Retour au pays !
Ma femme me demandant de flinguer un type dont l'arrière grand-père aurait volé un âne à un de ses arrière grands oncles !
L'ethnopsychologie n'est pas mon truc. On en parlait récemment avec une consœur et amie, qui me disait que de retour chez lui, n'importe quel individu à priori totalement assimilé ici, avait tendance à retrouver avec encore plus de force, sa culture d'origine. Elle ne se souvenait pas du chercheur qui avait pondu cette théorie et mes recherches sur le net n'ont rien donné. Lors de notre discussion, ma consœur m'a donné plusieurs exemples assez probant.
En bref, ça peut donner "Jamais sans ma fille". C'est à dire que la gonzesse qui pense épouser un brillant neurochirurgien d'origine iranienne, rencontré aux USA, se retrouve de retour au pays avec un pasdaran pour mari. Envolé le beau gars typé mais occidentalisé, l'oriental apprivoisé, et sans danger mais bonjour le gardien de la révolution, qui bouffera avec ses potes tandis que vous resterez à la cuisine bâchée comme un camion. Mais bon, tout cela ne me regarde pas !
Toutes choses égales par ailleurs, moi qui vous parle, ai vécu un peu le même genre de choses. Ainsi mon épouse, née et ayant vécu à Paris ne m'a jamais semblé très différente des autres parisiennes. Si ce n'est son nom et son prénom, très typé "île de beauté," pour le reste, elle parle bien notre langue, ne sort pas armée et ne porte pas de fichu noir non plus.
Pourtant, la première fois, ou elle m'emmena au "pays", elle ne fut plus du tout la même. Dès l'arrivée à l'aéroport de Bastia, elle a commencé à changer. Elle m'a dit que ça sentait le maquis, la Corse. Moi, je trouvais que ça sentait surtout le kérosène. Le seul truc que j'aie trouvé vraiment corse, c'est qu'un serveur pas souriant a mis une heure pour nous amener deux cafés. Mais bon, je n'ai rien dit ! Parce que j'ai toujours noté qu'on pouvait rire de tout, sauf de la Corse.
Par exemple, une fois que nous nous étions retrouvés sur une petite île tous les deux, entourés de gens "un peu bizarres", je lui avais dit que c'était normal parce que sur île, les gens baisaient entre eux et que génétiquement ça avait forcément des répercussions au fil des générations. Elle m'avait lancé un regard noir et je m'étais vite souvenu que la Corse était une île. Alors j'avais tenté de me rattraper en lui disant que les corses étant de grands voyageurs, c'était très différent.
Et puis ensuite, j'avais modéré mes propos en expliquant que le terme "île" pouvait aussi désigner n'importe quelle communauté isolée. Pour étayer mes dires, j'avais ainsi parlé du film Délivrance, dans lequel on voit une belle brochettes de débiles cajuns qui pourtant ne vivent pas sur une île mais "un peu comme tout" de même. J'avais aussi parlé de certains "aristos" qui à force de se choisir au nombre de "quartiers de noblesse"dans des rallyes, qui sont aussi un milieux étanche comme une île justement, finissaient par engendrer des enfants petits maigres avec des têtes énormes et un QI d'huitre. Rien n'y avait fait, je m'étais enterré tout seul. Alors je m'étais tu. Mais revenons au sujet qui nous intéresse.
Ensuite, après l'arrivée à Bastia, il a fallu arriver dans son bled et là, ce n'était pas une partie de plaisir : un à-pic vertigineux sans rambardes de sécurité avec des ânes et des vaches couchés à tous les virages. Je ne disais rien, mais je pensais un peu au film Délivrance. Je me suis dit, qu'en arrivant , il y aurait un gosse "différent" jouant du banjo, une sorte de débile inquiétant avec un regard fixe. Et moi, je n'avais pas envie de me faire violer en faisant la truie ! Mais, échaudé par mon discours sur l'influence de l'insularité sur la dégénérescence génétique, je n'ai rien dit. Après coup, je me dis que c'est pas le coin où rouler en Microcar RJ49 ! Parce que si elle est maniable, ma Microcar RJ49, côté freinage, c'est pas le top.
