Superbe cadeau !
Bon, je l'affirme sans ambages, je suis le meilleur psy du monde. D'ailleurs les rares fois où je foire un patient, c'est de la faute du patient et non la mienne. C'est un fait, un axiome, c'est à dire une vérité non démontrable qui doit être admise.
Dans les faits, je me trouve plutôt doué et bon et d'ailleurs on me le dit. Si j'étais payé à la mesure de mes réalisations, je serais riche à millions et je roulerais dans une superbe voiture qui ne serait pas une Porsche parce que je trouve cela vulgaire, ni même une Ferrari parce que c'est encore plus vulgaire, ni même une Aston-Martin parce que cela devient aussi très vulgaire depuis que les traders roulent dedans. Non, je m'en ferais fabriquer une rien que pour moi qui porterait ma marque avec un gros P doré sur la calandre et moteur 24 cylindres !
Dans la thérapie, ce qui est bien c'est que les honoraires sont négociés d'avance. Moi, dans mon cabinet, j'ai un petit cadre sur lequel figurent le montant de mes honoraires, le fait qu'on peut me régler par chèque ou espèces, qu'il n'y a pas de TVA, que je peux filer une facture si on me la demande, et bien sûr que si on ne me prévient pas un jour d'avance, si on me plante les honoraires seront dus.
En cas de succès inespéré, quand le cas est lourd, on ne me doit rien de plus que ce qui a été payé. Bien sûr on peut me dire que c'était bien, que Dieu existe puisqu'il y a des professionnels aussi bons que moi, et même me baiser le bout de ma chaussure droite, mais c'est tout. Rien n'est du en plus ! Chez moi, pas de frais cachés ou d'entourloupes, de petites clauses pourries qu'on aurait pas lues !
Que dalle, juste un montant d'honoraire que l'on paye à la séance et on s'arrête quand on veut ! Pff, parfois ma probité me sidère ! Quand je vois le nombre de médecins rapiats qui osent se dire conventionnés et qui réclament un peu de black en plus aux patients, je me dis que des mecs comme moi, c'est vraiment rare. Tiens, peut être que je serai béatifié !
Dernièrement, un patient dont c'était la dernière séance a tenu à me faire un cadeau. Disons qu'on approchait du but. Encore quelques réglages et puis voilà, on n'aurait pu rien à se dire au niveau professionnel. Comme je ne suis pas psychanalyste, je n'ai pas vocation à recevoir des gens bien portants.
Alors, le patient m'appelle un jour et me demande si je n'aurais pas dix minutes pour le voir. Ce jour là je suis bondé et je lui dis que c'est impossible. Je m'enquiers de son problème et il me dit que tout va bien, qu'il tenait juste à me voir dix minutes. Finalement, le vendredi suivant, mon jour de relâche je lui dis qu'on peut se rencontrer et boire un café. Je me pointe donc à Paris du côté du Luxembourg et le vois.
Il est assis avec un étui de guitare. On papote un peu de tout et rien. Comme on se connait bien et qu'en TCC il n'y a pas de transfert et de contre-transfert, je peux me permettre d'être libre avec les gens sans avoir à jouer les sages éthérés. Puis, ayant épuisé notre sujet de conversation, mon patient me tend l'étui et me dit que c'est pour moi.
Etonné, je lui demande ce que c'est et surtout pourquoi ? Ce que c'est, je le vois dès qu'il ouvre la housse. C'est une guitare basse. Pas le genre d'instrument moyen, ni même superbe, mais tout simplement la pièce de collection pour laquelle tout bassiste professionnel serait prêt à tuer, la pièce unique, patinée par le temps, d'une marque que seuls les puristes connaissent, la Rolls de la basse.
En bref, le genre d'instrument super et hors de prix, que je n'aurais jamais songé à acquérir tant j'estime que je n'en suis pas digne (attention ce sera le seul moment d'humilité de ma part), le genre d'outil dont j'avais entendu parler mais jamais vu.
Pourquoi m'offrir cela, il me l'explique en me disant que c'est en remerciement des services rendus. Bon bien sûr, c'est vrai que comme à mon habitude, j'ai rempli mon obligation de moyens et que j'ai cartonné comme une bête. Mais bon, rien de plus ni de moins que pour n'importe quel patient lambda. Chez moi, on prend vite l'habitude de l'excellence ! Alors je m'étonne un peu même si je sais ce patient particulièrement sympa et reconnaissant.
Tout d'abord, je le remercie mais lui dis aussitôt que je ne peux accepter déontologiquement un tel présent que ce serait contraire à l'éthique et à tout le bazar habituel. J'ai beau me dire dans ma tête que je suis bien con de refuser, mais je suis comme cela : un p'tit gars bien, droit et honnête.
