Tête à claques !
C'est une petite brune, âgée d'une toute petite trentaine d'années, qui se présente à mon cabinet. Maigrelette et attifée comme l'as de pique, on lui donnerait deux sous dans le métro. A vue de nez, rien de particulier, chez cette énième patiente, jusqu'à ce qu'elle ôte son bonnet.
Là, c'est une véritable cascade de cheveux châtains qui en jaillit. Déjà, c'est un signe ! ! Trente ans au moins au compteur et coiffée comme une princesse de conte de fée : c'est pas très clair et ça sent l'emmerdeuse, la petite hystérique qui ne veut pas grandir. Et ce d'autant plus, que la donzelle a des yeux bleus superbes.
Elle s'assied et je lui propose un thé qu'elle accepte. Alors que je lui propose du sucre, elle me dit : "ah vous récupérez le sucre dans les cafés ?", comme si elle parlait au dernier des clodos. Je lui réponds que ne le consommant alors que je le paye, oui je le récupère, ce qui m'évite d'aller en chercher au Monoprix qui est le seul à proposer des buchettes (sucre en poudre emballé) mais qui est assez loin du cabinet. Mais que si elle préfère, je pourrais mettre à sa disposition un sucrier avec des morceaux dans lequel tous les patients auront plongé leurs doigts plus ou moins propres. Elle se tait enfin.
Elle me raconte ensuite une histoire sans queue ni tête, d'où il résulte qu'elle déprime et qu'elle est très malheureuse. Bien sûr, comme toutes les petites hystériques, elle me dit que ce monde et particulièrement l'occident, n'est pas fait pour elle, si douce et si sensible. Évidemment, après une succession de boulots merdiques, elle se retrouve au chômage depuis six mois.
Le plus rigolo, c'est qu'elle m'explique que sa profession est photographe et vidéaste, c'est à dire des boulots à la con, du métier culturo-mondain ou semi-prostitutionnel comme dirait Alain Soral. Elle n'a évidemment jamais rien vendu mais m'assure avoir montré se production qui aurait reçu un "accueil favorable" de la part de photographes "très connus à New-York".
Je suis le bon gars mais là j'ai envie de foutre des claques, surtout qu'elle est très sûre d'elle et me toise carrément comme si j'étais le gros con du coin incapable de comprendre l'essence de son existence tourmentée. Dans un coin de ma tête, je me dis "toi ma belle dans deux minutes, tu vas moins faire la fière". Et toc, tel un faucon s'abattant en piqué sur sa proie (putain, c'est tout moi ça), je la bombarde de questions précises. Dès qu'elle s'éloigne, je la reprends et la presse de me répondre.
Quand elle me dit que je la harcèle de questions, je lui dis que je n'ai pas la journée, mais simplement une heure à lui donner. Au bout de dix minutes de ce régime, je lui dis : "bon résumons nous, vous avez fait un BTS de com', vous avez été assistante dans une grande société. Puis vous avez souhaité reprendre les Beaux-Arts dont vous n'avez pas obtenu le diplôme. Et en même temps, vous vous adonnez à la photographie et souhaiteriez en faire votre métier".
La pauvrette démasquée, perd de sa superbe. Elle me compare au Dr House et je lui dis que je suis vachement fier et que comme lui, je ne crois pas toujours ce que mes patients me disent et que c'est pour cela que je l'ai soumise à un feu roulant de questions, qu'au moins, je suis fixé et que je sais à qui j'ai à faire. Je la prévins gentiment que dès à présent, elle va devoir s'obliger à penser et non à éprouver parce que face à moi, elle n'est pas sur une scène et que de toute manière, si elle me ment, je le saurai. Je précise enfin qu'elle n'a pas intérêt à me trouver méchant mais simplement compétent, parce que je suis payé pour réussir et non pour faire de la branlette intellectuelle en écoutant toutes les divagations des gens. Biene ntendu, je lui dis totu cela fermement mais gentiment et dans un langage châtié.