Une fois arrivés au village, belle-maman, vêtue de noir me salue et m'accueille bien dans une immense maison en pierres avec des murs de un mètre d'épaisseur. Je suis content de constater qu'il y a l'électricité et même l'eau courante. Un petit tour dans le village me confirme que ce n'est pas gagné. On m'observe, on m'épie, on me scrute, tandis que mon épouse parle à tout le monde. Parce que comme lui a expliqué sa mère : "même si tu crois ne pas les connaitre, eux ils te connaissent alors tu dis bonjour à tout le monde". Donc, on se balade comme deux crétins en disant bonjour à tout le monde.
Moi, à côté j'ai l'impression d'être le phénomène de foire qu'on promène. Tous les gens m'adressent la parole, me posant quelques questions, cherchant à savoir qui je suis. Les poignées de mains sont longues et les regards scrutateurs. Je réponds gentiment aux gens. J'ai l'impression qu'ils veulent savoir si entre mon épouse et moi, c'est sérieux, ou si par hasard, je ne serais pas qu'un salaud de continentale qui n'en veut qu'à sa vertu.
Je rassure tout le monde parce que je n'ai pas envie d'être déchiqueté par une cartouche de 12. Parce que si ses cousins Ange et Dominique sont sympas, je suis quand même sûr qu'ils prendraient le parti de leur cousine. Je note aussi que c'est curieux, parce qu'il y a des vaches qui se baladent dans le village. Mais, comme j'ai lu des tas de trucs sur les aptitudes des corses à l'humour, je me garde bien de leur dire que depuis quelques dizaines d'années, existent des clôtures. Je me décide à garder les fantastiques progrès technologiques continentaux pour moi. Je me dis que de retour à Paris, j'enverrai peut être anonymement un catalogue Bekaert au maire du village.
Le soir venu, le diner est un grand moment. Assis seul à table, on me sert comme un roi. Le repas se compose d'une suite de plats arrosés d'un excellent rouge du pays. Et pour couronner le tout, mon épouse, qui sur le continent s'affirme vaillamment au risque de parfois heurter ma sensibilité, la ramène nettement moins quand elle est au pays. Il faut dire que sa mère ne cesse de lui dire "et alors, regarde ton mari n'a rien à manger et tu ne t'en occupes pas ?". Et moi, pour gagner les grâces de ma belle-mère, je ne peux qu'acquiescer et dire qu'effectivement, le service est en dessous de tout et qu'une reprise en main serait la bienvenue mais qu'en revanche la cuisine est excellente.
Après le repas, la panse lestée, je file sur la terrasse, fumer un cigare accompagné d'une liqueur de myrte, tandis qu'en cuisine, on s'active. La cuisine est une pièce que je n'aurais pas beaucoup vue. Parce que quand j'ai fait mine de vouloir aider (je joue très bien le rôle du brave mec prêt à rendre service), ma belle-mère m'a répondu qu'un homme n'avait rien à faire dans une cuisine. Et sur ce coup là, elle n'a pas tort. A la rigueur, la cuisine, on peut y aller pour gueuler si la soupe n'est pas chaude et qu'elle n'est pas service à l'heure mais rien de plus. Mais bon, tant que belle-maman officie, ça n'arrivera pas. De toute manière, moi je ne sais pas coudre un bouton ni même faire tourner une machine, alors autant vous dire que mes aptitudes en cuisine sont plus que limitées. Sur ce coup là, les corses ont tout compris.
Le lendemain, c'était la messe et là aussi c'était chouette. Déjà deux entrées, une pour les femmes et une pour les hommes. Comme ça, nous qui sommes coincés sur le côté droit de la nef, on peut venir et repartir quand on veut, pour boire des coups au café, tandis que nos femmes sont vissées face à l'autel sous la double surveillance de l'abbé et du Christ. On peut boire le Casanis tranquille, sans se soucier de ce qu'elles font puisqu'il suffit de regarder sa montre et de se repointer à la fin de l'office.
Cette messe là fut inoubliable. D'une part parce que moi j'avais prévu le costume mais que mon épouse trouvait que la cravate faisait trop et m'avais dissuadé d'en prendre une. Et hop, ça n'a pas raté : belle-maman m'a envoyé dans la tronche "et la cravate Philippe, c'était trop lourd dans la valise ?". Moi j'ai répondu que non, mais que "mon épouse pensait que c'était superflu". Ça lui apprendra à jouer les guides touristiques sans connaître les exigences de son village. On ne va jamais à la messe de la Saint-Michel sans cravate !