Mon patient fort intelligemment m'explique alors que cela lui ferait plaisir que j'accepte et qu'il préfère voir cette basse chez moi plutôt que chez un autre et que de plus, compte-tenu de sa fortune personnelle, ce n'est pas un cadeau dispendieux. Oui c'est sûr qu'il a raison mais bon, je ne peux accepter !
C'est une tempête sous mon pauvre crâne ! C'est cornélien comme qui dirait. Dois je ou non accepter. Parce que si j'accepte, ce n'est pas très déontologique, mais si je n'accepte pas, je risque de froisser durablement ce patient. Ai je le droit au nom de mes principes de refuser un présent et de ne pas lui faire plaisir alors même que comme il le lui dit lui-même, cette basse est certes un beau cadeau mais pas quelque chose d'extraordinaire eu égard à sa fortune personnelle.
Et puis merde, au diable la déontologie, marre d'être honnête, je me jette sur la basse que j'accepte enfin en me disant que comme cela, on se fait plaisir à tous les deux. Mon patient a l'impression d'avoir payé le prix de sa liberté et moi, je lui fais plaisir tout en me faisant plaisir.
En bref, un cas de conscience qui aurait pris sans doute dix ans à messieurs Kant et Pascal pour être réglé, m'aura pris quinze minutes au plus. Je suis vraiment trop fort !
Je vais me spécialiser dans un clientèle riche et généreuse parce que c'est finalement très sympa. Je publierai ici prochainement la liste des cadeaux que j'accepte sans que l'on porte atteinte à mon grand sens de l'éthique et de la déontologie !
Philippe le Psy ? L'homme qui traite les cas de conscience plus vite que son ombre ! Le mec avec qui l'adjectif "cornélien" devient obsolète !
Dans les faits, je me trouve plutôt doué et bon et d'ailleurs on me le dit. Si j'étais payé à la mesure de mes réalisations, je serais riche à millions et je roulerais dans une superbe voiture qui ne serait pas une Porsche parce que je trouve cela vulgaire, ni même une Ferrari parce que c'est encore plus vulgaire, ni même une Aston-Martin parce que cela devient aussi très vulgaire depuis que les traders roulent dedans. Non, je m'en ferais fabriquer une rien que pour moi qui porterait ma marque avec un gros P doré sur la calandre et moteur 24 cylindres !
Dans la thérapie, ce qui est bien c'est que les honoraires sont négociés d'avance. Moi, dans mon cabinet, j'ai un petit cadre sur lequel figurent le montant de mes honoraires, le fait qu'on peut me régler par chèque ou espèces, qu'il n'y a pas de TVA, que je peux filer une facture si on me la demande, et bien sûr que si on ne me prévient pas un jour d'avance, si on me plante les honoraires seront dus.
En cas de succès inespéré, quand le cas est lourd, on ne me doit rien de plus que ce qui a été payé. Bien sûr on peut me dire que c'était bien, que Dieu existe puisqu'il y a des professionnels aussi bons que moi, et même me baiser le bout de ma chaussure droite, mais c'est tout. Rien n'est du en plus ! Chez moi, pas de frais cachés ou d'entourloupes, de petites clauses pourries qu'on aurait pas lues !
Que dalle, juste un montant d'honoraire que l'on paye à la séance et on s'arrête quand on veut ! Pff, parfois ma probité me sidère ! Quand je vois le nombre de médecins rapiats qui osent se dire conventionnés et qui réclament un peu de black en plus aux patients, je me dis que des mecs comme moi, c'est vraiment rare. Tiens, peut être que je serai béatifié !
Dernièrement, un patient dont c'était la dernière séance a tenu à me faire un cadeau. Disons qu'on approchait du but. Encore quelques réglages et puis voilà, on n'aurait pu rien à se dire au niveau professionnel. Comme je ne suis pas psychanalyste, je n'ai pas vocation à recevoir des gens bien portants.
Alors, le patient m'appelle un jour et me demande si je n'aurais pas dix minutes pour le voir. Ce jour là je suis bondé et je lui dis que c'est impossible. Je m'enquiers de son problème et il me dit que tout va bien, qu'il tenait juste à me voir dix minutes. Finalement, le vendredi suivant, mon jour de relâche je lui dis qu'on peut se rencontrer et boire un café. Je me pointe donc à Paris du côté du Luxembourg et le vois.
