05 février, 2009

C'est fou !

Nouvelle édition augmentée ! Un nouveau chapitre sur l'attitude citoyenne écologique !


Laurence va quitter sa riante province pour "monter" à Paris. Je regardais donc pour elle l'itinéraire qu'elle devrait faire depuis la station Gare de l'Est pour venir à mon cabinet.

Armé d'une farouche résolution et bien déterminé à lui trouver le meilleur itinéraire possible, je me connecte donc sur RATP.fr, le site de notre régie bienaimée ! De mes doigts agiles, je tape donc dans les emplacement ad-hoc, la station de départ et celle d'arrivée !

Puis, après avoir positionné le curseur sur "ITINERAIRE", j'appuie d'un index magistral sur la touche ENVOI. Et là, le miracle se produit puisque qu'un service de la RATP fonctionne sans retard ni grève et que dans une fenêtre, s'ouvre l'itinéraire proposé.

Je consulte donc l'itinéraire très détaillé et me dis que décidément le service est bien foutu. Tous les choix sont possibles et si vous êtes claustrophobe, vous pouvez même décider de ne prendre qu ele bus. Et en plus, en bas de page, vous avez un super plant du quartier d'arrivée.

Je suis là, à contempler la page comme un crétin, lorsqu'un détail attire mon œil ! Tout en haut, figure une rubrique qui indique les émissions de CO2 pour cet itinéraire. J'apprends donc que le trajet de ma jeune amie lorraine émettra 247g de CO2alors que si elle avait pris la voiture, ce même trajet aurait émis 474g de CO2. Bien entendu, rien ne dit comment ce savant calcul a été réalisé. C'est comme cela : point !

Ebahi, je me demande combien de CO2 ce même trajet aurait émis si elle l'avait fait à pieds ? Et j'en viens à me dire que si elle était restée chez elle à Nancy, elle n'aurait bien sur rien émis du tout. Je commence à trouver que Laurence est vraiment une très mauvaise citoyenne. Qu'est ce qui lui prend de vouloir venir à Paris alors qu'elle aurait pu rester dans sa province ?

Mais le plus drôle, c'est finalement ce genre d'informations stupides et la culpabilisation débile qui est mise en œuvre. Le collectivisme en marche doit à tout prix nous faire préférer les transports en commun. La voiture devient un outil d'égoïste. Bientôt tout conducteur devra faire son autocritique avant de se mettre au volant. Je souhaite bien du plaisir à Monsieur Ghosn pour vendre ses voitures !

Cette mise en scène frise l'hystérie collective et je la trouve préoccupante. La préoccupation écologique est certes louable mais la réflexion est totalement absente. Dans ce cas, on a une vision biaisée et totalement dichotomique des choix. Il y a les gentils collectivistes et les salauds d'individualistes. La Chine populaire ou la défunte URSS n'auraient pas fait mieux.

Hier, je lisais dans les colonnes du Parisien, un économiste du CREDOC qui nous expliquait que la hausse brutale de l'essence l'été dernier avait amené les gens à modifier leurs comportements et à renoncer au "tout -automobile". Il expliquait que ces comportements seraient durablement enracinés et que la plupart de ces personnes garderaient ces nouveaux comportements, préférant parfois marcher ou prendre les transports en commun plutôt que leur voiture.

Après tout, pourquoi pas ? L'utilisation du sucre de betterave, que nous consommons aujourd'hui massivement, est aussi due à une crise de ce type. L'économiste ne dit donc pas forcément que des bêtises. A tire anecdotique, l'impossibilité de circuler à Paris a rendu le scooter populaire et je connais bien des utilisateurs de ces deux-roues qui le préfèrent maintenant à leur voiture. L'humain s'adapte et peut ainsi sélectionner de nouveaux comportements.