Alors là belle-maman du haut de son mètre cinquante à toisé sa fifille et lui a dit qu'à la messe de la Saint-Michel, on mettait toujours une cravate surtout que là-bas ce sont des notables et que belle-maman, elle n'avait pas envie de qu'on dise que sa fille avait épousé un traine-patins. Et là, j'étais bien d'accord comme je l'ai dit perfidement à mon épouse, qui ne mouftait plus. C'est vrai j'avais honte d'aller à cette messe sans cravate. Pff, je me demande si mon épouse ne tenait pas inconsciemment à m'humilier ? Une messe de la Saint-Michel sans cravate ???! C'est dingue. Dès fois, mon épouse, c'est n'importe quoi !! Heureusement que même sans cravate, je portais beau dans mon costume de la ville. Et puis, belle-maman avait bien compris que ce n'était pas ma faute mais que j'avais suivie benoîtement les conseils fallacieux de sa fille.
Et puis, à la fin de la messe, dite en latin, et c'était sympa, il y a eu l'adoration du saint. Et là, pff, je n'avais jamais vu ça. Des tas de femmes se sont jetées en hurlant sur la statue de Saint Michel en disant des trucs en corse que je ne comprenais pas. Elles touchaient la statue et c'était assez curieux.
J'ai demandé à mon épouse pourquoi elle ne l'avait pas fait, parce que je trouvais son manque de dévotion assez consternant. Elle a eu de la chance que je ne la dénonce par à sa mère sur ce coup là. Parce qu'en peu de temps j'étais devenu plus corse que les corses en fait. Et je pensais que si dans le village on apprenait que ma femme n'était pas confite en dévotion, ça allait jaser qu'on allait dire que c'était une fille perdue. Et ça, je n'aimerais pas !
C'est vrai que j'aurais bien rigolé ensuite, si je l'avais vue faire ça. Et je pense qu'elle y aurait eu le droit chaque fois qu'elle m'ennuyait. Je lui aurais dit "tiens, plutôt que de m'emmerder pendant que je lis, tu ne veux pas aller adorer le saint ?". Parce qu'en plus, je lui ai acheté une statue de Saint Michel, j'ai tout prévu. Mais pour le moment, je ne l'ai pas encore entendue hurler après la statue en corse.
Parce que finalement, dès qu'elle est à Paris, elle perd ses spécificités. Donc voilà, tout cela pour vous dire, que ce n'est pas parce qu'une personne vous semble bien insérée où vous vivez qu'elle en a pour autant perdu ses spécificités culturelles. Celles-ci se réveilleront dès le retour au pays parait-il. En tout cas, c'est ce qu'affirme l'ethnopsychologie et c'est assez rigolo.
Bon et pour conclure, je ne veux pas non plus accabler mon épouse parce que la même chose s'est produite avec Laurence quand nous étions à Foug. Elle que j'avais connue normale à Paris, quel ne fut pas mon étonnement de la voir, vêtue d'une culotte de peau, un bonnet en poils de lapin sur la tête, en train de faire cuire des späetzle dans du saindoux sur l'antique cuisinière de sa maman, en jurant grossièrement en platt.
D'ailleurs, quand on fait nos soirées du premier vendredi du mois, quand un type me dit que Laurence est mignonne et me demande si elle est seule, je préfère dire la vérité. J'explique que son coeur est à prendre mais que bon, si ici à Paris elle semble "comme nous", il faut tout de même mieux la découvrir chez elle au pays pour se faire une idée vraiment précise du personnage. Parce que la culotte de peau et le bonnet en poils de lapin, ça peut ne pas plaire à tout le monde : c'est un fantasme assez rare.
Je ne connais peut être rien à l'ethnopsychologie, mais je préfère être honnête. Voilà, c'était enfin un article un peu scientifique et conforme au titre de ce blog.
En bref, ça peut donner "Jamais sans ma fille". C'est à dire que la gonzesse qui pense épouser un brillant neurochirurgien d'origine iranienne, rencontré aux USA, se retrouve de retour au pays avec un pasdaran pour mari. Envolé le beau gars typé mais occidentalisé, l'oriental apprivoisé, et sans danger mais bonjour le gardien de la révolution, qui bouffera avec ses potes tandis que vous resterez à la cuisine bâchée comme un camion. Mais bon, tout cela ne me regarde pas !