La belle se tait enfin. L'entretien arrive à sa fin. Comme je suis gentil, je rajoute dix minutes pour faire le point. Je lui explique un peu ce que je ressens d'elle et comment nous pourrions axer notre travail. Je lui dis qu'elle souffre d'une dépression maquée ou pauci-symptomatique. Elle ressort ses griffes pour me demander de manière insolente comment je peux savoir tout cela au bout d'une heure. Je lui précise encore, que c'est mon métier et que la psychopathologie est suffisamment précise.
Je rajoute encore que je trouve sa remarque curieuse, puisque manifestement elle n'a pas eu l'air surpris que son médecin l'envoie chez moi et que je suppose qu'elle ne serait pas surprise si son dentiste lui trouvait une carie. Et que donc, dans mon métier aussi, on a un corpus de connaissances qui amène à établir des diagnostics ou à préciser certains points. Je lui explique qu'elle a une vision faussée du métier et qu'elle devrait cesser de lire les articles psys de Elle et de Biba mais que si mon style ne lui convient pas, entre les 13000 psychiatres et les 20000 psychologues, elle a du choix.
L'entretien prend fin et bien sûr, elle qui jouait la belle, n'a même pas de quoi payer des honoraires ! Je suis obligé de lui faire un tarif que je ne consens qu'aux très jeunes. Je lui fais remarquer que je la trouve super orgueilleuse pour quelqu'un qui, à trente deux ans, est obligé de quémander un rabais. Enfin vaincue, elle baisse les yeux et ne trouve aucune réplique.
Je lui demande si elle veut reprendre rendez-vous ou si elle préfère aller voir quelqu'un d'autre. Contre toute attente, elle reprend rendez-vous avec moi. Elle me tend une petite main mollassonne et s'en va, l'air penaud, ayant enfin tâté du réel.
Alors oui techniquement, dans mon métier, on doit apprécier la subjectivité de l'individu, etc., etc., mais bon, ce n'est pas une raison pour se laisser emmerder par la première chieuse venue. Parce que celles-là, je les connais : ce sont les premières à vous péter les burnes ! De la petite hystérique avec de forts traits narcissiques, un mélange détonnant, de la fifille à son papa qui n'a rien, si ce n'est que passé trente ans, elle se demandent pourquoi elles ne sont plus les reines du monde.
Alors, elles hantent nos cabinets, se racontant sans cesse, jouant de manière perpétuelle la même scène, incapable de se déscotcher de leurs fantasmes de toute puissance ! C'est une clientèle difficile, très exigeante, avec une vraie souffrance mais avec laquelle on obtient peu de résultats. D'un abord éminement désagréables, confondant la gentillesse et la faiblesse, elles passeront leur vie à se demander pourquoi on ne les aime pas. De plus, adorant psychologiser, adepte de toutes les revues bidons de psy, elles veulent souvent orienter la thérapie et presque vous apprendre votre métier. Alors moi, pour prévenir, j'ai sévi dès le départ pour marquer les limites : on apprend à penser et à ne plus éprouver ! A prendre ou à laisser ! Et toc !
De toute manière, je n'aime pas les photographes ! Et puis, malgré tout mon mauvais esprit, je suis persuadé que si elle daigne revenir, c'est un cas que je parviendrai à traiter.
Là, c'est une véritable cascade de cheveux châtains qui en jaillit. Déjà, c'est un signe ! ! Trente ans au moins au compteur et coiffée comme une princesse de conte de fée : c'est pas très clair et ça sent l'emmerdeuse, la petite hystérique qui ne veut pas grandir. Et ce d'autant plus, que la donzelle a des yeux bleus superbes.