Puis, l'honorable économiste du CREDOC commençait à dérailler sérieusement len entrant dans dans un prêchi-prêcha écolo-religieux dans lequel il énonce que l'individu sera aussi forcé de changer parce qu'il se sent maintenant "coupable" de ses comportements individualistes.

Qu'il puisse ainsi acter ce qui sous-tend ces nouveaux comportements, c'est compréhensible. En revanche, qu'il soutienne et se réjouisse de tout cela au nom d'un dogme collectiviste semble peu sérieux pour un économiste. A travers ses mots, on sentait presque une délectation morbide et sensuelle pour cette culpabilité, comme un confesseur pervers qui se repaitrait des turpitudes des ouailles qu'il entend en confession.

Il me semble qu'on peut aussi apprendre à modéliser en intégrant le progrès technologique dans ses savantes équations. Mais, ce n'est définitivement plus à la mode. Peu importe que des nouvelles sources d'énergie voient le jour : la voiture c'est mal parce que lorsque vous conduisez vous êtes maître de votre itinéraire. Ce qui est terrible, c'est que même la moto ou le scooter, deviennent des modes de transport suspects. L'individu n'a le droit que de marcher ou de faire du vélo ; seul l'état et ses collectivités publiques et leurs établissements publics auront bientôt le monopole de l'utilisation du moteur à explosion.


Dans quelques temps peut-être que la RATP nous informera de l'emplacement des autels dédiés à GAIA sur notre notre itinéraire ? Nous pourrons alors, le crâne rasé, notre petit livre vert sous le bras, l'âme en peine, nous livrer à des rituels compliqués pour demander pardon à Gaia pour tout le mal qu'on lui a fait.

L'homme est mauvais, infiniment mauvais, le péché originel est une réalité tangible qui s'observe dans la persistance de nos comportements odieusement individualistes. Rien ne pourra jamais racheter l'homme. Merci à la RATP de nous le rappeler en modernisant et en pervertissant le message Biblique.

Addendum : Hier soir, sur la ligne B du RER un accident voyageur oblige la rame à s'arrêter à la Station Bourg-la-Reine. Fort heureusement, j'y avais laissé ma voiture. A l'extérieur, c'était un foutoir extraordinaire. Imaginez qu'une rame de RER contenant deux-mille voyageurs obligée d'être transportée en bus. En reprenant la route, j'ai reconnu un type qui faisait du stop. le long de la Nationale 20. Dans le RER, il était assis presque face à moi en lisant Libération. Je ne l'ai pas emmené. Je n'aurais pas voulu le culpabiliser en le prenant à bord d'un véhicule polluant et égoïste. Je suis sur qu'il a réussi à monter dans un bus, deux heures après.

8 Comments:

Blogger Marino said...

Et si Laurence avait pris sa voiture pour venir de Nancy à Foug pour voir ses parents chéris, combien aurait-elle émis de CO2 ?
Sûrement moins qu'en allant à Paris !
Quelle idée d'aller à Paris une fois par mois pour se faire reprocher d'être une pollueuse !
Pauv' tite Laurence !!!

6/2/09 2:47 PM  
Blogger philippe psy said...

Vous avez bien raison. Elle est très malheureuse et maltraitée ici. D'ailleurs, elle ne peut pas vous parler parce qu'elle fait des lessives. Ensuite, elle fera les sols et les vitres. Puis, elle ira fendre du bois.

C'est robuste les lorraines :)))

6/2/09 3:07 PM  
Blogger Marino said...

Je ne savais pas que "Cendrillon" était une comte lorrain !

6/2/09 3:50 PM  
Blogger Marino said...

Et l'abolition de l'esclavage, qu'est-ce que vous en faîtes ?

6/2/09 6:31 PM  
Blogger Harald said...

http://libertesinternets.wordpress.com/2007/09/08/faire-ses-courses-a-pied-est-plus-mauvais-pour-la-planete-que-de-les-faire-en-voiture/

6/2/09 11:08 PM  
Blogger Laurence said...