Toutes choses égales par ailleurs, moi qui vous parle, ai vécu un peu le même genre de choses. Ainsi mon épouse, née et ayant vécu à Paris ne m'a jamais semblé très différente des autres parisiennes. Si ce n'est son nom et son prénom, très typé "île de beauté," pour le reste, elle parle bien notre langue, ne sort pas armée et ne porte pas de fichu noir non plus.
Pourtant, la première fois, ou elle m'emmena au "pays", elle ne fut plus du tout la même. Dès l'arrivée à l'aéroport de Bastia, elle a commencé à changer. Elle m'a dit que ça sentait le maquis, la Corse. Moi, je trouvais que ça sentait surtout le kérosène. Le seul truc que j'aie trouvé vraiment corse, c'est qu'un serveur pas souriant a mis une heure pour nous amener deux cafés. Mais bon, je n'ai rien dit ! Parce que j'ai toujours noté qu'on pouvait rire de tout, sauf de la Corse.
Par exemple, une fois que nous nous étions retrouvés sur une petite île tous les deux, entourés de gens "un peu bizarres", je lui avais dit que c'était normal parce que sur île, les gens baisaient entre eux et que génétiquement ça avait forcément des répercussions au fil des générations. Elle m'avait lancé un regard noir et je m'étais vite souvenu que la Corse était une île. Alors j'avais tenté de me rattraper en lui disant que les corses étant de grands voyageurs, c'était très différent.
Et puis ensuite, j'avais modéré mes propos en expliquant que le terme "île" pouvait aussi désigner n'importe quelle communauté isolée. Pour étayer mes dires, j'avais ainsi parlé du film Délivrance, dans lequel on voit une belle brochettes de débiles cajuns qui pourtant ne vivent pas sur une île mais "un peu comme tout" de même. J'avais aussi parlé de certains "aristos" qui à force de se choisir au nombre de "quartiers de noblesse"dans des rallyes, qui sont aussi un milieux étanche comme une île justement, finissaient par engendrer des enfants petits maigres avec des têtes énormes et un QI d'huitre. Rien n'y avait fait, je m'étais enterré tout seul. Alors je m'étais tu. Mais revenons au sujet qui nous intéresse.
Ensuite, après l'arrivée à Bastia, il a fallu arriver dans son bled et là, ce n'était pas une partie de plaisir : un à-pic vertigineux sans rambardes de sécurité avec des ânes et des vaches couchés à tous les virages. Je ne disais rien, mais je pensais un peu au film Délivrance. Je me suis dit, qu'en arrivant , il y aurait un gosse "différent" jouant du banjo, une sorte de débile inquiétant avec un regard fixe. Et moi, je n'avais pas envie de me faire violer en faisant la truie ! Mais, échaudé par mon discours sur l'influence de l'insularité sur la dégénérescence génétique, je n'ai rien dit. Après coup, je me dis que c'est pas le coin où rouler en Microcar RJ49 ! Parce que si elle est maniable, ma Microcar RJ49, côté freinage, c'est pas le top.
Une fois arrivés au village, belle-maman, vêtue de noir me salue et m'accueille bien dans une immense maison en pierres avec des murs de un mètre d'épaisseur. Je suis content de constater qu'il y a l'électricité et même l'eau courante. Un petit tour dans le village me confirme que ce n'est pas gagné. On m'observe, on m'épie, on me scrute, tandis que mon épouse parle à tout le monde. Parce que comme lui a expliqué sa mère : "même si tu crois ne pas les connaitre, eux ils te connaissent alors tu dis bonjour à tout le monde". Donc, on se balade comme deux crétins en disant bonjour à tout le monde.
Moi, à côté j'ai l'impression d'être le phénomène de foire qu'on promène. Tous les gens m'adressent la parole, me posant quelques questions, cherchant à savoir qui je suis. Les poignées de mains sont longues et les regards scrutateurs. Je réponds gentiment aux gens. J'ai l'impression qu'ils veulent savoir si entre mon épouse et moi, c'est sérieux, ou si par hasard, je ne serais pas qu'un salaud de continentale qui n'en veut qu'à sa vertu.