Il est assis avec un étui de guitare. On papote un peu de tout et rien. Comme on se connait bien et qu'en TCC il n'y a pas de transfert et de contre-transfert, je peux me permettre d'être libre avec les gens sans avoir à jouer les sages éthérés. Puis, ayant épuisé notre sujet de conversation, mon patient me tend l'étui et me dit que c'est pour moi.
Etonné, je lui demande ce que c'est et surtout pourquoi ? Ce que c'est, je le vois dès qu'il ouvre la housse. C'est une guitare basse. Pas le genre d'instrument moyen, ni même superbe, mais tout simplement la pièce de collection pour laquelle tout bassiste professionnel serait prêt à tuer, la pièce unique, patinée par le temps, d'une marque que seuls les puristes connaissent, la Rolls de la basse.
En bref, le genre d'instrument super et hors de prix, que je n'aurais jamais songé à acquérir tant j'estime que je n'en suis pas digne (attention ce sera le seul moment d'humilité de ma part), le genre d'outil dont j'avais entendu parler mais jamais vu.
Pourquoi m'offrir cela, il me l'explique en me disant que c'est en remerciement des services rendus. Bon bien sûr, c'est vrai que comme à mon habitude, j'ai rempli mon obligation de moyens et que j'ai cartonné comme une bête. Mais bon, rien de plus ni de moins que pour n'importe quel patient lambda. Chez moi, on prend vite l'habitude de l'excellence ! Alors je m'étonne un peu même si je sais ce patient particulièrement sympa et reconnaissant.
Tout d'abord, je le remercie mais lui dis aussitôt que je ne peux accepter déontologiquement un tel présent que ce serait contraire à l'éthique et à tout le bazar habituel. J'ai beau me dire dans ma tête que je suis bien con de refuser, mais je suis comme cela : un p'tit gars bien, droit et honnête.
Mon patient fort intelligemment m'explique alors que cela lui ferait plaisir que j'accepte et qu'il préfère voir cette basse chez moi plutôt que chez un autre et que de plus, compte-tenu de sa fortune personnelle, ce n'est pas un cadeau dispendieux. Oui c'est sûr qu'il a raison mais bon, je ne peux accepter !
C'est une tempête sous mon pauvre crâne ! C'est cornélien comme qui dirait. Dois je ou non accepter. Parce que si j'accepte, ce n'est pas très déontologique, mais si je n'accepte pas, je risque de froisser durablement ce patient. Ai je le droit au nom de mes principes de refuser un présent et de ne pas lui faire plaisir alors même que comme il le lui dit lui-même, cette basse est certes un beau cadeau mais pas quelque chose d'extraordinaire eu égard à sa fortune personnelle.
Et puis merde, au diable la déontologie, marre d'être honnête, je me jette sur la basse que j'accepte enfin en me disant que comme cela, on se fait plaisir à tous les deux. Mon patient a l'impression d'avoir payé le prix de sa liberté et moi, je lui fais plaisir tout en me faisant plaisir.
En bref, un cas de conscience qui aurait pris sans doute dix ans à messieurs Kant et Pascal pour être réglé, m'aura pris quinze minutes au plus. Je suis vraiment trop fort !
Je vais me spécialiser dans un clientèle riche et généreuse parce que c'est finalement très sympa. Je publierai ici prochainement la liste des cadeaux que j'accepte sans que l'on porte atteinte à mon grand sens de l'éthique et de la déontologie !
Philippe le Psy ? L'homme qui traite les cas de conscience plus vite que son ombre ! Le mec avec qui l'adjectif "cornélien" devient obsolète !
7 Comments:
C'est pas Desproges qui s'était vu offrir une caisse de son Saint-Emilion préféré et qui avait ouvert la réflexion sur ce sujet ?
Avoir une Porsche, une Ferrari ou une Aston Martin c'est vulgaire.
Mais alors avoir une de collection c'est vulgaire aussi tout comme avoir un Picasso ou un Van Gogh.
En général, les riches sont vulgaires...
@tal : Ben à part la RJ49, je trouve tout le reste vulgaire. Bon, peut être pas la laguna II break !
Ne pas oublier le Solex noir, invention très aristocratique si il en est, du fait de son moteur à entrainement de la roue avant par galet et de son instabilité directionnelle nécessitant une grande virtuosité de pilotage.
Ca y est, Philippe, j'ai enfin réussi à paufiner mon article sur les déficits publics, que je mijote depuis des mois. ouf !
Le voilà :
http://sylvainjutteau.blogspot.com/2009/08/comment-controler-les-derives-des.html
J'ai regardé l'historique de mon blog, et je vois que je produis un article par mois...
Je suis scandaleusement jalouse. Pas de ton talent. De ce cadeau. :-)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Enregistrer un commentaire
<< Home