Elle s'assied et je lui propose un thé qu'elle accepte. Alors que je lui propose du sucre, elle me dit : "ah vous récupérez le sucre dans les cafés ?", comme si elle parlait au dernier des clodos. Je lui réponds que ne le consommant alors que je le paye, oui je le récupère, ce qui m'évite d'aller en chercher au Monoprix qui est le seul à proposer des buchettes (sucre en poudre emballé) mais qui est assez loin du cabinet. Mais que si elle préfère, je pourrais mettre à sa disposition un sucrier avec des morceaux dans lequel tous les patients auront plongé leurs doigts plus ou moins propres. Elle se tait enfin.
Elle me raconte ensuite une histoire sans queue ni tête, d'où il résulte qu'elle déprime et qu'elle est très malheureuse. Bien sûr, comme toutes les petites hystériques, elle me dit que ce monde et particulièrement l'occident, n'est pas fait pour elle, si douce et si sensible. Évidemment, après une succession de boulots merdiques, elle se retrouve au chômage depuis six mois.
Le plus rigolo, c'est qu'elle m'explique que sa profession est photographe et vidéaste, c'est à dire des boulots à la con, du métier culturo-mondain ou semi-prostitutionnel comme dirait Alain Soral. Elle n'a évidemment jamais rien vendu mais m'assure avoir montré se production qui aurait reçu un "accueil favorable" de la part de photographes "très connus à New-York".
Je suis le bon gars mais là j'ai envie de foutre des claques, surtout qu'elle est très sûre d'elle et me toise carrément comme si j'étais le gros con du coin incapable de comprendre l'essence de son existence tourmentée. Dans un coin de ma tête, je me dis "toi ma belle dans deux minutes, tu vas moins faire la fière". Et toc, tel un faucon s'abattant en piqué sur sa proie (putain, c'est tout moi ça), je la bombarde de questions précises. Dès qu'elle s'éloigne, je la reprends et la presse de me répondre.
Quand elle me dit que je la harcèle de questions, je lui dis que je n'ai pas la journée, mais simplement une heure à lui donner. Au bout de dix minutes de ce régime, je lui dis : "bon résumons nous, vous avez fait un BTS de com', vous avez été assistante dans une grande société. Puis vous avez souhaité reprendre les Beaux-Arts dont vous n'avez pas obtenu le diplôme. Et en même temps, vous vous adonnez à la photographie et souhaiteriez en faire votre métier".
La pauvrette démasquée, perd de sa superbe. Elle me compare au Dr House et je lui dis que je suis vachement fier et que comme lui, je ne crois pas toujours ce que mes patients me disent et que c'est pour cela que je l'ai soumise à un feu roulant de questions, qu'au moins, je suis fixé et que je sais à qui j'ai à faire. Je la prévins gentiment que dès à présent, elle va devoir s'obliger à penser et non à éprouver parce que face à moi, elle n'est pas sur une scène et que de toute manière, si elle me ment, je le saurai. Je précise enfin qu'elle n'a pas intérêt à me trouver méchant mais simplement compétent, parce que je suis payé pour réussir et non pour faire de la branlette intellectuelle en écoutant toutes les divagations des gens. Biene ntendu, je lui dis totu cela fermement mais gentiment et dans un langage châtié.
La belle se tait enfin. L'entretien arrive à sa fin. Comme je suis gentil, je rajoute dix minutes pour faire le point. Je lui explique un peu ce que je ressens d'elle et comment nous pourrions axer notre travail. Je lui dis qu'elle souffre d'une dépression maquée ou pauci-symptomatique. Elle ressort ses griffes pour me demander de manière insolente comment je peux savoir tout cela au bout d'une heure. Je lui précise encore, que c'est mon métier et que la psychopathologie est suffisamment précise.
Je rajoute encore que je trouve sa remarque curieuse, puisque manifestement elle n'a pas eu l'air surpris que son médecin l'envoie chez moi et que je suppose qu'elle ne serait pas surprise si son dentiste lui trouvait une carie. Et que donc, dans mon métier aussi, on a un corpus de connaissances qui amène à établir des diagnostics ou à préciser certains points. Je lui explique qu'elle a une vision faussée du métier et qu'elle devrait cesser de lire les articles psys de Elle et de Biba mais que si mon style ne lui convient pas, entre les 13000 psychiatres et les 20000 psychologues, elle a du choix.