Je rassure tout le monde parce que je n'ai pas envie d'être déchiqueté par une cartouche de 12. Parce que si ses cousins Ange et Dominique sont sympas, je suis quand même sûr qu'ils prendraient le parti de leur cousine. Je note aussi que c'est curieux, parce qu'il y a des vaches qui se baladent dans le village. Mais, comme j'ai lu des tas de trucs sur les aptitudes des corses à l'humour, je me garde bien de leur dire que depuis quelques dizaines d'années, existent des clôtures. Je me décide à garder les fantastiques progrès technologiques continentaux pour moi. Je me dis que de retour à Paris, j'enverrai peut être anonymement un catalogue Bekaert au maire du village.
Le soir venu, le diner est un grand moment. Assis seul à table, on me sert comme un roi. Le repas se compose d'une suite de plats arrosés d'un excellent rouge du pays. Et pour couronner le tout, mon épouse, qui sur le continent s'affirme vaillamment au risque de parfois heurter ma sensibilité, la ramène nettement moins quand elle est au pays. Il faut dire que sa mère ne cesse de lui dire "et alors, regarde ton mari n'a rien à manger et tu ne t'en occupes pas ?". Et moi, pour gagner les grâces de ma belle-mère, je ne peux qu'acquiescer et dire qu'effectivement, le service est en dessous de tout et qu'une reprise en main serait la bienvenue mais qu'en revanche la cuisine est excellente.
Après le repas, la panse lestée, je file sur la terrasse, fumer un cigare accompagné d'une liqueur de myrte, tandis qu'en cuisine, on s'active. La cuisine est une pièce que je n'aurais pas beaucoup vue. Parce que quand j'ai fait mine de vouloir aider (je joue très bien le rôle du brave mec prêt à rendre service), ma belle-mère m'a répondu qu'un homme n'avait rien à faire dans une cuisine. Et sur ce coup là, elle n'a pas tort. A la rigueur, la cuisine, on peut y aller pour gueuler si la soupe n'est pas chaude et qu'elle n'est pas service à l'heure mais rien de plus. Mais bon, tant que belle-maman officie, ça n'arrivera pas. De toute manière, moi je ne sais pas coudre un bouton ni même faire tourner une machine, alors autant vous dire que mes aptitudes en cuisine sont plus que limitées. Sur ce coup là, les corses ont tout compris.
Le lendemain, c'était la messe et là aussi c'était chouette. Déjà deux entrées, une pour les femmes et une pour les hommes. Comme ça, nous qui sommes coincés sur le côté droit de la nef, on peut venir et repartir quand on veut, pour boire des coups au café, tandis que nos femmes sont vissées face à l'autel sous la double surveillance de l'abbé et du Christ. On peut boire le Casanis tranquille, sans se soucier de ce qu'elles font puisqu'il suffit de regarder sa montre et de se repointer à la fin de l'office.
Cette messe là fut inoubliable. D'une part parce que moi j'avais prévu le costume mais que mon épouse trouvait que la cravate faisait trop et m'avais dissuadé d'en prendre une. Et hop, ça n'a pas raté : belle-maman m'a envoyé dans la tronche "et la cravate Philippe, c'était trop lourd dans la valise ?". Moi j'ai répondu que non, mais que "mon épouse pensait que c'était superflu". Ça lui apprendra à jouer les guides touristiques sans connaître les exigences de son village. On ne va jamais à la messe de la Saint-Michel sans cravate !
Alors là belle-maman du haut de son mètre cinquante à toisé sa fifille et lui a dit qu'à la messe de la Saint-Michel, on mettait toujours une cravate surtout que là-bas ce sont des notables et que belle-maman, elle n'avait pas envie de qu'on dise que sa fille avait épousé un traine-patins. Et là, j'étais bien d'accord comme je l'ai dit perfidement à mon épouse, qui ne mouftait plus. C'est vrai j'avais honte d'aller à cette messe sans cravate. Pff, je me demande si mon épouse ne tenait pas inconsciemment à m'humilier ? Une messe de la Saint-Michel sans cravate ???! C'est dingue. Dès fois, mon épouse, c'est n'importe quoi !! Heureusement que même sans cravate, je portais beau dans mon costume de la ville. Et puis, belle-maman avait bien compris que ce n'était pas ma faute mais que j'avais suivie benoîtement les conseils fallacieux de sa fille.
