais je suis toujours excellent, c'est pour cela que je suis dans le réseau LHC :)))))
Si ça c'est pas de la lèche hein ???
Lo de Kennedy era un secreto, nojoda!
La mort de Kennedy, c'était pas suite à un concours vitesse de tracteurs capillo-tractés à Dallas ?
C'est marrant, ce matin on a contribue £10 au bureau, et on a chacun tire au sort un mois dans l'annee qui vient (Moi, j'ai oct 09): si baraque se fait buter, ou s'il y a une tentative pour le buter le mois qu'on a tire au sort, on gagne le pot!!
Non, il semblerait que Kennedy ait dit que les Harley sporster étaient des motos de taffioles et que cela n'ait pas plus à El Gringo.
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