L'entretien prend fin et bien sûr, elle qui jouait la belle, n'a même pas de quoi payer des honoraires ! Je suis obligé de lui faire un tarif que je ne consens qu'aux très jeunes. Je lui fais remarquer que je la trouve super orgueilleuse pour quelqu'un qui, à trente deux ans, est obligé de quémander un rabais. Enfin vaincue, elle baisse les yeux et ne trouve aucune réplique.
Je lui demande si elle veut reprendre rendez-vous ou si elle préfère aller voir quelqu'un d'autre. Contre toute attente, elle reprend rendez-vous avec moi. Elle me tend une petite main mollassonne et s'en va, l'air penaud, ayant enfin tâté du réel.
Alors oui techniquement, dans mon métier, on doit apprécier la subjectivité de l'individu, etc., etc., mais bon, ce n'est pas une raison pour se laisser emmerder par la première chieuse venue. Parce que celles-là, je les connais : ce sont les premières à vous péter les burnes ! De la petite hystérique avec de forts traits narcissiques, un mélange détonnant, de la fifille à son papa qui n'a rien, si ce n'est que passé trente ans, elle se demandent pourquoi elles ne sont plus les reines du monde.
Alors, elles hantent nos cabinets, se racontant sans cesse, jouant de manière perpétuelle la même scène, incapable de se déscotcher de leurs fantasmes de toute puissance ! C'est une clientèle difficile, très exigeante, avec une vraie souffrance mais avec laquelle on obtient peu de résultats. D'un abord éminement désagréables, confondant la gentillesse et la faiblesse, elles passeront leur vie à se demander pourquoi on ne les aime pas. De plus, adorant psychologiser, adepte de toutes les revues bidons de psy, elles veulent souvent orienter la thérapie et presque vous apprendre votre métier. Alors moi, pour prévenir, j'ai sévi dès le départ pour marquer les limites : on apprend à penser et à ne plus éprouver ! A prendre ou à laisser ! Et toc !
De toute manière, je n'aime pas les photographes ! Et puis, malgré tout mon mauvais esprit, je suis persuadé que si elle daigne revenir, c'est un cas que je parviendrai à traiter.
9 Comments:
Si l'occident n'est pas fait pour elle, pourquoi ne le quitte-t'elle pas?
Peut-être que la sécu et les assedics y sont pour quelque chose ? Mais je ne veux pas médire moi !
T'aurais du lui coller une bonne taloche en prime, ça lui aurait fait les bottes...
J'admire la façon de procéder (ou plutôt l'art) du professionnel.
Il y a quelques hommes politiques qui devraient venir consulter chez vous...
Tiens, je vois bien un certain J Dray venir vous parler de sa manie des montres (dures, pas molles comme celle de Dali)...
Laure,
Le politique est généralement narcissique. C'est une pathologie qui ne consulte jamais. En revanche, je vois souvent leurs victimes.
Pour plus d'informations, cherchez "personnalités narcissiques DSM IV" dans Google, vous y retrouverez une grosse majorité de ces têtes à claques.
"On apprend à penser et à ne plus éprouver" : vous ne pourriez pas expliquer en détail, siouplait ?
Je sais que vous n'aimez pas répondre aux com' alors faites-en un petit article !
Ce que je ne piges pas, c'est à quel moment va intervenir la TCC dans l'histoire...
écoute mec j'ai besoin d'une consultation !!!
Pareil que Stéphanie, on éprouve de la souffrance comme n'importe quel patient qui va consulter un docteur éprouve des douleurs.
Est-ce que par "on apprend à penser" vous voulez parler du travail thérapeutique que le patient doit faire activement avec vous, dans le but justement de ne plus éprouver de la souffrance ?
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