Et puis, à la fin de la messe, dite en latin, et c'était sympa, il y a eu l'adoration du saint. Et là, pff, je n'avais jamais vu ça. Des tas de femmes se sont jetées en hurlant sur la statue de Saint Michel en disant des trucs en corse que je ne comprenais pas. Elles touchaient la statue et c'était assez curieux.
J'ai demandé à mon épouse pourquoi elle ne l'avait pas fait, parce que je trouvais son manque de dévotion assez consternant. Elle a eu de la chance que je ne la dénonce par à sa mère sur ce coup là. Parce qu'en peu de temps j'étais devenu plus corse que les corses en fait. Et je pensais que si dans le village on apprenait que ma femme n'était pas confite en dévotion, ça allait jaser qu'on allait dire que c'était une fille perdue. Et ça, je n'aimerais pas !
C'est vrai que j'aurais bien rigolé ensuite, si je l'avais vue faire ça. Et je pense qu'elle y aurait eu le droit chaque fois qu'elle m'ennuyait. Je lui aurais dit "tiens, plutôt que de m'emmerder pendant que je lis, tu ne veux pas aller adorer le saint ?". Parce qu'en plus, je lui ai acheté une statue de Saint Michel, j'ai tout prévu. Mais pour le moment, je ne l'ai pas encore entendue hurler après la statue en corse.
Parce que finalement, dès qu'elle est à Paris, elle perd ses spécificités. Donc voilà, tout cela pour vous dire, que ce n'est pas parce qu'une personne vous semble bien insérée où vous vivez qu'elle en a pour autant perdu ses spécificités culturelles. Celles-ci se réveilleront dès le retour au pays parait-il. En tout cas, c'est ce qu'affirme l'ethnopsychologie et c'est assez rigolo.
Bon et pour conclure, je ne veux pas non plus accabler mon épouse parce que la même chose s'est produite avec Laurence quand nous étions à Foug. Elle que j'avais connue normale à Paris, quel ne fut pas mon étonnement de la voir, vêtue d'une culotte de peau, un bonnet en poils de lapin sur la tête, en train de faire cuire des späetzle dans du saindoux sur l'antique cuisinière de sa maman, en jurant grossièrement en platt.
D'ailleurs, quand on fait nos soirées du premier vendredi du mois, quand un type me dit que Laurence est mignonne et me demande si elle est seule, je préfère dire la vérité. J'explique que son coeur est à prendre mais que bon, si ici à Paris elle semble "comme nous", il faut tout de même mieux la découvrir chez elle au pays pour se faire une idée vraiment précise du personnage. Parce que la culotte de peau et le bonnet en poils de lapin, ça peut ne pas plaire à tout le monde : c'est un fantasme assez rare.
Je ne connais peut être rien à l'ethnopsychologie, mais je préfère être honnête. Voilà, c'était enfin un article un peu scientifique et conforme au titre de ce blog.
10 Comments:
"la culotte de peau et le bonnet en poils de lapin, ça peut ne pas plaire à tout le monde : c'est un fantasme assez rare."
C'est vrai, la culotte en poils de lapin (avec ou sans bonnet en peau...), c'est beaucoup plus fréquent!
Humm Gringeot, t'es un fin connaisseur toi mon cochon ;))
Parce que vous croyez qu'on est "normal" à Paris ??!
Coucou me revoilou.
Tojou.
@Gold : oui, c'est évident. C'est scientifiquement prouvé.
@Toju : super soirée vendredi ) Dommage que tu sois parti méditer dans le désert parce qu'il y avait des danseuses nues plutôt canon !
A. et D. seront dans le prochain avion arrivant de Bastia... Ils ont lu, et ils veulent que tu apportes quelques correctifs...J'ai essayé de les dissuader de faire le voyage, mais tu les connais : têtus, surtout quand il s'agit de la famille..
Comme si j'avais peur de A et D ? Pfff, ils ne réussiraient déjà pas à garder un emploi chez Mc Do une matinée ...
Ah ah !! Phil, prépare ta jupette et ta cuirasse, y'a du combat dans l'air ;)
Que St Michel vienne au secours de Philippe qui a des pertes de mémoire ou des troubles de la vision quand il prétend avoir vu une antique cuisinière chez moi et la cuisine au saindoux !!!
Ton inconscience te perdra... Laurence a raison : tu devrais peut-être appeler "Gladiator" en renfort, juste au cas où ??? Et puis comme ça, avec Laurence, on pourrait lui demander un autographe..
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