SOS...SOS..SOS...SOS...SOS..SOS...


au secooours, délivrez moi !



(venez me chercher en poney, je ne voudrais pas que l'on m'accuse encore de polluer la planète)

7/2/09 5:43 PM  
Blogger monoi said...

Mais le poney, il pollue aussi. Il emet probablement du methane qui est 20 fois pire que le Co2 (si on oublie le fait que le Co2 est quand meme indispensable a la vie!).

Je crois que Laurence est condamnee a rester a Paris a fendre du bois et laver des carreaux.

Elle pourrait aussi commencer a vendre des allumettes (encore que ca doit etre bien polluant ca!).

Bref, pauvre Laurence.

9/2/09 9:11 AM  
Blogger Guiome414 said...

C'est drôle, votre post m'a rappelé ma propre expérience.
Je suis un jeune architecte. Il y a 6 mois, je suis convié à faire la présentation du futur projet d'un collège pour lequel mon équipe était lauréate. Grande réunion avec personnel du collège, responsables du projet au Conseil Général, parents d'élèves et élèves. Bon, je dois leur faire un topo sur l'axe majeur qui a guidé le projet: la faible consommation énergétique du bâtiment.
Etant plutôt spécialisé dans la matière, mon discours abordera donc la problématique de l'énergie dans les bâtiment, la consommation, les économies, les techniques pour y parvenir, bref: la totale avec pour but de sensibiliser tout ce petit monde.

Seulement voilà, je m'y connais assez bien dans ce domaine et j'ai mes idées la dessus. Je ne suis encarté dans aucun parti et j'essaie toujours de prendre mes distances avec un radicalisme moralisateur de bon ton dès qu'il surfe sur un effet de mode. En général, j'essaie plutôt de m'en tenir à mon job, à ce que je sais faire.

Du coup, la partie comique de mon expérience a démarré à partir du moment où j'ai commencé à expliquer que les grandes leçons de morale sur nos comportements individualistes, anti-écolos et carrément nocifs pour la banquise si on laisse la télé en veille, c'est bien joli, mais surtout très anxiogène. Curiosité de l'assistance, premiers sourcils qui se froncent parmi les adultes. Et bien oui, continuais-je, aujourd'hui nous sommes capable de construire des bâtiments tellement optimisés qu'il ne consomment plus d'énergie: ils en produisent! Il faut donc bien se rendre compte que même si vous laissiez la télé, la lumière du salon, l'ordinateur et la chaîne hifi allumés toute une nuit ou toute une semaine, ça n'aurait qu'un impact mineur sur la consommation de la maison. Tout au plus, quelques kWh que vous ne vendrez pas.

Alors là, il m'a suffit de croiser les regards noirs et les visages furibards parmi les enseignants et une grande partie des adultes pour me rendre compte que le pavé avait sacrement éclaboussé la mare... Qu'avais-je dis là...
Quoi? Mais c'est une hérésie! Vous vous rendez compte! Vous déresponsabilisez les gens! Vous encouragez l'individualisme qui est déjà responsable de nos problèmes actuels! L'écologie est une affaire de solidarités et de multitudes de gestes que chacun doit accomplir! C'est aussi une question de sacrifice, de ne plus se laisser aller à des pratiques égoïstes! Etc, etc...

Il est vrai que mon approche n'a rien à voir avec le dogme ambiant du "tout-le-monde-doit-faire-un-effort-la-bouche-en-coeur-et-on-habitera-tous-dans-des-maisonnettes-en-paille-pour-ne-plus-être-coupable". Pourtant, c'est une réalité. J'ai convaincu beaucoup plus de clients ainsi, construit beaucoup de maisons de ce type et de toute manière, ce sont les maisons de demain.

D'ailleurs, dès que j'ai la mienne, je ne me gênerait pas pour mes plateaux-repas devant la téloche toutes lumières allumées...

19/3/09 7:30 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home